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La Culture

Publié le 07/07/2012

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culture

1/ Culte et mémoire : le culte des morts2/ Langage et société : la lecture3/ Art et travail : le beau Résumé du cours Introduction La culture : du mot à la notion Le mot culture est, comme tous les mots, plein de sens. La simple connaissance des sens d'un mot est souvent indispensable à la réflexion.
Culture veut dire originellement le soin et l'amélioration du sol (cultura), en conformité avec la nature du sol. D'où la « culture d'esprit �, qui est le soin et l'amélioration de l'esprit, en conformité avec la nature de l'esprit. On parle en ce sens d'un homme cultivé - encore faut-il définir précisément l'activité par laquelle on prend soin et on améliore les facultés innées de l'esprit, autrement dit ce qui véritablement cultive.
Mais suivons d'abord les leçons de la langue. Cultiver, c'est prendre soin. Il y a des choses qui périssent sans soin. Le mot culture, pris absolument, renvoie donc à l'attention, au souci, au respect, à la conservation. C'est-à-dire à la religion en son sens le plus ancien (religio, c'est l'attention scrupuleuse, la vénération). Autrement dit à la foi dépourvue de toute crédulité, qui est finalement la volonté elle-même. Commémorer, par exemple, c'est cultiver le souvenir : et sans un tel soin, sans une telle culture, rien ne se conserve, sinon par hasard et tr�s provisoirement.
C'est pourquoi, bien que la culture consiste dans le soin d'une nature, elle n'a elle-même rien de naturel, c'est-à-dire ne dérive pas de nature. De la considération de la nature en générale, on ne peut déduire la culture ; la seule nature dont elle dérive, ou du moins à laquelle elle est inhérente, étant la nature humaine, en tant précisément que cette derni�re est toute de culture.


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« plusieurs fois de suite de diverses façons, chaque trace sera recouverte et confondue par d'autres.

Or, par rapport au corps d'un animal ou au corps humain, la feuille de papier estun corps très simple, et la quantité de modifications qu'un tel corps peut subir sans être détruit, et dont il peut par conséquent conserver une trace, est très limitée.

La mémoire dela feuille de papier est donc sans commune mesure avec celle du corps humain, mais dans les deux cas, elle est inconsciente.

De plus, la mémoire ainsi définie n'est pas vraimentconservation du passé, mais simple présence d'une trace.

Il n'y a donc pas plus de passé pour le corps qu'il n'y en a par exemple pour un disque dur d'ordinateur, qui a en «mémoire » des modifications actuelles de sa structure physique.Se souvenir seul est susciter le passé comme tel, c'est évoquer ce qui n'est plus présent, et le ressusciter par volonté, ou comme on dit si bien le retenir, c'est-à-dire l'empêcher desombrer dans le néant.

C'est lutter contre l'oubli, qui n'est lui-même qu'un effet de la mémoire, c'est-à-dire de la confusion des traces.

Et c'est exactement ce qu'exprime unmonument, aussi simple soit-il.Comme il faut de l'attention pour se souvenir, c'est-à-dire du soin, on ne se souvient pas de tout, mais de ce qui seul mérite d'être conservé.

C'est pourquoi le souvenir est unemodalité de la vénération : c'est le rappel et la conservation de ce qui, du passé, ne doit pas disparaître.

Ainsi s'instaure, entre les générations successives, un lien par lequel lemeilleur est transmis aux plus jeunes, comme un patrimoine qu'il faut faire fructifier.C'est un fait que les animaux n'ont pas d'histoire : chaque génération se contente de reproduire les conduites de la précédente, sans bénéficier du moindre apport : il faut alorstoujours repartir de rien.

Ce n'est qu'au sein de l'humanité que chaque génération reçoit le patrimoine des précédentes, et c'est cette continuité entre les générations qui fondel'unité de cette espèce : car il n'existe pas de terme équivalent à celui d'humanité pour les autres espèces animales.

