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parfait de l'homme de pouvoir : secret, froid, maître de toutes choses autant que de lui-même.

Publié le 06/01/2014

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parfait de l'homme de pouvoir : secret, froid, maître de toutes choses autant que de lui-même. Monseigneur l'évêque de Luçon est né pour gouverner : il le fera, sans partage, de 1624, date à laquelle il devient chef du Conseil du roi, à sa mort en 1642. Le premier il prépare la voie à l'absolutisme royal en en créant cette variante un cran en dessous, si l'on peut dire, que les spécialistes appellent « le ministériat » - un système dans lequel le roi supervise de loin et laisse, à ses côtés, un seul décider de tout à sa place. Son Éminence aime l'ordre, l'unité et l'obéissance. Tout ce qui y contrevient doit disparaître. Les protestants, depuis l'édit de Nantes, ont leurs « places de sûreté », des villes fortifiées. Ils y remuent souvent. Le cardinal craint qu'il ne s'y développe un « État dans l'État ». Il va les réduire les unes après les autres. L'épisode le plus atroce et le plus célèbre de cette campagne intérieure contre le « parti huguenot » est le siège de La Rochelle (1627-1628), que le belliqueux ecclésiastique vient superviser lui-même, pour être bien sûr que personne ne s'abaisse à la pitié, cette vertu des faibles. Il accueillera son roi dans la ville vaincue au milieu des cadavres et des fantômes d'humains qui ont attendu en vain l'aide des Anglais et n'ont mangé depuis des semaines que des chiens, des algues bouillies et le cuir de leur ceinture. Partout écrasés, les malheureux huguenots français gardent le droit de célébrer leur culte mais perdent tout le reste, leurs places, leurs canons, leurs droits politiques. Ensuite il y a les grands. Ils continuent ce qu'ils font depuis des siècles, manigances et complots. Le cardinal entend, comme il l'écrira lui-même dans ses Mémoires, « abaisser leur orgueil ». Il a des espions pour le renseigner sur tout ce qui se trame, et des juges à sa main pour exécuter ses volontés de fer. Il fait tomber des têtes, même les mieux nées, même les plus joliment faites : au chapitre précédent nous avons mentionné les mésaventures du dernier favori du roi, le jeune Cinq-Mars. Convaincu de tremper dans une conjuration avec l'Espagne, il est décapité (1642). Richelieu aime tant les nobles qu'il refuse même qu'ils se tuent entre eux. Il prend une mesure considérée par ce milieu comme très attentatoire aux libertés : il interdit le duel (1626). Si l'on veut user de son épée, on a mieux à faire que se battre entre soi, la violence privée doit désormais se fondre dans la violence d'État. Le cardinal va en effet relancer la guerre extérieure. Le pays était en paix depuis plus de trente ans, cela commençait à faire long. À l'est, tous les pays germaniques, où, depuis la paix d'Augsbourg (1555), cohabitaient luthériens et catholiques, connaissent à leur tour la folie dévastatrice des luttes religieuses. Tous les États, duchés, principautés, villes libres, évêchés qui constituent le Saint Empire se déchirent dans un des conflits les plus atroces de l'histoire de l'humanité : la « guerre de Trente Ans » (1618-1648). Bientôt, tous les pays d'Europe vont se jeter dans la mêlée pour dépecer un empire qu'ils feront ressembler à un cadavre. Richelieu en profite pour relancer la politique de François Ier ou d'Henri II. Il entre lui aussi dans cette guerre de Trente Ans, en s'alliant avec les princes protestants. À l'intérieur, les réformés sont à combattre, à l'extérieur ils sont utiles. Ils lui permettent de reprendre la lutte contre ces vieux ennemis, les Habsbourg, dont les deux branches cousines règnent sur l'Empire germanique et à Madrid. Nous revoilà donc en guerre avec l'Espagne (1635), c'est-à-dire au sud et aussi au nord-est - les Pays-Bas lui appartiennent toujours. Louis XIV enfant, régence d'Anne d'Autriche, gouvernement de Mazarin En 1642, épuisé, le cardinal s'éteint. Louis XIII ne peut décidément se passer de lui, il meurt cinq mois après. Nouvelle mauvaise passe pour le royaume : le successeur, un certain Louis