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Mexique, 2006 -- Appuie sur cette putain de détente et dégage !

Publié le 06/01/2014

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Mexique, 2006 -- Appuie sur cette putain de détente et dégage ! aboya Munro dans mes écouteurs. Bouge-toi le cul ! Il aut qu'on décroche ! MAINTENANT ! Je m'en doute, merci ! Mes yeux tanguaient au rythme des rafales qui résonnaient dans tout le camp, parfois brèves, parfois rénétiques et sauvages. Dans mon casque, j'entendis un cri de douleur et je compris qu'un des huit membres de notre commando venait d'être abattu. Tiraillé entre deux instincts contradictoires, mon corps se figea. J'accordai un nouveau regard à l'homme recroquevillé par terre, la cuisse barrée d'une grande balafre sanglante. Un visage couvert de sueur, emmuré dans l'angoisse, des lèvres tremblantes, des yeux écarquillés de peur, comme s'il savait ce qui l'attendait. Je serrai le poing sur mon arme, un doigt sur la détente, l'effleurant sans appuyer franchement, comme si elle était brûlante. Munro avait raison. Il fallait décrocher avant qu'il soit trop tard. Et je... D'autres balles criblèrent les murs autour de moi. -- On n'est pas venus pour ça ! répondis-je d'une voix rauque, les yeux fixés sur ma cible. Il faut que j'essaie... -- Que tu essaies quoi ? gueula Munro. De le porter ? Tu te prends pour Superman, maintenant ? Une longue rafale me déchira les tympans, puis sa voix pressante revint dans les écouteurs : -- Descends-moi ce fils de pute, Reilly ! Vas-y ! Tu sais ce qu'il a dit ? « Comparée à mon produit, la meth paraîtra aussi fade que de l'aspirine ! » Et tu hésites à liquider ce pourri ? ! On est venus faire un boulot, bordel ! On a des ordres. On est en guerre et ce type, c'est l'ennemi ! Alors, lâche-nous avec tes scrupules à la con, crève-moi cette ordure et ramène-toi ! J'attendrai pas plus longtemps... Ses mots résonnaient encore sous mon crâne quand une autre rafale balaya le mur du fond. Sous une pluie d'éclats de verre et d'échardes, je plongeai m'abriter derrière une des armoires métalliques du labo. Je glissai un coup d'oeil vers le chercheur affalé de l'autre côté de la pièce. Là encore, Munro avait raison. Impossible de l'emmener. Pas avec sa blessure. Pas avec la petite armée de bandidos saturés de cocaïne qui nous tombait dessus. Bon Dieu, ce n'était pas censé se passer ainsi. L'extraction devait être rapide, chirurgicale. A la faveur de l'obscurité, Munro et moi, soutenus par les six autres membres d'élite de notre commando de l'OCDETF 1 - un organisme fédéral bénéficiant des ressources de onze agences, dont la mienne, le FBI, et celle de Munro, la DEA -, nous étions censés nous glisser dans le camp, trouver McKinnon et le ramener. Avec le résultat de ses recherches. Simple, surtout pour ce qui était de se glisser dans le camp. Mais la mission avait été décidée à la hâte, après un coup de fil inattendu de McKinnon. Nous n'avions pas eu beaucoup de temps our préparer l'attaque du labo et, côté renseignements, c'était plutôt maigre... Je pensais que nous avions uand même une chance. Pour commencer, nous disposions d'un excellent équipement - armes automatiques unies de silencieux, lunettes de vision nocturne, gilets pare-balles, drone de surveillance. Nous avions aussi 'avantage de la surprise. Et depuis notre arrivée au Mexique, quatre mois plus tôt, les raids sur les autres labos 'étaient très bien passés. On entre et on ressort. Vite fait, bien fait. La phase « on entre » avait été un pur bonheur. Puis McKinnon s'était pris une balle dans la cuisse et la phase « on ressort » du plomb dans l'aile. J'entendis des cris nerveux, en espagnol : les bandidos se rapprochaient. Il fallait que je me décide. Si j'attendais plus longtemps, je me ferais capturer et je ne nourrissais aucune illusion sur la suite. Ils allaient me torturer