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Définition et usage: FAVEUR, substantif féminin.

Publié le 14/02/2016

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Définition et usage:

FAVEUR!, substantif féminin.

 

A.— [Avec une idée de préférence]

 

1. [Du point de vue de celui qui est à la source de la faveur accordée]

 

a) [Comme état plus ou moins durable] Au singulier. Disposition ou attitude bienveillante envers une personne préférée. Honorer (quelqu'un) de sa faveur; marque de faveur; faveur du roi; se concilier la faveur (de quelqu'un). Il s'était adroitement maintenu auprès de l'empereur de France entre la faveur et la disgrâce (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, tome 2, 1817, page 180 ). Toute la faveur de M. de Charlus se porta après le mariage de sa fille adoptive sur le jeune marquis de Cambremer (MARCEL PROUST, La Fugitive, 1922, page 673) :

 

0 1.... Fédor se disait : « C'est donc là cette petite paysanne, qui, à force d'adresse normande et de complaisances bien calculées, a su gagner la faveur de ma mère, et, qui plus est, la sait conserver. »

 

HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lamiel, 1842, page 118.

 

Dans le domaine religion Soutien du ciel. Il eut « assez d'esprit » pour y voir une marque de la faveur divine (CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231), 1836, page 49 ). Sa bénédiction attirait sur ses amis généreux la faveur du ciel et la chance, et sur les autres l'infortune (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, La Fête arabe, 1912, page 198 ).

 

Avec faveur. Avec bienveillance. Ecouter, accueillir (quelqu'un) avec faveur. Il me parle avec faveur d'un ouvrage analogue de Lévy-Bruhl (MAURICE BARRES, Mes cahiers, tome 9, 1912, page 403 ). [La lettre] où il nomme avec faveur chacun des membres de notre famille (HENRI DE MONTHERLANT, Port-Royal, 1954, page 1011 ).

 

De faveur. Obtenu par faveur. Traitement, tour, abonnement, entrée de faveur. Là sont les spectateurs de marque et les places de faveur (ANDRE GIDE, Journal, 1896, page 71 ). A la maison, on ne laissait rien perdre : ni un croûton de pain, ni un bout de ficelle, ni un billet de faveur, ni aucune occasion de consommer gratis (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 67 ).

 

b) Par métonymie. [Comme action particulier, ponctuelle] Au singulier ou au pluriel.

 

Marque de bienveillance et de préférence envers quelqu'un. Demander, accorder, obtenir une faveur; combler (quelqu'un) de faveurs; accueillir une faveur. Peu à peu, ayant dû refuser plusieurs faveurs au préfet, il avait senti un grand froid entre eux (EMILE ZOLA, Son Excellence Eugène Rougon, 1876, page 326 ). Entré au ministère par faveur exceptionnelle, il avait eu à endurer bien des misères (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Héritage, 1884, page 468) :

 

0 2. Ses moeurs consistaient à sortir après le déjeuner, à revenir pour dîner, à décamper pour toute la soirée, et à rentrer vers minuit, à l'aide d'un passe-partout que lui avait confié Madame Vauquer. Lui seul jouissait de cette faveur.

 

HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot, 1835, page 23.

 

Dans le domaine religion Grâce particulière. Dieu n'accorde la faveur de ces révélations qu'aux hommes de bonne volonté (JULES LEMAITRE, Les Contemporains, 1885, page 184 ).

 

Par faveur (spéciale). A titre exceptionnel. Il avait son cours des dames, auquel je suis admis par grande faveur (JEAN-JACQUES AMPÈRE, Correspondance, 1827, page 434 ).

 

Tenir à faveur (vieilli). Si vous n'êtes pas ici je tiendrai encore à grande faveur que vous vouliez bien m'attendre en Angleterre (GERMAINE NECKER,

 

BARONNE DE STAËL, Lettres inédites à Louis de Narbonne, 1793, page 178 ).

 

Emploi fréquent. Faire une faveur (à quelqu'un). Vous me faites l'extrême faveur de prendre ma maison pour une auberge (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE,

 

Journal, 1825, page 160 ). Si vous voulez me faire une faveur, déliez-moi la main droite une seconde (ALBERT CAMUS, Révolte dans les Asturies, 1936, IV, page 435 ).

 

La faveur de + infinitif En jouant ainsi, j'obtins la faveur de lui baiser la main (HONORE DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 165 ). Il réclama la faveur d'être pensionnaire (FRANÇOIS MAURIAC, Le Mystère Frontenac, 1933, page 76 ).