XIV, n'a pas cinq ans. Nouvelle régence d'une nouvelle reine mère, elle s'appelle Anne d'Autriche, en fait elle est la fille du roi d'Espagne, c'est le charme des titulatures de l'époque. Au début tout va bien. Le premier cardinal-ministre, sur son lit de mort, en a légué un deuxième à la France, un proche qu'il a formé : Mazarin. De caractère, l'« Éminence seconde », comme on l'appelle parfois, est aussi différente de la première que l'eau du feu : il est rond, madré, sirupeux. Richelieu était d'Église par hasard. Mazarin, ancien diplomate pontifical, l'est quasiment par nature : onctueux, papelard, il campe le type même du « prélat » à la romaine. Surjouant l'humilité pour l'extérieur et jamais en reste, en privé, pour satisfaire sa noble personne : sa cupidité et son avarice deviendront légendaires. Richelieu était trop craint pour qu'on osât élever la voix contre lui de son vivant, mais sa mort fut saluée par des feux de joie dans tout le pays. Mazarin, sur ce terrain, le devance haut la main : même quand il est au pouvoir, on se gêne à peine pour le haïr. Quelques années après son arrivée aux affaires, il doit faire face à une série de révoltes qui auraient pu jeter le régime à bas : la Fronde (1648-1653), ou plutôt « les » Frondes, puisque plusieurs se succèdent en cascade. La « fronde parlementaire » d'abord, c'est-à-dire la révolte des magistrats qui siègent dans ces sortes de cour de justice de l'Ancien Régime que l'on appelle « les parlements ». Ceux de Paris protestent contre de nouveaux impôts. Le cardinal en fait arrêter un. Cela met le feu aux poudres. Les barricades couvrent la capitale. Le prince de Condé, héros national depuis qu'il a gagné une grande victoire sur les Espagnols, fait le siège de la ville pour protéger la Couronne. Ensuite, les grands se mettent à remuer à leur tour. C'est la « fronde nobiliaire ». Puis l'insupportable et vaniteux Condé, fâché avec Mazarin, est arrêté, puis libéré, et il s'y met à son tour, mais en s'alliant avec les Espagnols, c'est la « fronde des princes », ou « fronde condéenne ». Il y a péril dans le royaume, le cardinal cherche à calmer les choses, il part en exil. Les révoltés ne savent pas s'allier, le désordre gagne, la France se lasse, le cardinal revient et reprend les rênes d'un pouvoir qu'il ne lâchera plus qu'à sa mort, en 1661. Il n'a pas été aimé ; il a suscité des tombereaux de pamphlets tous plus virulents et diffamatoires (les « mazarinades ») ; il laisse derrière lui la plus grosse fortune d'Europe soigneusement amassée grâce aux sommes pillées dans les caisses de l'État, mais aussi un pays en ordre et en paix (signée avec l'Espagne lors du célèbre « traité des Pyrénées », 1659) et un élève qui a compris sa leçon. Après Mazarin, plus de grands ministres, plus de frondes ou de désordres non plus, Louis XIV prend le pouvoir. Il le tiendra, lui aussi, jusqu'à la tombe. On l'y mettra cinquantequatre ans plus tard. L'extrême violence politique des temps Ayant en tête le film des événements comme on vient de le dérouler, on comprend aisément le raisonnement tenu si souvent dans les histoires de France. Il tient sur deux jambes. D'une part les deux grands ministres, Richelieu et Mazarin, en gouvernant d'une main ferme, en renforçant le rôle d'un État centralisé, ont montré l'avantage d'un pouvoir autoritaire et ainsi préparé la voie à l'absolutisme louis-quatorzien. D'autre part, cet absolutisme a eu un côté positif : il a permis à la France de ne pas retomber dans les ornières où elle s'était embourbée plusieurs fois durant la première moitié du xviie siècle, de ne pas connaître à nouveau les troubles terribles qu'elle a endurés, dès lors que le pouvoir était faible. La thèse n'est pas fausse. On peut même, pour l'étayer, aller plus loin encore. De la violence politique qui a régné durant les deux régences, celle de Marie de Médicis, la veuve d'Henri IV, et celle d'Anne d'Autriche, on n'a donné plus haut que l'écume : tel favori remplace tel ministre ; les parlementaires se font frondeurs, etc. À lire cette succession de ministères et de petites révoltes amusantes comme on le fait en regardant les chronologies, on