Vocabulaire: CONSACRÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Vocabulaire: CONSACRÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de consacrer* II.— Adjectif. A.— [En parlant d'une personne, d'un objet, d'un lieu liturgique ou non] Qui a reçu une consécration religieuse. Autel consacré, hostie consacrée : Ø 1. Les personnes consacrées à Dieu ne se réunissent pas entre elles pour jouir de la paix, elles tâchent de la mériter pour les autres... on n'a pas le temps de jouir de ce qu'on donne... GEORGES BERNANOS, Dialogues des carmélites, 1948, page 1591. SYNTAXE : Homme consacré. Prêtre. Terre consacrée. Cimetière. Lieu consacré. Sanctuaire. Jour consacré. Fête liturgique. — Emploi comme substantif masculin. Celui qui a reçu une consécration religieuse (évêque, prêtre) : Ø 2.... l'ordination de l'abbé Sancerre était bien valide, l'accusation d'athéisme portée contre l'évêque ne résistant pas à l'examen et le doute dont l'abbé avait été envahi par la suite ne pouvant rétrospectivement rien changer à l'intention du consécrateur, non plus qu'au libre assentiment du consacré. ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 237. B.— [En parlant d'une personne, d'un objet, etc.] Qui est affecté à une fin ou un usage déterminé. Fonds consacrés à telle dépense (DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT): Ø 3.... je pense à toute notre vie consacrée, sacrifiée, immolée à la littérature, et je dis : il faut aller jusqu'au bout, il faut ne pas se marier, il faut tenir parole à mon frère mourant, il faut fonder cette académie dont nous avons eu l'idée. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1887, page 666. C.— Qui est confirmé par l'usage, la tradition, les conventions établies, le droit, etc. Formule, fonction consacrée : Ø 4. Elle [l'intelligence] commence, et pour qu'elle termine il faut, selon l'expression consacrée, que les circonstances s'y prêtent. HENRI BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion, 1932, page 145. — Emploi comme substantif singulier (avec valeur de neutre, pour désigner un inanimé), rare. Ce qui est consacré : Ø 5. Peut-être que ce qui, en ce temps, a le plus rompu avec le consacré et le classique, c'est le comique, le comique des bouffons actuels. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1863, page 1335. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 030. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 4 494, b) 2 175; XXe. siècle : a) 2 240, b) 2 284. Forme dérivée du verbe "consacrer" consacrer CONSACRER, verbe transitif. A.— [L'objet désigne un lieu liturgique ou non, un objet, une personne] Revêtir d'un caractère sacré en dédiant à quelque divinité par une action rituelle. Consacrer un temple. Synonymes : bénir, sacrer; antonyme : profaner. · Emploi pronominal à sens passif. Les églises se consacrent par de longues cérémonies (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-20e). — Spécialement. Consacrer le pain et le vin et, absolument, consacrer. Opérer la transsubstantiation par le rite eucharistique : Ø 1.... prenez garde et faites attention à ce grand sacrement qu'est le mariage, de crainte qu'il ne soit profané. Ce que Dieu a créé, il le consomme en nous. Ce que nous lui sacrifions, il le consacre. Il achève le pain et le vin. PAUL CLAUDEL, L'Otage, 1911, II, 2, page 268. · Emploi pronominal à sens passif. L'hostie se consacre avant l'élévation (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). — Par extension. Faire don à Dieu, avec ou sans cérémonie : Ø 2. Que pouvait-on avoir en vue, par exemple, en substituant à la fête de Napoléon, le 15 août, une procession pour célébrer le voeu de Louis XIII, qui consacre la France à la Vierge? GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, tome 2, 1817, page 211. · Emploi pronominal. Se consacrer à Dieu : Ø 3. J'allais être sous-diacre, j'allais me consacrer à Dieu sans retour possible! ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 88. B.— [L'objet désigne une chose ou une personne] Affecter à une fin déterminée et parfois exclusive. Consacrer ses forces, sa fortune, son temps, sa vie à (quelqu'un, quelque chose) : Ø 4.... lui [Pétain] voulait que toutes les forces françaises fussent consacrées à Verdun; au contraire, je tenais à ne consacrer à cette bataille d'usure (...) que le strict minimum. MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 219. — Emploi pronominal. 1. Synonymes : s'adonner à, se destiner à, s'employer à, se livrer à, se vouer à : Ø 5.... Je crois aussi que cette jeunesse courageuse est la victime d'une monstrueuse erreur : elle croit, de bonne foi, se consacrer à une noble cause; en réalité, elle est simplement au service du capital... ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 341. 2. Rare. [Avec valeur réfléchie du complément indirect] Se réserver. Part de butin que les chefs se consacraient (Nouveau Larousse illustré). C.— Littéraire. Rendre digne de respect, conférer un caractère presque sacré. Synonyme : sanctifier : Ø 6. Nos prêtres saluèrent les beaux sites de l'Amérique et les consacrèrent de leur sang... FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 306. D.— [L'objet désigne une chose ou une personne] Conférer la célébrité, rendre durable, sanctionner. Synonymes : confirmer, entériner, ratifier; antonymes : abandonner, infirmer, invalider : Ø 7. Le grand prix de littérature, en la personne de Jean Schlumberger, consacre une oeuvre noble entre toutes, un peu austère sans doute, mais qui rend témoignage à la profonde vie spirituelle de notre race. FRANÇOIS MAURIAC, Journal du temps de l'occupation, 1942, page 331. Ø 8. Ce jour-là, ce ne seraient ni la propriété ni le jeu des prix, mais un verdict des autorités sociales qui consacrerait ou destituerait les chefs d'entreprises. FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe. siècle. 1964, page 626. — [L'objet désigne un mot, une locution] Adopter en conférant une signification particulière qu'on ne peut changer : Ø 9. Je n'hésite point à consacrer ici des expressions que la religion positive doit faire déjà passer dans la circulation universelle, vu la haute importance de leur usage intellectuel, et même moral. AUGUSTE COMTE, Catéchisme positiviste, ou Sommaire exposition de la religion universelle, 1852, page 12. — Pronominalement, avec valeur passive : Ø 10.... mon oncle, son père [à Emmanuèle] , (...), venait de mourir; elle et moi nous l'avions veillé, penchés, rejoints sur ses derniers instants; il me semblait que dans ce deuil s'étaient consacrées nos fiançailles. ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, page 519. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 807. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 3 762, b) 1 571; XXe. siècle : a) 1 837, b) 2 527.