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Définition et usage du mot: BEAU, BEL, BELLE, BEAUX, adjectif et substantif.

Publié le 02/11/2015

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Définition et usage du mot: BEAU, BEL, BELLE, BEAUX, adjectif et substantif. I.— [Exprime une appréciation positive et favorable] A.— Qui cause une vive impression capable de susciter l'admiration en raison de ses qualités supérieures dépassant la norme ou la moyenne. 1. [Qualités de forme : l'impression s'exerce sur les sens de la vue ou de l'ouïe; l'appréciation est à dominance esthétique] Antonyme : laid. a) [En parlant d'un animé] — [En parlant d'une personne considérée dans son corps ou dans une partie de son corps] La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a : Ø 1. L'une sur son front blanc va de sa chevelure Former les blonds anneaux. L'autre de son menton Caresse lentement le mol et doux coton. « Approche, bel enfant, approche, lui dit-elle, Toi si jeune et si beau, près de moi jeune et belle. » ANDRÉ CHÉNIER, Bucoliques, Aveux, propos et plaintes, 1794, page 155. Ø 2. Ainsi, le front baigné des parfums du matin, Son beau sein rayonnant de chaleurs maternelles, Ève, les yeux fixés sur Abel et Caïn, Sentait l'infini bleu noyé dans ses prunelles. LÉON DIERX, Poèmes et poésies, La Vision d'Ève, 1864, page 7. Ø 3. Une femme belle, ou simplement jolie, a les exigences, les vanités, les susceptibilités, tous les besoins de jouissance et de flatterie, d'un prince, d'un comédien et d'un auteur. HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, page 3. Ø 4. Un beau garçon, assurément : beau de corps à cause de sa force visible, et beau de visage à cause de ses traits nets et de ses yeux téméraires... LOUIS HÉMON, Maria Chapdelaine, 1916, page 47. SYNTAXE : a) Un beau front, un beau profil, un beau visage; une belle chevelure; de belles mains; un beau garçon, une belle fille, une belle jeune fille; une jeune et belle créature. b) Beau comme un astre, comme un dieu, comme le jour; beau, belle comme un ange; belle comme la lumière. c) (En parlant d'une femme d'un certain âge) Avoir de beaux restes : Ø 5. Ce farceur de Mes-Bottes, vers la fin de l'été, avait eu le truc d'épouser pour de vrai une dame, très décatie déjà, mais qui possédait de beaux restes;... ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 762. · Par personnification (Confer infra 2 b) : Ø 6. La France avait gardé de 1789 une puissante autorité morale sur le monde. La race était bonne et gaie, franche et vaillante, amoureuse de justice, éprise d'idéal, on lui reprochait sa mobilité, une humeur parfois querelleuse, un manque de méthode et d'obstination dans ses desseins. Mais sa haute générosité d'âme la faisait trop belle aux yeux des peuples pour qu'ils pussent se défendre, à travers tout, de l'aimer. GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 65. · [En parlant d'une collectivité, d'un groupe] Une belle race (de personnes, d'animaux). · Locution périphrastique. Le beau sexe. Les femmes. Synonyme : le sexe féminin : Ø 7. Ainsi sous la domination de l'homme, le beau sexe était tout pareil à un troupeau bien conduit, et si bien morigéné, que ce troupeau en était arrivé à faire lui-même sa police, et à chasser spontanément de sa masse toutes les têtes indociles, toutes les brebis galeuses. VALÉRY LARBAUD, Fermina Marquez, 1911, page 67. SYNTAXE : Adorateur, amateur du beau sexe; apprécier, effrayer le beau sexe; plaire au beau sexe. · Locution adverbiale. À belles dents; rire, sourire à belles dents (Confer aussi infra B 1). La jeune fille sourit à belles dents. Et ce beau, ce frais sourire s'épanouit jusqu'au rire (GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, page 175 ). — [En parlant d'une personne considérée dans son apparence générale, dans l'image qu'elle donne par son maintien, son allure vestimentaire, etc.] Il prisait par-dessus tout la bonne éducation et les belles manières (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 176) : Ø 8.... il tremblait sans cesse que sa bouche habituée aux jurons ne prît tout d'un coup le mors aux dents et ne s'échappât en propos de taverne. Qu'on se figure le bel effet! du reste, tout cela se mêlait chez lui à de grandes prétentions d'élégance, de toilette et de belle mine. VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 281. Ø 9.... Jules se sentit plus à l'aise, plus libre de ses mouvements, plus spirituel et plus gracieux; en se séparant des deux actrices, il leur fit même un salut qu'il jugea d'une distinction charmante. C'est qu'à son insu il avait le bel aplomb de l'homme qui paie et qui est convaincu qu'on l'estime;... GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale. 1845, page 109. SYNTAXE : (Avoir) un beau port, une belle prestance, de belles façons; un beau rire, un beau geste; une belle allure, une belle attitude; apprendre les belles manières; un homme de bel aspect; un homme, les gens du bel air*. · Le beau monde. Les gens élégants et riches. Par métonymie. Les beaux quartiers. Les quartiers où habite le beau monde : Ø 10. Un cortège d'automobiles attendait de repartir; la foule lui faisait une haie d'honneur. Depuis qu'on dansait à Robinson, les rôdeurs de barrières et les braves gens de Montrouge venaient à cette porte admirer le beau monde. RAYMOND RADIGUET, Le Bal du comte d'Orgel, 1923, page 35. Ø 11. Les clubs de Londres sont nés sous l'impulsion de Brummel. Ce roi de la mode et son émule le comte d'Orsay perpétuaient une vieille tradition, celle de l'influence française sur le beau monde de Londres. PAUL MORAND, Londres, 1933, page 198. · Locutions verbales. Se faire beau, se faire belle. Se parer; se farder. Achète des robes à falbalas comme la femme d'un amiral, fais-toi belle, et donne-moi le bras... (EUGÈNE SUE, Atar Gull, 1831, page 3 ). Voilà votre redingote perdue... Pourquoi diable vous faire si beau? Alliez-vous à la noce? (PROSPER MÉRIMÉE, Colomba, 1840, page 139) : Ø 12. Elle avait eu tort de ne pas se faire belle pour venir chez lui : elle avait gardé ses vêtements de la journée; elle ne s'était même pas mis de poudre aux joues : maladroite! MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 86. — [En parlant d'un animal] Un beau cheval, un beau chien, un beau cygne; une belle jument. b) [En parlant d'un inanimé] — [En parlant d'un produit de la nature] Un bel arbre, un beau pays. La nature était belle, Et riait comme nos amours (THÉOPHILE GAUTIER, Albertus ou l'Âme et le péché, 1833, page 149) : Ø 13. Et pourtant sous cette destruction fleurit la nature. La terre est verte et belle; un pauvre petit ruisseau, dont on voit une belle flaque verte, nous avertit que sans la fumée de la poudre nous verrions peut-être un beau ciel, car il y a une terre et un ciel encore. JULES MICHELET, Journal, 1840, page 332. SYNTAXE : Un beau fruit, une belle fleur, une belle forêt; de belles roses blanches; un beau ciel, un beau lac, un beau paysage, une belle vallée; de beaux rivages, de beaux ruisseaux. · [Sous le rapport de l'ouïe] Les beaux sons de cette cloche me donnaient une vive émotion (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 197 ); le beau bruit léger des mouches sur les pêches du compotier (JEAN GIONO, Le Grand troupeau, 1931, page 229 ). — [En parlant d'une oeuvre du " génie humain "] · [Œuvre d'art plastique ou musical] Un beau tableau, une belle symphonie : Ø 14. Et quel peut être le pouvoir d'un beau morceau de musique bien exécuté, si ce n'est celui de produire des émotions dans notre sentiment intérieur! JEAN-BAPTISTE LAMARCK, Philosophie zoologique, tome 2, 1809, page 285. Ø 15. Ainsi ces beaux marbres expriment l'accord de la pensée et de la nature, et la plus belle vertu; le moindre fragment en témoigne encore. On dit communément que le nu est toujours chaste, pourvu qu'il soit beau; mais il vaut mieux dire que le nu est beau pourvu qu'il soit chaste. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, page 233. SYNTAXE : Un beau dessin, un beau portrait; de belles fresques; de la belle musique; un beau morceau de musique. · [Œuvre, produit d'activités artisanales ou industrielles] Un beau bijou, une belle maison : Ø 16.... et il le conduisit lentement afin de lui laisser voir une belle et somptueuse salle à manger garnie de tableaux achetés en Allemagne,... HONORÉ DE BALZAC, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, 1837, page 279. SYNTAXE : Un beau chapeau, une belle toilette de bal, du beau linge; un beau navire, une belle ville, de beaux édifices. · [Sous le rapport de l'ouïe] Il y a du feu dans l'âtre et des flammes de plus d'un mètre et ça fait un beau bruit doux au coeur (JEAN GIONO, Regain, 1930, page 230) : Ø 17. Elles rendent [les briques] sous l'outil un beau bruit limpide d'enclume battue, qui tinte du haut des échafaudages. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, page 194. 