pourrait presque prendre ce premier xviie pour un mélange de IVe République et de Mai 68. Erreur terrible ! Ces temps étaient autrement sanglants. Gardons-en quelques images qui en font saisir l'atmosphère. Nous sommes passés assez vite sur l'éviction du premier des conseillers de la régente Marie de Médicis, Concini. Pour prendre le pouvoir alors qu'il ne lui en laissait aucun, et placer Luynes, son favori, le jeune Louis XIII - il a seize ans à peine - demande-t-il officiellement à l'Italien de démissionner ? Allons ! Nous ne sommes pas dans un aimable régime présidentiel. Il ordonne à son chef des gardes de l'assassiner. Cela sera fait en plein jour au beau milieu de la cour du Louvre, et ça n'était pas gagné d'avance, Concini ayant à sa disposition une armée privée de 7 000 hommes qui, pour son malheur, n'étaient pas avec lui ce jour-là. Après l'exécution, le roi entre dans une longue brouille avec sa mère. Sait-on comment on gère les querelles de famille à ce moment-là ? Par la guerre. Dans un premier temps, le roi fait enfermer la retorse Marie au château de Blois. Elle s'en évade et, sitôt sortie, fait le tour du pays pour lever tout ce qu'elle peut d'armée contre son propre fils. Il faudra des sièges, des batailles et la finesse d'un Richelieu, alors au début de sa vertigineuse ascension, pour réconcilier par deux fois les deux parties, avant que la vieille ne se brouille aussi avec le cardinal et finisse en exil. Quand ce n'est pas la mère qui conspire, c'est le frère : Gaston d'Orléans. C'est plus classique. Dans une monarchie, les premiers à tisser des manigances contre le souverain sont toujours les plus proches du trône. Comment n'y penseraient-ils pas ? C'est à eux que le trône reviendra si la partie est bien jouée. La tradition des frères comploteurs n'a rien de spécifiquement français, on la retrouve un peu partout. L'Empire ottoman de l'époque avait d'ailleurs résolu la question de façon radicale : pour éviter les problèmes de famille, il était entendu qu'après chaque succession, un sultan avait le droit de faire solennellement étrangler ses cadets. Le drame des régences, ce n'est pas le gouvernement des femmes - dans d'autres pays d'Europe, au même moment, certaines reines prouvent qu'elles valent de loin les rois -, c'est la minorité du roi. Elle force à une parodie de pouvoir que tout le monde fait semblant d'accepter mais qui déstabilise : comment cela pourrait-il se passer autrement dans des têtes forcées à se courber devant un chiard parfois à peine sorti des langes ? Un exemple. Quand Anne d'Autriche, juste après la mort de son mari Louis XIII, veut faire casser son testament qui limitait trop son pouvoir, elle convoque le Parlement. Il se réunit sous le sceptre de la seule autorité légitime, le roi, c'est-à-dire un bambin qui n'a pas encore cinq ans. Pas encore cinq ans ! Imagine-t-on cela ? Seignobos, le grand historien républicain, nous rapporte la scène2 : « La reine et la gouvernante levèrent le petit roi tout droit sur le trône. On lui avait appris à dire "Je suis venu pour dire ma volonté à mon parlement, mon chancelier dira le reste". Il eut un caprice et se rassit sans vouloir rien dire... », et notre historien ajoute : « Mais on fit comme s'il avait parlé. » C'est tout le problème. Tout le monde fait « comme si », tout le monde regarde l'enfant en se disant, je lui ferai deux caresses et il me donnera tout, et toutes les ambitions se déchaînent : d'où les rivalités, les révoltes. On ne sait ce qui se passa ce jour-là dans la tête du petit Louis XIV, lorsqu'il « eut son caprice » et que personne n'en tint compte : quand je serai grand, ils seront obligés d'être gentils ? Son éducation, nous raconte encore Seignobos, fut très négligée. On faisait tellement peu attention à lui qu'on faillit le laisser se noyer dans un bassin. On connaît d'autres scènes qui le marquèrent terriblement. Ainsi lors de la Fronde, qui plongea le pays au bord du chaos. On cite toujours la nuit terrifiante qui voit Anne d'Autriche, sur le conseil de Mazarin, quitter Paris de toute urgence avec ses deux fils parce que la révolte gronde tant que la ville n'est plus sûre. La