Définition et usage du mot: BÊTISE, substantif féminin.

Définition et usage du mot: BÊTISE, substantif féminin. I.— [En parlant du comportement] A.— Manque d'intelligence. — [En parlant d'une personne] Manque d'intelligence et de jugement. C'est sa bêtise qui l'a perdu (Dictionnaire de l'Académie française 1835-1932, Bescherelle 1845 ) : Ø 1. Sous sa fausse bonhomie, sous cet air Turcaret, sous son ignorance et sa bêtise, il y a toute la finesse du marchand de chapeaux dont il est issu. HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 433. Ø 2. La bêtise humaine est un gouffre sans fond, et l'océan que j'aperçois de ma fenêtre me paraît bien petit à côté. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1875, page 208. B.— Par métonymie. [En parlant des manifestations extérieures de ce manque d'intelligence : actions, propos, comportement] La bêtise de leurs propos (HENRI DE MONTHERLANT, La Petite Infante de Castille, 1929, page 624 ). 1. [Dans le domaine de la parole] Dire des bêtises : Ø 3. Le nombre de bêtises qu'une personne intelligente peut dire dans une journée n'est pas croyable. ANDRÉ GIDE, Journal, 1940, page 54. Ø 4.... la cervelle humaine est, dans ce moment, détraquée comme le reste. Il y entre de prétendues idées fortes, qui font dire aux plus intelligents des bêtises grosses comme des maisons. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1871, page 767. — En particulier. a) Tenir des propos badins. b) Par extension. Dire des grivoiseries : Ø 5. « Vous la connaissez aussi cette femme? — Depuis cette nuit seulement. » Il y eut un oh! général, et l'abbé demanda si l'on allait entendre des bêtises. JEAN RICHEPIN, La Glu, 1881, page 28. 2. [Dans le domaine de l'action] Faire des bêtises. Se conduire de façon peu sage. a) [En parlant d'un enfant] Un enfant qui ne cesse de faire des bêtises (Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT)). Un enfant insupportable : Ø 6. MADAME LEPIC. — Qu'est-ce que tu fais, Poil de Carotte? POIL DE CAROTTE. — Je ne sais pas, maman. MADAME LEPIC. — Cela veut dire que tu fais encore une bêtise. Tu le fais donc toujours exprès? JULES RENARD, Poil de carotte, 1894, page 309. — Par extension. Action sans gravité. Pleurer, se brouiller pour une bêtise : Ø 7. On y retrouve Lambert, Le Fourrier, Bourland, de la liaison du colonel, Demachy, Godin qui était sergent et que Barbaroux, le Major, a fait casser pour une bêtise, Ricordeau et parfois l'adjudant Berthier, quand il s'ennuie à son mess. ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 118. b) [En parlant d'un adulte] Faire la noce (Dictionnaire des dictionnaires (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Grand Larousse encyclopédique en dix volumes) : Ø 8. Mais me voyez-vous, moi, le baron de La Musardière... Homme grave, homme marié, qui veux bien faire des bêtises, mais qui ne veux pas que ma femme s'en doute,... HENRI MEILHAC, LUDOVIC HALÉVY, La Boule, 1875, I, 14, page 40. · Faire la bêtise. Faire l'amour (confer Dictionnaire des dictionnaires (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892) : Ø 9.... faisons cette bêtise, L'amour, et livrons-nous naïvement à Dieu. VICTOR HUGO, La Légende des siècles, tome 4, 1877, page 846. — Par euphémisme. Faire une bêtise. Se laisser séduire, en parlant d'une jeune fille : Ø 10. Tu te souviens? dit La Levaque en se penchant à l'oreille de La Maheude, toi qui parlais d'étrangler Catherine, si elle faisait la bêtise! ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1269. c) Locution. Pas de bêtises. Locution voulant inciter la personne à laquelle elle s'adresse à être " sage ", " raisonnable ", dans le domaine de l'amour, parfois de la criminalité. Et pas de bêtises, surtout (...) ne va pas le tuer (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 2, Le Club des valets de coeur, 1859, page 134 ). II.— [En parlant d'une chose, envisagée sous le rapport de sa valeur] A.— Objet de peu de valeur, babiole : Ø 11.... il [Delabelle] rapportait (...) un petit cadeau pour Désirée, un rien, une bêtise. ALPHONSE DAUDET, Fromont jeune et Risler aîné, 1874, page 26. — Péjoratif. Écrit sans intérêt : Ø 12. Vous savez que j'ai quitté mon grand roman pour écrire une petite bêtise moyenâgeuse qui n'aura pas plus de trente pages. Cela me met dans un milieu plus propre que le monde moderne et me fait du bien. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1875, page 279. B.— CONFISERIE. Sorte de berlingot devenu une spécialité renommée de Cambrai : Ø 13.... Mademoiselle Thérèse, (...), me plaisait par son humeur égale et riante; elle excellait à faire des bêtises. On appelait ainsi des bonbons au caramel qu'on servait dans une petite caisse de papier, ce qui me paraissait un grand effet de l'art. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, page 143. Remarque : On rencontre dans quelques dictionnaires (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, DICTIONNAIRE DU FRANÇAIS CONTEMPORAIN (JEAN DUBOIS), DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965) le substantif masculin bêtisier, synonyme de sottisier. Recueil de sottises, de « bourdes » involontaires, rassemblées dans le but d'amuser le grand public. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 159. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 609, b) 4 921; XXe. siècle : a) 4 325, b) 2 569. Forme dérivée du verbe "bêtiser" bêtiser BÊTISER, verbe intransitif. Rare. A.— Dire des bêtises; plaisanter et parfois, tenir des propos grivois. Un troupier au geste conquérant, bêtisant avec une cantinière du 93e (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1870, page 596) : Ø 1. Nous nous étions trop attendris, nous convînmes de ne plus « bêtiser » ensemble; nous ne nous revîmes plus, je crois, jusqu'à l'Armistice. JACQUES-ÉMILE BLANCHE, Mes modèles, 1928, page 74. B.— Faire la bête, affecter un air niais : Ø 2. Ma femme, dit-il sans bégayer, je les ai tous attrapés. Notre vin est vendu! Les Hollandais et les Belges partaient ce matin, je me suis promené sur la place, devant leur auberge, en ayant l'air de bêtiser. HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, page 115.