à mort. En partie pour obtenir des infos, en partie pour le plaisir. Ensuite, un petit coup de tronçonneuse et ils poseraient ma tête sur mes genoux, pour la photo. De surcroît, en dépit du fumet aristocratique que d'aucuns accolent à la décapitation, ma mort n'aurait servi à rien. Les travaux de McKinnon allaient passer à la postérité. Un legs infâme, de l'avis général. La voix de Munro se remit à grésiller au plus profond de mon crâne : -- D'accord, si tu veux tout foutre en l'air, vas-y ! Moi, je me barre. Tchao, mec. A cet instant précis, mon esprit embraya. Ce fut comme si une détermination primale court-circuitait en moi toute résistance, balayait tout l'inné, toute mon humanité et toutes mes croyances pour prendre les commandes. Je vis ma main se lever avec une aisance et une précision de robot, braquer mon arme entre les yeux terrifiés de McKinnon et presser la détente. La tête du chercheur explosa, une giclée sombre éclaboussa le placard derrière lui et il bascula sur le côté, as inerte de chair et d'os. Une longue seconde, je laissai mon regard glisser sur l'homme au sol, avant de gueuler : -- Je sors ! Je m'immobilisai devant la porte du laboratoire, jetai un dernier coup d'oeil alentour, dégoupillai deux grenades incendiaires et les lançai derrière moi. Je me ruai dehors au moment où la pièce s'embrasait. 1 - Pour « Organized Crime Drug Enforcement Task Force ». La DEA (Drug Enforcement Administration) entionnée plus bas est un service de police dépendant du Département de la Justice américaine et en charge e la lutte contre le trafic des stupéfiants. (Toutes les notes sont du traducteur.) Los Angeles, Californie, six mois plus tôt Dans son bureau d'angle au dix-neuvième étage du bâtiment fédéral Edward R. Roybal, Hank Corliss fixait on moniteur tout en ruminant la dernière information qu'il venait de dénicher. Il se renversa en arrière, fit ourner son fauteuil pour se retrouver face à la fenêtre et plissa le front en regardant ses doigts tremblants. C'est lui. Encore lui. Corliss serra les poings, prit plusieurs longues inspirations pour canaliser la fureur qui bouillonnait en lui. Il faut que je fasse quelque chose. Il faut que j'arrête ça. Il faut que je le fasse payer. Ses jointures avaient blanchi. Corliss - agent spécial responsable du secteur Los Angeles de la DEA et directeur exécutif de l'OCDETF - e tourna vers l'écran plat posé sur une étagère en face de son bureau. Quatre jours après les faits, la récente umiliation infligée au service était encore sur tous les écrans, même si elle était passée du stade des images en boucle auxquelles les chaînes d'informations du câble semblaient devoir leur prospérité à celui des eportages mineurs stériles et affligeants. Il poussa un soupir de lassitude et changea de position, sentit une douleur familière naître dans sa colonne vertébrale. Il ferma les yeux pour tenter de la refouler et se concentra sur ce qu'il venait de lire. L'attaque avait eu lieu plus haut sur la côte, à l'institut d'ethnomédecine Schultes. Situé face aux rouleaux u Pacifique, à cinquante kilomètres au nord-ouest de Santa Barbara, l'institut était un centre de recherches de pointe ayant pour objectif de trouver de nouveaux traitements pour toutes sortes de maladies - ou, plus exactement, de redécouvrir d'anciens remèdes qui avaient échappé au monde moderne. Ses scientifiques - médecins, pharmacologues, botanistes, microbiologistes, neurobiologistes, anthropologues et océanographes, entre autres - parcouraient la planète en quête de tribus indigènes isolées et passaient de longues périodes armi elles pour gagner la confiance de leurs sorciers dans l'espoir de les amener à partager leur savoir et à divulguer les traitements qu'ils utilisaient. L'institut regroupait une série de remarquables docteurs en médecine ou autres sciences qui, en plus d'être d'éminents savants, aimaient