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l'Etat

Publié le 26/05/2013

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L'ÉTAT EN AFRIQUE FlTlLA BURUNDI TRADUCTION AHMADOU AHIDJO AFRIQUE DU SUD La banalisation de I'État africain A propos de L'État en Afrique de J.-F. Bayart" A bien y réfléchir, la formulation du titre surprenp. Comment se fait-il que cet Etat aux mille racines anthropologiques et historiques, que cet Etat bien africain, se trouve véritablement métamorphosé-en une abstraction stylistique (L'Etat en...). Car à lire et relire l'ouvrage, on n'y trouve pas de_ définition même minimale de l'Etat, fut-il en Afrique, d'Afrique ou africain. C'est d'ailleurs tout le sens de Ia démarche de l'auteur er c'est tout simplement impossible si l'on adhère 5 sa perspective de sociologie historique. J.-F. Bayart, en effet, file comparaisons, analyses, hypothèses et raisonnements en un mouvement à la fois répétitif et spiralé dont on se demande parfois s'il se dirige vers un objectif identifiable et u 9 objet précis. Je m'entends. L'Etat en Afrique est un livre très important. C'est même l'ouvrage qui nous manquait en France et dont on peut penser que l'apport dépasse de loin les équivalents anglo-saxons. C'est u n ouvrage très lisible, sans appareil de notes (l), qui fourmille d'idées et d'études de cas. Le ton est ouvertement problématique, l'information exhaustive, la démonstration sociologique et historique à souhait. Le genre relève plutôt de !'essai que de la synthèse pédagogique ou érudite. En un mot, c'est un ouvrage accessible. Toutefois, à Ia séduction de la première lecture succèdent les questions (parfois sans réponses) d'une relecture attentive et critique. Les remarques qui suivent porteront ainsi sur qua- * L'État en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1989, 439 p. (1) Les appels de note renvoient en fait i une impressionnante bibliographie. Mais i ce compte là, il eut été plus pédagogique d'utiliser le système dit américain de renvoi direct par nom d'auteur, ce qui nous eût donné une bibliographie en bonne et due forme. 95 - ~ P ETAT E N AFRIQUE t re points : le cheminement de la démonstration et son écriture (l'organisation et la disposition des arguments); la nature de la (des) problématique(s) ; la technique d'analyse empirique et, enfin, les principes méthodologiques. Les cailloux blancs du Petit Poucet J.-F. Bayart nous présente un vade ineciini aux pages 15 et 16. Les données de l'histoire, de l'anthropologie et de la sociologie le conduisent à raisonner i( en termes de formation d'une classe dominante et de recherche hégémonique (2). Cette recherche, qui connait plusieurs scénarios, est avant tout une stratégie des acteurs politiques cjont l'enjeu est l'accumulation. L'Etat en Afrique, c'est, comme l'indique son sous-titre, la politique du ventre. L'inspiration manducatrice (pour reprendre une autre expression de l'auteur) de cette ligne générale est ambiguë. T o u t d'abord, elle risque d'aboutir 2 l'effet inverse des intentions de l'auteur. La lecture rapide, cela existe aussi chez les chercheurs et dans le public cultivé. Beaucoup de collègues africains ne comprendront pas qu'une image populaire soit érigée en hypothèse anthropohistorique. Bref, la politique du ventre nous promet de belles polémiques sur le statut ordinaire mais spécifique de la gouvernementalité en Afrique. Je discuterai plus loin la pertinence de cette vision théorique, mais il me paraissait nécessaire de construire dès maintenant un garde-fou contre les xénophobies inconscientes ou volontaires qu'une telle image ne peut manquer de réveiller. Mais si je me trompe, tant mieux. )) (( 96 )) L'ambiguïté seconcje est celle qui consiste à situer 1'Etat dans le sillage de cette stratégie et à organiser toutes les cultures politiques dans une constellation ventrifùge (3). I1 n'en est rien à lire tout le livre mais justement, on peut s'interroger légitimement sur une idée qui n'est qu'une image. En effet, la pluralité des registres thèmatiques est l'une des richesses, l'un des charmes, mais aussi l'un des dangers de cette méthode d'écriture. Critique des théories hypothèses partielles, propositions théoriques, exemples...

« ~ - PETAT EN AFRIQUE tre points : le cheminement de la démonstration et son écriture (l’organisation et la disposition des arguments); la nature de la (des) problématique(s) ; la technique d‘analyse empirique et, enfin, les principes méthodologiques.

Les cailloux blancs du Petit Poucet J.-F.

Bayart nous présente un vade ineciini aux pages 15 et 16.

Les données de l’histoire, de l’anth- ropologie et de la sociologie le con- duisent à raisonner i( en termes de formation d’une classe dominante et de recherche hégémonique )) (2).

Cette recherche, qui connait plu- sieurs scénarios, est avant tout une stratégie des acteurs politiques cjont l’enjeu est l’accumulation.

L’Etat en Afrique, c’est, comme l’indique son sous-titre, la politique du ven- tre.

L’inspiration manducatrice (pour reprendre une autre expres- sion de l’auteur) de cette ligne générale est ambiguë.

Tout d’abord, elle risque d’aboutir 2 l’effet inverse des intentions de l’auteur.

La lecture rapide, cela existe aussi chez les chercheurs et dans le public cultivé.

Beaucoup de collègues africains ne comprendront pas qu’une image populaire soit érigée en hypothèse anthropohisto- rique.

Bref, la politique du ventre nous promet de belles polémiques sur le statut ordinaire mais spéci- fique de la (( gouvernementalité )) en Afrique.

Je discuterai plus loin la pertinence de cette vision théo- rique, mais il me paraissait néces- saire de construire dès maintenant un garde-fou contre les xénophobies inconscientes ou volontaires qu’une telle image ne peut manquer de réveiller.

Mais si je me trompe, tant mieux.

L’ambiguïté seconcje est celle qui consiste à situer 1’Etat dans le sillage de cette stratégie et à orga- niser toutes les cultures politiques dans une constellation ventri- fùge (3).

I1 n’en est rien à lire tout le livre mais justement, on peut s’interroger légitimement sur une idée qui n’est qu’une image.

En effet, la pluralité des registres thè- matiques est l’une des richesses, l’un des charmes, mais aussi l’un des dangers de cette méthode d’écriture.

Critique des théories hypothèses partielles, propositions théoriques, exemples (5 à 20 lignes), études de cas (1 à 3 ou 4 pages) se suivent et s’influencent réciproquement.

Ainsi, on peut repérer plusieurs voies (comme en alpinisme) pour arriver au sommet.

Cette répétition des itinéraires (4) est stimulante mais,*à la fin, on y perd le sens de 1’Etat ! L’auteur épuise tour à tour et de façon constructive les théories politologi- ques, l’anthropologie historique, la sociologie des classes sociales, l’his- toire politique, l’individualisme méthodologique.

Ce labyrinthe débouche finalement sur une mau- vaise surprise: l’Etat n’est pas là où l’on vient de passer ; il est ail- leurs.

L’espace social, la gouverne- mentalité elle-même ne sprit que des genres discursifs.

L’Etat rhi- zome s’abime dans la mer des. »

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