Dictionnaire en ligne: ENTRECOUPÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de entrecouper* II.— Emploi adjectival. [En parlant de souffle, de la voix, etc.] Haché, saccadé. Une voix tremblante, entrecoupée (STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, tome 1, 1795, page 33 ). Une manière originale de faire des récits, par des mots entrecoupés qui disent tout et rien (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, De l'amour, 1822, page 73 ). Son souffle fort et entrecoupé révélait un état d'émotion violente (MAURICE BARRÈS,La Colline inspirée, 1913, page 270 ). Fréquence absolue littéraire : 357. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 602, b) 571; XXe. siècle : a) 551, b) 365. Forme dérivée du verbe "entrecouper" entrecouper ENTRECOUPER, verbe transitif. A.— [Entre- signifie " par intervalle "] Interrompre par intervalles la continuité d'un espace, le déroulement d'un procès. De grands sanglots entrecoupaient ses phrases (ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1030) : Ø 1. Plus loin, les palmiers de la plaine élèvent, derrière des collines basses d'oliviers, leurs panaches de vert jaune, et entrecoupent la longue ligne de sable doré qui borde la mer. ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 2, 1835, page 258. — [Le verbe peut être suivi d'un second complément introduit par de, par, avec] : Ø 2. J'ai fort peu travaillé. J'ai vu et reçu beaucoup de monde, genre de vie qui ne me convient pas quand je ne l'entrecoupe pas par le travail. ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1825, page 285. Ø 3. De vastes clairières, où paissaient des troupeaux demi-sauvages, entrecoupaient de lisières d'un vert tendre ces masses d'un ton vigoureux. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia, 1833, page 263. Remarque : Noter chez Proust un emploi où il y a croisement entre l'idée d'intervalle et celle de réciprocité : Comme dans certaines scènes de Molière où deux acteurs monologuant depuis longtemps chacun de son côté à quelques pas l'un de l'autre, sont censés ne pas s'être vus encore, et tout à coup s'aperçoivent, n'en peuvent croire leurs yeux, entrecoupent leurs propos, finalement parlent ensemble (À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 694). B.— [Le verbe est en emploi pronominal et entre- marque la réciprocité] 1. Emploi pronominal. Se croiser. Deux nefs qui s'entrecoupent en croix (VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 134 ). Car ce sont de vraies ruelles. Elles sont tortueuses, elles s'entrecoupent (CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Derborence, 1934, page 139 ). 2. S'entrecouper + complément d'objet direct. Se trancher mutuellement. Supposé (...) que les Allemands s'entrecoupent la gorge, l'Italie s'alliera-t-elle à la Prusse? (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à Monsieur Panizzi, 1870, page 183 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 DÉRIVÉS : Entrecoupement, substantif masculin. Action de se couper, de se croiser avec. Je ne prends point pour entrecoupements ces croisements confus où l'oeil se perd. Une des raisons pour lesquelles les édifices de fer ne sont point beaux est sans doute dans ces jours innombrables que le constructeur doit laisser entre les piliers et les arcs-boutants (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, page 178 ). Le résultat d'un certain entrecoupement de l'être avec le néant (PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la croix, 1938, page 221 ). Remarque : a) On rencontre dans la documentation entrecoupure, substantif féminin Même sens. C'est par le moyen de l'eau, et par l'entrecoupure de ses différents niveaux, que tant de figures, régulièrement irrégulières, se sont formées dans l'intérieur des marbres (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 236). b) Le déverbal féminin entrecoupe signalé dans les dictionnaires n'est pas attesté.