2. [En parlant d'une chose considérée du point de vue de son adaptation à une fin; l'impression s'exerce sur la sensibilité humaine ou sur les facultés de jugement intellectuel, moral, spirituel] a) [L'appréciation porte sur la satisfaction du bien-être physique (calme, sérénité, etc.) ou sur les qualités d'agrément, de facilité d'une expérience humaine] Antonymes : mauvais, vilain. — [En parlant du temps, des conditions atmosphériques, des saisons... considérés du point de vue de leur influence sur la vie et l'activité des hommes] Un bel été : Ø 18. Comme ce pâle essaim de malheureuses ombres, Du Styx au triple tour couvrant les rives sombres, Au penser doux-amer de son ancien martyre S'agite tristement et doucement soupire! Ainsi par un beau soir, au milieu de la plaine, La tige que le vent bat d'une tiède haleine. JEAN PAPADIAMANTOPOULOS, DIT JEAN MORÉAS, Ériphyle, 1894, page 212. Ø 19. — Tu ne sais pas ce qu'on devrait faire? Aller se promener tous les deux : c'est un si beau matin. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 278. SYNTAXE : a) Un beau mois de novembre, un beau printemps; par une belle nuit d'été. b) Il fait beau temps (confer il fait beau infra IV C 1), il fait un beau temps d'automne. · Un très beau temps clair et vivifiant; le retour du beau temps; avoir un beau temps exceptionnel (confer avoir beau temps infra IV C 1); jouir, profiter du beau temps; la belle saison, les beaux jours. Il est vrai que je montai moins souvent au refuge. Avec l'arrivée des beaux jours ma présence devint, en bas, plus nécessaire (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 71) : Ø 20. C'est en hiver, sous un ciel triste et sombre, que la Rome calviniste prend sa véritable physionomie, et ce n'est pas la connaître que de l'avoir rapidement visitée dans la belle saison, comme font les touristes. FRANÇOIS COPPÉE, La Bonne souffrance, 1898, page 79. Ø 21. Mai amenait une alternance de pluies chaudes et de beaux jours ensoleillés qui triomphait peu à peu du gel accumulé du long hiver. LOUIS HÉMON, Maria Chapdelaine, 1916, page 44. · Spécialement. Une belle mer. Une mer calme. Quand la mer est belle. Quand la mer est calme : Ø 22.... ils n'osaient approcher de nos bâtimens, quoiqu'ils fussent en panne, et que la mer fût très-belle. Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 3, 1797, page 252. · Locution figurée. Parler de la pluie et du beau temps. Parler de tout et de rien. Il parla de la pluie et du beau temps avec sa voix traînante et monotone (ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, page 136 ). Faire la pluie et le beau temps. Disposer de tout et de tous : Ø 23. Les morts vont alors devenir des personnages avec lesquels il faut compter. Ils peuvent nuire. Ils peuvent rendre service. Ils disposent, jusqu'à un certain point, de ce que nous appelons les forces de la nature. Au propre et au figuré, ils font la pluie et le beau temps. HENRI BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion, 1932, page 142. Ø 24. Il revint sur ses pas, avec un vague espoir, scrutant les ombres. Il dérangea un couple d'hommes qui s'entretinrent de la pluie et du beau temps, une cigarette s'alluma dans l'ombre. LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 446. · Par analogie. [En parlant d'un âge de la vie comparé à une saison, de la santé correspondant à cet âge (l'idée " qui suscite l'admiration " fait place ici à celle " qui fait envie " ou " qui est l'objet d'un regret ")] Le beau temps de ma jeunesse. Le bel âge. L'âge de l'homme jeune. Les belles années de quelqu'un. Les jeunes années de quelqu'un. Jouir d'une belle santé. Jouir d'une bonne santé, d'une santé sans troubles : Ø 25. Aujourd'hui que je regrette encore mes chimères sans les poursuivre, je veux remonter le penchant de mes belles années : ces Mémoires seront un temple de la mort élevé à la clarté de mes souvenirs. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 15. Ø 26. Toutes les heures, on entrait voir si elle vivait encore. Elle ne parlait plus, tant elle suffoquait; mais, de son oeil resté bon, vivant et clair, elle regardait fixement les personnes; et il y avait bien des choses dans cet oeil-là, des regrets du bel âge, des tristesses à voir les siens si pressés de se débarrasser d'elle,... ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 652. — [L'accent est mis sur les qualités d'agrément ou de facilité d'une expérience humaine] Un beau voyage, un beau rêve, être de belle humeur, avoir une belle vieillesse : Ø 27. On marchait par deux files espacées, laissant le milieu de la route libre. Les officiers s'y avançaient à l'aise, seuls; et Maurice avait remarqué leur air soucieux, qui contrastait avec la belle humeur, la satisfaction gaillarde des soldats, heureux comme des enfants de marcher enfin. ÉMILE ZOLA, La Débâcle, 1892, page 77. Ø 28. Sur la route de Jérusalem, Jean-Jacques n'alla pas plus loin que Soleure. Et la belle aventure finit. JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des "Confessions", 1948, page 59. · Locutions. Il est beau de, c'est beau de + infinitif Il est agréable de. Il est beau d'être tranquille sans autre raison que soi-même tranquille (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1935, page 1279) : Ø 29. — Chabrand! dit le capitaine, c'est beau d'être jeune, mon gars, tu connais pas ton bonheur. Dors, abruti! JEAN GIONO, Le Grand troupeau, 1931, page 168. Il fait beau + infinitif Il est agréable de, il est plaisant de. Il fait beau voir : Ø 30. Mon ami avait les sens moins éveillés que moi, mais cependant il songeait aux femmes. Il faisait beau voir nos puérils enthousiasmes pour elles, nos dissertations sur la beauté et les citations que je tâchais de fourrer dans tout cela. JULES MICHELET, Mémorial, 1822, page 192. Ø 31. TIRÉSIAS. — Il fait beau croire aux prodiges lorsque les prodiges nous arrangent et lorsque les prodiges nous dérangent, il fait beau ne plus y croire... JEAN COCTEAU, La Machine infernale, 1934, III, page 105. Il fait beau voir : Il est consolant de voir : Ø 32. Ah! Il faisait beau voir l'indignation de Claudel, quand, à propos de ses drames, certains critiques employèrent des mots comme « croyance naïve » ou « foi d'un autre âge ». HENRI MASSIS, Jugements, 1924, page 273. · En particulier. La Belle époque. La belle vie. · Par transposition. Une belle vue. (Le fait d'avoir) une vue extrêmement dégagée (sur un paysage,...). Des terrasses du jardin, on a une belle vue sur la vallée et le bocage (JEAN GUÉHENNO, Journal d'un homme de 40 ans, 1934, page 87) : Ø 33. Elle m'avait proposé d'aller prendre le thé dans un hôtel de La Turbie qu'elle connaissait, d'où l'on avait une très belle vue panoramique sur la côte monégasque et la mer. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, page 218. · Proverbe. A beau mentir* qui vient de loin. · Locution figurée. Le beau côté des choses, le beau côté de la médaille : Ø 34. Monseigneur Landriani est un homme d'un esprit vif, étendu, profond; il est sincère, il aime la vertu : je suis convaincu que si un empereur Décius revenait au monde, il subirait le martyre comme le Polyeucte de l'opéra, qu'on nous donnait la semaine passée. Voilà le beau côté de la médaille, voici le revers : dès qu'il est en présence du souverain, ou seulement du premier ministre, il est ébloui de tant de grandeur, il se trouble, il rougit;... HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 130. Avoir le beau rôle* : Ø 35. Quant au vicomte, il avait le beau rôle, d'abord dans le souper, où il s'introduisait de force, ensuite dans le pari, puisqu'il emmenait la demoiselle, et finalement sur le terrain, où il se comportait en gentilhomme. GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 42. Ø 36. Si c'est une histoire où mon père a eu le beau rôle, c'est exprès qu'il ne me l'a pas racontée, et il est donc inutile que je la sache. HENRI DE MONTHERLANT, Le Maître de Santiago, 1947, I, 1, page 601. Être dans une belle passe*, dans une belle veine*. Si je portais le nom de ton ami, je serais dans une belle passe (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 324) : Ø 37. Puis Sorellina est dans sa plus belle veine et sa passe la plus fortunée; tout, depuis quelques mois, lui réussit à souhait, et son existence s'arrange en papier de musique. HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 338. b) [L'appréciation porte sur les qualités morales ou sociales] — [Le jugement s'inspire d'une éthique de noblesse personnelle] Synonymes : noble, généreux; antonymes : indigne, vil : Ø 38. Les philosophes grecs et romains sont une des lectures les plus utiles et les plus attachantes qu'on puisse faire. C'est dans leurs écrits qu'on trouve les principes des grandes et belles actions qui ont illustré ces deux peuples et qui répandent un si grand intérêt sur leur histoire dont il faut s'occuper ensuite. PIERRE-AMBROISE-FRANÇOIS CHODERLOS DE LACLOS, De l'Éducation des Femmes, 1803, page 476. Ø 39. La clémence est une belle vertu royale qui rompt les courants de la colère. VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 496. SYNTAXE : Une belle action, une belle cause; être animé de beaux sentiments; un beau caractère; c'est une belle âme, une belle et noble âme. · Locution. Il est beau de + infinitif Il est beau d'être le chêne et de savoir plier comme le roseau (JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, page 170) : Ø 40. L'exemple, voyez-vous, c'est le meilleur des enseignements. Dites à un conscrit qu'il est noble et beau de marcher au feu, il vous écoutera sans vous comprendre. Marchez-y devant lui, crânement, et il devient plus crâne que vous... PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 114. Ø 41. Mais ne vaudrait-il pas mieux l'abandonner à son sort [la République] et la laisser mourir des vices de sa constitution? Sans doute, ce que vous proposez, cher Agaric, est noble et généreux. Il serait beau de sauver ce grand et malheureux pays, de le rétablir dans sa splendeur première. