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Dictionnaire en ligne: EMPORTÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 28/01/2016

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Dictionnaire en ligne: EMPORTÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de emporter* II.— Emploi adjectival. A.— Rare. [En parlant de la peau] Qui est à vif, arrachée. [Avoir] toute une joue emportée (ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre, 1884, page 1113 ). J'avais un talon emporté après cette diablesse de trotte (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1922, page 31 ). B.— Qui est violent, fougueux, en proie à une passion. Mes baisers emportés pleuvaient de toutes parts sur ce corps défait, comme une grêle (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 160 ). — Par extension et courant. Qui se laisse fréquemment aller à la colère. Caractère violent et emporté. Je suis violent, emporté, querelleur, et jusqu'à présent malheureux en duels comme en amour (EUGÈNE SUE, Atar Gull, 1831, page 11 ). Esprits emportés ou impulsifs (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 665) : Ø Ce jeune homme me plaît. Vif comme la poudre, prompt comme son épée, emporté, même un peu colère, mais loyal et franc comme l'or! JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, page 240. — Spécialement. [En parlant du cheval] Devenu furieux et n'obéissant plus. Le galop d'un cheval emporté (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, L'Ermite, 1886, page 1057 ). Forme dérivée du verbe "emporter" emporter EMPORTER, verbe transitif. I.— Prendre avec soi en quittant un lieu. A.— [Le sujet désigne une personne, un animé] 1. [L'objet désigne un inanimé concret] a) Emporter des bagages, la clef de son appartement, des meubles, des vêtements; emporter un livre, un ouvrage dans son sac. Je partais en emportant un panier peu fourni, tandis que mes camarades apportaient d'abondantes provisions (HONORÉ DE BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, page 8 ). Parmi les six malles que nous emportions, il avait choisi la plus grande, la plus lourde (OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, page 112) : Ø 1. Il emporta toutes les variétés de cols et de cravates en faveur à cette époque. Il emporta deux habits de Buisson et son linge le plus fin. Il emporta sa jolie toilette d'or, présent de sa mère. HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, page 52. — Emploi pronominal à sens passif. Ces meubles s'emportent aisément (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ) ). b) Spécialement. · Emporter ce qui n'est pas à soi. Synonyme : voler. La fuite d'un notaire de Paris, qui emportait les fonds déposés chez lui par Birotteau, décida la ruine de l'impétrant (HONORÉ DE BALZAC, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, 1837, page 409 ). · Domaine du commerce. Glace à emporter; vendre " à emporter ". Antonymes : consommer sur place, livrer. Confer Léon Frapié, La Maternelle, 1904, page 65. · Régionalisme (Suisse) À l'emporter, locution à valeur adjactivale Que l'on emporte avec soi. Après la fermeture des cafés, chacun prenait un litre à l'emporter pour aller finir la soirée chez l'un ou chez l'autre (GERMAIN CLAVIEN, Un Hiver en Arvèche, Lausanne, 1970, page 158 ). · DROIT. vieilli. L'aîné emporte les deux tiers du bien (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1878). Le droit d'aînesse donnait cet avantage. 2. Au figuré. [L'objet désigne un inanimé abstrait] Garder dans son coeur, sa mémoire en s'en allant Emporter l'amour, le coeur, le mépris de quelqu'un, l'image de son pays, un regret. Je n'emportais que ma jeunesse et mes illusions (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 244 ). Je partirais [de l'Amérique] sans rien laisser derrière moi, et sans rien emporter (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 310) : Ø 2. On ne regarde rien avec indifférence; on voudrait emporter un souvenir de tout; on voudrait prendre dans sa tête tout le pays qu'on va quitter, en sorte que, plus tard, on ne soit séparé de lui qu'en apparence, et il suffirait pour le retrouver de tourner ses yeux en dedans. CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, page 101. · Emporter un secret au tombeau, dans la tombe. Garder à tout jamais secret. Et je compris, ce soir-là, que chaque âme emporte dans la tombe, pour l'y cacher à jamais, du secret (ANDRÉ GIDE, Feuillets d'automne, 1949, page 1100 ). · Ne pas l'emporter au paradis; il ne l'emportera pas en paradis! Menace adressée à celui qui a fait du tort qu'il en subira tôt ou tard la conséquence. Confer Roger Crétin, dit Roger Vercel, Capitaine Conan, 1934, page 191. 