Dictionnaire en ligne: DÉSEMPARÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Dictionnaire en ligne: DÉSEMPARÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de désemparer* II.— Adjectif. A.— [En parlant d'un inanimé concr] Qui est privé de ses moyens d'action. 1. [L'inanimé désigne un moyen de défense] Vieux et littéraire. Détruit, démantelé. Tes murs désemparés croulent en noirs décombres (JOSÉ-MARIA DE HEREDIA, Les Trophées, 1893, page 118 ). 2. [L'inanimé désigne un navire ou un avion] Qui ne peut être manoeuvré en raison d'avaries qui le privent de ses moyens d'action; qu'on ne peut plus contrôler. Des marins résolus à ne pas abandonner leur vaisseau désemparé (HENRY BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, page 164 ). Chute d'un Morane désemparé, poursuivi par un Messerschmidt (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les, 1949, page 286 ). — Par métaphore. Les gros nuages, désemparés, vont bientôt faire naufrage (GEORGES DUHAMEL, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, page 234 ). B.— [En parlant d'une personne, ou d'un aspect de son comportement] Qui est comme abandonné par ses moyens habituels, qui est en désarroi. Air désemparé; se sentir désemparé; complétement, tout désemparé. Synonymes : désorienté, décontenancé. J'ai l'âme si désemparée que je lis des chapitres de Montaigne (LÉON BLOY, Journal, 1902, page 98) : Ø Je me suis trouvée dans la rue toute seule... sans courage, sans argent... désemparée, ne sachant plus où aller... que devenir, à qui demander asile... j'ai songé que je n'avais plus que toi, qui es si bon, qui comprends si bien. ROBERT DE FLERS, GASTON ARMAND DE CAILLAVET, Monsieur Brotonneau, 1923, page 16. Fréquence absolue littéraire : 225. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 4, b) 142; XXe. siècle : a) 424, b) 621. Forme dérivée du verbe "désemparer" désemparer DÉSEMPARER, verbe transitif. A.— [Avec l'idée de priver complètement quelque chose d'une présence] 1. Vieux. Abandonner un endroit. Désemparer la ville, le camp. — emploi absolu. Les ennemis qui étaient devant la place ont désemparé (Dictionnaire de l'Académie française. 1798, 1878) : Ø 1.... il y en eut qui firent apporter leur lit afin de ne pas désemparer et d'être à même de sauter sur la place qui viendrait à vaquer. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, page 607. · Au figuré, courant. Sans désemparer. Sans quitter la place, sans s'interrompre. Travaillé toute la journée sans désemparer (...). Je suis un peu las ce soir mais ne puis me permettre d'interrompre (CHARLES DU BOS, Journal, 1921, page 26 ). 2. Spécialement. Désemparer un navire. Le mettre hors service en le privant de ce qui est nécessaire à son bon fonctionnement. Il eut bientôt désemparé le vaisseau ennemi (Dictionnaire de l'Académie Française 1798, 1878), le navire ennemi (Dictionnaire de l'Académie française. 1932). (Quasi-)synonyme : désarmer. Désemparer une forteresse (vieux). La démanteler (attesté par DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, ARSÈNE DARMESTETER), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) et Larousse de la Langue française en six volumes). — Par analogie. Je démontais la charrue, la désemparant des cordages, des oreillettes et du soc (FERDINAND FABRE, Le Chevrier, 1867, page 187 ). B.— Au figuré. Déconcerter quelqu'un, lui faire perdre ses moyens en l'abandonnant à lui-même : Ø 2. Cela le surprenait [Raboliot] et le désemparait : à mesure que le souci de sa provende relâchait sa terrible étreinte, qu'il se sentait mieux assuré de vivre, son découragement augmentait. MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 304. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 DÉRIVÉS : Désemparement, substantif masculin. rare. Action de désemparer un navire; le fait d'être désemparé. Le démembrement [du vaisseau] , le désemparement, le chavirement (ARMAND MAIZIÈRE, Nouvelle architecture navale, 1853, page 12 ). Au figuré. Un désemparement total d'Edmond [de Goncourt] après la mort de Jules (CHARLES DU BOS, Journal, 1921 page 87 ).