Vocabulaire: CHÂTRÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Vocabulaire: CHÂTRÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de châtrer* II.— Adjectif. A.— Qui a subi la castration. 1. [En parlant d'un animal] Coq châtré; cheval, taureau châtré. 2. [En parlant d'un homme] Très péjoratif. Homme châtré. — Emploi comme substantif. Un châtré. Une voix de châtré (JULES RENARD, Journal, 1891, page 86 ). Synonyme : castrat*.. Terme d'injure. Le colonel s'approcha de lui et lui dit : « Cochon! Saligaud! Châtré! » (JULES RENARD, Journal, 1898, page 507 ). 3. [En parlant d'une plante] Rare. On a laissé pousser des plantes entre quatre grilles. Des plantes châtrées, domestiquées, inoffensives tant elles sont grasses (JEAN-PAUL SARTRE, La Nausée, 1938, page 196 ). B.— Par métaphore. Qui a subi une mutilation quelconque; dont on a amoindri la vigueur (confer bondieuserie exemple 1) : Ø Avec votre langue châtrée par les grammairiens et déjà si pauvre, si châtrée d'elle-même, pouvez-vous exprimer tout le parfum d'une fleur, tout le verdoyant d'un pré d'herbe? GUSTAVE FLAUBERT, Smarh, 1839, page 96. Forme dérivée du verbe "châtrer" CHÂTRER, verbe transitif. A.— 1. [L'objet désigne le plus souvent un animal domestique mâle] Rendre impropre à la reproduction par la castration. Doublet non scientifique de castrer*. Châtrer un cheval, un chat, un bélier, un taureau; châtrer une truie, une chienne (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932; Confer bélier exemple 1) : Ø 1. C'est le taureau de ma maison, dit la petite fille en riant, il s'est laissé tomber exprès, il est rusé, il ne veut pas être châtré, et il a bien raison. Tu sais, les gens qu'on châtre, c'est épouvantable, ils ont les yeux éteints, ils ont de la mort sur la figure. JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 41. · Châtrer des écrevisses. " Enlever le boyau des écrevisses avant de les cuire " (Nouveau Larousse gastronomique (PROSPER MONTAGNÉ) 1967). 2. Par métaphore. Mutiler, amoindrir. Nul abandon au pessimisme qui châtre les volontés (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, page 295) : Ø 2. « Nous voulons la vérité. » Mais pour l'empêcher de se produire on a bien soin de ne pas déférer aux tribunaux l'ensemble du pamphlet de Zola. (...). On torture le texte, on le tronque, on le châtre,... GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 450. Remarque : Châtrer reste plus fort et expressif que son doublet castrer au figuré. B.— Par extension. [L'objet désigne un inanimé concret] 1. [Objets naturels] Châtrer des cotrets, des fagots. " En ôter quelques bâtons " (Dictionnaire de l'Académie Française). Châtrer des ruches. " Enlever avec un couteau de fer fait exprès, la cire et le miel d'une ruche " (Dictionnaire de l'Académie Française). HORTICULTURE. Châtrer un fraisier. " En ôter les rejetons superflus " (Dictionnaire de l'Académie Française). Châtrer des melons, des concombres. " En retrancher quelques fleurs " (Dictionnaire de l'Académie Française). 2. TECHNOLOGIE. Châtrer une roue. " Ôter une faible partie des jantes, pour en resserrer les rais " (Dictionnaire de l'Académie Française). DÉRIVÉS : Châtreur, substantif masculin. rare. Celui qui a pour métier de châtrer les animaux. Châtreur de chiens (Dictionnaire de l'Académie Française); couteau de châtreur (Dictionnaire de l'Académie Française). Un châtreur de cochons (PAUL-LOUIS COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1805, page 697 ). — Par métaphore. Les châtreurs de pensée (...) ont eu l'imprudence d'exciser encore le lambeau d'idée d'où pouvait naître un commencement de preuve (GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 366 ).