Le genre humain se forge par intégration progressive au mêmeêtre, à la même réalité, de tous les individus - ce qui constitue justement la culture.

Par où l'on voit que la culture est ce qui, en fondant l'humanité de chaque individu, rendpossible la reconnaissance de cette même humanité parmi tous les individus.

1.3) L'humanité En apparence toutefois, cette unité du genre humain, fondée sur la culture, est contredite par le fait qu'il n'y a pas une culture, mais une diversité de cultures.

Alors, si l'homme n'est homme que par culture, et s'il n'y a que des cultures, n'y a-t-il pas alorsautant d'humanités ou d'espèces humaines que de cultures, et l'idée d'une nature humaine universelle n'est-elle pas une utopie, à moins qu'elle ne soit que le préjugé de certainshommes prenant leur culture pour modèle, norme et juge de toutes les autres ? N'est-ce pas ainsi par exemple que certains critiquent l'universalité proclamée de la déclarationdes droits de l'homme, en n'y voyant que la conception que l'homme occidental se fait de sa propre humanité, et qu'il voudrait imposer à tous ?La difficulté provient d'abord ici du fait que l'idée d'humanité, du caractère universel de la nature humaine, a elle-même été formulée au sein d'une tradition, et par conséquentd'une culture particulière, en l'occurrence la culture occidentale.

Et cette formulation elle-même n'a pas été sans obstacle ni régression, comme en témoigne par exemple le faitque les Grecs, qui ont pourtant les premiers nommé « homme » (Píèñùðüò) l'être doué de raison et de langage, appelaient en même temps « barbares » ceux qui ne parlaient pasgrec, de même que plus près de nous, l'homme occidental avait coutume d'appeler « sauvages » ceux à qui il apportait la « civilisation ».

Mais comme le signale l'anthropologueClaude Lévi-Strauss, les indiens aussi appellent « hommes » (terme qui veut dire aussi « excellents » ou « complets ») ceux de la même tribu, et qualifient de « mauvais », d' «incomplet », voire « d'oeufs de pou » ou de « singes de terre » ceux des autres tribus...

Toutefois, la diversité culturelle ne rend problématique l'unité du genre humain qu'enapparence, et seulement pour qui s'y arrête et n'est pas capable de trouver, au sein même de cette diversité, une semblable signification.

Telle est l'idée que suggère Alain endécrivant, par un saisissant raccourci, la diversité de la pratique du culte des morts (« Ulysse leur donnait à manger ; nous leur apportons des fleurs ») : seuls ceux qui pratiquentces rites sans réfléchir à leur signification peuvent juger convenables les leurs et ridicules ceux des autres ; leur contester par la suite la qualité d'homme n'est que la continuationde ce préjugé, sa conséquence logique, quoique extrême.

Or cette commune signification n'apparaît qu'à l'homme assez cultivé pour ne pas la juger d'après sa propre culture etpour ne pas y voir seulement une série de particularités sans aucune valeur universelle.

Faute de quoi on réduit la culture à un « folklore », une curiosité locale, une « idiotie » ausens étymologique (« idios » (näéïò) voulant dire originellement, en grec, « particulier » par opposition à commun, public).Quelle que soit la culture, celle-ci n'est en réalité qu'une forme particulière du même culte, le culte des morts, que Comte a qualifié de « plus grand fait humain » pour cette raison,ce qu'il faut maintenant expliquer.

D'abord au sens propre : parce que les offrandes, les prières, les coutumes et les rites ne sont que des moyens.

Et il ne faut pas confondre lesmoyens avec la fin : celle-ci est partout la même et consiste à honorer, à travers le mort, l'humanité elle-même, c'est-à-dire la sienne aussi bien (car en tous sens de l'expression,l'humanité ne se partage pas, ne se divise pas, sans par là être détruite).