3. Par analogie. a) [L'objet désigne une personne inerte ou passive] Emporter un enfant dans ses bras, sur ses épaules; emporter un blessé. On l'enlève [la petite Jeanne endormie] et son corps tout mou se laisse emporter comme un corps où il n'y aurait plus d'os (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1873, page 940 ). Emporter un mort entre quatre planches (confer Émile Zola, Germinal, 1885, page 1516) : Ø 3. La couverture brune est tirée sur eux comme le jour où deux copains les emporteront rigides. Des morts, tous des morts... Et je n'ose dormir, ayant peur de mourir comme eux. ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 91. b) [L'objet désigne un animal] Emporter sa proie dans ses serres, sa gueule : Ø 4. Et, tandis qu'il est d'un côté, Un loup prend un mouton qu'il emporte bien vite. Le berger court, l'agneau qu'il quitte Par une louve est emporté. JEAN-PIERRE CLARIS DE FLORIAN, Fables, 1792, page 39. c) Au figuré, familier. · Que le diable m'emporte, vous emporte! Expression marquant l'impatience. Le diable emporte les jeunes filles! les petites Françaises câlines et froides, qui ne découvrent le plaisir qu'à vingt-six ans! (HENRI DE MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, page 1101 ). · [Que] le diable m'emporte si. Indiquant qu'on ne fera pas ou qu'on ne contestera pas quelque chose Le diable m'emporte si je m'en souviens. Je sens le besoin d'aimer, et que le diable m'emporte si je peux aimer une abstraction! (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 223 ). B.— [Le sujet désigne un inanimé du domaine de la nature ou un animé non humain] Le vent emporte les feuilles, les paroles. Le vent emporte plus loin une graine légère, ailée, qu'une lourde (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 13 ). Confer deça exemple 1. — Proverbe. Autant en emporte le vent : Des paroles, des promesses ou des menaces ne se réalisent pas, des choses s'oublient. Il me promet monts et merveilles, autant en emporte le vent (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932). Autant en emporte le vent du moindre fait qui se produit, s'il est vraiment imprévu (ANDRÉ BRETON, Nadja, 1928, page 54 ). — CHASSE. Le vent emporte la voie. Le vent empêche les chiens de sentir la voie. Antonymes : le chien emporte la voie, il chasse sans difficulté. Les chiens mis à vue par ce vent ne peuvent pas emporter la voie du lièvre qui ne viendrait que de partir (BERNARD CHAMPIGNEULLE, DIT LA HÊTRAIE, La Chasse, vénerie, fauconnerie, 1945, page 153 ). II.— Enlever avec effort/force, rapidité, violence. A.— [Le sujet désigne un inanimé] 1. [Une force de la nature] Arracher. L'inondation emporte un pont; la tempête emporte un toit. Il [le Pont au Change] a été emporté par une crue, puis brûlé en 1621 (ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 91 ). 2. [Une arme] Avoir le bras emporté par un boulet. Mon maître eut le nez emporté d'un coup de sabre (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 223 ). Confer adjudant exemple 4. 3. [Une maladie] Causer brutalement la mort de quelqu'un. La peste (le choléra) emporte les gens en peu de jours (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). Jeune fille emportée par la tuberculose. La fièvre prit dans les Huttes et emporta le rémouleur, sa femme et ses enfants (ALPHONSE DE LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, page 452 ). 4. [Une substance] Faire disparaître. Le jus de citron emporte les taches d'encre (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932). Le remède emporte la fièvre. Un bain complet emporta le reste de ma fatigue (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 201 ). — Par extension. [En parlant d'un mets épicé] Emporter la bouche. Donner une sensation de brûlure. Ses pépins écrasés emportaient la bouche comme du piment de Cayenne (JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 2, 1868, page 107 ). · Emploi pronominal. S'emporter la bouche avec du poivre (confer Jean Cocteau, Les Enfants terribles, 1929, page 86 ). Remarque : Relevé au passif avoir la bouche emportée. 5. Au figuré. Enlever en faisant disparaître. Une douleur que le temps emporte (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). Son ardeur emporte tous les obstacles. Synonymes : faire disparaître, balayer, anéantir. Il est de l'essence des révolutions d'emporter les principes les plus modernes et de respecter les anciens (PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Qu'est-ce-que la propriété?, 1840, page 140 ). B.