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Définition et usage: FEMME, substantif féminin.

Publié le 14/02/2016

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Définition et usage:

FEMME, substantif féminin.

I.— Etre humain de sexe féminin.

   [En emploi générique ou attributif] :

0 1. Selon Adler, l'enfant se représente ce rapport d'infériorité à supériorité selon le double schéma : faiblesse, infériorité, petitesse, bas égal féminin, force, supériorité, grandeur, haut égal masculin. Tout garçon cherche à s'élever à la masculinité. Toute fillette et toute femme, sans qu'il faille parler pour autant d'hermaphrodisme, éprouve un sentiment d'infériorité du fait même qu'elle est femme. Cette aspiration générale au pôle viril conçu psychiquement (et non génitalement) comme le pôle de la supériorité, constitue la « protestation virile ». L'enfant aspire « vers le haut » à rejoindre les adultes, et plus précisément son père. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 597.

  BIOLOGIE. Seul représentant femelle de la famille des Hominiens* dans l'Ordre des Mammifères primates*, par opposition à son homologue mâle, l'homme*.

  [En emploi spécifique ou référentiel toujours avec le sème \" adulte \"] :

0 2. « Vous, souffleter Girardin? disait une femme à Bergeron. Vous êtes tous des lâches, les républicains!... Mais vous ne donneriez pas seulement un lavement à un lapin! » Bergeron revient, lui dit que c'est fait : « Eh bien, qu'est-ce que ça me fait? » lui dit la femme... cette femme était la Femme!

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1865, page 160.

Remarque : Dans la langue courante, femme signifie généralement « être humain du sexe féminin, adulte ». Sens zoologie strict presque exclusivement dans la langue scientifique L'une des gloires de la Société, c'est d'avoir créé la femme là ou la Nature a fait une femelle (HONORE DE BALZAC, Secrets Cadigan, 1839, page 320).

A.         [En tant qu'entité physique]

1.  [La femme (adulte) du point de vue de ses caractères anatomiques, physiques] Première leçon d'anatomie. Remarqué combien le cervelet de la femme diffère du cervelet de l'homme (JULES MICHELET, Journal, 1859, page 464 ).

SYNTAXE : Anatomie, formes de la femme; épaule, gorge, poitrine, cuisse, fesses de femme; femme bien/mal faite, femme forte, ronde, grasse, plantureuse; femme maigre, sèche, osseuse; femme élancée; grande, petite, grosse femme.

  [En position d'attribut; par référence à la faiblesse physique traditionnellement prêtée à la femme (confer la notion de sexe faible* par opposition à celle de sexe fort*)] Etre femme Ne pas être douée d'une grande force physique (par opposition à l'homme). Vous êtes homme, et je suis femme; la force est de votre côté (ALFRED DE MUSSET, Le Chandelier, 1840,1, 1, page 13) :

0 3.... ma vocation ne me commandait pas de m'attaquer aux vivants (...) parce que j'étais femme, et qu'un sexe ne combattant pas contre l'autre à armes égales, l'homme qui insulte une femme commet une lâcheté gratuite, tandis que la femme qui blesse un homme la première, ne pouvant lui en rendre raison, abuse de l'impunité.

AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 203.

  [Par référence à l'image physique idéale que l'homme a de la femme] Vu, en passant, les photographies de femmes, grassouillettes et impudiques; comparé, en esprit, aux formes virginales d'une vraie femme (JULES MICHELET, Journal, 1857, page 322 ).

Remarque : Femme-canon, substantif féminin, dans le domaine du cirque. Femme douée de qualités athlétiques peu communes et dont le rôle consiste à supporter, sur ses épaules, un canon dont la charge est ensuite allumée. Une matrone blanche et blonde, énorme, engagée à tant le kilo pour jouer le rôle de la Femme-Canon, halète (Colette, Paysages et portraits, 1954, page 196).

  [La femme du point de vue de la diversité de son aspect selon le type racial ou physique, l'apparence extérieure, l'allure] :

0 4.... il y a des femmes dont les yeux sont comme des morceaux de sucre,

il y a des femmes graves comme les mouvements de l'amour qu'on ne surprend pas, il y a des femmes au visage pâle, d'autres comme le ciel à la veille du vent.

Petite table dorée des jours de fête, il y a des femmes de bois vert et sombre celles qui pleurent, de bois sombre et vert : celles qui rient.

Petite table trop basse ou trop haute.

Il y a des femmes grasses avec des ombres légères...

PAUL ÉLUARD, Capitale de la douleur, 1926, pages 58-59.

  Femme noire comme de l'ébène, femme blanche comme de l'ivoire, femme créole, femme métisse; femme du Nord, d'Arabie, d'Orient; femme de type nordique, méditerranéen, gitan. Ce qui fait défaut pourtant, ce sont les femmes chinoises aux cheveux laqués, trébuchant sur leurs moignons enveloppés de feutre (PAUL MORAND, New-York, 1930, page 79 ). Des yeux de femme russe (vert clair, dilatés à la limite) (HENRI DE MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, page 1328):

0 5.... un violoneux jouait un air que chantait une femme brune, de type gitan, avec une robe de foulard et un fichu rouge; de grandes boucles noires autour d'un visage plus étrange que beau.

LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 106.

  Beauté d'une femme (confer le beau* sexe). Femme d'une grande beauté, d'une beauté éclatante, éblouissante; femme belle, superbe, admirable; jolie femme; vilaine femme. Ne disons pas de mal des femmes laides, dit Franchemont. Quand une femme laide est jolie, elle est charmante! (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, page 196 ).

  Distinction, élégance, charme, coquetterie d'une femme; toilette, robe, linge, décolletage de femme; femme de grande classe; femme distinguée, élégante, charmante, coquette, gracieuse, ravissante, séduisante; femme majestueuse, effacée, ordinaire; femme bien/mal habillée; femme parée, décolletée. Tant de femmes s'enlaidissent en suivant la mode! dit la Thévenin. On devrait s'habiller selon sa forme (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, page 125 ).

  Femme aux cheveux blonds, châtains, bruns, noirs, roux, gris, blancs; femme aux cheveux dénoués, flottants; femme aux cheveux teints; femme aux cheveux longs, courts; femme blonde, châtaine, (très) brune, rousse; femme dépeignée; femme aux yeux noirs, verts.

Femme maquillée; femme qui se farde. Femmes parées, fardées et pâles (ELIE FAURE, Histoire de l'art, 1912, page 221 ). Elle se met du rouge aux lèvres et parle avec la grimace des femmes qui se remaquillent (JEAN COCTEAU, Les Parents terribles, 1938, II, 12, page 266 ).

  [Par référence au charme physique et gestuel de la femme, à la grâce de sa parure et de ses manières, à sa volonté de plaire... considérés comme des caractères spécifiques] La tatan Mariou. (...) elle est maigre et assez gracieuse, elle est femme (JULES VALLES, Jacques Vingtras, L'Enfant, 1879, page 12) :

0 6. L'homme ici a son état, la belle forêt qu'il comprend, la camaraderie, les discussions d'esthétique. La femme n'a rien que son ménage et les fumiers. Elle ne peut être femme, je veux dire élégante et coquette.

HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, 1867, page 244.

Par métonymie, en emploi adjectif. Elle s'assit pour coudre une petite dentelle (...) à sa blouse de travail, cette blouse noire qu'elle finissait par trouver trop garçonnière, pas assez femme (EMILE ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, page 32 ).

Remarque : Femme-enfant, substantif féminin Femme ayant gardé la grâce fraîche et rayonnante de l'enfance. Un regard de jeune fille levé vers le sien lui rappela tout à coup sa rencontre du bois, cette grâce radieuse de femme-enfant, dont le souvenir l'avait poursuivi pendant des mois (ALPHONSE DAUDET, Sapho, 1884, page 238). Confer infra I B 2 k.

Proverbe. La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a :

0 7. On dit communément : « la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a »; ce qui est très faux : elle donne précisément ce qu'on croit recevoir, puisqu'en ce genre c'est l'imagination qui fait le prix de ce qu'on reçoit.

NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, page 63.

  [La femme considérée sous le rapport de l'âge]

Femme jeune, femme encore jeune.

Jeune femme. Femme jeune (célibataire ou mariée). Une jeune femme de vingt ans, une fille du peuple, large et forte (...) son corps frais et gras blanchissait avec des douceurs de teinte d'une grande délicatesse (EMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, page 84 ).

Femme adulte*, mûre. Laure n'était plus alors une très jeune fille, mais une femme accomplie. Il y avait dans tout son être une plénitude, une harmonie singulières (HENRI PETIOT, DIT DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire?, 1934, page 136 ).

Femme d'un certain âge, vieillissante, âgée.

  [Par opposition à enfant, fille, jeune fille...] Femme adulte (célibataire ou mariée). L'enfant devient jeune fille, la jeune fille devient grande fille, la grande fille devient femme (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 488 ).

[En parlant d'une jeune fille] Devenir une femme. Prendre, en se développant physiquement, le corps et les formes d'une femme adulte. Etre (presque) une femme. « Viol et assassinat que nous allons constater tout à l'heure. Cette fillette est d'ailleurs presque une femme, voyez sa gorge ». Les deux seins, assez forts déjà, s'affaissaient sur sa poitrine, amollis par la mort (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, La Petite Roque, 1885, page 1024 ).

