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Grand oral du bac : Le stoïcisme: LE BONHEUR EN SOI-MEME

Publié le 14/11/2018

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AUX SOURCES DU STOÏCISME : DIOGÈNE LE CYNIQUE Fondé par Antisthène (444-365) en Grèce, le mouvement cynique tire son nom du «chien» (kuon) et revendique un mode de vie «sauvage » et ascétique. Xénophon, Cratès (qui fut le maître de Zénon), mais surtout Diogène en furent les figures marquantes. L'Histoire attribue à Diogène (410-323) une foule d'anecdotes et de reparties cocasses. Célèbre déjà en son temps pour vivre dans un tonneau il aurait répondu à Alexandre le Grand venu le visiter et qui lui demandait ce qu'il souhaitait : «Ôte-toi de mon soleil ». Une autre fois, il aurait traversé Athènes en plein jour, une lanterne allumée à la main, en disant : «Je cherche un homme ! »

 

« Socrate devenu fou », selon le mot de Platon, Diogène semble s'être surtout attaché à incarner les principes cyniques. Avant les stoïciens, qui le tiendront en haute estime, il s'était déclaré «citoyen du monde», ne voyant dans la politique qu'un jeu vain et dangereux. Pédagogique, son refus des conventions et des convenances répondait avant tout à une volonté ascétique de retour à la nature où, débarrassé de ses désirs de gloire et de richesse, l'homme n'aurait plus à dépendre que de lui-même.

Le stoïcisme, dont le nom vient du Portique peint (Stoa Poikilé) sous lequel se tenaient les premières réunions de ses membres, est la dernière grande école de philosophie grecque, après l'Académie de Platon, le Lycée d’Aristote et le Jardin d'Épicure. Fondée à Athènes vers 300 av. J.-C, cette école se démarque d'emblée par un caractère pratique, la connaissance théorique trouvant sa finalité dans l'attitude morale du sage. « Qui veux-tu être ?» est la question centrale du stoïcisme. Couvrant la totalité des périodes hellénistique et romaine, l'école a connu trois phases :

le stoïcisme ancien, dominé par les trois théoriciens majeurs de la doctrine, Zénon, Cléanthe et Chrysippe;

le moyen stoïcisme coïncidant avec la période d'occupation de la Grèce par Rome, qui voit les idées stoïciennes se « latiniser » et prendre la forme de règles de vie à usage personnel;

le stoïcisme impérial, le plus connu, qu'incarnent successivement Sénèque, Épictète et l'empereur Marc Aurèle.

LE STOÏCISME ANCIEN

Au début du IIIe siècle av. J.-C., la Grèce, affaiblie par des siècles de guerre, est sur le déclin ; des politiciens corrompus, des dieux vieillissants, des valeurs et des dogmes (le platonisme et l'aristotélisme) ébranlés. C'est dans ce contexte que le stoïcisme apparaît, avec cette idée centrale que l’homme ne peut compter que sur lui-même.

Les origines du stoïcisme sont assez mal connues ; il ne reste des écrits de cette époque que quelques fragments isolés qui ont été conservés et transmis par Diogène Laêrce et surtout par les critiques du stoïcisme, Plutarque notamment.

Le fondateur de l'école, Zénon de Citium (335-264), vient de Chypre à Athènes vers 310. Il suit l'enseignement de Cratès le Cynique et de Stilpon le Mégarique et entre en relation avec les académiciens, les écoles médicales et les milieux sémites. Ces multiples influences se retrouvent dans la doctrine qu'il commence à enseigner vers 300. Les successeurs de Zénon à la tête du Portique (nom donné à l'école stoïcienne) seront Cléanthe d'Assos (264-232) et Chrysippe (232-204),

considéré comme le second fondateur du stoïcisme ; c'est lui qui en développera la dimension théologique et religieuse en diffusant notamment l'idée d'un dieu à l’œuvre à chaque instant et dans chaque être. C'est également à Chrysippe que l'on doit la triple division de la philosophie en logique, physique et morale.

La logique STOÏCIENNE

Théorie de la connaissance

Le stoïcisme considère que seuls

les individus sont réels ; les idées générales sont des abstractions de l'esprit. Dès lors, la connaissance du monde ne peut venir que d'une relation sensible avec celui-ci, contrairement à ce que pensaient

Platon et Aristote. Ce matérialisme

empirique fait donc de la sensation le point de départ de nos connaissances : l'âme reçoit de l'objet réel une impression et s'en fait une représentation ou image à laquelle elle peut donner ou refuser son assentiment Le sage et l'ignorant partagent ce premier degré de connaissance, appelé représentation compréhensive (ou compréhension) et qui correspond à une perception vraie de l'objet. La somme de ces compréhensions est l'expérience. Néanmoins, seul le sage possède la science, vision unifiée des diverses compréhensions, en comprenant l'accord rationnel des différentes choses entre elles.

« DEmNtES DU STOkiSME Dès l'Antiquité, le stoïcisme aura à subir les foudres des écoles épicuriennes (Lucréce) et des néoplatoniciens (Plutarque).

A leur suite, les Pères de l'Église lui reprocheront d'avoir négligé le salut des ames en niant l'existence d'un au­ delà transcendant Pascal lui-même tiendra la confiance en l'homme des stoïciens pour une racine du mal, l'empêchant de se tou mer vers Dieu.

Cependan� le stoïcisme exercera aussi une influence positive sur l'humanisme de la Renaissance (Montaigne, Éralae).