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 203. · En particulier. Une belle mort, un beau trépas. Une mort noble. Une belle mort ennoblit une vie entière. Il se mit dans l'esprit un matin que ce serait pour lui une belle mort, et bienséante, et grandiose, d'aller mourir sur le Mont Blanc (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Pensées et maximes, 1869, page 63) : Ø 42. Ah! Si jamais vous vengez la patrie, Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas! PIERRE-JEAN DE BÉRANGER, Chansons, tome 3, Le Vieux sergent, 1829, page 111. Ø 43.... il attira Simon Lachaume dans le couloir et se fit raconter les derniers instants. — Une belle mort, une très belle mort, fit Lartois. Puissions-nous tous avoir autant de dignité devant la fin. MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 52. — [Le jugement s'inspire d'une éthique à la fois personnelle et sociale] Il n'est pas beau de mentir. Synonymes : correct, conforme aux bienséances, élégant : Ø 44.... les mots sont jugés bons ou mauvais selon qu'il plaît et sans que l'on soit tenu à fournir un motif valable et discutable. Si l'on n'admet pas, comme jadis, l'autorité absolue de l'usage, du bel usage, on n'a pour guide que son propre goût;... RÉMY DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, page 132. · Trouver beau de + infinitif : Ø 45. Il jouit dans ce moment, dit-on, d'une grande faveur; je lui en souhaite la durée : elle a commencé peu de jours avant mon arrivée à Paris, au moment où la cause du roi était désespérée; il aura trouvé beau d'accepter un ministère quand tout paraissait perdu. EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, 1823, page 177. Ø 46. Il trouvait beau de se gouverner, sur la mer et dans des pays inconnus, par les règles de l'astronomie, science alors peu répandue et peu avancée. JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 390. Ø 47. Vous, Monsieur Schleiter, vous et vos semblables, vous rêvez d'une société dans laquelle l'État se chargera de faire le salut de tout le monde. Eh bien! je me demande où sera le mérite. Je trouve beaucoup plus beau de se débrouiller tout seul. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Vue de la Terre promise, 1934, page 128. · En particulier. JEUX. Être beau joueur, se montrer beau joueur. Savoir perdre avec élégance : Ø 48. La cour était à Fontainebleau. La démission partie, Rougon attendit avec un sang-froid de beau joueur. L'éponge allait être passée sur les derniers scandales, le drame de Coulonges, la visite domiciliaire chez les soeurs de la Sainte-Famille. S'il tombait, au contraire, il voulait tomber de toute sa hauteur, en homme fort. ÉMILE ZOLA, Son Excellence Eugène Rougon, 1876, page 327. Au figuré : Ø 49. — Allons, papa, gloussait Lucien, la bouche en croupion de poule, soyez beau joueur. Avouez que vous avez marché. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, page 78. Ø 50. Staline se montra beau joueur. D'une voix douce, il me fit son compliment : « Vous avez tenu bon. À la bonne heure! J'aime avoir affaire à quelqu'un qui sache ce qu'il veut, même s'il n'entre pas dans mes vues ». CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 78. — [Le jugement s'inspire d'une éthique de la grandeur sociale] Synonyme : glorieux. Les beaux temps de la chevalerie : Ø 51.... M. de Suffren était, depuis Louis XIV, le seul qui rappelât les grands marins de notre belle époque navale. EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, 1823, page 283. Ø 52.... les institutions et les croyances que nous trouvons aux belles époques de la Grèce et de Rome, ne sont que le développement de croyances et d'institutions antérieures;... NUMA-DENIS FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique, 1864, page 4. — [L'accent est mis sur les qualités affectives] Ma belle amie, ma belle enfant : Ø 53. — Bonjour, bonjour, ma chère enfant, répéta-t-il d'un ton paternel où perçait néanmoins une légère émotion. — Monsieur, fit Cerise en reculant d'un pas, encore. Seriez-vous la personne... que j'attends?... — Oui, c'est moi, ma belle enfant! PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 1, L'Héritage mystérieux, 1859, page 213. · Familier et condescendant : Ø 54. — Bonjour, belles dames, bonjour, dit-il en les saluant d'un geste protecteur; vous êtes belles à croquer toutes deux, et si j'étais encore... PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 1, L'Héritage mystérieux, 1859 page 485. c) [L'appréciation porte sur la perfection technique d'une chose ou sur les qualités intellectuelles ou/et esthétiques d'une oeuvre] — [L'appréciation porte sur la perfection technique] · [En parlant de la matière considérée du point de vue de son appropriation à la fin recherchée] Antonyme : médiocre. Du beau cuir, du beau granit, du beau papier épais; c'est du beau bois; du beau grain de semence; une belle mécanique : Ø 55. Le vieux Campireali a répété mille fois qu'il donnera sa plus belle terre à qui vous aura tué. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, L'Abbesse de Castro, 1839, page 179. Par analogie. JEUX. Avoir de belles cartes, un beau jeu. Avoir un jeu, des cartes favorables. Donner un beau jeu. Par métaphore : Ø 56. Vois-tu, petite, le grand art en politique consiste à avoir deux bons yeux, quand les autres sont aveugles. Tu as toutes les belles cartes dans ton jeu. ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 93. Locution figurée. Avoir beau jeu de, à, pour + infinitif N'éprouver aucune difficulté à : Ø 57.... M. Racine avait bien de l'esprit, et du plus méchant Ce peintre de l'homme aurait eu beau jeu pourtant à soutenir qu'il nous est impossible de faire mieux connaître l'homme sans servir la religion catholique. FRANÇOIS MAURIAC, La Vie de Jean Racine, 1928, page 71. Ø 58. Mais la mort est atroce à qui n'a pas rempli sa vie. À celui-ci la religion n'a que trop beau jeu pour lui dire : « Ne t'en fais pas. C'est de l'autre côté que ça commence, et tu seras récompensé ». ANDRÉ GIDE, Les Nouvelles Nourritures, 1935, page 295. Ø 59. Il semblait, en effet, que sous l'empire de la désillusion, certains qui, jusqu'alors, s'étaient liés à l'action du diplomate américain voulussent maintenant régler les comptes. J'eus donc beau jeu de noter, dans ma déclaration, « la confusion qui régnait en Afrique du Nord française ». CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 73. Avoir beau jeu pour + substantif : Ø 60. Le somme finit cependant par l'envahir, de manière à la séparer du monde réel dont les rumeurs ne lui parvenaient plus. Vallombreuse, s'il eût été là, aurait eu beau jeu pour ses entreprises téméraires et galantes; car la fatigue avait vaincu la pudeur. THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 391. Donner beau jeu (à quelqu'un), se donner beau jeu. Donner (à quelqu'un) des moyens, des chances de réussite : Ø 61.... mais si vous voulez à toute force faire à ces gredins l'honneur de leur répondre, attendez du moins ma demi-feuille de Naples, qui vous donnera beau jeu. PAUL-LOUIS COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1810, page 821. Ø 62. De Maistre se donne beau jeu à prendre ainsi le dogme janséniste dans sa déviation et sa défaillance. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 3, 1848, page 165. Donner beau jeu (à quelque chose). Cela donne beau jeu aux interprétations tendancieuses ou même malveillantes (CHARLES DU BOS, Journal, 1928, page 210 ). Donner, faire la partie belle (à quelqu'un), se faire la partie belle. Même sens : Donner (à quelqu'un) des moyens, des chances de réussite. Voltaire commence par simplifier sa pensée; il se fait la partie trop belle (ANDRÉ GIDE, Journal, 1922, page 739) : Ø 63. Du reste, il confessait volontiers qu'il y avait du bon dans ces idées, dont l'effrayante simplicité l'attirait. Seulement, ce serait donner la partie trop belle à Rasseneur, si l'on en contait de pareilles aux camarades. ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1343. Ø 64.... ses adversaires lui faisaient la partie belle. Entêtés de leurs préjugés gallicans, ils n'admettaient pas que, sur les questions de fait, l'Église fût infaillible. ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 4, 1920, page 426. Faire beau jeu (à quelqu'un). Lui rendre les choses plus faciles : Ø 65. Les grands scheiks s'étaient étudiés à nous faire beau jeu, ils avaient aplani les grandes difficultés; ils permettaient le vin et nous faisaient grâce de toute formalité corporelle;... EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 505. · [En parlant de la perfection des procédés utilisés ou du résultat obtenu] Une belle invention, faire du beau travail; c'est du beau travail, de la belle besogne (confer aussi infra II A) : Ø 66.... j'invoquerai le grand et beau travail qu'a fait, sur les mots de la langue française, le citoyen Butet. ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 2. Grammaire, 1803, page 129. Locution. Être d'une belle venue. Être bien développé : Ø 67.... l'arbre était d'une belle venue, plus vigoureux que jamais, et, en cinq ans, il avait presque doublé. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 161. JEUX. Un beau coup*, une belle balle*. · Par extension. [En parlant de la relative facilité d'une action réputée pénible] Une belle opération (financière, chirurgicale,...). Une belle mort. Une mort facile (confer aussi supra 2 b). Locution. Mourir de sa belle mort. Mourir de mort naturelle : Ø 68. Avant la prochaine guerre, aura-t-on le temps de travailler encore un peu et de mourir de sa belle mort? JULIEN GREEN, Journal, 1943, page 46. Ø 69. Maintenant la guerre est finie Et le vieux général est mort Est mort dans son lit Mort de sa belle mort Mais moi je suis vivant et c'est le principal ... JACQUES PRÉVERT, Paroles, Histoire du cheval, 1946, page 25. — [L'appréciation porte sur les qualités intellectuelles ou/et esthétiques d'une oeuvre envisagée du point de vue de son contenu] Antonyme : médiocre. Un beau poème, un beau sonnet, une belle poésie; c'est une belle oeuvre, un bel ouvrage. · En particulier. [En parlant d'une oeuvre qui a pour moyen d'expression le langage] Un beau discours, une belle pièce (de théâtre), un beau film : Ø 70. C'était à l'avènement du parlant, donc en 1930-31, peu de temps après le beau film de René Clair, Sous les toits de Paris,... BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 308. · Par métonymie. [En parlant de la maîtrise de l'expression] Un beau style, un beau talent. [En parlant de l'écrivain] Un bel écrivain, un beau génie. B.— [L'appréciation porte sur l'importance d'une chose] Qui suscite l'étonnement (amusé ou critique) en raison de ses proportions dépassant la norme ou la moyenne. 1. [Importance de l'énergie ou de l'activité déployée] Une belle claque, un bel appétit; un beau désordre, un beau tapage, un beau tumulte; faire un beau vacarme; une belle bagarre, une belle dispute; une belle colère. Un beau coup de pioche; un beau coup de poing; un beau coup de sabre, d'épée. Se démener comme un beau diable. Avoir, affecter un beau sang-froid. Celui-ci, vieux joueur, avait un beau sang-froid, qui le rendait redoutable (ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 188) : Ø 71. L'enfant riait. Elle le baisa, elle rattacha son maillot, tout en menaçant du poing Catherine. — S'il était tombé, je t'aurais allongé une belle paire de soufflets. ÉMILE ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, page 1425. Ø 72. — Ce sont des raisons ridicules! fit Odette avec emportement. Des raisons inventées. Les hommes sont très habiles pour trouver de belles excuses à leur ignominie. JACQUES CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, page 252. Ø 73. FANNY. — Alors, je lui donne une gifle, parce que c'était le plus sûr moyen qu'il me demande à ma mère. Et ce matin, il m'a demandée. Voilà. MARIUS. — Eh bien, ma fille, tu es une belle menteuse. MARCEL PAGNOL, Marius, 1931, I, 9, page 76. — Locution adverbiale. À belles dents*. Croquer, déchirer, dévorer, manger, mordre à belles dents : Ø 74. Les pauvres enfants étaient affamés, y compris Gavroche. Tout en arrachant leur pain à belles dents, ils encombraient la boutique du boulanger qui, maintenant qu'il était payé, les regardait avec humeur. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 152. · Au figuré. Déchirer (quelqu'un) à belles dents. Médire (de quelqu'un) avec un plaisir cruel : Ø 75. Si je me rends, que dira-t-on de moi? N'est-ce pas une femme bien abjecte que celle qui obéit à point nommé, à l'heure convenue, à une pareille proposition? Ne va-t-on pas la déchirer à belles dents, la montrer au doigt, et faire de son nom le refrain d'une chanson à boire? ALFRED DE MUSSET, Les Caprices de Marianne, 1834, II, 1, page 150. Ø 76. Ensemble nous déchirions à belles dents la famille de Zaza et ses amis : cela me soulageait un peu. SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 278. 2. [Importance quantitative] Une belle foule, un beau public; une belle somme, un beau magot, une belle dot, une belle fortune, de beaux bénéfices, de belles rentes; une belle vente, de belles spéculations; une belle prise, une belle récolte; prendre un beau poisson. Il aurait fallu attendre le coucher du soleil... c'est le moment des beaux coups de filet (FRANÇOIS MAURIAC, Asmodée, 1938, IV, 1, page 141 ). Au sein de ce paysage, un lac de belle étendue, mais non immense,... (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 157) : Ø 77. Tu me feras damner; tu es incorrigible. J'avais les plus belles espérances; cette fille-là sera très-riche un jour; tu me ruineras, et tu iras au diable;... ALFRED DE MUSSET, Il ne faut jurer de rien, 1840, I, 1, page 108. Ø 78. L'autre confectionnait des sacs de tranchées dans une ou deux usines qui tournaient encore, et volait des tissus, les revendait, se faisait de beaux profits. MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 324. · C'est beau, c'est assez beau. Le père Séchard a laissé deux cent mille francs de biens au soleil, comme on dit, et c'est assez beau déjà pour un homme qui a commencé par être ouvrier (HONORÉ DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, page 312 ). 3. [Importance sociale, avec généralement implication de 2] Une belle position, une belle situation : Ø 79. Il va partir pour Paris, il aura là-bas une belle situation dans le haut commerce. ÉMILE ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, page 1247. Ø 80. Il avait décidé qu'il ferait un jour un beau mariage, et dans sa tête il était arrêté qu'il épouserait une des héritières de la chocolaterie. LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 41. 4. [Importance psychologique] C'est d'un bel optimisme; une belle surprise, une belle envie : Ø 81. Le duc de Vermandois vient d'être revêtu de la charge d'amiral; Mme. de La Vallière a reçu cette marque d'une faveur insigne avec la plus belle indifférence. VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 2, 1812, page 6. Ø 82. Le caractère espagnol fait une belle opposition avec l'esprit français; dur, brusque, peu élégant, plein d'un orgueil sauvage, jamais occupé des autres :... HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, De l'Amour, 1822, page 161. II.— [Beau exprime une appréciation défavorable] A.— Par ironie. — Mon beau monsieur! Ma belle dame! Mon bel ami! : Ø 83. — Des histoires, des histoires, bel ami, fait l'avocat! Vous m'aviez pourtant bien promis de me payer selon mes conditions. EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 95. — C'est du beau travail! de la belle besogne (supra I A 2 c) : Ø 84. Il la sentait sur lui, enlacée à lui, chaude et terrifiée, sa soeur! Alors, tout bas, de peur que quelqu'un l'écoutât, si bas qu'elle-même l'entendit à peine : « Malheur! J'avons fait de la belle besogne! » Elle eut, en une seconde, les yeux pleins de larmes... GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Le Port, 1889, page 1336. — Par ellipse. · En dire, en entendre de belles (choses fâcheuses, scandaleuses,...) : Ø 85. DON CÉSAR. — Ô Lucindes d'amour! Ô douces Isabelles! Eh bien! Sur votre compte on en entend de belles! Quoi! L'on vous traite ainsi, beautés à l'oeil mutin, À qui je dis le soir mes sonnets du matin! VICTOR HUGO, Ruy Blas, 1838, I, 2, page 343. Ø 86. Adieu; je m'habille pour aller dîner chez la Kisseleff. Ah! l'on en a dit de belles! (...) J'ai été prudent, quoique hurlant avec les loups, mais ne parlant que des choses officielles et connues. HONORÉ DE BALZAC, Lettres à l'Étrangère, tome 2, 1850, page 231. Ø 87.... le réquisitoire de M. Manau, ainsi que l'ordre de mise en jugement, nous en apprennent de belles sur le procès qui était en voie de préparation. GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 545. · En faire de belles (sottises) : Ø 88. Ah! Te voilà!... Eh bien, tu en as fait de belles! GABRIELLE, ahurie. — Moi! Où ça? Quand ça? Comment ça, de belles? PETYPON. — Mais, là-bas, chez mon oncle! GEORGES FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's, 1914, III, 4, page 58. B.— Par antiphrase. 1. [Avec une idée d'inefficacité] Une belle dose de naïveté; de belles phrases creuses, ronflantes : Ø 89. — Oui, mais tout cela n'empêche pas mon comte de Monte-Cristo d'exister! — Pardieu! Tout le monde existe, le beau miracle! ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 582. Ø 90. — Mais, monsieur, j'ai un peu de fièvre. Il toucha sa main. — Pas en ce moment en tous cas. Et puis la belle excuse! Ne savez-vous pas que nous laissons au grand air, que nous suralimentons, des tuberculeux qui ont jusqu'à 39? MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 302. Ø 91. — Votre beau-père était un ermite, c'est entendu, je l'ai mieux connu que vous... Mais le beau mérite! ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Climats, 1928, page 232. · La belle affaire! La belle avance! : Ø 92. — Deux cents francs! La belle affaire! C'est mon dû que je veux, c'est dix mille francs. ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 143. Ø 93. C'était vraiment donner trop d'importance à un diplôme. Il était bachelier. La belle avance! C'est à présent que la difficulté commençait. ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1208. · Expression. Cela (me, nous, vous) fait une belle jambe* : Ø 94. Mme. Rezeau n'osa pas dire : « Ça me fait une belle jambe! », mais, par suite d'une silencieuse association d'idées, elle se caressa longuement le tibia. HERVÉ BAZIN, Vipère au poing, 1948, page 94. Ø 95.... le cardinal André, en te promettant sa voix, t'a affirmé dernièrement encore que tu avais derrière toi toute l'Église. — Voilà qui me fait une belle jambe! — Mon ami!... — Nous venons de voir avec Anthime ce que valait la haute protection du clergé. ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 710. · Un beau parleur. Une personne qui ne dit que des futilités. De belles paroles. Des paroles inutiles : Ø 96. Toujours il avait eu la réputation d'un mauvais sujet et d'un noceur, poussé par ce besoin de faire le beau parleur autour des tables d'auberge, d'étonner la galerie par ses façons conquérantes. ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 133. 2. [Avec une idée de désagrément et en outre une idée d'importance (supra I B)] · Traiter quelqu'un de la belle manière*, de la belle façon*. · Être dans de beaux draps. Être dans une situation fâcheuse. Nous voilà encore dans de beaux draps par sa faute (ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre, 1884, page 947) : Ø 97. « Mais comme j'ai bien fait de garder mes réserves en cas de coup dur; nous serions dans de beaux draps si j'avais suivi François! »,... MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 90. · Une belle maladie, une belle bronchite; avoir une belle grippe; une belle injustice, une belle inquiétude, une belle peur; un beau scandale. Les blessures du plus profond amour suffisent à faire une assez belle haine (ANDRÉ MALRAUX, La Condition humaine, 1933, page 328 ). Ah! C'est vous, l'oncle! Eh bien, vous m'avez fait une belle peur (HENRI DE MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, page 750) : Ø 98. — Je ne vous ai pas chipé la lettre, mon vieux, vous l'aviez laissée traîner sur le bureau du maître avec la copie de la veille — une belle gaffe! Je me demandais même tout à l'heure si vous ne l'aviez pas fait exprès. GEORGES BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, page 884. · Être dans un bel état : Ø 99. — « Ah! Madame est dans un bel état! Elle a renvoyé ce matin son groom qui l'insultait. Elle croit qu'on va piller partout! Elle crève de peur! D'autant plus que Monsieur est parti! » GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 104. · Un beau salaud : Ø 100. « Oui, c'était un beau salaud. Et alors? À quoi ça avance, un salaud de moins sur terre? Descendre des collabos en 43, bien d'accord. Mais maintenant, ça ne sert à rien, c'est quasi sans risque,... » SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 150. · Locution. Il ferait beau voir. Il serait incroyable de voir, il serait bien étrange de voir. Je suis libre! Évidemment je suis libre. Il ferait beau voir qu'on m'empêche d'être libre (MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 409) : Ø 101. — Nous parlerons bien, peut-être, nous autres, femmes. — Vous autres! Rentrez vos langues dans le fourreau. — Tiens! Tiens! Il ferait beau vous voir nous en empêcher! LÉON GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, page 255. III.— [Beau exprime une idée d'imprévisibilité ou d'inattendu] A.— [L'idée dominante est celle de hasard, d'imprévisibilité] — Un beau jour. Un certain jour. Un beau matin, un beau soir : Ø 102. Par je ne sais quelle aventure, Un avare, un beau jour, voulant se bien traiter, Au marché courut acheter Des pommes pour sa nourriture. JEAN-PIERRE CLARIS DE FLORIAN, Fables, L'Avare et son fils, 1792, page 146. Ø 103.... un beau matin, l'on peut, si l'on a cessé de plaire, être expédié, comme un simple colis, au loin, à destination d'un autre cloître. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 12. — Au beau milieu de. En plein milieu de. 1. [Concerne l'espace] Au beau milieu d'un terrain, de la forêt, d'une pelouse; au beau milieu du chemin, de la chaussée, de la route; au beau milieu du visage, du nez : Ø 104.... un enfant, une femme accroupie, par hasard, au beau milieu des routes vides, et où ne passent que des enterrements. EUGÈNE FROMENTIN, Voyage en Égypte, 1869, page 140. 2. [Concerne le temps] Au beau milieu de la journée, de la nuit : Ø 105. Et cela! Vous ne savez pas ce que c'est, vous, dame de la ville! C'est comme un avertissement de l'automne au beau milieu du printemps. Ce sont les petits chrysanthèmes d'or qui vivent là, dans l'encoignure. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, pages 189-190. · Absolument : Ø 106. L'expression des gens parfois que l'on croise sur les trottoirs C'est comme un cinéma permanent quand on entre au beau milieu. LOUIS ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, page 91. · Au figuré. Au beau milieu de la conversation, d'un entretien, d'une phrase : Ø 107. Je sentis la sueur perler à mon visage et à mes mains. J'avais jeté le mot au pire moment, au beau milieu d'une phrase... JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, page 121. — En belle vue. En évidence. Parmi les nappes, les serviettes, en belle vue, pend un morceau d'andrinople rouge (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 713 ). — En belle place : Ø 108. Le panier que nous lui envoyons au jour de l'an est en belle place sur le marbre de son secrétaire. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1958, page 436. B.— [L'idée dominante est celle de chose espérée (exprimée par avoir beau) et de déception (exprimée par la proposition subséquente)] — Avoir beau + infinitif (avec valeur concessive). L'oncle Édouard a eu beau faire, beau s'évertuer, s'époumoner... ils démordaient pas de leur avis (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 346 ). J'ai eu beau donner de la voix, personne, hélas, n'est venu me détacher (ALBERT CAMUS, La Dévotion à la croix, adapté de Calderon de La Barca, 1953, page 574 ). J'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé de solution (FRANÇOISE SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, page 107) : Ø 109. J'avais eu beau chercher du haut de la crête les feux de la gare du plantier, pas moyen, la nuit me poussait dans le dos... GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1382. Ø 110.... « Je suis sûr que Simon m'a menti. Il a eu beau jurer, il ne vaut pas mieux que les autres. (...) » JULIEN GREEN, Moïra, 1950, page 83. Ø 111. Vous avez eu beau vous entourer de précautions, nous voilà classés comme anticommunistes;... SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 385. · Avoir beau dire et beau faire : Ø 112. Mais ils ont beau faire et beau dire, ils n'en diront jamais pis sur mon compte qu'on n'en a dit à Cambridge dans un discours public prononcé ex cathedra, en 1844, contre notre maître en art et en critique, Goethe. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Les Cahiers, 1869, page 148. Ø 113. Elle était pas très mal roulée... seulement elle avait un tic et puis elle louchait... je me suis présenté comme ça du journal... elle a cru d'abord comme les autres qu'elle venait de gagner le gros lot... elle a insisté pour que je reste... elle a été me chercher des roses!... J'avais beau dire et beau faire... elle comprenait rien... LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 509. Ø 114. Et l'on voyait pendre au revers ses cravates qui est-ce qui N'aurait derrière soi cru voir soudain passer Maïakovski On a beau faire on a beau dire il est là joue aux cartes fume Et ses vers chantent quelque part dans la poche de ses costumes LOUIS ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, page 184. IV.— [Beau, belle élément de syntaxe figé] A.