— [Le sujet désigne une personne une de ses productions] 1. Emporter le morceau, la pièce, à l'aide de l'emporte-pièce. Au figuré, vieilli. Être très acerbe, mordant Le pamphlet de Desterniers, qui est injurieux et emporte la pièce (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 3, 1836, page 42 ). — Moderne, familier. Avoir gain de cause, triompher. Confer Simone de Beauvoir, Les Mandarins, 1954, page 541. 2. S'emparer d'une position militaire que l'on a enlevée. Emporter (d'assaut, de haute lutte, à la pointe de l'épée) un fort, une redoute. Synonyme : enlever. Il voulut d'abord emporter la place d'assaut; une première attaque ne réussit point (PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 3, 1821-24, page 226 ). · Emporter de haute lutte. Au figuré. Réussir à obtenir quelque chose malgré les difficultés et oppositions. Le baron était bien trop occupé de la nouvelle démarche qu'il comptait faire en tempête aux Beaux-Arts, pour emporter de haute lutte l'engagement [à la Comédie pour sa maîtresse] (ÉMILE ZOLA, Paris, tome 1, 1898, page 41 ). 3. Au figuré. [L'objet désigne un prix, un avantage] Obtenir après des efforts. Il emporta cette affaire à force de sollicitations (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932). Emporter une adhésion, l'assentiment de tous, l'avantage, la décision finale. Emporter, en fin d'année, tous les prix de thème, version et discours latins (confer Guy de Maupassant, Contes et nouvelles, tome 1, La Question du latin, 1886, page 566 ). À la guerre ce sont les derniers bataillons qui emportent la victoire (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 218 ). Remarque : Ce dernier sens vieillit. La langue emploie de préférence remporter. Cependant les dictionnaires du XIXe. siècle voient dans emporter l'insistance sur l'idée de lutte et dans remporter l'obtention d'un objet précis (confer DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ) — Locution verbale. L'emporter (sur). Avoir la supériorité, le dessus lorsqu'on est en lutte, en compétition, en concurrence. L'emporter sur ses adversaires, sur les concurrents; l'emporter dans une discussion. Que le meilleur l'emporte! La majorité l'emportera. Antonymes : échouer, céder le pas : Ø 5.... c'est la justice, la constitution, la force légitime enfin qui doit l'emporter; non pas, mais c'est le représentant de la loi qui doit l'emporter, juste ou non. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1930, page 980. Ø 6.... sur la candidature de Clemenceau à la présidence de la république. Maurras était contre Clemenceau. J'étais pour. Nous avons chacun défendu notre point de vue, et en fin de compte, c'est Maurras qui l'a emporté, puisque le père la Victoire a échoué. LÉON DAUDET, Le Bréviaire du journalisme, 1936, page 100. · [Le sujet désigne un inanimé] À volume égal, l'or l'emporte de beaucoup sur l'argent (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932). Les avantages l'emportent sur les inconvénients; le bonheur l'emporte sur le malheur; le vice l'emporte souvent sur la vertu : Ø 7.... « Tu ne voudrais pas qu'elle vécût comme toi au milieu de meubles cassés et de tapis usés », lui dit-elle, le respect humain de la bourgeoise l'emportant encore chez elle sur le dilettantisme de la cocotte. MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, page 245. III.— Entraîner dans un mouvement irréversible. A.— [Le sujet désigne une force imprimant ce mouvement] 1. [Une force naturelle] Le courant emporte la barque; le mouvement qui emporte l'univers. Ce stérile mouvement qui emporte les jours, comme la tempête emporte en cette saison les feuilles séchées (FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, Lettres inédites... à la baronne Cottu, 1826, page 175) : Ø 8. As-tu jamais vu un petit poisson qui essaie de remonter un courant rapide, et que la force du courant maintient à la même place, immobile et frémissant? Enfin le courant l'emporte, comme une feuille. J'ai lutté contre le courant J'ai lutté, je cède, il m'emporte. HENRI DE MONTHERLANT, Pasiphaé, 1936, page 113. Ø 9.... ce n'est pas la guerre abattant sur moi cette trombe ce déferlement qui ne sait d'où il vient où il va ce qu'il fait qui me roule m'emporte me traîne me rejette et me reprend me met en pièces me balaye et me balance m'enlève au haut de sa vague et je tombe... LOUIS ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, page 53. — Au passif. Être emporté par le flot, le torrent, le tourbillon, la tourmente, le vent. · Par métaphore et au figuré. D'autres [commerçants] qui (...) sombraient, roulés, emportés, dans le flot des désastres (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 756 ). 