2.  [La femme sous le rapport de la physiologie; la femme en tant qu'être sexué] Organes sexuels de la femme; femme pubère. Après l'extirpation des ovaires les femmes deviennent apathiques, et perdent une partie de leur activité intellectuelle ou de leur sens moral (ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu, 1935, page 168 ). La période d'activité génitale de la femme est caractérisée par la succession régulière de cycles menstruels qui apparaissent à la puberté, cessent à la ménopause et peuvent être interrompus par la grossesse ou la lactation (DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET. Médecine, 1965, page 482 ).

  Femme à barbe. Femme souffrant de virilisme pilaire.

  [Par opposition à enfant, fillette, fille, etc.] Etre humain du sexe féminin qui est nubile. « Tu me feras tout ce qu'on peut faire à une femme sans lui faire d'enfant ». Voici du moins, Robin le croit tout le thème des pensées de la jeune fille devenue femme et qui ne voit pas d'homme (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1882, page 172 ).

  Etre femme; ne pas encore être femme; être presque femme; être tout à fait femme. On me consulta lorsqu'elle avait douze ans. Je constatai qu'elle était femme déjà et harcelée sans repos par des désirs d'amour (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, L'Enfant, 1883, page 396 ).

  [Par référence à la vie génitale perçue comme étant l'essence de la féminité, la ménopause en représentant le terme] Etre encore une femme. Oh! je suis encore une femme, je saigne encore chaque mois, rien n'est changé (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 78 ).

  [La femme au plan de l'instinct sexuel en tant qu'il cherche à se satisfaire dans l'accouplement] :

0 8. Lorsque Madeleine s'était oubliée dans les bras de Jacques, sa chair vierge avait pris l'empreinte ineffaçable du jeune homme. Il y eut alors mariage intime, indestructible. Elle se trouvait en pleine sève, à cet âge où l'organisme de la femme se mûrit et se féconde au contact de l'homme...

ÉMILE ZOLA, Madeleine Férat, 1868, page 179.

  [Par référence à la sexualité considérée comme étant l'essence de la féminité] Etre du sexe féminin sexuellement adulte; être du sexe féminin dont la sexualité est en éveil, qui a une propension à l'amour, du tempérament. Etre, se sentir femme.

En emploi adjectival. La femme très femme, et très (...) chatte (GERMAIN NOUVEAU, Valentines, 1886, page 166 ).

  [En position d'attribut; par opposition à jeune fille] Etre femme Avoir eu des relations sexuelles, ne plus être vierge. Devenir femme.

  En emploi adjectival. Soi-disant jeune fille, et femme. Soi-disant bien élevée, et voyageant avec un amant Soi-disant catholique, et acceptant de se passer de l'église pour son mariage. Soi-disant honnête, et prête à tuer (HENRI DE MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, page 1363 ).

  Femme frigide; frigidité chez la femme. Si nous disions le centième des rêves que fait un honnête homme, ou des étranges ardeurs qui passent dans le corps d'une femme chaste, on crierait au scandale (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, page 1299 ). Savez-vous que les femmes insensibles et froides sont plus dangereuses que les autres, parce que la neige et la flamme ont sur la chair le même effet? (MARCEL ACHARD, Voulez-vous jouer avec moâ?, 1924,1, 3, page 98 ).

  Femme sensuelle; femme qui a du tempérament, du sex-appeal; du chien* (familier); femme qui a le feu au cul*/ au derrière (vulgaire).

Remarque : Voir également infra I C 3.

  [La femme en tant qu'être humain du sexe féminin qui élabore les ovules, conçoit et enfante, par opposition à l'homme, être humain du sexe masculin qui féconde les ovules ou procrée] Tout est égal entre les époux, ce qu'ils ignorent, ils l'acceptent l'un de l'autre dans la foi. Voici la religion mutuelle, voici cette servitude par qui le sein de la femme se gonfle de lait! (PAUL CLAUDEL, L'Annonce faite à Marie, 1912,1, 3, page 39 ). Est-ce qu'on ne sortait pas tous de la même souche, d'un homme et d'une femme qui s'étaient unis l'un à l'autre (HENRI QUEFFELEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 65 ).

  Femme féconde, stérile; fécondité de la femme; homme qui féconde une femme; homme qui rend une femme mère d'un (ou plusieurs) enfant(s). Des avortons, semblables à ces femmes infécondes, qui font tous leurs efforts pour avoir un héritier, et qui n'ont plus ensuite que des fausses couches (JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Pamphlets, Charlatans modernes, 1791, page 284 ).

  Instinct maternel de la femme; maternité, grossesse de la femme; femme enceinte, grosse; ventre de femme grosse; femme sur le point d'être mère. Envie, fantaisie, appétit de femme enceinte, grosse*. Qu'est-ce que la grossesse? On désigne sous ce nom l'état d'une femme qui a conçu, et qui porte en elle le produit de la conception (JEAN-LOUIS BAUDELOCQUE, Principes sur l'art des accouchemens, 1812, page 89 ). Un prétendu vol de 6.000 francs de dentelles dans un magasin par Mme. Feydeau, sauvée par Baroche (...) qui aurait fait rendre les dentelles, en mettant le vol sur le compte d'une envie de femme grosse (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1868, page 419 ). Une torpeur vague et puissante, l'obscure joie de la grappe pleine, de l'épi gonflé, de la femme enceinte qui couve son fruit mûr (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, page 1565 ).

  Femme en mal d'enfant; accouchement d'une femme; femme qui accouche (d'une fille/d'un garçon); femme qui a/fait un (ou des) enfant(s); femme qui enfante, qui donne le jour à un (ou plusieurs) enfant(s); femme qui fait une fausse couche; femme qui allaite/nourrit, berce son enfant :

0 9. Ah! mon cher, songe donc! Onze ans de grossesses pour une femme comme ça! Quel enfer! C'est toute la jeunesse, toute la beauté, toute l'espérance de succès, tout l'idéal poétique de vie brillante, qu'un sacrifice à cette abominable loi de la reproduction qui fait de la femme normale une simple machine à pondre des êtres. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, L'Inutile beauté, 1890, page 1156.

  Femme qui ne veut pas d'enfants; femme sans mari et sans fils; femme sans enfant La jeune Mme Mercy et Mme Mailly de Nesle avaient très carrément déclaré à leurs maris qu'elles ne voulaient pas d'enfants, parce que la grossesse déforme un corps de femme (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1884, page 365 ).

Vieilli ou littéraire. Le sein de la femme. La partie de l'organisme féminin (utérus, ventre, entrailles, flancs) dans laquelle la femme porte l'enfant qu'elle conçoit. Lorsqu'on nous envoie à la vie terrestre, n'est-ce pas dans le sein de la femme que nous faisons notre premier séjour? (LOUIS-CLAUDE DE SAINT-MARTIN, L'Homme de désir, 1790, page 193 ).

B.        [La femme en tant qu'entité psychique : la femme en tant qu'être humain que caractérise, dans le règne animal, au même titre que l'homme et par opposition aux autres animaux, son aptitude à la pensée, son esprit entendu comme le \" principe de la vie psychique \"] Un seul poète, selon moi, a compris ces charmants animaux, à savoir (...) Shakespeare. Les femmes sont pires ou meilleures que les hommes. Il en a fait des êtres extra-exaltés, mais jamais raisonnables (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1859, page 304 ).

1.  [Au plan intellectuel] Intelligence, finesse, sottise des femmes; intuition, flair, habilité des femmes; femme (vraiment) intelligente, supérieure, remarquable, brillante, spirituelle; femme d'un esprit supérieur, femme d'esprit*, femme bel esprit*, femme éclairée, avisée, sensée; femme de (clair) bon sens, de bon conseil; femme (très) sotte; femme qui a de l'esprit en toute chose; femme qui a plus de jugement, d'intuition qu'un homme; femme qui possède un sens divinatoire; femme instruite, savante. L'ignorance d'une femme ferait frémir, si on pouvait la concevoir... on n'ose pas soulever le voile (JACQUES CHARDONNE, L'Epithalame, 1921, page 265 ). Albertine s'était étonnamment développée. Ce qui m'était entièrement égal, les supériorités d'esprit d'une femme m'ayant toujours fort peu intéressé (MARCEL PROUST, La Prisonnière, 1922, page 17) :

0 10. On constate qu'il y a plus de grands hommes que de femmes exceptionnelles. A l'inverse, les asiles comptent aussi plus d'idiots que d'idiotes. Certains en concluent que l'intelligence de la femme serait en moyenne équivalente à celle de l'homme, mais qu'elle tendrait moins que lui aux extrêmes, en bon et en mauvais. C'est ce que sembleraient confirmer les courbes d'intelligence générale de Terman...

EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 605.

  Femme de tête. Femme que caractérise une intelligence servie par une volonté ferme, à quoi s'ajoute souvent un réalisme aigu et un sens développé de ses intérêts

(par opposition à femme de coeur, infra 3). Il y a beaucoup de finesse dans le nez et dans la bouche et au total ce buste me donne bien l'idée d'une femme de tête et qui a de la pénétration et de l'adresse jointes à beaucoup de fermeté (ETIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1824, page 26 ). Lucie était une femme de tête, elle voyait loin; si elle avait pris en main les intérêts d'Henri (...) c'était pour s'attacher un allié utile (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 472 ).

