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LEIBNIZ (Gottfried Wilhelm)

Publié le 02/04/2015

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LEIBNIZ (Gottfried Wilhelm)

Né en 1646, Leibniz a construit avant le succès des Lumières le dernier système métaphysique ayant sa source en Descartes.

Sa culture est universelle, il étudie la philosophie ancienne à Leipzig, les mathématiques à Iéna, la jurisprudence à Altdorf ; à Paris, il fréquente Arnauld et étudie les travaux mathématiques de Pascal ; à Londres, il rencontre les savants de la Royal Society (Boyle, Oldenbourg) ; en Hollande, Spinoza.

Son activité fut éclectique : intéressé aux mathématiques par l'analyse combinatoire (1666), il invente le calcul différentiel (1676) indépen­damment de Newton; en physique, il montre contre Descartes que ce n'est pas la quantité de mouvement (mv) qui est constante, mais la force vive (mv2) ; conseiller à la Cour suprême de l'électorat de Mayence, puis bibliothécaire et conseiller du duc de Hanovre pour lequel il prépare l'histoire de la maison de Brunswick, il effectue de nombreuses missions diplomatiques, guidé par deux idées fondamen­tales : unir l'Occident chrétien (d'où pour lui, protestant, un perpétuel effort de rapprochement avec les catholiques) et lutter contre l'Orient. Il fonde en 1682 les Acta Eruditorum, une des premières revues d'information scientifique, et devient en 1700 le premier président de la future Académie des Sciences de Berlin.

Son oeuvre est immense (à la fin du XIXe siècle, Gerhardt n'a pas réussi à tout réunir en quatorze volumes) ; mais elle est surtout constituée d'opuscules, d'articles, de lettres, de fragments inédits. Les œuvres achevées (Discours de métaphysique, 1686 ; Essais de théodicée, 1710 ; Monadologie, 1714) sont l'exception. Son ouvrage le plus connu, Nouveaux Essais sur l'entendement humain, 1701-1709, critique de l'ouvrage de Locke, n'a pas été publié de son vivant. Ses dernières années sont obscurcies par une querelle avec les newtoniens où se mêlent les divergences doctrinales et les revendi­cations à la priorité de la découverte du calcul infinitésimal (cf. Correspondance avec Clarke). Lorsqu'il meurt en 1716, il est solitaire et oublié.

1.     A l'immensité de Pceuvre correspond la difficulté d'en prendre une vue d'ensemble ; cette difficulté est aussi théorique : Leibniz lui-même a toujours professé l'infinité des points de vue possibles sur le monde, infinité dominée par Dieu seul, d'où comme l'a montré M. Serres (Le Système de Leibniz et ses modèles mathématiques, 1968) de multiples lectures possibles d'un système qui est en fait un système de systèmes. Mais la détermination fondamentale en est sans doute une critique de Descartes (Cf. Y. Belaval, Leibniz, critique de Descartes, 1960). La pensée cartésienne place le principe de la connaissance dans le cogito et refuse à l'homme toute possibilité d'atteindre l'infini. Leibniz nie l'originarité du cogito et du doute, et pose que les vérités, si elles sont de raison ont pour origine les principes de contra­diction et du tiers exclu, si elles sont de fait, non seulement le cogito mais la diversité des objets par lesquels il est affecté. Le critère de la vérité est à chercher dans la cohérence logique de la pensée ; Leibniz a tenté toute sa vie de construire une logique qui, dépassant la syllogistique, serait aussi une langue universelle et une science générale où les vérités s'obtiendraient automatiquement par construction des expressions à partir d'axiomes et de règles déterminés. Par là, deux choses sont assurées : contre l'empirisme, une connaissance universelle et nécessaire est possible, quand bien même l'innéité en l'homme en est virtuelle et non effective ; contre Descartes, l'infinité du monde est connais­sable, du moins pour ce qui, en elle, dépend des vérités logiques éternelles.

2.     L'existence de Dieu est démontrable rationnellement, non seulement parce qu'elle est contenue dans son concept, mais parce que la série contingente des états de l'univers requiert, selon le principe de raison suffisante, une cause située hors d'elle. L'entendement divin contient toutes les vérités éternelles et nécessaires, mais en outre par son infinité, il peut concevoir toutes les essences possibles, et toutes les combinaisons de ces essences qui sont susceptibles de former un monde ; sa libre volonté crée le monde réel selon le principe du meilleur, ce qui fonde l'optimisme leibnizien. Dieu est donc le principe des essences comme des existences. Il y a cette différence entre les vérités éternelles, les essences et les existences, que les premières sont néces­saires, les secondes possibles, et les dernières contingentes, dépendant de la seule volonté de Dieu qui aurait pu les créer autrement. C'est pourquoi nous ne connaissons les vérités contingentes qu'a posteriori.

Ce qui existe, ce sont les substances : elles sont en nombre infini. Toute substance contient en elle-même ses détermi­nations (interprétation ontologique de l'inhérence logique du sujet au prédicat) et qu'elle soit simple ou composée ne dépend que du créateur : ses perceptions, tous ses changements naturels proviennent d'un principe interne ; c'est pourquoi on peut la dire automate incorporel, c'est

pourquoi aussi le corps et l'âme de l'homme n'ont aucune influence mutuelle. Il s'ensuit que l'ordre du monde n'est possible que par l'harmonie que Dieu a préétablie entre le développement interne de tous les êtres, et « cette liaison ou cet accommodement de toutes les choses créées à chacune et de chacune à toutes les autres, fait que chaque substance simple a des rapports qui expriment toutes les autres, et qu'elle est par conséquent un miroir vivant perpétuel de l'univers «. Toute substance, miroir de l'univers, comprend conséquemment une infinité de déterminations, par quoi elle diffère de toute autre (principe des indiscernables). La difficulté centrale du leibnizianisme demeure alors la conception de la liberté humaine fondée dans la contin­gence de la création qui ne saurait pourtant être autre qu'elle n'est ; il faut à la fois affirmer que, de tout temps, César devait franchir le Rubicon (cette détermination appartient à l'essence de César) et que, cependant, il était libre de ne point le faire.

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