— [Avec valeur adjectif] 1. [Avec valeur d'épithète] a) [Exprime certaines relations de parenté] Beau-frère*, beau-père*, belle-mère*, belle-soeur*, belle famille*, beaux-parents*. b) [Exprime une idée de noblesse ou de désintéressement] — Les beaux-arts*, les belles-lettres*. — Expression. Faire quelque chose pour les beaux yeux de quelqu'un. Faire quelque chose de manière désintéressée : Ø 115. MADAME DUFOURÉ. — Et ma dot, monsieur? J'ai eu une dot! DUFOURÉ. — Eh! parbleu! je m'en souviens bien. Croyez-vous que je vous eusse épousée pour vos beaux yeux?... THÉODORE BARRIÈRE, ERNEST CAPENDU, Les Faux bonshommes, 1856, II, 6, page 64. c) [Exprime une idée d'importance qualitative ou quantitative] Confer aussi supra I B 2. — Il y a beau jour (que), il y a beau temps (que), il y a belle lurette (que). Il y a longtemps : Ø 116. Il y a beau jour que j'ai renoncé à rougir de ma vanité, et même à m'en corriger. De tous mes défauts, c'est celui qui m'amuse le plus. JULES RENARD, Journal, 1902, page 767. Ø 117. Le Dieu de la Genèse, il y avait beau temps, nous avait interdit « de manger de l'arbre de la connaissance »,... JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des "Confessions", 1948, page 303. — Depuis belle lurette, depuis beau temps. Depuis longtemps. J'avais renoncé d'ailleurs, depuis belle lurette à toute espèce d'amour-propre (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, page 527 ). — [En parlant d'une personne] Un bel âge. Un âge avancé. — IMPRIMERIE. Belle page. La page impaire d'un livre, celle qui se trouve à la droite du lecteur. — Vieux ou régionalisme (Canada) Beau dommage. Certainement : Ø 118. — Pas à la chasse encore? — Beau dommage. Il est toujours pas allé ramasser des framboises. Il va coucher aux noirs, vous le savez ben : son affût est au bord de la baie. GERMAINE GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, page 73. Ø 119. Vot'père a dit cinq chambres. T'auras p'têtre la tienne, Yvonne. Il faut pas se bâtir des châteaux en Espagne, beau dommage, tant qu'on aura pas vu la maison, mais ça me dit qu'on va être mieux qu'icitte. GABRIELLE ROY, Bonheur d'occasion, 1945, page 339. d) Expressions diverses. — Être en belle humeur. Être bien disposé ou être dans de bonnes dispositions : Ø 120. Il paraît que les Maupassant sont toujours en belle humeur, et que les facéties découlent mieux que jamais de leurs lèvres. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1843, page 139. Ø 121. M. L'Ambert lui enseigna que promettre et tenir ne sont point synonymes : il daigna lui expliquer (car il était en belle humeur) les mérites et les dangers de la figure appelée hyperbole. EDMOND ABOUT, Le Nez d'un notaire, 1862, page 173. — Dormir à la belle étoile*. Dormir en plein air : Ø 122. Donadieu avait passé la nuit à Lille avec beaucoup d'autres, dormi sur le trottoir, à la belle étoile. MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 11. — Tout nouveau*, tout beau : Ø 123. Quand nous nous sommes retrouvés il y a cinq mois tu ne m'as pas déçu, au contraire : tout nouveau, tout, beau. Mais ensuite je t'ai connu, et il a fallu déchanter. HENRI DE MONTHERLANT, Fils de personne, 1943, III, 1, page 314. 2. [Avec valeur d'attribut] a) [Exprime une idée de désagrément ou de contrariété] — La bailler belle. En faire accroire. Tu me la bailles belle, tu me prends pour un imbécile (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 130) : Ø 124. Peur est un mot qui sonne désagréablement aux oreilles françaises. M. L'Ambert frappa du pied, marcha droit au docteur et lui dit avec un petit rire trop nerveux pour être naturel : — Parbleu! docteur, vous me la baillez belle. Est-ce que j'ai l'air d'un homme qui a peur? EDMOND ABOUT, Le Nez d'un notaire, 1862, page 86. Ø 125. La Sulmerre n'a point jugé à propos de m'attendre; la Sulmerre ne m'aime pas. Maudite imagination! Tu me la baillais belle avec tes vains mirages d'amour, de tendresse, de sincérité! OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, page 104. — La manquer belle. Manquer, perdre une bonne occasion. — L'avoir beau; l'avoir belle. Avoir des chances de réussite. Vous l'avez beau. Vous ne l'aurez jamais plus belle (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932) : Ø 126. S'ils avaient organisé la résistance à Paris, comme je le conseillais, et forcé la main du Roi, ils l'avaient belle de boucler la sédition en cinq secs et de remettre tout en place. LÉON DAUDET, Les Lys sanglants, 1938, page 167. b) [Exprime une idée de soulagement] — L'échapper belle. Échapper de justesse à un péril, à un danger : Ø 127. — Le lieutenant l'a échappé belle, disait le chirurgien-major. Quelques millimètres plus bas, ce morceau de plomb mâché que je lui ai cueilli entre les côtes perforait le poumon. EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGUË, Les Morts qui parlent, 1899, page 255. Ø 128.... la grenade éclata en l'air, le milicien tomba, et le sang ruissela sur le visage de Ximénès. Le milicien était blessé à l'épaule. Il l'avait échappé belle. ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 570. — Argot. La faire belle. Avoir le dessus. Il ne pouvait pas la faire belle avec moi (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT) 1966). c) [Pour renforcer l'expression] Bel et bon. C'est du bel et bon or, pur de tout alliage (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, L'Illustre magicien, 1876, page 96 ); Est-ce qu'il n'avait pas payé la créance de bel et bon argent? (ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 292 ). — [Avec une idée de contrariété ou de déception] Tout cela est bel et bon, mais c'est enfantin (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 130) : Ø 129. Tout cela est bel et bon, mais n'approfondit en rien ce que j'avais la sensation de toucher hier soir à la Celle Saint-Cloud et ce matin dans l'autobus en ce qui concerne les deux états intellectuels et moraux que postule la maxime de Vigny,... CHARLES DU BOS, Journal, 1922, page 140. B.— [Avec valeur substantif] 1. [Le substantif désigne une personne] Un beau, une belle. Un homme beau, une femme belle. — En particulier. a) Un beau. Homme d'une élégance recherchée et soucieux de plaire. Un vieux beau. Homme d'un certain âge empressé auprès des femmes. Un vieux beau, (...), dansait avec Mme. Rosanette,... (GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, tome 1, 1869, page 147 ); Georges Hugo, l'air, déjà, d'un vieux beau qui serait maladroit à se faire une tête (JULES RENARD, Journal, 1905, page 958) : Ø 130. Delahante, le vieil amant de Rachel, le vieux beau orléaniste, n'a plus aujourd'hui pour figure qu'une bouillie de papier mâché, tenue en place par le triangle de fer de son faux-col. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1881, page 130. — Locution. Faire le beau. · [En parlant d'une personne] Prendre des poses, des airs avantageux. Par métaphore : Ø 131.... Mon cerveau N'est pas ce qu'un vain peuple pense, C'est quand satisfaite est ma panse, Qu'il s'éveille et qu'il fait le beau. RAOUL PONCHON, La Muse au cabaret, La Question culinaire, 1920, page 117. · [En parlant d'un chien] Se dresser sur ses pattes de derrière. Par extension : Ø 132. Après que le lion eut fait le beau, que le dompteur eut salué, et qu'ils eurent été récompensés tous deux par le tapage du public, Goujart eut la prétention d'emmener encore Christophe à un troisième concert. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la place, 1908, page 682. b) Une belle. Toute femme, considérée comme belle par définition. Ces stupides abandons dont les belles sont coutumières (OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, page 179) : Ø 133. À l'aspect de vos barbes grasses, D'effroi vous voyez fuir les Graces; Ou, de truffes en vain gonflés, Près de vos belles vous ronflez. PIERRE-JEAN DE BÉRANGER, Chansons, tome 1, Les Gourmands, 1829, page 98. — [En apostrophe] Ma belle! Locution exprimant l'affection. 2. [Le substantif désigne une chose concrète ou abstraite] a) Substantif masculin. [En parlant du temps] Être au beau. D'ailleurs l'année était excellente : le temps était au beau fixe sans être trop chaud (PIERRE-JEAN JOUVE, Paulina 1880, 1925, page 78 ). b) Substantif féminin. · BOTANIQUE. Belle-de-jour*, belle-de-nuit*, belle-d'onze-heures*, belle-d'un-jour*. · JEUX. La belle. Partie qui doit permettre de départager les ex æquo. Jouer la belle : Ø 134. On sait que deux joueurs jouent la belle (sous-entendu partie), lorsqu'après avoir gagné chacun une partie, ils conviennent d'en risquer une dernière, décisive en ce qu'elle ne sera pas suivie d'une revanche. LES EXCENTRICITÉS DU LANGAGE FRANÇAIS (LORÉDAN LARCHEY) 1861. · Argot. Attendre sa belle. Guetter la revanche, l'occasion favorable (ALFRED DELVAU, Dictionnaire de la langue verte, argots parisiens comparés, 1866, page 28 ). Faire la belle. S'évader. 