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Définition et usage: FÉCOND, -ONDE, adjectif.

Publié le 14/02/2016

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Définition et usage:

FÉCOND, -ONDE, adjectif.

 

A.— [Sans préposition; le plus souvent postposé ou en fonction d'attribut] Capable de donner naissance à.

 

1.— Domaine physiologique.

 

a) [En parlant de la femme] Capable de procréer; capable d'avoir beaucoup d'enfants. Synonyme : prolifique; antonyme : stérile. La toute féconde Isis (JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 315 ). Ce ventre de femme féconde, où la grossesse ne s'indiquait pas encore (ÉMILE ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, page 324) :

 

0 1.... pour que la vie produise quelque chose d'égal à elle-même, il faut qu'elle produise la vie; pour que l'être vivant produise quelque chose d'égal à lui-même, il faut qu'il produise son semblable, ou, en d'autres termes, qu'il soit fécond.

 

PÈRE HENRI-DOMINIQUE LACORDAIRE, Conférence de Notre-Dame, 1848, page 41.

 

Par métonymie. Amour, ventre fécond. Après les ravages causés par la fameuse peste de Marseille, en 1720, les mariages furent en Provence plus féconds qu'auparavant (JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique, 1832, page 425 ). Les joues des nourrissons, telles des pommes rondes, Demeuraient suspendues à des gorges fécondes (FRANCIS JAMMES, Les Géorgiques chrétiennes, 1912, page 28 ).

 

Au figuré. Être juif et français, que cette alliance pourrait être féconde! (JACQUES DE LACRETELLE, Silbermann, 1922, page 160 ).

 

b) [En parlant d'un animal] Qui est capable de produire ou qui produit beaucoup de petits. Oh! nous sommes riches en canards, répondit le naturaliste. Ce genre est d'ailleurs, comme vous le savez sans doute, le plus fécond de l'ordre des palmipèdes (HONORE DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 230 ). L'amour les [les vaches andalouses] tente plus que la lutte. Un trait d'ailleurs les classe : elles sont fécondes. La bête de grande marque est stérile (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, page 18) :

 

0 2.... jamais l'union ne s'opère dans la ruche, et l'on n'a jamais réussi à rendre féconde une reine captive. Les amants qui l'entourent ignorent ce qu'elle est, tant qu'elle demeure au milieu d'eux.

 

MAURICE MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, page 211.

 

Œuf fécond. \" Dont le germe a été fécondé \" (Dictionnaire de l'Académie Française).

 

c) [En parlant d'un végétal] Qui a la faculté de produire beaucoup. Plante féconde. Il [l'arbre] semblait bon, robuste, puissant, fécond (ÉMILE ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, page 1404) :

 

0 3. Ils [les ceps américains] poussaient des fleurs exquisement parfumées. Ils chargeaient l'air d'une odeur de cannelle et de miel, à goût de fruit, que la bouche respirait à l'égal de la narine. Mais, chose curieuse, ils n'étaient que peu féconds, et les rares fruits qu'ils portaient (...) n'arrivaient que difficilement à maturité. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 76.

 

Fleur féconde. \" Fleur qui donne du fruit \" (Dictionnaire de l'Académie Française).

 

2.— Par analogie. [En parlant de la terre] Capable de produire en abondance. (Quasi-)synonymes : fertile, riche. La terre, sur ce plateau, était prodigieusement féconde, et l'on pouvait espérer que les récoltes y seraient abondantes (JULES VERNE, L'île mystérieuse, 1874, page 289 ). Il faisait chaud; c'était une molle chaleur parfumée de terre grasse, humide et féconde : on croyait respirer des germes (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Épingle, 1885, page 1022) : 0 4.... le delta [du Nil], qui est une terre bénie, qui autrefois a nourri l'empire romain, aurait eu au moins deux récoltes par an et serait devenu le sol le plus fécond de l'univers.

 

MAXIME DU CAMP, Le Nil, Egypte et Nubie, 1854, page 27.

 

Spécialement. Une mine, une source féconde.

