Définition: EXUBÉRANT, -ANTE, adjectif. A.— [En position post-nominale; en parlant de végétaux] Qui est surabondant et/ou se développe de façon excessive. Plante, végétation exubérante; nature exubérante. (Quasi-)synonyme : luxuriant. Des sapins exubérants, jamais taillés, branchus du pied au faîte, s'écrasaient les uns sur les autres (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Copains, 1913, page 267 ). Une liane au développement exubérant (LUCIEN PLANTEFOL, Cours de botanique et de biologie végétale, tome 2, 1931, page 523 ). — Par extension. [Parfois accompagné d'un complément prépositionnel de] Qui produit (quelque chose) en extrême abondance. Terre exubérante des dons de la nature (JULES MICHELET, Journal, 1839, page 313 ). B.— [En position pré- ou post-nominale; en parlant de traits humains] 1. Par analogie. [Généralement dans un contexte ironique] Développé de façon surabondante ou excessive. Forme exubérante. Courte et replète personne, (...) aux trois mentons, à la gorge exubérante (EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, page 80 ). Large, longue, exubérante était aussi la barbe, mêlée de noir et de jaune (GEORGES DUHAMEL, Cécile parmi nous, 1938, page 83 ). 2. Au figuré. Riche, vigoureux, plein de vitalité. Nature, santé, énergie exubérante. (Quasi-)synonymes : fort, généreux. Modeste n'était-elle pas sublime en déployant une sauvage énergie à comprimer son exubérante jeunesse, en demeurant voilée? (HONORÉ DE BALZAC, Modeste Mignon, 1844, page 106 ). C'était un homme de race vigoureuse, exubérante (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 2, 1899-1901, page 217 ). · Qui manifeste de l'exubérance. Sensibilité, imagination exubérante. C'est [M. Lerminier] (...) un génie d'improvisation, entraînant, éblouissant, exubérant (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Premiers lundis, tome 2, 1869, page 121 ). L'exubérante frivolité d'Albertine (MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 923 ). — En particulier. [En parlant d'un style ou d'une oeuvre d'art] Caractérisé par une grande richesse de formes exprimant une forte vitalité, une sensibilité vive ou un goût baroque. [La] manière exubérante [de Rubens] (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1853, page 85 ). Cette oeuvre exubérante [l'église de Brou] combine le style de deux âges, le gothique et le classique (LOUIS HOURTICQ, Histoire générale de l'art, La France, 1914, page 139 ). Le Second Empire remet en honneur une sculpture décorative exubérante qui surcharge les piètements des tables et des sièges et envahit à nouveau les panneaux des meubles (JACQUELINE VIAUX, Le Meuble en France, 1962, page 12) : Ø 1. Elle [la caricature japonaise] est copieuse, exubérante, et les imaginations cocasses, et les bonshommes drôlatiques de toutes les couleurs jaillissent sur la page blanche de l'album à la façon d'une poussée violente... EDMOND DE GONCOURT, La Maison d'un artiste, tome 1, 1881, page 223. · [Construction avec un complément prépositionnel de] Débordant de. Ce finale [du quatuor opus 130] , exubérant de gaieté et d'humour (JOSEPH DE MARLIAVE, Les Quatuors de Beethoven, 1925, page 309 ). C.— [En position post-nominale; en parlant de personne] Dont la vitalité s'extériorise par un comportement expansif. Lamartine abondant, exubérant, immodéré, pourtant aimable et délicieux toujours (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 1, 1840, page 238 ). Nature exubérante, débordante, pensant tout haut, parlant et gesticulant toutes ses idées, dans son délire inventif il [Alexandre Dumas père] prenait à droite et à gauche (ALPHONSE DAUDET, Pages inédites de critique dramatique 1897, page 182) : Ø 2. Gilbert refusa de choisir un avocat. Celui qui lui fut désigné d'office était un gros garçon, exubérant, avide de se mettre en valeur et passablement sot, qui l'aborda en lui frappant sur l'épaule et en s'écriant : — Alors? Qu'est-ce qu'il y a? MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 438. Remarque : La documentation atteste quelques emplois substantivaux. Ce jeune ami, qui est un exubérant, dans la chaleur de son exposition, posait la main sur le couvercle d'un sucrier (EDMOND ET JULES DE GONCOURT, Journal, 1891, page 157). — Par extension. [En parlant de comportements] Qui dénote un caractère expansif, démonstratif ou prolixe. Gestes exubérants. J'étais positivement agacé par le vacarme exubérant de cette mâle compatriote (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 358 ). Sa toilette tapageuse et sa parole exubérante attiraient l'attention (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, page 473 ). — [Construction avec un complément prépositionnel de] Qui est, par nature, débordant de. Deux enfants, l'un déjà malade, l'autre exubérant de santé et de turbulence (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 436 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 130