  [Par référence à l'intuition considérée comme une qualité spécifiquement féminine]

  [En position d'attribut] :

0 11. On n'est pas membre de l'institut sans fréquenter la société. Voyez, jugez, comparez. Une femme sensée ne vous refusera pas sa main. Je suis femme, monsieur : mon instinct ne me trompe pas; il y a quelque chose là qui me dit que vous trouverez le bonheur dans le mariage.

ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 452.

  En emploi adjectival. Mais il y a des indices qui ne trompent pas une femme aussi femme que moi, même si elle est restée vieille fille. Il y a un fantôme de femme, un fantôme de très jeune femme qui circule dans la maison (JEAN COCTEAU, Les Parents terribles, 1938,1, 2, page 196 ).

  [Par référence à des qualités ou des défauts d'esprit généralement prêtés aux femmes] En emploi adjectival. Je suis excessivement femme pour l'ignorance, l'inconséquence des idées, le défaut absolu de logique (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 1, 1833, page 250 ). Renaud, soucieux du détail, et d'esprit plus femme que moi, s'est ingénié, fureteur, à compléter un ensemble sans trou ni tare (GABRIELLE COLLETTE,

DITE COLETTE, Claudine en ménage, 1902, page 77 ).

2.  [Au plan du caractère] M. Henriot, à toute occasion, se gaussait de ce qu'il nommait les lubies des femmes, « ces êtres tombés de la lune, où cloche toujours quelque chose » (MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 78) :

0 12.... le mensonge est souvent un trait de caractère; d'autre part, chez des femmes qui ne seraient pas sans cela menteuses, il est une défense naturelle, improvisée, puis de mieux en mieux organisée, contre ce danger subit et qui serait capable de détruire toute vie : l'amour.

MARCEL PROUST, La Fugitive, 1922, page 615.

a)  Caractère d'une femme; femme de caractère, à grand caractère, d'un caractère décidé, violent; femme à l'esprit ferme, d'une volonté ferme; femme résolue, bien trempée moralement; femme sûre d'elle-même, maîtresse d'elle-même.

  Maîtresse femme. Femme d'un caractère énergique, d'une volonté ferme, voire autoritaire, qui sait s'imposer et se faire obéir :

0 13. C'est « une maîtresse femme », elle garde le gouvernement des affaires, elle refuse de les communiquer à son père, elle lui tient tête; elle le conduit, le retient comme un enfant prodigue; elle a l'accent vibrant de la volonté tendue...

HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, 1867, page 209.

b)  Femme extraordinaire. Ma mère est une femme admirable, la seule personne au monde qui me donne parfois envie de me jeter à genoux (GEORGES DUHAMEL, Confession de minuit, 1920, page 21 ). Une femme exceptionnelle moralement oui : les qualités morales les plus hautes, une femme supérieure (GEORGES BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, page 909 ).

c)  Femme effacée, soumise/despotique; femme distante, hautaine; femme loyale; femme digne, respectable; noble femme. Continuez d'être la femme fière, grande, calme, indignée, courageuse. Votre attitude, au milieu de ces hontes, est l'honneur de votre sexe et suffit pour consoler les âmes honnêtes (VICTOR HUGO, Correspondance, 1853, page 143) :

0 14. Les femmes peuvent là se faire, à volonté, méprisantes jusqu'à l'insulte, humbles jusqu'à l'esclavage de l'Orient. Valérie fut plus qu'une femme, elle fut le serpent fait femme...

HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette, 1846, pages 217-218.

d)  Femme bavarde (comme une pie). Ne dit-on point que les femmes sont curieuses? (PAUL CLAUDEL, La jeune fille Violaine, 1901,1, page 579 ). C'est un endroit à potins d'hommes, car les hommes sont aussi concierges que les femmes (LEON-PAUL FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, page 63 ).

  [En position d'attribut] Elle devenait curieuse et bavarde, femme en un mot (EMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, page 97) :

0 15. Ne jamais parler! elle y tâchait. Mais elle était femme, un être dont les sentiments, les sensations, l'impressionnabilité d'enfant, bon gré, mal gré, jaillissent au dehors en une loquacité gazouillante, un verbe diffus, des paroles, beaucoup de paroles.

EDMOND DE GONCOURT, La Fille Élisa, 1877, page 181.

e)  Femme acariâtre. Elle me met en garde contre la mercière, qui est une méchante femme et dit du mal de tout le monde... une vraie peste, quoi! (OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, page 61 ). Il m'a dit que j'étais une femme insupportable, odieuse, qu'il ne comprenait pas comment tu avais pu vivre si longtemps avec moi (ROBERT DE FLERS, GASTON ARMAND DE CAILLAVET, Monsieur Brotonneau, 1923, II, 4, page 16 ).

f)  Femme faible (moralement); faiblesse de la femme; la femme est un être/une créature faible. Confer le sexe faible*. Car je suis une faible femme, Je n'ai su qu'aimer et souffrir (MARCELINE DESBORDES-VALMORE, Élégies, 1833, page 264) :

0 16. ÉLECTRE. Je sais qu'on a beaucoup de droits dans la confrérie des femmes. Si vous payez le droit d'entrée, qui est lourd, qui est d'admettre que les femmes sont faibles, menteuses, basses, vous avez le droit général de faiblesse, de mensonge, de bassesse. Le malheur est que les femmes sont fortes, loyales, nobles. Alors tu te trompes. Tu n'avais le droit d'aimer que mon père.

JEAN GIRAUDOUX, Électre, 1937, II, 5, page 152.

  [Par référence à la faiblesse traditionnellement prêtée à la femme]

  [Le sujet désigne une femme] N'être qu'une femme. N'être qu'une créature faible et impuissante devant la vie, les réalités, ses propres sentiments, etc. Mais elle n'était qu'une femme. Cette folie, cette méchanceté des hommes, contre quoi l'on ne peut rien, pas plus que contre la grêle, les orages (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1925, page 261 ).

[Le sujet désigne un homme]

Péjoratif. [A la forme affirmative] Etre une femme :

0 17. Guillaume sentit alors combien il était possédé par Madeleine. Dès les premiers jours de leur liaison, elle l'avait fatalement dominé, par son tempérament plus fort, plus riche de sang. Comme il le disait autrefois avec un sourire, il était la femme dans le ménage, l'être faible qui obéit, qui subit les influences de chair et d'esprit.

ÉMILE ZOLA, Madeleine Férat, 1868, page 267.

Mélioratif. [A la forme négative et par antiphrase] Ne pas être une femme. Ne pas avoir la faiblesse d'esprit et de caractère généralement prêtée à la femme. Ça n'était pas une femme, Toumefier, mais un gaillard de bon jugement, un homme solide et bien résous. De l'avoir vu ainsi troublé, Raboliot demeurait perclus (MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 164 ).

g)  Femme forte; force, (toute-)puissance de la femme, femme sans faiblesse; femme courageuse. Tout indiquait en elle la femme raisonnable, sans charme, mais aussi sans faiblesse (HONORE DE BALZAC, La Cousine Bette, 1846, page 334 ). Ces femmes virilisées qui n'ont d'autre but que leur réalisation intérieure et leur ambition (ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 246 ).

Remarque : La femme forte des Écritures. Infra II.

h)  Femme de calcul; femme économe. Dites que je vous aime pour votre argent! (...) Je suis une femme d'argent, n'est-ce pas? Eh bien! Oui, je suis une femme d'argent, parce que je suis une femme raisonnable (ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 283 ). Je l'interrogeai sur sa fortune. Elle en parla aussitôt en femme pratique, sûre d'elle, sûre des chiffres, des titres, des revenus, des intérêts et des placements (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Divorce, 1888, page 1100 ). Les grands mystiques (...) ont généralement été des hommes ou des femmes d'action, d'un bon sens supérieur (HENRI BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion, 1932, page 259 ).

i)  Femme de devoir. A défaut des joies de la bonté qui vous sont peut-être provisoirement refusées, répondait le père, vous aurez celles d'être une femme de devoir (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 214 ).

j) [Par référence à différents aspects de l'image psychologique stéréotypée de la femme]

  [En position d'attribut] Être femme.

[Le sujet désigne une femme] :

0 18. Mais Colette était trop fine pour ne pas sentir qu'avec lui toutes ses grâces étaient perdues, et trop souple pour ne pas s'adapter instantanément aux façons de Christophe. Elle n'avait même pas besoin de s'appliquer pour cela. C'était un instinct de sa nature. Elle était femme. Elle était une onde sans forme. Toutes les âmes qu'elle rencontrait lui étaient comme des vases, dont, par curiosité, par besoin, sur-le-champ, elle épousait les formes.

ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 733.

En emploi adjectival:

0 19.... ce ne sont pas du tout les filles en maison des autres pays. Elles sont plus libres, plus considérées, du fait qu'on sort avec elles et qu'on les présente à ses amis. Elles sont aussi plus femmes, charmantes, pleines d'attention, obéissantes. On ne s'ennuie pas trop avec elles.

ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1963, page 150.

[Le sujet désigne un homme] :

0 20. La cruauté est partout dans Racine. (...) Et ses femmes sont naturellement plus cruelles que ses hommes, ce qui n'est pas peu dire. Ou pour aller plus profondément peut-être, ses hommes sont femmes, ils ont tous souffert de la contamination féminine, de quelque contamination féminine. Ils sont tous dévirilisés, et c'est la cruauté féminine même que l'on retrouve en eux.

