Dictionnaire en ligne: DÉLAISSÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Dictionnaire en ligne: DÉLAISSÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de délaisser* II.— Adjectif. A.— [En parlant d'une personne] Laissé à soi-même, sans aide ni soutien : Ø 1. Sans aucun doute, ce destin s'est noué au coeur du petit garçon délaissé, effrayé, qui rôdait en maître, à sept ans, parmi les gloires et les poussières de la famille Laiguillon... SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 348. — En particulier, dans une liaison amoureuse. Privé d'affection, négligé, abandonné : Ø 2. Sans doute il n'aima pas, celui qu'elle aime tant À peine chaque jour l'épouse délaissée, Voit un baiser distrait sur sa lèvre empressée, Tomber seul, sans l'amour; son amour cependant, S'accroît par les dédains et souffre plus ardent. ALFRED DE VIGNY, Poèmes antiques et modernes, 1837, page 143. B.— [En parlant d'une chose] Laissé à l'abandon. Elle cueillait toujours, dans un champ délaissé derrière la maison, deux ou trois chardons bleus (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 68 ). — Emploi comme substantif. Qui sait? Peut-être un jour ma pauvre délaissée trouvera quelque part le mari qu'il lui faut (ALFRED DE MUSSET, À quoi rêvent les jeunes filles. 1832, I, 4, page 352 ). Fréquence absolue littéraire : 521. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 956, b) 595; XXe. siècle : a) 671, b) 676. Forme dérivée du verbe "délaisser" délaisser DÉLAISSER, verbe transitif. A.— [Le complément d'objet direct désigne une personne] 1. Abandonner quelqu'un, le laisser seul et démuni. Ah! Je suis tellement délaissé que j'offre à n'importe quelle divine image des élans vers la perfection (ARTHUR RIMBAUD, Une Saison en enfer, 1873, page 216 ). — En particulier, dans une relation sentimentale. a) Abandonner par une séparation : Ø 1. L'infortunée princesse se réveille, et reconnaît qu'elle est délaissée. Elle prononce en pleurant le nom de Thésée, et regrette les illusions du sommeil, qui lui avait fait voir son amant en songe. CHARLES-FRANÇOIS DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes, 1796, page 222. b) Abandonner en négligeant quelqu'un, en le privant de l'affection, de la constance qui lui est due : Ø 2. Chaque fois que le duc avait délaissé trop ouvertement sa femme, Mme. De Marsantes avait pris avec éclat contre son propre frère le parti de sa belle-soeur. MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 254. 2. Rare, emploi pronominal. Se résigner, devenir indifférent à son propre sort. Et on ne peut rien, on ne veut rien, on se délaisse, on pleure (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Journal intime, 1835, page 78 ). B.— [Le complément d'objet direct désigne une chose] Abandonner quelque chose. Et les mondains délaissaient Deauville et Baden-Baden, villégiatures édouardiennes, pour Venise et le Lido (PAUL MORAND, Londres, 1933, page 51) : Ø 3. Ce village, (...) est complété par une mosquée très-grande, garnie d'un haut minaret, de chambres, de salles, de coupoles, d'arcades et de larges escaliers; elle est aujourd'hui délaissée, sinon abandonnée tout à fait. MAXIME DU CAMP, Le Nil, Egypte et Nubie, 1854, page 170. — [En parlant d'une activité, d'un travail] Interrompre quelque chose, s'en désintéresser : Ø 4. Julie avec un front neigeux Enfant porte la double étoile Elle qui délaisse en ses jeux Le violon pour une toile. STÉPHANE MALLARMÉ, Vers de circonstance, 1898, page 124. — En particulier. 1. DROIT CIVIL. Abandonner un bien, un droit, une action judiciaire. Délaisser un immeuble, une terre hypothéquée (confer délaissement* par hypothèque). Délaisser l'immeuble hypothéqué, sans aucune réserve (Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, page 394 ). 2. DROIT MARITIME. " Faire abandon de la chose assurée contre paiement de l'assurance, par un acte de délaissement " (Grand Larousse de la langue française en six volumes). Remarque : On rencontre dans la documentation le substantif délaisseur, euse. Qui délaisse quelqu'un. Une présomption assez vague il est vrai, que la délaissée ou délaisseuse n'a pas dû trouver grand'chose comme riche protecteur (MARCEL PROUST, Guermantes 2, 1921, page 349). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 277. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 362, b) 364; XXe. siècle : a) 467, b) 450.