3. [Beau, toujours au singulier, désigne une valeur abstraite] a) [Le beau comme valeur esthétique] Ce qui suscite une émotion, un plaisir esthétique. ... l'idée du beau, c'est cette science qu'en Allemagne on appelle l'esthétique (VICTOR COUSIN, Du Vrai, du beau et du bien, 1836, page 12 ). Le beau, c'est la beauté vue avec les yeux de l'âme (ABBÉ HENRI BREMOND. La Poésie pure, 1926, page 126) : Ø 135. Dans son âme d'artiste, il (Adoniram) se dit que le beau glorifie Dieu, et il cherche le beau avec une piété naïve. GÉRARD DE NERVAL, Voyage en Orient, tome 3, 1851, page 137. Ø 136. Le Beau (...) c'est ce qui, dans tous les temps et dans tous les pays, trouve des âmes sur qui il agisse, et des esprits pour l'admirer, en dépit des différences de moeurs, de caractères et de préjugés. VICTOR COURDAVEAUX, Du Beau dans la nature et dans l'art, 1860, page 116. Ø 137. Le Beau, en agissant sur notre sensibilité, y produit un sentiment agréable distinct de la sensation, une jouissance intellectuelle, élevée, noble et désintéressée. CHARLES LEVÊQUE, La Science du beau, 1872, page 6. Ø 138. Si le beau est présence réelle de Dieu dans la matière, si le contact avec le beau est au plein sens du mot un sacrement, comment y a-t-il tant d'esthètes pervers? SIMONE WEIL, La Pesanteur et la grâce, 1943, page 151. — En particulier. Ce qui correspond à certaines normes d'équilibre, de plastique, de proportions harmoniques, de perfection en son genre, etc. (Confer Vocabulaire technique et critique de la philosophie (ANDRÉ LALANDE) 1968) : Ø 139.... nous pouvons espérer de parvenir un jour à une théorie du beau, d'après laquelle la peinture, l'architecture et la statuaire seraient traitées comme des sciences exactes... PIERRE-JOSEPH PROUDHON, De la Création de l'ordre dans l'humanité, 1843, page 245. Ø 140. On a beaucoup défini le beau en art. Ce que c'est? Le beau est ce que les yeux sans éducation trouvent abominable. Le beau est ce que ma maîtresse et ma servante trouvent d'instinct affreux. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1859, page 587. Ø 141. Il [le mot esthétique] me fait hésiter l'esprit entre l'idée étrangement séduisante d'une « Science du Beau », qui, d'une part, nous ferait discerner à coup sûr ce qu'il faut aimer, ce qu'il faut haïr (...) et qui, d'autre part, nous enseignerait à produire, à coup sûr, des oeuvres d'art d'une incontestable valeur. PAUL VALÉRY, Variété IV, 1938, page 239. · Le beau idéal. ... le beau idéal change tous les trente ans, en musique (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Rossini, 1823, page 17) : Ø 142. Nos peintres sont enchantés d'avoir un beau idéal tout fait et en poche qu'ils peuvent communiquer aux leurs et à leurs amis. EUGÈNE DELACROIX. Journal, tome 3 1863, page 345. b) [Le beau comme valeur autre qu'esthétique] Ce qui suscite l'admiration en raison de sa valeur intellectuelle ou morale (confer beauté III) : Ø 143.... Tasse, en peignant les chevaliers, a tracé le modèle du parfait guerrier, tandis qu'Homère, en représentant les hommes des temps héroïques, n'a fait que des espèces de monstres? C'est que le christianisme a fourni, dès sa naissance, le beau idéal moral, ou le beau idéal des caractères, et que le polythéisme n'a pu donner ce grand avantage au chantre d'Ilion. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 358. Ø 144. Quant au beau moral chrétien, intérieur, tout rentré et tout voilé, nous le surprenons ici dans son essence la plus pure. Port-Royal désormais ne nous en offrira point d'exemple plus accompli. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 3, 1848, page 290. C.— [Avec valeur adverbe] 1. Locutions verbales. — Montrer beau. Avoir un aspect agréable, une jolie apparence : Ø 145. La vigne montrait beau; le mildiou laissant la feuille, vivait sur la grappe; sous les pampres touffus des ceps bas, les grains pauvres cachaient leur laideur honteuse. PIERRE HAMP, Vin de Champagne, 1909, page 133. — Porter beau. [En parlant d'un cheval] Avoir un beau port de tête. · Par analogie et au figuré. [En parlant d'une personne] Avoir belle prestance, belle allure : Ø 146.... il portait beau pourtant, la barbe en éventail, cynique et lettré, lâchant encore de temps à autre une phrase fleurie d'ancien universitaire. ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 124. — Trouver beau. Trouver agréable : Ø 147. L'homme trouve beau ce qui lui ressemble dans les êtres et dans les choses, ce qui le soutient, le ranime, le réchauffe, l'éclaire. ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1861, page 1360. — Il fait beau; avoir beau temps. Confer supra I A 2 a. Je pense que nous aurons encore beau temps demain (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 123 ). 2. Locution adverbiale. — En beau. Sous un jour favorable : Ø 148. Il faut placer quelque part de ces caractères d'hommes qui voient tout en beau, qui sur un seul mot qu'on leur dit d'une chose bâtissent un long roman... ANDRÉ CHÉNIER, L'Amérique, 1794, page 121. · En belle (populaire) : Ø 149. L'homme se tira vers Olivier. Il cligna de l'oeil vers la cuisine où la fille rinçait les verres. — Ça semble pas, il dit, mais de temps en temps, une grognasse comme celle-là, ça te met la vie en belle. Seulement, voilà : faut du rupin. JEAN GIONO, Le Grand troupeau, 1931, page 90. — Tout beau (vieux ou littéraire). [Pour inviter au calme ou à la modération] Là, là, tout beau, nous irons au tir (HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot, 1835, page 117 ). — Bel et bien. Réellement, d'une manière tout à fait sûre. Oui, ma chère, et le rapt est bel et bien consommé (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 2, 1846, page 524) : Ø 150. Les hôtels cessaient d'être les loges d'un théâtre étrange et devenaient bel et bien des demeures éteintes exprès, barricadées sur le passage de l'ennemi. JEAN COCTEAU, Les Enfants terribles, 1929, page 11. — De plus belle. Encore plus fort. Crier, hurler, pleurer, rire, sangloter de plus belle; continuer, recommencer de plus belle. Ça tirait, ça claquait, ça explosait de plus belle (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 185 ). REMARQUE : GÉNÉRALEMENT Forme de l'adjectif au masculin singulier Bel, forme normale du masculin en ancien français comme l'attestent certaines appellations (Philippe le Bel) ou des locutions figurées (bel et bien, bel et bon) est encore employé normalement en français : — lorsqu'il est antéposé à un substantif commençant par une voyelle ou par un h muet afin d'éviter la rencontre de 2 voyelles : (un bel arbre, un bel enfant, un bel habit, un bel héritage). C'est, sans doute, ce même souci qui incite quelquefois certains auteurs à employer bel — postposé au substantif qu'il qualifie — devant n'importe quel terme à initiale vocalique faisant partie du même syntagme; Le Bon Usage (MAURICE GREVISSE) 1969, § 345, A, nota bene 4 cite 2 exemple, l'un devant à : Il entra, très bel à voir encore (G. DUHAMEL, Défense des Lettres, page 227) l'autre devant encore : Il est beau, son nom est plus bel encore (R. Kemp dans les Nouvalle littérature, 2 avril 1959); — lorsqu'un autre adjectif est coordonné à l'aide de la conjonction et, beau ou bel sont l'un et l'autre possibles. Le Bon Usage (MAURICE GREVISSE) 1969, § 345, A, nota bene 4 rappelle les règles fixées à ce sujet par l'Office de la Langue française (confer Français moderne, juin-juillet 1938, page 212) « ... quand une seconde épithète précédée de " ... quand une seconde épithète précédée de et s'intercale entre le premier adjectif et le nom, on a le choix entre bel (...) et beau [si le nom commence par une voyelle] (...) L'Office fait observer que si le nom commence par une consonne, force est d'employer beau (...) de même lorsque les épithètes sont postposées. » Ces règles sont le plus souvent observées, mais pas de manière absolue, ainsi que le prouvent les exemple suivants : " Ces règles sont le plus souvent observées, mais pas de manière absolue, ainsi que le prouvent les exemples suivants : à côté du bel et inusable Hubert Robert (LHOTE, La Peinture d'abord, 1942, page 42), ce bel et vaste herbage (CRÉVECOEURŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, 1801, page 286), un bel et spécieux expédient (P. BOREL, Champavert, Dina, la belle juive, 1833, page 115), le bel et sonnant enjeu (L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, page 119), bel et plaisant effet (LARBAUD, Journal, novembre 1931, page 255); lorsque le substantif postposé est à initiale consonantique, c'est la forme beau qui est généralement employée : ce beau et froid calcul (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, page 136), ce beau et froid mois de mai (MICHELET, Journal, mai 1842, page 399), votre beau et charmant livre (HUGO, Correspondance, 1853, page 174), un beau et charmant talent (IDEM, ibidem, 1862, page 386), cependant notre documentation fournit un exemple infirmant cette tendance : au bel et suggestif visage d'une femme (DU BOS, Journal, mai 1927, page 284) et Le Bon Usage (MAURICE GREVISSE) 1969, § 345, A, nota bene 4 note que « plus d'un écrivain, tenant compte simplement du fait que le mot suivant commence par une voyelle, emploie librement les formes en " plus d'un écrivain, tenant compte simplement du fait que le mot suivant commence par une voyelle, emploie librement les formes en -l ». Cette affirmation semble confirmée par le fait que si les deux adjectif coordonnés sont postposés au substantif, les 2 formes, là encore sont possibles : ". Cette affirmation semble confirmée par le fait que si les deux adjectifs coordonnés sont postposés au substantif, les 2 formes, là encore sont possibles : un amour bel et sain (JAMMES, Les Géorgiques chrétiennes, 1911, page 27), Mon or, si bel et si clair (MONTHERLANT, Malatesta, IV, 9 dans Le Bon Usage (MAURICE GREVISSE) 1969, § 345, A, nota bene 4), quoique beau soit alors la forme la plus attendue : le temps (...) beau et chaud (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, page 217), ce qu'on a reconnu vrai, beau et utile (SIEYÈS, Qu'est-ce que le Tiers-état? 1789, page 91).