CHARLES PÉGUY, Victor-Marie, Comte Hugo. 1910, page 777.^

  Péjoratif. [Le sujet désigne un homme] Etre une vraie femme. Etre efféminé dans son caractère, son comportement, sa façon de vivre :

0 21.... ce qu'il reprochait surtout aux jeunes gens d'aujourd'hui, c'était d'être trop efféminés. « Ce sont de vraies femmes », disait-il avec mépris. Mais quelle vie n'eût semblé efféminée auprès de celle qu'il voulait que menât un homme, et qu'il ne trouvait jamais assez énergique et virile?

MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 762. k) Locution verbale.

  [A la forme négative] Ne pas être femme à + infinitif Ne pas avoir pour trait de caractère de..., ne pas avoir pour comportement habituel de... Elle me dit : « Je ne suis pas femme à me disputer étape par étape. Si tu l'exiges, je me suis promise, mais ce serait plus joli d'en rester là... » (MAURICE BARRES, Mes cahiers, tome 3, 1903-04, page 89 ).

  [A la forme affirmative] Etre femme à + infinitif Etre tout à fait capable de... Trois crimes étaient un salaire assurément inusité; mais elle était digne de le recevoir puisqu'elle était femme à l'exiger, et il se promit de continuer l'aventure (PIERRE LOUÿS, Aphrodite, 1896, page 78 ).

Remarque : Femme-enfant, substantif féminin Femme qui a ou semble avoir conservé un ou plusieurs trait(s) du caractère des enfants. Avec cela le charme insigne D'un frais sourire triomphant Eclos dans des candeurs de cygne Et des rougeurs de femme-enfant (PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 1, Bonne chanson, 1870, page 107). Confer supra I A 1.

1) Proverbe, allusion littéraire. Ce que femme veut, Dieu* le veut. Où sommes-nous? Dans le salon de Dennery. Ce que femme veut... Quelle intrigue, quelle volonté entêtée d'un caprice a forcé Dennery à nous inviter de façon que nous ne pouvions refuser! (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1860, page 716 ). Souvent femme varie, Bien fol est qui s'y fie (VICTOR HUGO, Le Roi s'amuse, 1832, IV, 2 ).

3.  [Au plan de l'affectivité, de l'émotivité] Il y a dans la femme une réserve plus grande d'émotion et d'effervescence disponible (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 312) :

0 22. La femme, du fait de sa nature physio-psychologique et de sa condition sociale, est plus tentée que l'homme par les comportements de soumission. Encore ne faut-il pas confondre cette infirmité de sa nature avec un besoin inépuisable et dévorant de se donner, qui en est souvent la magnifique contrepartie.

EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 507.

  Coeur de femme; camaraderie, douceur, tendresse, amour de femme; bonté, dévouement de la femme; femme sensible, sensitive; femme distante, insensible; femme aimable, charmante, douce, tendre, aimante; femme bonne, dévouée; femme sentimentale, pleurnicheuse; gentille, excellente femme; pleurer comme une femme.

  Bonne, brave femme. Mme. D., une bien brave femme, et son mari un bien brave homme, pas fiers, pas riches, mais généreux (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Rouerie, 1882, page 859 ). Bonne femme, maternelle, qui ne se moquait pas : tel était, peut-être, le secret de sa puissance (FRANÇOIS MAURIAC, Le Mystère Frontenac, 1933, page 45 ).

Remarque : Bonne femme (infra I C 1 d et II), brave femme (infra I C 1 d remarque).

  Femme de coeur. Femme dotée de grandes qualités de coeur (par opposition à femme de tête, supra) :

0 23.... l'amour ne tracasse pas beaucoup les femmes de tête. Nous n'en vivons pas.

JESSICA. Tandis que moi, j'en vis?

OLGA. Comme toutes les femmes de coeur.

JEAN-PAUL SARTRE, Les Mains sales, 1948, 5e. tableau, 1, page 178.

  Femme heureuse, malheureuse :

0 24. La femme rêve au bonheur, et y réfléchit, parce qu'elle ne l'a pas. Si l'homme souffre par la femme, il a tout le reste pour se consoler. Mais elle, quoi? Une femme ne peut jamais se réaliser complètement : elle dépend trop de l'homme. Aussi rêve-t-elle sans cesse à ce qui lui est impossible (...). Une femme attend toujours, avec espoir jusqu'à un certain âge, sans espoir au delà.

HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, page 1008.

  [Par référence à l'émotivité, à la sensibilité généralement prêtées à la femme; en position d'attribut] Etre, (re)devenir femme. Dans les émotions de cette journée, la religieuse était redevenue femme. Elle avait pleuré, et elle tremblait (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 359 ).

  [Le sujet désigne un homme (ou un élément de la personnalité masculine)] Sera-ce vous déplaire que de vous faire remarquer combien vos réponses (...) sont pénibles (...) pour un poète dont l'âme est femme, est nerveuse (HONORE DE BALZAC, Modeste Mignon, 1844, page 256 ).

  [Par référence aux qualités de coeur et à l'altérocentrisme généralement prêtés à la femme] Etre une femme, une vraie femme, voir la citation sous altérocentrisme :

0 25.... C'est des femmes [les soeurs] qu'ça ne pense qu'à faire le bien. Et elles vous causent pas du bon Dieu, c'est pas vrai... elles vous donnent à boire à vot' soif. C'est des femmes... de vraies femmes... c' que doivent être des femmes.

RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 104.

La vraie femme. La femme par excellence, le type idéal de la femme, rassemblant en elle toutes les qualités que l'on attend d'une femme :

0 26.... « Tout est sauvé, une femme est avec nous ». Et quelle femme! La vraie. Vous. Oui, vous êtes la vraie femme, parce que vous avez la beauté éclatante et le coeur attendri, parce que vous comprenez, parce que vous souriez, parce que vous aimez. Vous êtes la vraie femme, parce que vous êtes prophétesse et soeur de charité, parce que vous enseignez le devoir aux deux sexes, parce que vous savez dire aux hommes où ils doivent diriger leur âme et aux femmes où elles doivent mettre leur coeur.

VICTOR HUGO, Correspondance, 1853, page 180.

  [En position d'attribut] Être femme Elle fit ce qu'elle savait qu'il fallait faire, parce qu'elle était femme, et bonne, et maternelle. Elle prit l'enfant sur ses genoux (PIERRE MILLE, Bamavaux et quelques femmes..., 1908, page 209 ).

[Le sujet désigne un homme] Tout penseur complet doit être femme par les côtés délicats du coeur (VICTOR HUGO, Ruy Blas, 1838, page 330 ).

En emploi adjectival. [En parlant d'une femme ou d'un élément de sa personnalité] Les femmes sentent plus vivement que nous (...) celles qui sont le plus femmes sont tout sentiment (JULES LEMAITRE, Les Contemporains, 1885, page 166 ).

[En parlant d'un homme ou d'un élément de sa personnalité] J'aimerais croire aux choses par quelqu'un et en quelqu'un; voyez-vous, j'avais la nature un peu femme; les choses en elles-mêmes j'ai peine à m'y fixer directement bien que j'y fasse des poussées (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Correspondance, tome 6, 1818-69, page 96).

C.        [En tant qu'être social]

1.  [La femme sous le rapport de son appartenance à la société et de son image sociale]

a)  [La femme du point de vue du dogme et de la tradition judéo-chrétienne] En condamnant la femme à enfanter avec douleur, Dieu lui a donné une force invincible contre la peine; mais en même temps, et en punition de sa faute, il l'a laissée foible contre le plaisir (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 286 ). La femme ne sera point l'esclave de l'homme; elle en sera la soeur, l'os de ses os, la chair de sa chair; partout où on la dégradera de ce rang, l'homme sera dégradé lui-même (PÈRE HENRI-DOMINIQUE LACORDAIRE, Conférence de Notre-Dame, 1848, page 213 ).

  La première femme d'Adam. Lilith. La (première) femme. Ève. État de l'homme et de la femme avant le premier péché; séduction, tentation de la première femme par le serpent, le diable; faute, péché de la première femme. Le Moyen Age est misogyne. (...) cette misogynie était d'origine chrétienne. (...) à tous les hommes de religion la femme est apparue comme l'incarnation continuée de l'Ève tentatrice et corruptrice (EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis,

1942, page 130 ).

Remarque : La femme forte des Écritures. Infra II. La femme de Loth. Infra II. La femme adultère. Infra II.

  La femme céleste, divinisée. La Vierge Marie. A droite, la femme céleste (robe bleue), la Vierge, mais toute effacée par la douleur (JULES MICHELET, Journal, 1837, page 227).

  Les saintes femmes. \" Groupe de pieuses femmes qui accompagnaient Jésus depuis son départ de la Galilée et \" l'assistaient de leurs biens \" (...) Elles assistèrent à la mort et à l'ensevelissement du Christ, vinrent visiter son tombeau le matin de Pâques et portèrent aux apôtres la nouvelle de sa résurrection \" (Dictionnaire de culture religieuse et catéchistique (LOUIS E. MARCEL), 1938).

b)  Femme de la (grande) société, femme du monde, femme (de la société) bourgeoise. Les femmes du peuple (...) ne sont nullement grossières, comme les hommes, et (...) éprouvent le besoin de délicatesse et de distinction (JULES MICHELET, Le Peuple, 1846, page 291 ). La femme prolétarienne condense les traits anciens et nouveaux du psychisme de classe. (...) elle doit choisir entre la satisfaction de besoins également vitaux (Traité de sociologie (sous la direction de Georges Gurvitch) 1968, page 381 ).