reine se réfugie au château de Saint-Germain et comme on y arrive à l'improviste, le futur Roi-Soleil doit coucher sur de la paille. On cite aussi l'épisode plus tardif où le petit roi voit la foule entrer dans sa chambre pour vérifier que, pour une fois, il ne s'est pas enfui. Comment ne serait-on pas marqué par de telles peurs ? C'est sur elles, nous racontent toujours les historiens, sur la paille de Saint-Germain ou la terreur de se réveiller face à une foule menaçante, que croîtra le besoin d'autorité. Une autre voie : l'exemple anglais Dans la logique même de l'histoire personnelle de notre monarque, dans la logique même de l'histoire comme on vient de la raconter, l'absolutisme de Louis XIV s'explique donc aisément : quelle autre solution qu'une poigne de fer pour éviter au pays de sombrer à nouveau dans les tourments de ces frondes, de ces révoltes incessantes ? Ne réécrivons pas l'histoire. Elle fut celle-là. Contentons-nous de rappeler qu'ailleurs en Europe, d'autres pays trouvèrent d'autres voies pour résoudre des problèmes qui n'étaient pas si différents. Glissons un mot de ce qui se passe durant ce même xviie siècle de l'autre côté de la Manche. Tout n'est pas comparable, c'est évident, notamment à cause de la question religieuse. Contrairement à la France, où les protestants ne sont qu'une petite minorité face à une énorme majorité catholique, l'Angleterre est partagée entre de nombreuses factions : elle est officiellement anglicane, mais les catholiques ou les diverses chapelles protestantes n'ont jamais renoncé à reprendre le pouvoir. Par d'autres côtés néanmoins, l'histoire anglaise n'est pas si différente. Ainsi, là-bas, certains souverains sont-ils eux aussi tentés par l'absolutisme, et ce, bien avant que notre Louis XIV ne l'applique : c'est le cas de Charles Ier (règne en 1625, meurt en 1649), un roi de la dynastie Stuart, contemporain de Louis XIII. Il a face à lui un adversaire coriace, le Parlement. Le parlement français aurait pu le devenir. Au début de la Fronde, celui de Paris a pensé imposer au roi un renforcement de son pouvoir et un vrai contrôle de la monarchie. Faute de savoir fédérer les autres forces du pays, il n'y est pas parvenu. En Angleterre, pendant de nombreuses années, le roi Charles a réussi à le faire taire et à gouverner sans lui, puis peu à peu son parlement s'est relevé et cela a dégénéré en guerre civile. Charles aurait-il gagné cette guerre, sans doute l'Angleterre serait devenue vingt ans avant la France une monarchie aussi centralisée et autoritaire. Il la perd. Jugé, il perd aussi sa tête : en 1649, il est décapité et la monarchie est remplacée par une sorte de semi-république, le « Commonwealth », placée sous la direction d'un « Lord Protector », Cromwell (de 1648 à 1658). Malgré ce beau nom de république, le régime ne doit faire envie à aucun ami des libertés : c'est une dictature pire encore à vivre que la pire des monarchies. Au pouvoir absolu s'ajoute un puritanisme religieux qui interdit à peu près tout, les jeux, les bals, la taverne. Dans un deuxième temps, toutefois, le pays accouche enfin d'un vrai progrès. Après la mort de Cromwell, les rois Stuarts reviennent au pouvoir. Le premier, Charles II (né en 1630, règne en 1660, meurt 1685), rêve aussi d'établir un absolutisme à la française, n'y arrive pas, et son frère Jacques II fait poindre une menace encore pire : la restauration du catholicisme. C'est trop. Les forces parlementaires coalisées chassent ces maudits Stuarts et font appel en 1688 à un prince hollandais, Guillaume d'Orange, pour installer dans le pays un régime tempéré. L'épisode s'appelle « la Glorieuse Révolution », et celle-ci n'a presque pas fait couler de sang. L'arrivée du nouveau prince est assortie d'un certain nombre de textes qui garantissent des droits au Parlement et aux individus, limitent le pouvoir royal et instaurent un régime nouveau alors : la monarchie parlementaire. La France en est loin. C'est ce que l'on va voir maintenant. 1 Nouvelle Le Seuil, 1992. 2 Histoire de la France moderne, t. 3, La naissance dramatique de l'absolutisme, « Points », Cours d'histoire, Armand Colin, 1906.