 

Au figuré. C'est le papisme qui est la source féconde des vices et du malheur qui suivent nos mariages actuels (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, De l'amour, 1822, page 51).

 

Par métonymie. [En parlant d'une réalité naturelle] Qui rend fécond ou augmente la fécondité du sol. Une pluie, une rosée féconde; un fumier, un soleil fécond. Le concours de l'« humidité » est la condition essentielle qui rend la chaleur si féconde et si nécessaire à la vie (JEAN-BAPTISTE LAMARCK, Philosophie zoologique, tome 2, 1809, page 62 ). La terre végétale n'est qu'une matrice qui pompe sans cesse les rayons du soleil, l'air vivifiant de l'atmosphère et l'eau féconde des pluies (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 237 ). L'été fécond qui doit mûrir la gerbe (ALPHONSE DE LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, page 828 ).

 

3.— Au figuré, dans le domaine intellectuel ou moral.

 

a) [En parlant d'une personne] Capable de générer de nombreuses productions, une oeuvre abondante. Un écrivain, un inventeur fécond. Synonymes : abondant, inépuisable. Il a fallu au plus fécond de nos romancier, à Balzac, un fumier plus haut que cette maison pour qu'il y poussât quelques fleurs maladives et rares (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Mes Poisons, 1869, page 110).

 

Par métonymie. Pour les esprits féconds, il n'est pas de sujets stériles (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée-d'Antin, tome 5, 1814, page 289 ). J'ai la plume féconde et la bouche stérile (ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 358 ).

 

b) [En parlant d'une manifestation intellectuelle, morale ou spirituelle] Capable d'ouvrir un vaste champ à la réflexion, à la connaissance. Une idée, une imagination, une parole, une pensée féconde. Synonyme : riche. Il traversait une crise intellectuelle, qui devait être féconde : — toute sa vie future y était déjà en germe (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, page 367 ). Il faudrait, à ce degré de la pensée, restaurer l'équilibre sensible. Rendre la vérité féconde et créatrice d'actes (JOE BOUSQUET, Traduit du silence, 1935-36, page 243 ). Je pensais être sur la voie d'une invention féconde, avoir trouvé une « manière » inédite (ROGER MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques, 1955, page LXI) :

 

0 5.... dans la Ille. République, il y avait d'abord la république, c'est-à-dire ces principes puissants, généreux et féconds qui s'appellent : la liberté, la justice, la souveraineté du peuple...

 

CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 600.

 

c) [En parlant d'une durée plus ou moins longue dans le temps] Enrichissant Ce treizième siècle, si fécond pour la foi, ne fut pas non plus stérile pour la science (CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231), 1836, page LXII. ).

 

B.— Fécond en + substantif pluriel. Riche en, qui abonde en.

 

1.— [Correspond à A 1; le substantif désigne un ensemble de personne] Enfin nous arrivons à Tarbes. Cette riante capitale du comté de Bigorre, si fécond de temps immémorial en hommes forts et généreux (JEAN DUSAULX, Voyage à Barège et dans les Hautes-Pyrénées fait en 1788, tome 1, 1796, page 43 ). Y a-t-il au monde une classe qui soit plus féconde en maris trompés que celle des notaires? (FRÉDÉRIC SOULIÉ. Les Mémoires du diable, tome 2, 1837, page 59 ).

 

2.— [Correspond à A 2; le substantif désigne un inanimé concret] Au milieu de cette province plate et féconde en blés [la Beauce] (ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1847, page 1258 ).

 

3.— [Correspond à A 3; le substantif désigne un inanimé abstrait] La révolution peut être bonne, utile, féconde en résultats heureux et moraux pour l'humanité et la religion véritable (ALPHONSE DE LAMARTINE, Correspondance générale. 1831, page 112 ). Le système prohibitif est fécond en injustices (JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique, 1832, page 178 ). Notre Europe, si féconde en inventions de tous genres (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Le Mariage de Loti, 1882, page 89 ). Cette idée, féconde en rebondissements (ALBERT CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, 1942, page 151 ).

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 586. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 3 632, b) 2 127; XXe. siècle : a) 1 830, b) 1 403.

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