  Emploi adjectival. Etre très femme du monde. Très élégante, habillée avec goût, aimable, très femme du monde, elle recevait beaucoup et très bien (SIBYLLE- GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Souvenirs d'une petite fille,

1927, page 173 ).

  Réputation d'une femme. La réputation d'une femme tient à si peu de chose; la malignité est si habile à pénétrer, si prompte à publier ses découvertes, si disposée à les exagérer! (GABRIEL SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, page 1797 ).

  Femme d'honneur, de bien; femme comme il faut. Femme digne dont la conduite est irréprochable et qui jouit d'une excellente réputation. Lorsqu'on annonce un scandale, qui peut empêcher les femmes de bien d'y courir en grande toilette (LOUIS VEUILLOT, Les Odeurs de Paris, 1866, page 169 ).

  Femme déclassée. Femme qui, du fait d'une conduite jugée inappropriée par la société, est considérée comme n'appartenant plus à sa classe sociale d'origine. Des femmes qui n'étaient que déclassées ont achevé de se perdre en flirtant, vers les cinq heures du soir, comme dans le monde, sur les dos-à-dos de cet honnête salon... (PAUL BOURGET, Nouveaux Essais de psychologie contemporaine, préface. 1885, page 34 ).

c)  Femme à la page, (toute) moderne, à la mode. La princesse est le type d'une femme toute moderne, la femme artiste (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1862, page 1187 ).

d)  Familier. Bonne femme. Femme simple (souvent d'un certain âge). C'est une bonne femme que l'on connaît, une vieille bonne femme, une bonne vieille paroissienne, une bonne femme de la paroisse, une vieille grandmère, une bonne paroissienne. Elle nous raconte les histoires de l'ancien temps, qui sont arrivées dans l'ancien temps (CHARLES PEGUY, Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, 1911, page 175 ).

  En emploi adjectival. Une vieille dame de lettres, au demeurant assez bonne femme (ROBERT, COMTE DE MONTESQUIOU-FEZENSAC, Mémoires, tome 1, 1921, page 12).

  Avec une connotation dépréciative fréquente.

  [La dépréciation concerne le physique, la présentation, l'allure de la femme] C'était une grosse bonne femme aux seins sur la bedaine, aux joues molles, comme en suif rouge (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1931, page 9) :

0 27.... il distinguait entre les « femmes », les « bonnes femmes », et les « vieilles bonnes femmes ». Mais dans la différence entre les « femmes » et les « bonnes femmes », la question d'âge n'intervenait presque pas. Telle personne de cinquante ans, pourvu qu'elle fût coquette, bien mise, qu'elle eût une certaine peau, un certain regard, un certain parfum, lui apparaissait sans hésitation comme une « femme »; et telle concierge de vingt-cinq ans de la rue de la Goutte-d'Or, qui balayait son vestibule, dépeignée, dépoitraillée, la robe poussiéreuse, l'oeil habité par des pensées de ménage ou de hargne conjugale, était promue d'emblée au rang de « bonne femme ».

LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1932, page 268.

  [La dépréciation est d'ordre intellectuel, moral] Je tiens beaucoup, je le confesse, à ce que Madame de Matefelon s'en aille; parce qu'à la fin elle m'ennuie, cette bonne femme (RENE TARDIVAUX, DIT BOYLESVE, La leçon d'amour dans un parc, 1902, page 152 ). La religion populaire, de bonne femme, si l'on peut dire, qui était celle de Péguy, le [Barrés] désorientait complètement (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Pour les fidèles de Péguy, 1928, page 88 ). Je demeure étonné du manque des notions les plus simples et des pratiques les plus élémentaires chez un homme [Degas] si intelligent, et d'ailleurs nourri aux lettres classiques. Il avait sur bien des points des idées de bonne femme (PAUL VALÉRY, Degas, danse, dessin, 1936, page 38 ).

Conte de bonne femme. Récit peu crédible. La religion était à ses yeux un conte de bonne femme, prolongé pendant des siècles, et la théologie un attrape-nigauds (LÉON DAUDET, Quand vivait mon père, 1940, page 37 ).

Remède de bonne femme. Remède qui a son origine dans la tradition populaire. On essaye alors des remèdes de bonnes femmes : des mères Michel furent convoquées et on suivit leurs prescriptions (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Le Livre de la pitié et de la mort, 1891, page 135 ).

  [La dépréciation est d'ordre social] Bonne femme du peuple, de la campagne. Il (...) tira deux cigares de sa poche, en alluma un à la lanterne d'une bonne femme qui vendait de l'eau-de-vie et du café aux ouvriers (HONORE DE BALZAC, La Fille aux yeux d'or, 1835, page 387 ).

Vieilli. [Employé comme terme de condescendance à l'adresse d'une femme de condition modeste] Ma bonne femme. Le baron : Mais, ma bonne femme (...) Je ne suis pas une bonne femme, monsieur, je suis concierge (HONORE DE BALZAC, Ferragus, 1833, page 47 ).

  [Dans la bouche d'un homme, la dépréciation traduisant un sentiment misogyne] Quand j'ai à choisir entre un type et une bonne femme, c'est le type que je choisis (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mains sales, 1948, tableau4, 3, page 137) :

0 28. Je crois que vous avez raison. Les femmes ne sont bonnes à rien.

  C'est déjà quelque chose de le dire (...)

  Ne soyez pas si dur!

  Je ne dis pas de mal des bonnes femmes, répliqua gaiement Christophe. Une bonne femme, c'est le paradis sur terre. Seulement, le paradis sur terre...

  Oui, personne ne l'a jamais vu.

ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 737.

Remarque : On rencontre, dans le même emploi, l'expression ma brave femme. Mais, ma brave femme, je vous ai déjà dit que votre homme et cette borne, c'est la même chose... Je ne peux pas faire grouiller les pierres, que diable! ... Vous savez comment il finira, n'est-ce pas? (ÉMILE ZOLA, Terre, 1887, page 411).

  [Employé comme terme de sympathie ou d'affection (à l'adresse d'une fillette)] (Ma) petite bonne femme.

e)  [Statut social de la femme] Statut (de vie) de la femme, problème des rapports de l'homme et de la femme; domination de la femme par l'homme, exploitation de la femme par l'homme; esclavage, asservissement, assujettissement des femmes; idée conventionnelle que les hommes se font de la femme; droits de la femme, amélioration du sort des femmes; libération, promotion de la femme; émancipation (juridique) de la femme (mariée); égalité (des droits) des hommes et des femmes, égalité des femmes et des hommes dans le mariage; accès des hommes et des femmes à toutes les fonctions dans des conditions égales; suffrage, vote des femmes; femme d'une autre génération, femme d'à-présent, femme nouvelle, femme libre; libérer la femme des tâches matérielles, considérer la femme comme responsable au même titre que l'homme, femme qui est la compagne et l'égale de l'homme. L'esclavage des noirs est aboli en Amérique; l'esclavage des blanches continue en Europe. Les lois sont faites par les hommes contre les femmes. Rien de plus odieux (VICTOR HUGO, Correspondance, 1870, page 245 ). Il y a la soumission d'un sexe à l'autre; on devine des générations de femmes battues par les mâles et gourmandes de la force (LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 102 ). Joussier n'osait lui interdire d'aimer qui lui plaisait. Ne professait-il pas, pour la femme, comme pour l'homme, le droit d'être libre? (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, page 1283) :

0 29. Je ne regrettais certes pas d'être une femme; j'en tirais au contraire de grandes satisfactions. Mon éducation m'avait convaincue de l'infériorité intellectuelle de mon sexe, qu'admettaient beaucoup de mes congénères (...). Ce handicap donnait à mes réussites un éclat plus rare qu'à celles des étudiants mâles : il me suffisait de les égaler pour me sentir exceptionnelle; en fait, je n'en avais rencontré aucun qui m'eût étonnée; l'avenir m'était ouvert aussi largement qu'à eux...

SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 295.

2.  [La femme sous le rapport socio-professionnel]

  Femme qui travaille, qui est embauchée; femme qui a un salaire trop réduit, qui a des intérêts professionnels à défendre; femmes qui sont mêlées aux changements techniques et économiques; femme qui manoeuvre une taraudeuse, qui fait huit heures de bureau par jour, qui est correspondant de guerre, qui est homme d'État. «...

Il est admis partout que la femme soit, à fatigue égale, moins payée que l'homme... » « Pourquoi? » demanda-t-elle. « Parce qu'on suppose qu'elle a un père, ou un mari, pour l'aider à vivre... » (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 370) :

0 30. Je pousse si loin le respect de l'individualité que je voudrais voir les femmes introduites pour une part dans le travail critique et scientifique, persuadé qu'elles y ouvriraient des aperçus nouveaux, que nous ne soupçonnons pas. Si nous sommes meilleurs critiques que les savants du XVIIe. siècle, ce n'est pas que nous sachions davantage, mais c'est que nous voyons de plus fines choses. Eh bien, je suis persuadé que les femmes porteraient là leur individualité, et réfracteraient l'objet en couleurs nouvelles.

ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 524.

  Aptitudes (professionnelles) des femmes; irruption des femmes et des enfants dans les métiers d'hommes; participation des femmes au syndicalisme, présence des femmes dans les organisations syndicales. Division du travail selon le sexe. Cette division n'a souvent rien à voir avec les aptitudes innées des hommes et des femmes, mais est affaire de convention (ROBERT HARRY LOWIE, Manuel d'anthropologie culturelle, 1936, page 126 ).

  Métier qui est dévolu aux femmes, réservé aux femmes, exercé par des femmes :

0 31. Présentement s'ouvrent aux femmes un certain nombre de carrières dans lesquelles je pourrais espérer réussir (...) mais ce sont des professions où le mieux que la femme puisse, c'est de faire oublier qu'elle n'est pas un homme. Ce que je voudrais c'est... enfin je cherche une situation qui ne puisse être occupée que par une femme (...). Je voudrais (...) inventer une carrière qui me permît d'aider les femmes en leur apprenant à se connaître, à prendre conscience de leur valeur.

ANDRÉ GIDE, Geneviève, ou la Confidence inachevée, 1936, page 1398.

  Femme qui veut faire sa propre vie par son travail; femme qui gagne sa vie (par son travail) et ne dépend de personne :

0 32.... je tiens avant tout à être une femme qui gagne sa vie. Je veux que Jean-Paul ait pour mère une femme indépendante, une femme qui se soit assuré, par son travail, le droit de penser ce qui lui plaît, et d'agir selon ce qu'elle croit être bien...

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, page 882.

  Femme maçon, terrassier, cantonnier. Aujourd'hui que je vous retrouve sous le vêtement d'une femme de travail, vous m'apparaissez plus admirable encore (ERNEST RENAN, Drames philosophiques, Appendice à l'Abbesse Jouarre, 1888, page 668 ).

  Femme ingénieur, femme cosmonaute, femme-détective. Je connais des femmes médecins, apôtres, artistes, dit-il (JACQUES CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, page 335 ).

  Femme-patron. Elle se montrait d'habitude très exacte, en femme d'affaires qui sait le prix du temps (ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 224 ).

  Professeur femme; femme philosophe, chercheur. La secrétaire-dactylo, la vendeuse de grand magasin, pensait Marat, dépendent de l'arbitraire du patron ou du chef de rayon. La femme fonctionnaire, par contre, est protégée par son statut... (ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 135 ).

  Femme(-)auteur, femme écrivain, femme poète. Jamais femme, je crois, ne laissa voir un si naturel mépris du succès et fut si peu femme de lettres (ANATOLE- FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire. 1892, page 144 ).

  Femme artiste, cinéaste, metteur en scène. Ne conclus pas, Adèle, que selon moi une femme peintre est une femme dépravée, mais seulement qu'elle perd sa réputation et s'attire la déconsidération du monde, eût-elle même une conduite irréprochable (VICTOR HUGO, Lettres à la fiancée, 1822, page 123, 124 ).

Remarque : 1. Selon le cas, on rencontre le terme femme en premier ou second élément d'apposition ou de nom composé pour indiquer le genre féminin de professions pour lesquelles la langue ne possède qu'un signifiant du genre masculin : femme maçon, femme-détective. Parmi ces appositions ou ces noms composés, certains sont réversibles (femme professeur, professeur femme), d'autres ne le sont pas (femme médecin); certains ont été créés pour éviter une ambiguïté (femme- patron/patronne). 2. \" L'évolution sociale qui tend à la promotion de la femme dans la vie politique et professionnelle a introduit des formes de féminin pour de nombreuses fonctions : artisane, attachée, auditrice, aviatrice, championne, avocate, etc. Mais comme c'est aussi un fait social concomitant qu'une distinction demeure malgré l'égalité formellement acquise par les femmes, celles-ci tendent à revendiquer l'emploi du titre au masculin pour manifester l'égalité absolue : D'où le professeur Mme. X, le docteur Mme. Y, etc. \" (ENCYCLOPÉDIE DU BON FRANÇAIS DANS L'USAGE CONTEMPORAIN (PAUL DUPRÉ) 1972).

  [Dans certaines expressions du monde du travail, souvent avec une idée de subordination, voire de péjoration sociale]

  Femme de chambre. Domestique attachée au service personnel de la (ou des) femme(s) d'une famille, ainsi qu'au service intérieur de la maison. Voir valet de chambre*. Là, nous trouvons ma femme de chambre qui vient de faire ma chambre. J'entre dans la chambre jaune pour donner quelques ordres sans importance à cette domestique (GASTON LEROUX, Le Mystère de la Chambre jaune, 1907, page 38 ).

[Dans l'hôtellerie] Femme chargée du service intérieur de l'hôtel (service des chambres, du linge, etc.). Elle est lingère et femme de chambre aussi. Maria sursauta : femme de chambre? Oui. Elle fait le troisième étage (MAXENCE VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, page 151 ). En emploi adjectival, péjoratif. En toutes circonstances, ce qu'il y avait là d'un peu femme de chambre m'eût choqué (MAURICE BARRÉS, Le Jardin de Bérénice, 1891, page 162 ).

  Femme de ménage. Employée chargée des travaux de nettoyage d'une maison, d'une collectivité, et le plus souvent payée à l'heure. Si on fait venir une femme de ménage, c'est pour vous gagner du temps; autrement, il n'y a qu'à faire son ménage soi-même (HENRI DE MONTHERLANT, Celles qu'on prend dans ses bras,

1950, page 819 ). En dehors du personnel de service titulaire (...) les lycées peuvent employer (...) du personnel rétribué à l'heure, notamment des femmes de ménage (Encyclopédie pratique de l'éducation en France (IPN ET SEDE, 1960) 1960, page 330 ). Péjoratif. A chaque instant, il nous vient à l'esprit des idées de concierges et de femmes de ménage (PAUL VALÉRY, Mauvaises pensées et autres, 1942, page 218 ).

  [Dans la langue administrative] Femme de journée. Professionnelle chargée de travaux de nettoyage chez des particuliers et travaillant le plus souvent à la journée (confer Dictionnaire des métiers et appellations d'emploi, 1955).

  Femme de service. Employée assurant les travaux de nettoyage des locaux dans une école, une administration, une entreprise. Les vendeuses de magasin ont le droit de s'asseoir pendant les accalmies, les bonnes ont la chance d'avoir des légumes à éplucher; le métier de femme de service est plus actif (LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 170 ).

Femme de compagnie. Synonyme rare de dame* de compagnie.

Vieilli.

Femme de charge. Femme de confiance chargée, dans un intérieur, de travaux manuels, en particulier de l'entretien des vêtements et des objets précieux :

0 33. La cousine Bette occupait dans la maison Mameffe la position d'une parente qui aurait cumulé les fonctions de dame de compagnie et de femme de charge; mais elle ignorait les doubles humiliations qui, la plupart du temps, affligent les créatures assez malheureuses pour accepter ces positions ambiguës.

HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette, 1846, page 148.

Femme d'ouvrage. Employée chargée des travaux domestiques ordinaires d'une maison. Il fallait s'occuper de découvrir une aide permanente, femme d'ouvrage ou bonne, avec une garde pour la nuit (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 285 ).

  Au pluriel. Domestiques, en particulier femmes de chambre attachées au service d'une femme de la noblesse, de la haute société. Le reste du temps il baguenauda, riant avec les femmes de madame, et surtout avec mademoiselle Cochet, la femme de chambre (HONORE DE BALZAC, Les Paysans, 1844, page 46 ).

3.  [En tant qu'être sexuellement et socialement complémentaire de l'homme]

a)  [Indépendamment de toutes considérations matrimoniales] :

0 34. Vous ne connaissez pas les hommes! il n'y en a pas un (...) qui ne cache dans le repli le plus profond de son coeur, son fétiche, son idole, sa sainte! c'est une femme, ou plutôt l'image d'une femme, une mère, une soeur, une amie, une inconnue même; un être idéal et charmant, fait d'un souvenir ou d'un rêve, impossible si vous voulez, mais le seul auquel il croit, le seul qui ait toutes les vénérations, toutes les ardeurs...

ÉDOUARD PAILLERON, L'Étincelle, 1879, 9, page 53.

0 35. Les voilà donc face à face, cet homme et cette femme, dans la nudité de leur personne physique et de leur personne morale, qui s'affrontent et s'étreignent, comme s'il n'y avait ni science, ni arts, ni progrès des lumières, ni adoucissement des moeurs. Conflit mystérieux parce qu'il n'est point régi par des lois, conflit farouche parce que la nature s'y montre avec son sérieux tragique!

PAUL BOURGET, Nouveaux Essais de psychologie contemporaine, préface. 1885, page 30.

  Vertu de la femme, coquetterie des femmes; odeur de femme passionnée. Femme normale, raisonnable, vertueuse, sage, sérieuse; femme libre, affranchie; femme frivole, légère, complaisante, facile, galante, libertine, dévergondée; femme désirable, séduisante, appétissante, aguicheuse, fatale; femme désirée, aimée, amoureuse, caressante, ardente; femme passive, soumise, asservie; femme séduite, possédée, trahie (par un homme); femme seule, restée fille, célibataire; femme réservée dans l'amour, femme au sein palpitant, femme mangeuse d'homme; femme de passade. Ce qu'elle a de particulier, c'est de n'avoir jamais voulu être une femme entretenue : c'était une brave petite prostituée, et elle n'a jamais essayé de monter en grade (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, page 839 ).