« s’alliant aveclesEspagnols, c’estla« fronde desprinces », ou« fronde condéenne ».

Ilya péril dans leroyaume, le cardinal cherche àcalmer leschoses, ilpart enexil.

Lesrévoltés nesavent pass’allier, ledésordre gagne,laFrance se lasse, lecardinal revientetreprend lesrênes d’unpouvoir qu’ilnelâchera plusqu’à samort, en1661.

Iln’a pas été aimé ; ila suscité destombereaux depamphlets tousplusvirulents etdiffamatoires (les« mazarinades ») ; il laisse derrière luilaplus grosse fortune d’Europe soigneusement amasséegrâceauxsommes pilléesdansles caisses del’État, maisaussi unpays enordre eten paix (signée avecl’Espagne lorsducélèbre « traitédes Pyrénées », 1659)etun élève quiacompris saleçon.

AprèsMazarin, plusdegrands ministres, plusdefrondes ou de désordres nonplus, Louis XIV prendlepouvoir.

Ille tiendra, luiaussi, jusqu’à latombe.

Onl’ymettra cinquante- quatre ans plustard.

L’extrême violencepolitique destemps Ayant entête lefilm desévénements commeonvient deledérouler, oncomprend aisémentleraisonnement tenu si souvent dansleshistoires deFrance.

Iltient surdeux jambes.

D’unepartlesdeux grands ministres, Richelieuet Mazarin, engouvernant d’unemainferme, enrenforçant lerôle d’un Étatcentralisé, ontmontré l’avantage d’un pouvoir autoritaire etainsi préparé lavoie àl’absolutisme louis-quatorzien.

D’autrepart,cetabsolutisme aeu un côté positif : ila permis àla France denepas retomber danslesornières oùelle s’était embourbée plusieursfois durant lapremière moitiéduxviie  siècle, denepas connaître ànouveau lestroubles terribles qu’elleaendurés, dès lors que lepouvoir étaitfaible.

Lathèse n’estpasfausse.

Onpeut même, pourl’étayer, allerplusloinencore. De laviolence politique quiarégné durant lesdeux régences, celledeMarie deMédicis, laveuve d’Henri IV, et celle d’Anne d’Autriche, onn’a donné plushaut quel’écume : telfavori remplace telministre ; lesparlementaires se font frondeurs , etc.