Desc.rtes s'en souviendra dans sa troisième maxime de morale provisoire qui est • de tacher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l'ordre du monde » (Discours de la méthode).

Spinoza, parfois surnommé •le dernier des stoïciens •.

reprendra à son compte l'idée d'une Nécessité universelle et d'un Dieu providence.

Enfin, tous les moralistes modernes, de Kant à Alain, payeront leur tribut à l'école du Portique qui, la première, identifia la liberté à la volonté de bien faire.

en 41.

En 49, il est rappelé �iii�ijl à Rome par Agrippine qui lui confie l'éducation de son fils Niron, dont il devient ministre de 54 à 61.

Disgracié par l'empereur et accusé d'avoir pris part à une conspiration, il se suicide en 65 sur ordre du tyran.

Dix traités moraux, dont De la brièveté de la vie, De la tranquillité de l'âme, Des bienfaits et les Lettres à Lucilius, composent l'essentiel d'une œuvre plus soucieuse de qualité que de quantité.

Cette œuvre, au même titre que sa vie, traduit les incertitudes et les contradictions d'un homme partagé 1---------------r--------------i entre l'austérité stoïque et la vie rassemble tous les gens de bien sous une seule loi.

Les grands ensembles politiques d'Alexandre le Grand ou de la Rome impériale s'accordent parfaitement avec cette vision «extensive » et unificatrice de la citoyenneté.

Mais, soucieux de soumettre l'ordre politique à l'ordre universel, le stoïcisme souligne aussi la nécessité d'une autorité éclairée, juste et droite.

De fait les stoïciens joueront cinq siècles durant les rôles de conseillers et d'éducateurs du pouvoir.

Le 1� siècle av.

J.-C.

est une période charnière de l'histoire occidentale.

Rome finit d'asseoir sa domination politique et militaire, mais aussi spirituelle sur l'ensemble du pourtour méditerranéen.

Des personnalités politiques, tel Scipion Émilien (185-129), entreprennent le nécessaire travail d'amalgame idéologique entre Rom e et ses conquêtes.

Il est donc logique d'assister également à une mutation des valeurs stoïciennes, une «latinisation>> qui a pour effet de renforcer sa dimension pratique en supprimant toute la métaphysique idéaliste qui marquait son origine grecque.

Panétius, Posidonius et Cicéron, dans ses œuvres les plus tardives, seront les artisans de cette évolution.

PANrnus (IBO-llO) En 130, Panétius prend la direction du Portique à Athènes.

Il s'attache tout particulièrement à humaniser la doctrine, en la débarrassant de son astrologie fataliste, comme des ambitions surhumaines du sage.

Il prône un juste milieu, tant moral que politique, et développe le premier le concept d'humanité en l'opposant à l'animalité.

Raison et langage (ratio et oratio) rapprochent les hommes entre eux et doivent leur permettre de dompter leurs instincts bestiaux tout en faisant œuvre de civilisation.

P051DONIU5 (135-51) Non moins considérable est l'influence de son élève Posidonius, qui, avant d'embrasser la théorie platonicienne de l'âme et de développer l'idée d'une destinée divine (qui annonce le christianisme), enseigna, depuis Rhodes, un stoïcisme ouvert à toutes les sciences et à toutes les influences philosophiques.

Il est l'un des derniers et des plus brillants représentants de la philosophie grecque.

CiCtRON (106-43) On doit à Cicéron d'avoir véritablement introduit le stoïcisme à Rome.

Personnalité politique, orateur brillant, auteur prolixe.

son approche éclectique des problèmes philosophiques emprunte autant à Platon qu'au Portique.

Farouche adversaire de l'épicurien Lucrèce, il développe l'idée que la philosophie est une méditation de la mort qui prépare l'âme à la vie céleste.

En matière politique, Cicéron se montre adepte d'un juste milieu qui le pousse à défendre l'ordre républicain dans lequel le sénat tempère les ambitions des princes comme les excès du peuple.

LE STO ÏCISME IMPÉRIAL St NÈQU E L'expérience du monde Né à Cordoue en 4 av.

J.-C., Sénèque reçoit d'abord une éducation soignée avant de venir à Rome.

Avocat et questeur, orateur réputé, il est exilé en Corse par Claude mondaine, entre un sens aigu de la faiblesse humaine et une confiance inébranlable en l'ame et la volonté capable d'élever chacun au-dessus de la souffrance et de la mort.

le soin soucieux de soi Conformément à la tradition stoïcienne, Sénèque préfère la simplicité de quelques règles de vie à la complexité de vaines spéculations.

Il voit le stoïcisme comme un système global auquel il convient d'adhérer, et non comme une orthodoxie requérant une stricte obéissance.

C'est que la grande affaire de Sénèque, c'est avant tout le gouvernement de soi :«Je m'examine en priorité et l'univers ensuite», dit-il, en une formule qui semble faire écho au «Connais-toi toi-même » de Socrate.

La philosophie est avant tout une discipline du corps et de l'âme ; en cultivant la vertu comme une force intérieure, l'individu se rend maitre de lui-même.

l'originalité de Sénèque tient au « militantisme» de la démarche : plus le vice ou la tentation du vice sont grands, plus grand est le combat, plus l'homme a de chances d'accéder au bonheur par une victoire sur lui-même.

Il y a chez Sénèque une virilité, toute romaine, de la vertu, une morale de l'héroïsme qui trouve son achèvement dans. »

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