  Femme qui reste sage; femme qui aime un homme, se donne tout entière à un homme; rend un homme heureux, souffre par un homme; femme qui aime les hommes, fait des avances, s'offre, prend un amant, est la maîtresse d'un homme, baise, jouit, satisfait un homme, donne du plaisir aux hommes; femme qui entretient un homme. Touchante prescience des femmes qui aiment tant l'homme qu'elles devinent du premier coup ce qui fera le plus de plaisir à ce corps pourtant si différent du leur (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 167 ).

  Homme qui a du succès auprès des femmes, qui courtise, aime, désire, séduit, conquiert une femme, triomphe d'une femme; homme qui caresse une femme, fait l'amour/ couche avec une femme; homme qui déshonore une femme, devient l'amant de (telle) femme, collectionne les femmes; homme qui a une femme dans sa vie/dans la peau, qui entretient une femme, vit (en concubinage) avec une femme, fait un enfant à une femme; homme qui ne peut se passer/ manque de femmes, fuit les femmes; homme qui viole une femme; homme qui connaît, estime, respecte, méprise les femmes; homme et femme qui forment un couple, vivent ensemble (sans

être mariés), se lassent l'un de l'autre, se renient :

0 36. Je ne suis pas une femme qu'on a, un corps imbécile auprès duquel vous trouvez votre plaisir en mentant comme aux enfants et aux malades. Vous savez beaucoup de choses, cher, mais peut-être mourrez-vous sans vous être aperçu qu'une femme est aussi un être humain.

ANDRÉ MALRAUX, La Condition humaine, 1933, page 340.

  [La femme telle qu'elle est présentée ou telle qu'elle est perçue dans le cadre des phénomènes sociaux de la débauche et de la prostitution] Trafic, traite des femmes; hommes qui prostituent les femmes et les enfants; femme qui a mauvais genre, qui est une prostituée, qui est en maison, qui se vend (sur les trottoirs), qui fait métier de son corps. On a parlé à satiété de la prostitution des femmes, on n'a pas dit un mot sur celle des hommes. J'ai connu le supplice des filles de joie, et tout homme qui a aimé longtemps et qui voulait ne plus aimer l'a connu, etc. (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1859, page 352) :

0 37. J'ai un petit; je ne sais pas qui c'est son père; j'ai été la femme de tout le monde, je me fais honte dans mon corps. Quand ma mère vient porter mon manger, je n'ose pas lui dire : « Je veux t'embrasser ». Je ne peux pas embrasser ma mère en me souvenant de ce que j'ai fait avec ma bouche. Je suis la dernière de toutes, je suis salie en dedans, je me suis servie de ma chair pour gagner des sous...

JEAN GIONO, Un de Baumugnes, 1929, page 180.

  Femme débauchée, dépravée; femme de mauvaise vie, de vie, de noce. Femme du dernier étage. Femme qui vit dans la débauche ou se livre à la prostitution. Des hommes (...) manoeuvres comme de pitoyables pantins par des femmes du dernier étage, des vases d'ignominie, laides, viles, avariées, mais chichiteuses (HENRI DE MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, page 1121 ).

Femme de plaisir (confer fille* de joie); femme publique, vénale, pas chère; femme classée, en carte; femme de bordel, de maison close; femme à soldats.

Prostituée : Attrait frelaté de ces femmes en carte, dont le défilé ininterrompu sur la voie publique semblait ordonné par les lois (ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 45 ).

Par euphémisme. Femme de petite vertu. C'était un coureur qui avait mangé sa fortune avec de vilaines femmes (EMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1350 ). Les alcôves des filles (...) et les loges des petites femmes! Les petites femmes (...) autre loque de langage, la sale usure de ce terme avachi! (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Monsieur de Phocas, 1901, page 101 ).

Au pluriel. Les femmes. Râfle de femmes. Et, en effet, c'est bien « les femmes » qui m'attirent et non « les dames » (VALERY LARBAUD, A. O. Bamabooth, 1913, page 179 ).

  [Par allusion littéraire : Hugo, Les Chants du crépuscule, 14e. pièce (début)] Oh! n'insultez jamais une femme qui tombe!

  Locution. Cherchez la femme. Si vous voulez connaître la motivation profonde des actes d'un homme, cherchez dans sa vie sentimentale, cherchez la femme dont il est épris. [Dans le même esprit] Familier. Il y a une femme là-dessous. Dis-moi ce qui se passe. Il y a une femme là-dessous, hein? Marius. Eh bien... oui... (MARCEL PAGNOL, Marius, 1931, II, 4, page 128 ).

Remarque : Dictionnaire des mots nouveaux (Pierre Gilbert) 1971 et Nouveaux mots \"dans le vent\" (JEAN GIRAUD, PIERRE PAMART, JEAN RIVERAIN) 1974 enregistrent le composé féminin femme-objet que Dictionnaire des mots nouveaux (Pierre Gilbert) 1971 définit ainsi : \" La femme en tant qu'\" objet \", ce mot étant pris soit au sens de la psychanalyse (confer \" objet \" pulsionnel, sexuel, etc....) soit dans son sens courant : la femme réduite (par et pour elle-même, par et pour autrui, notamment un homme) à n'être qu'un objet, un bibelot, un jouet d'agrément, de luxe, de plaisir \". Cette peinture fait régner la femme-objet, courtisane ou poétesse, devenue spectacle (Le Monde, 2 janvier 1969 dans le Dictionnaire des mots nouveaux (PIERRE GILBERT) 1971). Ce qu'on appelle la femme-objet, miroir tantôt de l'érotisme, tantôt de la revendication féminine, tantôt de la détresse d'un sexe opprimé, et qui, de l'objet, possède les contours clos et la fonction utilitaire (L'Express, 12 octobre 1970, ibidem).

  En particulier. [Les relations de la femme avec d'autres femmes dans le cadre de l'homosexualité] Union de deux (jeunes) femmes; femme qui est une homosexuelle qui s'ignore; femme que ses goûts portent vers les femmes, qui a des relations avec les autres femmes. Déjà un grand nombre de femmes n'ont de plaisir parfait qu'avec leur propre sexe (PIERRE LOUÿS, Aphrodite, 1896, page 106 ).

b)  [Dans le cadre du mariage] Homme qui demande la main d'une femme, qui demande une femme. Homme qui demande une femme en mariage. Homme qui obtient la main d'une femme, qui obtient une femme; homme qui épouse une femme; femme qui se marie. Une femme se marie pour entrer dans le monde, un homme pour en sortir (HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, 1867, page 52) :

0 38. Le seul destin acceptable pour une femme est le mariage heureux. Donc elle dépend de l'homme, et dès son jeune âge elle le sait. Si vrai soit-il qu'un adolescent souffre de son impuissance, jeune garçon il vit dans le présent, jeune homme il imagine l'avenir comme une matière qu'il sera seul à façonner. De cet avenir la jeune fille a peur. Le garçon sait que son avenir sera ce qu'il voudra; la jeune fille sait que son avenir sera ce qu'un homme voudra.

HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, page 1006.

II.        Spécialement. Personne de sexe féminin qui est mariée. Synonyme : épouse.

  [Le mot femme est en relation syntagmatique avec un substantif ou un nom propre désignant le conjoint; en particulier, le rapport d'appartenance créé par les liens du mariage entre les conjoints s'exprime par le recours à l'adjectif possessif ou au complément de nom]

  Possessif + femme. Homme qui aime, adore sa femme, prend sa femme dans ses bras, caresse sa femme, fait l'amour/couche avec sa femme, a un enfant de sa femme; homme qui trompe, insulte, brutalise, prive d'argent sa femme; homme qui quitte sa femme et ses enfants. Tu porteras mon nom, tu seras ma femme à moi, rien qu'à moi, je suis ton époux, ton seul époux! (GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale, 1845, page 165 ). Cette vieille affection invétérée que les maris portent à leurs femmes quand elles se sont résignées au rôle de douces et vertueuses compagnes (HONORE DE BALZAC, La Cousine Bette, 1846, page 24) :

0 39. L'idée que tu étais ma femme et que cependant c'était d'autres que moi qui avaient le droit de t'approcher, me désolait. Oh! Il faut que ces contraintes soient bientôt brisées, il faut que ma femme soit ma femme et que notre mariage devienne enfin notre union. On dit que la solitude rend fou, et quelle solitude pire que le célibat?

VICTOR HUGO, Lettres à la fiancée, 1822, page 115.

Locution interrogative. Voulez-vous être ma femme? Voulez-vous m'épouser?

Populaire. Sa bonne femme. Sa femme. Tiens! c'est vous! cria Mahoudeau, assis devant sa bonne femme, en train de fumer une pipe (EMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 68 ).

  Possessif + mari (ou époux). Femme qui aime son mari; femme que son mari néglige, trompe; femme qui trompe son mari. Ces cachettes mystérieuses ont été ménagées au temps jadis pour y murer des femmes qui trompaient leurs maris (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 80 ).