« 312658 figure le bel effet! du reste, tout cela se mêlait chez lui à de grandesprétentions d'élégance, de toilette et de belle mine. VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 281. Ø 9....

Jules se sentit plus à l'aise, plus libre de ses mouvements, plus spirituel et plus gracieux; en se séparant des deux actrices, il leur fit mêmeun salut qu'il jugea d'une distinction charmante.

C'est qu'à son insu il avaitle bel aplomb de l'homme qui paie et qui est convaincu qu'on l'estime;... GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale.

1845, page 109. SYNTAXE : (Avoir) un beau port, une belle prestance, de belles façons; un beaurire, un beau geste; une belle allure, une belle attitude; apprendre les bellesmanières; un homme de bel aspect; un homme, les gens du bel air*.· Le beau monde.

Les gens élégants et riches.

Par métonymie.

Les beauxquartiers.

Les quartiers où habite le beau monde :Ø 10.

Un cortège d'automobiles attendait de repartir; la foule lui faisait une haie d'honneur.

Depuis qu'on dansait à Robinson, les rôdeurs de barrières etles braves gens de Montrouge venaient à cette porte admirer le beau monde. RAYMOND RADIGUET, Le Bal du comte d'Orgel, 1923, page 35. Ø 11.

Les clubs de Londres sont nés sous l'impulsion de Brummel.

Ce roi de la mode et son émule le comte d'Orsay perpétuaient une vieille tradition, cellede l'influence française sur le beau monde de Londres. PAUL MORAND, Londres, 1933, page 198. · Locutions verbales.

Se faire beau, se faire belle.

Se parer; se farder.Achète des robes à falbalas comme la femme d'un amiral, fais-toi belle, etdonne-moi le bras...

(EUGÈNE SUE, Atar Gull, 1831, page 3 ).

Voilà votreredingote perdue...

Pourquoi diable vous faire si beau? Alliez-vous à la noce?(PROSPER MÉRIMÉE, Colomba, 1840, page 139) :Ø 12.

Elle avait eu tort de ne pas se faire belle pour venir chez lui : elle avait gardé ses vêtements de la journée; elle ne s'était même pas mis depoudre aux joues : maladroite! MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 86. — [En parlant d'un animal] Un beau cheval, un beau chien, un beau cygne; unebelle jument.b) [En parlant d'un inanimé]— [En parlant d'un produit de la nature] Un bel arbre, un beau pays.

Lanature était belle, Et riait comme nos amours (THÉOPHILE GAUTIER, Albertus oul'Âme et le péché, 1833, page 149) :Ø 13.

Et pourtant sous cette destruction fleurit la nature.

La terre est verte et belle; un pauvre petit ruisseau, dont on voit une belle flaque verte,nous avertit que sans la fumée de la poudre nous verrions peut-être un beauciel, car il y a une terre et un ciel encore. JULES MICHELET, Journal, 1840, page 332. SYNTAXE : Un beau fruit, une belle fleur, une belle forêt; de belles rosesblanches; un beau ciel, un beau lac, un beau paysage, une belle vallée; de beauxrivages, de beaux ruisseaux.· [Sous le rapport de l'ouïe] Les beaux sons de cette cloche me donnaientune vive émotion (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836,page 197 ); le beau bruit léger des mouches sur les pêches du compotier (JEANGIONO, Le Grand troupeau, 1931, page 229 ).— [En parlant d'une oeuvre du " génie humain "]· [ Œuvre d'art plastique ou musical] Un beau tableau, une belle symphonie : Ø 14.

Et quel peut être le pouvoir d'un beau morceau de musique bien exécuté, si ce n'est celui de produire des émotions dans notre sentimentintérieur! JEAN-BAPTISTE LAMARCK, Philosophie zoologique, tome 2, 1809, page 285. Ø 15.

Ainsi ces beaux marbres expriment l'accord de la pensée et de la nature, et la plus belle vertu; le moindre fragment en témoigne encore.

On ditcommunément que le nu est toujours chaste, pourvu qu'il soit beau; mais il vautmieux dire que le nu est beau pourvu qu'il soit chaste. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, page 233.SYNTAXE : Un beau dessin, un beau portrait; de belles fresques; de la bellemusique; un beau morceau de musique.· [ Œuvre, produit d'activités artisanales ou industrielles] Un beau bijou, une belle maison :Ø 16....

et il le conduisit lentement afin de lui laisser voir une belle et somptueuse salle à manger garnie de tableaux achetés en Allemagne,... HONORÉ DE BALZAC, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, 1837, page 279. Pge p. »

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