Àlire cette succession deministères etde petites révoltes amusantes commeonlefait en regardant leschronologies, onpourrait presqueprendrecepremier xviie pour unmélange deIVe  République et de Mai 68.Erreur terrible ! Cestemps étaient autrement sanglants.Gardons-en quelquesimagesquienfont saisir l’atmosphère. Nous sommes passésassezvitesurl’éviction dupremier desconseillers delarégente MariedeMédicis, Concini. Pour prendre lepouvoir alorsqu’ilneluien laissait aucun,etplacer Luynes, sonfavori, lejeune Louis XIII –ila seize ans àpeine –demande-t-il officiellement àl’Italien dedémissionner ? Allons !Nousnesommes pasdans un aimable régimeprésidentiel.

Ilordonne àson chef desgardes del’assassiner.

Celaserafaitenplein jouraubeau milieu delacour duLouvre, etça n’était pasgagné d’avance, Conciniayantàsa disposition unearmée privéede 7 000 hommes qui,pour sonmalheur, n’étaient pasavec luicejour-là. Après l’exécution, leroi entre dansunelongue brouille avecsamère.

Sait-on comment ongère lesquerelles de famille àce moment-là ? Parlaguerre.

Dansunpremier temps,leroi fait enfermer laretorse Marieauchâteau de Blois.

Elles’en évade et,sitôt sortie, faitletour dupays pour lever toutcequ’elle peutd’armée contresonpropre fils.

Ilfaudra dessièges, desbatailles etlafinesse d’unRichelieu, alorsaudébut desavertigineuse ascension,pour réconcilier pardeux foislesdeux parties, avantquelavieille nesebrouille aussiaveclecardinal etfinisse enexil. Quand cen’est paslamère quiconspire, c’estlefrère : Gaston d’Orléans.

C’estplusclassique.

Dansune monarchie, lespremiers àtisser desmanigances contrelesouverain sonttoujours lesplus proches dutrône. Comment n’ypenseraient-ils pas ?C’estàeux que letrône reviendra sila partie estbien jouée.

Latradition des frères comploteurs n’arien despécifiquement français,onlaretrouve unpeu partout.

L’Empire ottomande l’époque avaitd’ailleurs résolulaquestion defaçon radicale : pouréviter lesproblèmes defamille, ilétait entendu qu’après chaquesuccession, unsultan avaitledroit defaire solennellement étranglersescadets. Le drame desrégences, cen’est paslegouvernement desfemmes –dans d’autres paysd’Europe, aumême moment, certainesreinesprouvent qu’ellesvalentdeloin lesrois –,c’est laminorité duroi.

Elle force àune parodie depouvoir quetout lemonde faitsemblant d’accepter maisquidéstabilise : commentcelapourrait-il se passer autrement dansdestêtes forcées àse courber devantunchiard parfois àpeine sortideslanges ? Un exemple.

QuandAnned’Autriche, justeaprès lamort deson mari Louis XIII, veutfaire casser sontestament qui limitait tropsonpouvoir, elleconvoque leParlement.

Ilse réunit souslesceptre delaseule autorité légitime, le roi, c’est-à-dire unbambin quin’apas encore cinqans.Pasencore cinqans ! Imagine-t-on cela ?Seignobos, le grand historien républicain, nousrapporte lascène 2  : « La reine etlagouvernante levèrentlepetit roitout droit sur letrône.

Onluiavait appris àdire “Jesuis venu pourdiremavolonté àmon parlement, monchancelier dirale reste”.

Ileut uncaprice etse rassit sansvouloir riendire… », etnotre historien ajoute :« Maisonfitcomme s’il avait parlé. » C’esttoutleproblème.

Toutlemonde fait« comme si »,tout lemonde regarde l’enfantensedisant, je lui ferai deux caresses etilme donnera tout,ettoutes lesambitions sedéchaînent : d’oùlesrivalités, les révoltes. On nesait cequi sepassa cejour-là danslatête dupetit Louis XIV, lorsqu’il« eutsoncaprice » etque personne. »

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