la vie en plein air et l'aventure, des Indiana Jones du monde réel dont les capacités à survivre se révélaient utiles quand il fallait s'enfoncer dans les forêts pluviales amazoniennes ou grimper jusqu'à des villages andins, où l'oxygène était compté. Ce remarquable rassemblement d'intelligences n'avait rien révélé de son efficacité, en ce lundi fatal. Vers dix heures du matin, deux 4 × 4 s'étaient approchés de la grille d'entrée de l'institut. Le vigile avait été battu, d'une balle entre les deux yeux. Les deux véhicules avaient pénétré dans l'enceinte sans rencontrer de ésistance et s'étaient arrêtés devant l'un des principaux laboratoires. Une demi-douzaine d'hommes armés taient entrés dans le bâtiment, ils avaient froidement tiré des rafales de pistolet-mitrailleur dans les plafonds, vaient maîtrisé deux chercheurs et les avaient embarqués. Un autre vigile avait tenté de les intercepter au oment où ils ressortaient. Dans la fusillade qui avait suivi, l'homme avait été tué, ainsi qu'un laborantin pris ans le feu croisé. Trois autres personnes présentes sur les lieux avaient été blessées, dont une gravement. Les kidnappeurs et leurs victimes avaient disparu. Il n'y avait pas encore eu de demande de rançon. Corliss n'en attendait pas. Les inspecteurs venus sur les lieux émirent d'emblée l'hypothèse que des trafiquants de drogue étaient errière les enlèvements et la tuerie. Corliss partageait cet avis. Il était peu probable que Pfizer ou Ciba-Geigy ient fait kidnapper en plein labo des scientifiques comme ces deux hommes. Qui par ailleurs possédaient des onnaissances hautement appréciées dans le monde féroce des stupéfiants illégaux. Un monde dont les frontières changeaient chaque jour, et pas pour le meilleur. A l'origine, il s'agissait essentiellement d'obtenir le concours de gens possédant les compétences echniques adéquates pour produire d'énormes quantités de drogues synthétiques susceptibles de plaire aux asses, de chimistes capables de fabriquer, disons, de la méthamphétamine - la meth, dans le jargon des amés - à partir de ses précurseurs chimiques, éphédrine ou pseudoéphédrine, sans pour autant s'envoyer en 'air. Une réglementation plus stricte compliquant la vente des ingrédients de base - au grand dépit de la horde e lobbyistes des trusts pharmaceutiques -, il avait fallu trouver d'autres solutions. Corliss se souvenait d'avoir articipé à l'arrestation d'un chimiste américain à Guadalajara, quelques années plus tôt, à l'époque où il irigeait le bureau de la DEA à Mexico. Cet homme aigri, professeur de chimie au chômage, travaillait pour les artels et avait gagné une petite fortune en découvrant comment utiliser des réactifs légaux, prêts à l'usage, our fabriquer des précurseurs de la meth à partir de rien. Les avantages en nature - baiser, boire et, oui, se éfoncer - constituaient un bonus autrement plus attractif que corriger des copies et éviter les couteaux à cran 'arrêt dans son lycée de banlieue. En plus de la conception et de la fabrication des drogues, les scientifiques se révélaient inestimables pour maginer des moyens originaux de leur faire passer illégalement les frontières. Une des équipes de Corliss avait écemment intercepté une cargaison de purée de pommes de terre en poudre en provenance de Bolivie. Il avait allu deux semaines aux techniciens de la DEA pour récupérer les deux tonnes de cocaïne qu'on avait himiquement infusées dedans. Un mois plus tard, une cargaison d'huile s'était révélée un filon du même
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« 1 - Pour «Organized CrimeDrugEnforcement TaskForce ».La DEA (Drug Enforcement Administration) mentionnée plusbasestunservice depolice dépendant duDépartement delaJustice américaine eten charge de lalutte contre letrafic desstupéfiants.

(Toutes lesnotes sontdutraducteur.). »

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