 

Par extension, rare. Avantage accordé. Une série de domaines nourriciers (...) participant à l'envi aux faveurs d'un climat ensoleillé (PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, page 137 ).

 

2. [Du point de vue du bénéficiaire qui reçoit la faveur]

 

a) [Le bénéficiaire est une personne] Considération dont quelqu'un est l'objet. Faveur populaire, publique; conquérir la faveur de quelqu'un; regain de faveur. La faveur des gens du monde bien élevés devenait le suprême critérium du bien (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page 167 ). Les ingénieurs jouissaient alors dans la société d'une faveur qu'ils n'ont pas entièrement conservée (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie en fleur, 1922, page 438 ).

 

Être en faveur (auprès de quelqu'un). Jouir d'une grande considération. On nous dit que vous êtes en faveur près de Mme. G. (PAUL-LOUIS COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1806, page 718 ). Lucien, très en faveur auprès des hommes qui exerçaient le pouvoir (HONORE DE BALZAC, Spendeurs et misères des courtisanes, 1844, page 81 ). Etes-vous en faveur à l'archevêché? (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Orme du mail. 1897, page 118).

 

b) [Le bénéficiaire est une chose] Appréciation positive hors de l'ordre commun. Prendre, perdre faveur. Les idées monarchiques reprennent faveur (HONORE DE BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, page 241 ). Les libertés sont passées de mode, et ce n'est pas M. Brisson qui se propose de les remettre en faveur (GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 481 ). L'art direct, sommaire et ramassé, qui trouve aujourd'hui faveur (ALBERT THIBAUDET, Réflexions sur la littérature, 1936, page 211 ).

 

(Être) en faveur. La cuisine et ses douceurs furent en grande faveur chez les Athéniens (JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 263 ). Cette sagesse toute négative, si en faveur parmi nous (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 371 ).

 

B.— [Sans idée de préférence]

 

1. Dans le domaine des rapports amoureux, en général au pluriel. Attentions tendres qu'une femme accorde à un homme. Accorder ses faveurs (à quelqu'un).

 

Pécuchet le matin du même jour s'était promis de mourir, s'il n'obtenait pas les faveurs de sa bonne (GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 2,, 1880, page 61 ). Cette Champmeslé dont il partageait les faveurs avec beaucoup d'autres (FRANÇOIS MAURIAC, Vie de Jean Racine, 1928, introduction, page 78 ).

 

Spécialement. Dernières faveurs. Abandon total de soi-même consenti par une femme à l'homme qu'elle aime. J'avais vite obtenu les dernières faveurs de la fille de mes propriétaires (VALÉRY LARBAUD, A. O. Bamabooth, 1913, page 264) :

 

0 3. Incapable de surmonter sa déception, de se passer de cette femme, il la relance, elle le fuit, si bien qu'un sourire qu'il n'osait plus espérer est payé mille fois ce qu'eussent dû l'être les dernières faveurs.

 

MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 160.

 

2. Locution prépositive.

 

a) En faveur de.

 

Vieilli. Eu égard à : En faveur de mon respect pour tes aïeux, permets-moi de m'asseoir sur la natte à tes côtés (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, page 243 ). En faveur de la solennité, les rideaux qui cachaient habituellement le choeur furent ouverts (HONORE DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, page 198 ).

 

Usuel. A l'avantage, au profit de. Témoignage, testament en faveur de (quelqu'un). Il m'a déshérité en faveur de mon frère (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Une Surprise, 1882, page 20 ). Ça serait un crime de ne pas tout tenter en faveur de la paix (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 141 ).

 

En faveur de moi, de toi, de lui, etc. Plus fréquent. En ma, ta, sa faveur, etc. Veux-tu que j'abdique en ta faveur? (JEAN GIRAUDOUX, Siegfried et le Limousin, 1922, page 269 ). Votre renommée m'avait prévenu en votre faveur (HENRI DE MONTHERLANT, La Reine morte, 1942,1, tableau2, 5, page 156 ).

 

b) A la faveur de. Grâce à, à l'occasion de. A la faveur de circonstances, des événements. Je te pardonne à la faveur de la nouvelle année (STÉPHANE MALLARMÉ, Correspondance, 1865, page 189 ). [Je] sentis brusquement, à la faveur de mon baiser, une sorte de pitié nouvelle (ANDRE GIDE, L'Immoraliste, 1902, page 376 ). Ces relations qui ne végètent qu'à la faveur d'un mensonge (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 615 ).

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