  La femme + de + substantif masculin (ou nom propre). Femme qui veut être la femme de (quelqu'un), qui accepte d'être la femme de (quelqu'un), qui consent à être la femme de (quelqu'un), qui devient/est/reste la femme de (quelqu'un); femme qui est la femme d'un triste mari; la femme d'un commandant; homme qui séduit la femme de (quelqu'un). Vous êtes la femme, la sujette et la servante d'Alphonse, duc de Ferrare (VICTOR HUGO, Lucrèce Borgia, 1833, II, Ire. partie, 4, page 103 ). Tu n'es plus l'homme que j'ai voulu pour mari, et je ne sais vraiment pas si j'aurai le courage de rester la femme de l'homme que je découvre (FRANÇOIS DE CUREL, La Nouvelle idole, 1899,1, 6, page 188 ). J'aime, vois-tu... Je veux être la femme de Joë... son épouse, sa chose, la mère de ses enfants (ROGER MARTIN DU GARD, Un Taciturne, 1932, III, 2, page 1322 ).

[Par allusion biblique : Genèse, 19, 26] La femme de Loth. Femme de Loth (neveu d'Abraham) qui fut changée en statue de sel alors qu'elle venait d'échapper à la destruction de la ville de Sodome par le soufre et le feu pour s'être retournée (c'est-à-dire pour avoir regardé en arrière) malgré l'interdiction divine. En punition de sa curiosité, la femme de Loth fut changée en statue de sel (JEAN STOCKER, Le Sel, 1949, page 6 ).

Populaire. La bonne femme de... L'épouse de... Christine (...) entendit pendant trois heures son mari et les témoins s'enfiévrer au sujet de la bonne femme de Mahoudeau (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 246 ).

  [Dans le style judiciaire ou policier, ou avec une valeur de dénigrement] La femme X. L'épouse x, la dame x, Madame x. Et le poison, c'est la femme Tishe qui l'a été chercher! et c'est elle qui a forcé madame de le boire! (VICTOR HUGO, Angelo, tyran de Padoue. 1835, page 119).

  [Dans certaines locutions]

Locution verbale.

[Le mot femme est en position de complément et le plus souvent privé d'article] Homme qui veut une femme, cherche femme/une seconde femme, qui trouve femme; homme qui prend (quelqu'un) pour femme \" homme qui épouse quelqu'un \"; homme qui prend femme \" homme qui se marie \"; homme qui épouse (quelqu'un) pour première femme; homme qui a une femme, qui a (quelqu'un) pour femme; homme qui est sans femme ni enfants, qui n'a ni femme ni enfant, qui a femme et enfant, qui quitte femme et enfant [En position de sujet : un parent de la conjointe] Donner (à quelqu'un) sa fille pour femme; donner (quelqu'un) pour femme (à quelqu'un) : 0 40. Quelques-uns avaient une femme, une poupée, couverte de bijoux, de robes de prix, qu'ils montraient comme une enseigne, une garantie. « Voici ma femme ».

ÉDOUARD PEISSON, Parti de Liverpool, 1932, page 168.

[Avec le syntaxe mari et femme (plus rarement femme et mari) sans article] (Ne pas) être mari et femme; se prendre pour mari et femme; vivre (ensemble) comme mari et femme; femme et mari ne font qu'un. La simple déclaration faite devant un prêtre qu'on entend se prendre pour mari et femme comportait autrefois le mariage. Et cette volonté, voilà le sacrement même (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1930, page 299 ).

Locution adjectivale. Femme morganatique*.

Femme mariée, légitime. Comment, pourquoi? Un mari payer pour coucher avec sa femme !...(...) Il est bien plus bête, quand on a une femme légitime, d'aller payer des cocottes (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Au Bord du lit, 1883, page 901 ).

[Le plus souvent employé à propos d'une épouse] Femme honnête; honnête femme. Femme fidèle à son mari. Une femme honnête fidèle à son mari légitime sans l'aimer. Il y en a grand nombre (ALFRED DE VIGNY, Mémoires inédits, 1863, page 65 ).

Femme adultère. Je me demandai si ce n'était pas le mari ou la femme adultères (qui l'étaient seulement parce que le bonheur légitime leur avait été refusé) (...) qui avaient raison (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, page 372 ). [Par allusion biblique : Saint Jean, 7, 53-8, 11] . La femme adultère. \" Femme surprise en adultère, par les scribes et les Pharisiens, et déférée par eux au jugement de Notre-Seigneur qui refuse de la condamner \" (Dictionnaire de la Bible 1912). Le jugement sur la femme adultère :

0 41.... « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Cette parole du Christ suffit pour que les Juifs s'éloignent l'un après l'autre, et ils serraient dans leur main crispée la pierre qu'ils n'avaient pas osé jeter contre la femme adultère.

FRANÇOIS MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, page 472.

[Par allusion biblique : Livre des Proverbes, 31, 10-31] La femme forte (de l'Écriture). \" Femme vertueuse, active, prévoyante, économe, dévouée, charitable, religieuse, qui remplit avec intelligence et courage ses devoirs de maîtresse de maison, d'épouse et de mère \" (Dictionnaire de culture religieuse et catéchistique (LOUIS E. MARCEL), 1938). Elle, c'est la bonne chrétienne, la mère par excellence, l'épouse aimante et la femme forte (PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 4, Louise Leclercq, 1886, page 125 ).

  Femme au foyer, femme de foyer (vieilli). Vieilli et régionalisme (Alsace) Femme de ménage. Voilà ce qu'on peut appeler une jolie petite fille, et qui fera bientôt une bonne petite femme de ménage, je l'espère (ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, L'Ami Fritz,

1864, page 32) :

0 42. La grand’mère représentait la femme annihilée par le mari (...) et n'accomplissant dans la maison que le rôle et les devoirs d'une servante maîtresse. La mère était l'épouse vivant dans la communauté de l'honneur, dans le partage de la belle et pure conscience du mari. Elle était cette femme sainte : la mère de famille, la femme d'intérieur et de ménage, qui vit en ses enfants et avec eux, leur donnant son âme à toutes les heures...

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, page 99, 100.

  [Le mot femme est en opposition paradigmatique avec mari (ou époux)] On disait au ministère, sans y mettre ombre de malice, que, dans le ménage, c'était le mari qui portait les jupes et la femme les culottes (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 645 ).

  [Le mot femme s'oppose, dans un contexte immédiat, à un ou plusieurs mots appartenant au champ sémantique du mariage] La femme faisait la cuisine et montrait à lire à l'enfant (VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, page 62 ). C'était la femme qu'il lui fallait. Elle travaillerait pour deux, et il ferait la loi au logis (ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 122) :

0 43. Quand un ami se marie, c'est fini, bien fini. L'affection jalouse d'une femme (...) ne tolère point l'attachement vigoureux et franc (...) qui existe entre deux hommes.

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, La Bûche, 1882, page 780.

  [En dehors d'oppositions paradigmatiques significatives] Voici deux bourgeois, l'homme et la femme, ayant passé ensemble un demi-siècle (LÉON BLOY, Journal, 1902, page 126) :

0 44. Courteline dit : Il faut battre une femme quand il n'y a pas d'autre moyen de la faire taire. C'est très joli, de dire : « Moi, je prendrais mon chapeau, ma canne, et je m'en irais! » (...) mais, le soir, où aller?

JULES RENARD, Journal, 1896, page 321.

  [Dans la langue populaire, à l'adresse de l'épouse] (La) femme. Femme, dis à mon fils De venir me trouver (JEAN PAPADIAMANTOPOULOS, DIT JEAN MOREAS, Les Syrtes, 1884, page 156 ). Bongard. ... De mon temps, nous ne lisions pas le journal, et nous n'en étions pas plus malheureux. N'est-ce pas? la femme. Pour sûr! appuya énergiquement la Bongard (ÉMILE ZOLA, Vérité, 1902, page 48 ).

  En particulier. Personne du sexe féminin qui a été mariée. Femme séparée de corps (et de biens), divorcée, veuve, seule, libre. Épouser une femme divorcée, quelle déchéance. Pire que d'épouser une vieille maîtresse, ancienne blanchisseuse, comme il arrive aux vieux célibataires (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 140 ). Il le trouva en conversation avec une femme en deuil, c'était une veuve du quartier; elle avait perdu son mari récemment (HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, page 105 ).

  Proverbes.

La femme de César* ne doit pas même être soupçonnée.

[Pour signifier que la femme est source de conflit dans le couple] Qui femme a, noise a ou qui femme a, guerre a.

C'est la bonne femme qui fait le bon mari :

0 45. On dit en proverbe : c'est la bonne femme qui fait le bon mari; et cela est vrai en général. Il y a cela de remarquable dans le caractère de la femme, qu'il s'amalgame bien plus aisément que celui de l'homme à des caractères difficiles.

JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 335.

Le diable* bat sa femme et marie sa fille.

  Par analogie. [Chez les animaux qui vivent en couple] Femelle. Il [le canard] est donc tout seul? demandai-je à un jardinier (...) Tiens! il est seul aujourd'hui (...) l'oiseau lui aura mangé sa femme ce matin (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Nouvelles lettres d'un voyageur, 1876, page 8 ). L'hymen accompli, le mâle rentre chez lui, sain et sauf; ce qui est rare dans les noces aranéennes où, d'habitude, la femme dévore son conjoint (MAURICE MAETERLINCK, L'Araignée de verre, 1932, page 52 ).

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 78 380. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 108 966, b) 143 544; XXe. siècle : a) 128 772, b) 85 992.

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