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STOÏCISME

Publié le 02/04/2015

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STOÏCISME_________________________________

On y distingue plusieurs périodes :

1 — l'ancien stoïcisme, comprenant la phase de fondation vers 315 av. J.-C. avec Zénon de Citium puis Cléante d'Assos et la phase de couronnement (Chrysippe) ;

2 — le moyen stoïcisme : période de décadence éclectique ;

3 — le stoïcisme impérial romain avec Sénèque, Épictète et Marc-Aurèle.(ler et lle siècles ap. J.-C.).

Pour les deux premières périodes, on ne possède que des fragments décousus et les témoignages se rapportent en général au stoïcisme en bloc. On sait cependant que le rôle de Chrysippe en lutte contre le néo-académicien Arcésilas fut considérable. De la dernière période, on a gardé divers traités- de Sénèque (De la constance du sage, De la tranquilité de l'âme, De la brièveté de la vie, De la vie heureuse, De la providence, Lettre à Lucilius), les Entretiens et le Manuel d'Épictète et les Pensées de Marc Aurèle.

1 . La philosophie stoïcienne est une pratique de la vie. Pour être capable de donner à notre conduite la beauté de l'ordre qui règne dans le monde, il faut connaître cet ordre : à la base de la morale et en vue d'elle, il y a donc place pour une étude réfléchie du savoir et de ses conditions. La théorie de la connaissance est une théorie de la certitude et son objet est de déterminer d'une façon assurée la base sur laquelle pourra s'édifier la morale.

2. Selon Zénon, tout le contenu de la pensée viendrait de la sensation, impression produite sur l'organe sensoriel par un objet extérieur. La représentation est la production dans l'âme d'une sorte d'empreinte sans que celle-ci soit matéria­lisée (sinon, en tant que résultat de l'action directe de l'objet sur l'âme, elle serait nécessairement vraie). Selon Cicéron (Du destin) — parlant de Zénon — la sensation (à la fois fait organique et jugement perceptif ou représentation) est l'union de deux facteurs : une certaine impulsion qui nous vient du dehors (phantasia, visum), cause immédiate

(prochaine) de la sensation et l'assentiment de l'esprit, cause principale qui nous vient de nous-mêmes. La représentation compréhensive (phantasia, cataleptiké) ainsi formée a pour caractéristique d'être évidente et frappante. C'est la force même de l'évidence qui crée l'assentiment, les représentations vraies proviennent d'une réalité existante et lui sont conformes. Les visions du sommeil, de la folie et de l'ivresse sont privées de cette évidence.

Les représentations compréhensives ou sensations sont le premier degré du savoir. A partir d'elles se constitue la mémoire qui les accumule, l'art qui les organise en vue d'agir avec suite et méthode, la science, enfin, caractérisée par une compréhension inébranlable. C'est un discours méthodique­ment réglé, une systématisation compréhensive de sensations (Cicéron). La démonstration est faite d'énoncés incorporels (les lecta ou signifiés) ; la proposition énonce une certaine relation entre des termes, elle est une représentation logique. Il s'ensuit que la sensation n'est pas le tout de la connais­sance : à côté d'elle, il y a place pour une logique, qui est moins une étude de la pensée raisonnante qu'une théorie de la connaissance destinée à rechercher à quelles conditions il est possible de connaître quelque chose avec certitude. Les propositions (axiomata) étant définies comme ce qui est sus­ceptible d'être vrai ou faux, les stoïciens sont les premiers à élaborer un calcul des propositions à partir des valeurs de vérité.

3. On parle du dynamisme vitaliste des stoïciens puisque tout ce qui est réel, chose ou qualité, est vivant et possède en lui-même le ressort de sa vie ; on pourrait parler, en fait, d'un corporalisme, réduisant le corps à l'action : tout ce qui agit est corps (Chrysippe). Les corps sont à la fois forme active, matière passive et conjonction des deux dans l'indivi­dualisation. Le monde est le modèle de cette existence individuelle. Le principe duquel procède ce système organisé est divin, souffle pénétrant toutes les parties de ce corps, et corps lui-même (sans forme). C'est une raison immanente au monde. Dans ce panthéisme, Dieu qui est au centre du monde n'est point créateur, mais artisan d'une finalité. Tous les êtres sont hiérarchisés et tiennent leur place dans le monde de la proximité de cette raison divine. Si bien qu'un destin implacable gouverne les événements.

·     La morale stoïcienne n'est pourtant pas une morale fataliste. L'ordre du monde ne dépend pas de nous, seuls en dépendent nos passions et nos désirs. La passion consiste à se faire des opinions particulières et à oublier la loi de l'ordre universel. Notre âme, semblable au principe dirigeant du monde (hégémonicon) doit être attentive à toutes les impressions et provoquer la réaction appropriée. Seul le sage est exempt de toute passion. Sa liberté consiste à vouloir l'ordre infaillible du cosmos, par là il gagne la paix de l'âme

 

(ataraxie) en quoi consiste le bonheur. Sous la conduite du sage, l'insensé doit partir des choses qui sont appropriées à notre nature (convenables) et grâce à la prudence, s'élever par une véritable transfiguration jusqu'à la sagesse, accord conscient et raisonné avec la raison universelle. Cette morale austère qui, selon Kant, place le bonheur dans l'exercice de la vertu, dont les aspects principaux sont repris par les Pères de l'Église, constitue l'une des bases des conceptions morales de l'Occident chrétien.

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