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Définition et usage: FEINTE 1, substantif féminin.

Publié le 14/02/2016

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Définition et usage:

FEINTE 1, substantif féminin.

 

A.— Rare. Action de faire semblant (de faire, d'éprouver, d'avoir quelque chose). Toute sa dévotion n'est que feinte (Dictionnaire de l'Académie Française). Synonymes : dissimulation, affectation. Jamais elle ne laissait sa physionomie tranquille, baissant la tête d'une façon languissante, la relevant au ciel avec des feintes subites de passion et de poésie (EMILE ZOLA, Madeleine Férat, 1868, page 116). J'avais feint de désirer la quitter, feinte qui ne m'était pas seulement dictée (...) par les enseignements que j'avais cru recueillir de mes amours précédentes (MARCEL PROUST, La Prisonnière, 1922, page 345) :

 

0 1.... il tient à sa réputation d'amateur d'art, feint de se ruiner en collections (...). Il s'est d'ailleurs pris à sa feinte, car son mépris des hommes, de leurs vices, de leurs malheurs, s'envenime avec l'âge et les forfanteries de carabin qui l'ont aidé si longtemps ne suffisent plus à le rassurer.

 

GEORGES BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, page 934.

 

B.— Action destinée à masquer (quelque chose). Ses feintes n'ont pas réussi; parlez sans feinte. Synonymes : artifice, dissimulation, ruse, tromperie. Cloche ne pouvait plus remuer, il essaya bien de se hisser sur ses pieux, il n'y parvint point. On crut à une feinte, à une ruse, à un mauvais vouloir de malfaiteur (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Le Gueux, 1884, page 443 ). Vainement l'éditeur (...) lui demandait-il si, oui ou non, il était l'auteur du roman. Jean-Jacques s'en tirait une fois de plus par cette feinte : « C'est encore rendre hommage à la vérité que de déclarer qu'on veut la taire » (JEAN GUEHENNO, Jean-Jacques, 1952, page 67) :

 

0 2.... je refusai la prudente réflexion, la fausse solitude et ses consolations sordides. Et j'ai compris que ce refus était encore une feinte : en vérité je ne disposais pas de mon coeur; j'étais impuissante contre cette angoisse qui s'emparait de moi chaque fois que je décachetais une lettre de Lewis...

 

SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 501.

 

C.— Spécialement.

 

1. SPORTS. Mouvement simulé dans le but de déjouer (quelque chose), de tromper l'adversaire. Faire une feinte de corps. Je m'instruisis beaucoup à observer leurs feintes et leurs passades propres à fatiguer et éberluer le taureau (ANDRE GIDE, Thésée, 1946, page 1432 ). Malgré ses bonds, ses feintes et la rapidité de sa course, toujours ils l'atteignaient (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 15 ). L'expression épanouie avec laquelle des hommes grossiers (...) s'écrient devant une passe de football, une feinte de boxe, ou un corps d'athlète : « Joli! » (HENRI DE MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, page 228 ).

 

2. ART MILITAIRE. Manoeuvre destinée à tromper l'ennemi. Une habile feinte tactique chez Hannibal pendant la bataille de Cannes (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, page 417 ).

 

3. ESCRIME. Coup dirigé sur un côté pour que l'adversaire découvre l'autre. Il fit une feinte en tierce et porta sa botte en quarte (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). J'ai employé contre lui toutes les ressources de l'escrime : feintes, surprises, dégagements, retraites, coups inusités (THEOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 350 ). Il combinait ses coups, il préparait ses ripostes, et ne dédaignait ni la feinte ni l'embûche (LEON CLADEL, Ompdrailles, le tombeau des lutteurs, 1879, page 195 ). En flèche, à l'épée et au sabre, le bras armé est lancé en avant jusqu'à rupture d'équilibre. Précédée d'une ou de plusieurs feintes, l'attaque est dite « composée » (Jeux et sports (sous la direction de Roger Caillois) 1967, page 1434 ).

 

4. ÉQUITATION. Légère claudication d'un cheval. (Dictionnaires du XIXe. siècle et du XXe. siècle).

 

5. MUSIQUE, vieux. Synonyme : altération accidentelle (voir altérationl A 1).

 

Par métonymie. Touche (actuellement noire) du clavier, correspondant à la note altérée. La note placée entre l'ut et le ré pouvait donner l'ut # ou le ré bémol distincts l'un de l'autre; et de cette disposition, on avait appelé feintes les touches qui étaient ainsi séparées (GEORG SCHMITT, CLAUDE SIMON, JOSEPH GUÉDON, Nouveau manuel de l'organiste, 1905, page 71 ). Autrefois les f [eintes] étaient blanches et les touches correspondant aux notes naturelles noires (Sciences de la musique (sous la direction de Marc Honegger) 1976).

 

6. TYPOGRAPHIE. Défaut d'encrage dans une forme entraînant un blanc sur la page imprimée. (Dictionnaires du XIXe. siècle et du XXe. siècle).

 

7. TISSAGE. Endroit où la trame manque dans une pièce d'étoffe (Nouveau Larousse illustré-Grand Larousse de la langue française en six volumes, Dictionnaire encyclopédique Quillet, 1965).

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 469. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 443, b) 484; XXe. siècle : a) 515, b) 1 046.

 

Forme dérivée du verbe \"feinter\" feinter

 

FEINTER, verbe transitif.

 

A.— JEUX, SPORTS. Faire un mouvement en vue de tromper l'adversaire. L'avant a feinté le gardien de but :

 

0 1.... nous jouions à la balle, entre l'Hôtel des Grands Hommes et la statue de Jean-Jacques Rousseau, j'étais indispensable (...) à qui Meyre, feintant Grégoire, aurait-il fait sa passe si je n'avais été, moi, ici présent, maintenant?

 

JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 185.

 

Absolument. A plus forte raison ne doit-on jamais se contenter de feinter sans jamais attaquer (FRED BRETONNEL, A. DETHÈS, Boxe, 16 dans French Sports neologisms (Armstead Otey Grubb), Philadelphia, 1937, 1937, page 39 ). On vit la longue raquette de Slark, dardée soudain comme une antenne (...). Et Slark feinta, crocheta (...). Il découvrit enfin l'échappée, allongea d'un seul coup sa détente. Ce fut une vraie flèche qui jaillit vers le but (MAURICE GENEVOIX, Match à Vancouver, 1942, page 223 ).

 

B.— Par extension, familier. Tromper (quelqu'un) par une ruse. Il nous a feintés. Synonyme : avoir (quelqu'un) (familier). Je sors, je vais acheter des spaghetti et des côtes de porc, mais c'était pas vrai, c'était pour le feinter (RAYMOND QUENEAU, Zazie dans le métro, 1959, page 72) :

 

0 2. — ... Ne cherche pas à me feinter, je sais où te retrouver! [dit le commissaire de police à Bernard] .

 

RENÉ FALLET, Banlieue sud-est, 1947, page 254.

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2

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