2. Par analogie. [Un animal de selle ou de trait, un moyen de locomotion] Le cheval emporte son cavalier au galop; le train emporte les voyageurs. Des barques innombrables, emportent ou ramènent un monde de gens affairés (JULES MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, page 47) : Ø 10. — Édouard, dit-elle, vois-tu ce bon serviteur : il a été bien courageux, car il a exposé sa vie pour arrêter les chevaux qui nous emportaient et la voiture qui allait se briser. ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 699. — Emploi pronominal. [Le sujet désigne le cheval] Se lancer en n'obéissant plus. Synonyme : Prendre le mors aux dents. Il piqua (...) la croupe de leurs bêtes, comptant qu'aiguillonnées de la sorte elles s'emporteraient (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 366 ). · CHASSE. [Le sujet désigne le chien] Se lancer à la poursuite du gibier en n'obéissant plus (d'après Dictionnaire de l'Académie Française). 3. Au figuré. [Les forces, les passions ou mouvements de l'âme] Le sujet emporte l'orateur; la colère l'emporte jusqu'à dire. Un grand trouble, comme un coup de vent, emporta l'âme du jeune homme (MAURICE BARRÈS, Sous l'oeil des Barbares, 1888, page 118 ). Homme [Saint-Simon] dont le style vous emporte où il veut (JULIEN GREEN, Journal, 1939, page 207 ). — Au passif. Être emporté par son ardeur, son enthousiasme, sa fougue, sa passion, ses sentiments. — Emploi pronominal. [Le sujet désigne une personne] Se mettre en colère : S'emporter de colère, pour des riens, pour rien, s'emporter contre quelque chose, contre quelqu'un (Confer Nicolas-Edme Restif, dit Restif de La Bretonne, Monsieur Nicolas, 1796, page 177). Lorsqu'un jeune homme de son âge est atteint par le mépris, il s'emporte, il enrage, il menace du poing la société tout entière (HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot, 1835, page 95 ). Le fougueux C. Rio, qui s'emporte et rugit et tempête à la moindre opposition (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 327) : Ø 11. Andromaque elle-même (que nous ne pouvons plus voir qu'avec des gestes mesurés et adroits) s'emporte et maudit Hélène avec une dureté et un emportement magnifique. ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 39. · Familier. S'emporter comme une soupe au lait (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). Remarque : Les dictionnaires mentionnent le sens classique, plus étendu de s'emporter, « se laisser aller à la manifestation d'un sentiment, amour, désespoir aussi bien que colère ». B.— [Le sujet désigne un inanimé] 1. Vieilli. [Un poids] Entraîner un des plateaux de la balance. Au figuré. Emporter la balance. Déterminer la préférence, prévaloir. Cette considération emporta la balance (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). 2. Par extension. [L'article se rapportant à l'objet pouvant être supprimé] Entraîner en ayant pour conséquence, impliquer. Cette précaution n'emportait aucune perte de temps (Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) 1797, page 344 ). Une convenance arbitraire emporte vingt louis, tandis qu'un malheureux n'a pu obtenir un écu (ÉTIENNE PIVERT DE SENANCOUR, Obermann, tome 2, 1840, page 106 ). — DROIT. Crime emportant peine capitale. La propriété de la surface emporte la propriété du dessus et du dessous (PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Qu'est-ce-que la propriété?, 1840, page 195) : Ø 12. L'acceptation de fonctions conférées à vie, emportera translation immédiate du domicile du fonctionnaire dans le lieu où il doit exercer ces fonctions. Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, article 107, page 23. · La forme emporte le fond. Un vice de forme fait perdre la cause, entraîne l'annulation. Confer François Vidocq, Mémoires de Vidocq, tome 4, 1828-29, page 43. Remarque : On relève chez 2 auteurs quelques emplois adjectivaux du participe présent emportant, ante. (Quasi-)synonyme de enivrant, exaltant La pêche est dans ma bouche, froide, liquide, emportante (HENRI DE MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, page 274). La vigueur astringente de ces matinées froides, lucides, emportantes de septembre (JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, page 133). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 11 076. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 15 487, b) 18 305; XXe. siècle : a) 19 507, b) 12 345.