Il faut seulement savoir déchiffrer ce langage : parler aux morts, penser à eux, leur rendre hommage, c'estsans le savoir penser à soi : « les morts ne sont pas morts, c'est assez clair, puisque nous vivons ».Mais il y a mieux à dire : ce n'est pas seulement parce qu'on se souvient des morts qu'ils ne sont pas morts : ce ne sont pas les vivants qui agissent pour conserver les morts, c'esten réalité l'inverse : les morts vivent en nous, et sont même ce qu'il y a de plus vivant en nous.

Pour comprendre ce paradoxe apparent, il faut d'abord distinguer vivre et exister.Les morts, certes, n'existent plus.

Ils n'en sont pas moins vivants.

Et c'est même parce qu'ils n'existent plus qu'ils sont vivants.

Car exister, c'est seulement « répondre aux chocs dumonde environnant » : c'est subir et être constamment déformé par l'assaut des choses autour.

Rien n'est moins en notre possession que l'existence : on n'en choisit ni le début, nila fin, ni le cours.

L'existence est ce qui nous arrive, et non ce que nous voulons ni ce que nous faisons.

Or il n'y a que ce que nous faisons et ce que nous voulons qui reflète ce quenous sommes.

Et c'est ce que veut dire réellement être vivant : agir, vouloir et faire, au lieu de réagir et de subir.

On comprend mieux désormais que ce que les morts ont voulu, cequ'ils ont fait, soit encore vivant en nous, et ce qu'il y a de plus vivant également : car nous ne voulons nous-mêmes que ce qui n'existe pas.

La justice n'existe pas ; le couragen'existe pas ; le bien n'existe pas : ce ne sont que des idées, sur lesquels nous réglons notre existence.

Sans ces idées, sans ces valeurs, l'existence se limite à la survie, qui n'estqu'un mécanisme subi.Or justement, ce qu'on commémore chez les morts, ce n'est pas le fait qu'ils ont existé, mais ce qu'ils ont été.

Plus exactement, on vénère ce qu'ils ont fait de mieux.

Car « lesmorts gouvernent les vivants » de deux manières : d'abord par l'héritage, tout ce qui a été fait avant nous déterminant ce que nous faisons maintenant, exactement comme leboeuf décrit par Alain, qui tourne ici et non là en suivant le sentier déjà tracé, ou comme celui qui parle une langue qu'il n'a pas inventée, et qui coule ainsi sa pensée dans le moulequ'ont fabriqué d'autres avant lui ; mais aussi par l'admiration : car les choses admirables dont on conserve le souvenir sont précisément ce dont nous nous inspirons, et dont noustirons notre idée de l'homme.

En effet, le spectacle qu'offre les vivants ne contient que rarement des choses que l'on puisse admirer ou contempler : autour de soi, c'est soi-mêmeen pire (on peut dire en ce sens avec Hobbes que « l'homme est un loup pour l'homme ») ; au contraire, chez les morts, que le culte a justement nettoyé du pire, c'est soi-même enmieux ; d'où la formule de Spinoza selon laquelle « l'homme est un Dieu pour l'homme ».Aussi a-t-on à apprendre des morts ce que nous sommes vraiment et ce que nous pensons vraiment.

Et nous sommes vraiment ce qui nous grandit, non ce qui nous rabaisse.

Orseul ce qui est grand peut nous grandir.

Le culte des morts est donc la commémoration de la grandeur humaine.

Arrivés à ce point, nous comprenons également que lasignification la plus restrictive de la culture, la « culture d'esprit », est en réalité la forme supérieure du culte des morts.

En effet, la culture est principalement la lecture (en tous lessens de ce mot) des plus grands livres écrits par les plus grands esprits : elle est en ce sens la commémoration de ce qu'il y a de plus grand chez les plus grands morts, et pour cetteraison acquisition de l'humanité, ce pourquoi la langue désigne par « Humanités » les études classiques.Pour compléter ce résumé :Explication détaillée du Propos d'Alain « Quand je lis Homère » Etude en classe et commentaire de « Qu'est-ce que l'éducation libérale ? » de Léo Strauss Document demandé: http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-platon-criton-resume-analyse-28641.html. »

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