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58. La tendance morale de l'humanité. D 'UN ÉVÉNEMENT DE NOTRE

Publié le 22/10/2012

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58. La tendance morale de l'humanité. D 'UN ÉVÉNEMENT DE NOTRE TEMPS QUI PROUVE CETTE TENDANCE MORALE DE L'HUMANITÉ. N'attendez pas que cet événement consiste en hauts gestes ou forfaits importants commis par les hommes, à la suite de quoi, ce qui était grand parmi les hommes est rendu petit, ou ce qui était petit rendu grand, ni en d'antiques et brillants édifices politiques qui disparaissent comme par magie, pendant qu'à leur place d'autres surgissent en quelque sorte des profondeurs de la terre. Non, rien de tout cela. Il s'agit seulement de la manière de penser des spectateurs qui se trahit publiquement dans ce jeu de grandes révolutions et qui, même au prix du danger que pourrait leur attirer une telle partialité, manifeste néanmoins un intérêt universel, qui n'est cependant pas égoïste, pour les joueurs d'un parti contre ceux de l'autre, démontrant ainsi (à cause de l'universalité) un caractère du genre humain dans sa totalité et en même temps (à cause du désintéressement), un caractère moral de cette humanité, tout au moins dans ses dispositions; caractère qui non seulement permet d'espérer le progrès, mais représente en lui-même un tel progrès dans la mesure où il est actuellement possible de l'atteindre. Peu importe si la révolution d'un peuple plein d'esprit, que nous avons vu s'effectuer de nos jours, réussit ou échoue, peu importe si elle accumule misère et atrocités au point qu'un homme sensé qui la referait avec l'espoir de la mener à bien, ne se résoudrait jamais néanmoins à tenter l'expérience à ce prix, — cette révolution, dis-je, trouve quand même dans les esprits de tous les spectateurs (qui ne sont pas eux-mêmes engagés dans ce jeu) une sympathie d'aspiration qui frise l'enthousiasme et dont la manifestation même comportait un danger; cette sympathie par conséquent ne peut avoir d'autre cause qu'une disposition morale du genre humain. Cette cause morale qui intervient est double : d'abord c'est celle du droit qu'a un peuple de ne pas être empêché par d'autres puissances de se donner une constitution politique à son gré; deuxièmement c'est celle de la fin (qui est aussi un devoir) : seule est en soi conforme au droit et moralement bonne la constitution d'un peuple qui est propre par sa nature à éviter selon des principes la guerre offensive; ce ne peut être que la constitution républicaine, théoriquement du moins — par suite propre à se placer dans les conditions qui écartent la guerre (source de tous les maux et de toute corruption des moeurs), et qui assurent de ce fait négativement le progrès du genre humain, malgré toute son infirmité, en lui garantissant que, du moins, il ne sera pas entravé dans son progrès. Ceci donc, ainsi que la participation passionnée au Bien, l'enthousiasme, qui par ailleurs ne comporte pas une approbation sans réserve, du fait que toute émotion comme telle mérite un blâme, permet, cependant, grâce à cette histoire, de faire la remarque suivante, qui a son importance pour l'anthropologie : le véritable enthousiasme ne se rapporte toujours qu'à ce qui est idéal, plus spécialement à ce qui est purement moral, le concept de droit par exemple, et il ne peut se greffer sur l'intérêt. Malgré des récompenses pécuniaires les adversaires des révotutionnaires ne pouvaient se hausser jusqu'au zèle et à la grandeur d'âme qu'éveillait en ces derniers le pur concept du droit; et même le concept d'honneur de la vieille noblesse guerrière (proche parent de l'enthousiasme), finit pas s'évanouir devant les armes de ceux qui avaient en vue le droit du peuple auquel ils appartenaient, et s'en considéraient comme les défenseurs; exaltation avec laquelle sympathisait le public qui du dehors assistait en spectateur sans la moindre intention de s'y associer effectivement. (La Philosophie de l'histoire, p. 222-225.)
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« 123 La tendance morale de l'humanité à se placer dans les conditions qui écartent la guerre (source de tous les maux et de toute corruption des mœurs), et qui assurent de ce fait négativement le progrès du genre humain, malgré toute son infirmité, en lui garantissant que, du moins, il ne sera pas entravé dans son progrès.

Ceci donc, ainsi que la participation passionnée au Bien, l'enthousiasme, qui par ailleurs ne comporte pas une approbation sans réserve, du fait que toute émotion comme telle mérite un blâme, permet, cependant, grâce à cette histoire, de faire la remarque suivante, qui a son importance pour 1 'anthropologie : le véritable enthousiasme ne se rapporte toujours qu'à ce qui est idéal, plus spécialement à ce qui est purement moral, le con­ cept de droit par exemple, et il ne peut se greffer sur 1 'intérêt.

Malgré des récompenses pécuniaires les adversaires des révo­ tutionnaires ne pouvaient se hausser jusqu'au zèle et à la gran­ deur d'âme qu'éveillait en ces derniers le pur concept du droit; et même le concept d'honneur de la vieille noblesse guerrière (proche parent de l'enthousiasme), finit pas s'évanouir devant les armes de ceux qui avaient en vue le droit du peuple auquel ils appartenaient, et s'en considéraient comme les défenseurs; exaltation avec laquelle sympathisait le public qui du dehors assistait en spectateur sans la moindre intention de s'y associer effectivement.

(La Philosophie de l'histoire, p.

222-225.). »

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