Dictionnaire en ligne: ENRUBANNÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de enrubanner* II.— Emploi adjectival. Qui est garni de rubans; qui porte des rubans. La jeune fille parée comme une châsse, ballonnée, enrubanée, demeure immobile (HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, 1867, page 163 ). Dentelles, tapisseries, broderies, lingeries enrubannées (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 247 ). Des chats et des chiens enrubannés (ÉLIE FAURE, Histoire de l'art, 1921, page 147 ). — En particulier et souvent ironique. Qui est décoré du ruban d'un ordre. Il a la poitrine tout enrubannée (Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER)). Sa boutonnière enrubannée, où toutes les académies des sciences avaient mis leurs couleurs (ALPHONSE DAUDET, Contes du lundi, 1873, page 302 ). — Par analogie. La vallée elle-même, couloir de fraîcheur enrubanné d'eaux vives, accusait des herbes échauffées (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Indulgence plénière, 1951, page 285 ). Fréquence absolue littéraire : 6 Forme dérivée du verbe "enrubanner" enrubanner ENRUBANNER, verbe transitif. A.— [Le sujet désigne une personne] Couvrir, parer quelque chose de rubans : Ø Elle [Rij] passait sa journée et sa nuitée dans un fauteuil capitonné, fabriqué spécialement pour elle et qu'elle ne cessait d'ornementer, d'enrubanner, lui tressant des faveurs, des noeuds, des lacets d'or et d'argent, des broderies, des dentelles... BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 83. — En particulier. Décorer d'un ou plusieurs ordres. Il m'importe fort peu, je le dis en toute franchise, que Zola soit ou non enrubanné de rouge (GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 369 ). — Par métaphore. Ces ingénieux Parisiens ne s'étaient-ils pas avisés de maquiller le terrible vieux [Gluck] ! Ils le paraient, ils l'enrubannaient, ils ouataient ses rythmes (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, page 1031 ). B.— [Le sujet désigne un ornement] La banderole de Hartmann : « passe avant li meillor » enrubannait une bouteille peinte en émail d'or sur laque blanche (PIERRE HAMP, Marée fraîche, 1908, page 212 ). — Emploi pronominal à sens passif, par métaphore. Quand les supports de la cathédrale s'enrubannent dans les méandres de la complication sentimentale, quand la sculpture anecdotique noie les profils du monument, le portrait se complaît dans sa solitude (ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 201 ). — Par analogie. L'eau s'étalait, miroitait, enrubannait les prés clairs (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Monsieur le Duc de Saint-Simon et sa Comédie humaine. 1955, page 154 ). · Emploi pronominal passif. Clovis se retourna et vit une flamme se dresser sur l'estrade. Elle s'enrubanna autour du cinématographe (PAUL MORAND, Fin de siècle, 1957, page 151 ). — Au figuré. Synonyme : parer. Pour « l'ouvreuse du cirque d'été ». Amandine envers vous ou Jeanne Comme je me sens endetté Que nul de mes vers n'enrubanne L'ouvreuse du cirque d'été (STÉPHANE MALLARMÉ, Vers de circonstance, 1898, page 160 ). · Emploi pronominal passif. Ma lettre va vous détromper, elle s'est enrubannée de jolies choses en passant par Paris (GEORGES BERNANOS, Lettres inédites, 1904, page 1723 ). Remarque : La documentation atteste les dérivés rares. a) Enrubannement, substantif masculin Action d'enrubanner; résultat de cette action. Par analogie " Cerisier merisier ", avec son enrubannement coupé de noeuds (Edmond et Jules de Goncourt, Journal, 1889, page 1053). b) Enrubaniser (s'), verbe pronominal Se parer. Au figuré La société se reconstitua, se rebaronifia, se recomtifia, s'enrubanisa (Honoré de Balzac, Œuvres diverses, tome 2, 1830-35, page 157). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 8.