« chez lui par Birotteau, décida la ruine de l'impétrant (HONORÉ DE BALZAC, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, 1837, page 409 ). · Domaine du commerce.

Glace à emporter; vendre " à emporter ".

Antonymes : consommer sur place, livrer.

Confer Léon Frapié, La Maternelle, 1904, page 65. · Régionalisme (Suisse) À l'emporter, locution à valeur adjactivale Que l'on emporte avec soi.

Après la fermeture des cafés, chacun prenait un litre à l'emporter pour aller finir la soirée chez l'un ou chez l'autre (GERMAIN CLAVIEN, Un Hiver en Arvèche, Lausanne, 1970, page 158 ). · DROIT.

vieilli.

L'aîné emporte les deux tiers du bien (Dictionnaire de l'Académie française.

1798-1878).

Le droit d'aînesse donnait cet avantage. 2.

Au figuré.

[L'objet désigne un inanimé abstrait] Garder dans son coeur, sa mémoire en s'en allant Emporter l'amour, le coeur, le mépris de quelqu'un, l'image de son pays, un regret. Je n'emportais que ma jeunesse et mes illusions (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 244 ).

Je partirais [de l'Amérique] sans rien laisser derrière moi, et sans rien emporter (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 310) : Ø 2.

On ne regarde rien avec indifférence; on voudrait emporter un souvenir de tout; on voudrait prendre dans sa tête tout le pays qu'on va quitter, en sorte que, plus tard, on ne soit séparé de lui qu'en apparence, et il suffirait pour le retrouver de tourner ses yeux en dedans. CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, page 101. · Emporter un secret au tombeau, dans la tombe.

Garder à tout jamais secret.

Et je compris, ce soir-là, que chaque âme emporte dans la tombe, pour l'y cacher à jamais, du secret (ANDRÉ GIDE, Feuillets d'automne, 1949, page 1100 ). · Ne pas l'emporter au paradis; il ne l'emportera pas en paradis! Menace adressée à celui qui a fait du tort qu'il en subira tôt ou tard la conséquence.

Confer Roger Crétin, dit Roger Vercel, Capitaine Conan, 1934, page 191. 3.

Par analogie. a) [L'objet désigne une personne inerte ou passive] Emporter un enfant dans ses bras, sur ses épaules; emporter un blessé. On l'enlève [la petite Jeanne endormie] et son corps tout mou se laisse emporter comme un corps où il n'y aurait plus d'os (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1873, page 940 ).

Emporter un mort entre quatre planches (confer Émile Zola, Germinal, 1885, page 1516) : Ø 3.

La couverture brune est tirée sur eux comme le jour où deux copains les emporteront rigides.

Des morts, tous des morts...

Et je n'ose dormir, ayant peur de mourir comme eux. ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 91. b) [L'objet désigne un animal] Emporter sa proie dans ses serres, sa gueule : Ø 4.

Et, tandis qu'il est d'un côté, Un loup prend un mouton qu'il emporte bien vite.

Le berger court, l'agneau qu'il quitte Par une louve est emporté. JEAN-PIERRE CLARIS DE FLORIAN, Fables, 1792, page 39. c) Au figuré, familier. 2. »

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