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A une passante

Publié le 06/05/2011

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Au XIXème siècle, l'école poétique du Symbolisme rejette totalement les thèses et idées des écrivains Naturalistes. Précurseur de ce mouvement, Charles Baudelaire croyait à un univers supérieur dont le monde réel n'était que le reflet. Il s'appuyait ainsi sur l'imaginaire et la force du rêve sans se juger insensible aux principes du Romantisme. Son poème «A une passante«,publié dans la section Tableaux parisiens et extrait du recueil Les fleurs du mal évoque une rencontre amoureuse. Nous nous demanderons donc comment Baudelaire, au travers d'un poème traditionnel, rend-t-il compte de l'inaccessibilité de l'idéal féminin. L'analyse s'intéressera d'abord à la structure du poème, puis à la description et la fascination de la femme et enfin à la fatalité d'une déception amoureuse. A une passante est un poème classique et traditionnel de part sa versification et sa focalisation. Présenté sous formes de sonnet, il dispose d'un schéma de rimes structuré dont le premier et deuxième quatrain forment des rimes embrassés, le premier tercet des rimes croisées et le deuxième des rimes suivies. La présence d'Alexandrins, vers nobles («Moi je buvais crispés comme un extravagant«, et de quelques cessures à hémistiches (v. 3 «Une femme passa d'une main fastueuse«; v.13 «Car j'ignore ou tu fuis, tu ne sais où je vais«; et v.14 «O toi que j'eusse aimé, o toi qui le savais« contribue à la régularité du poème. Quant aux jeux de sonorités, comme les assonances en /u/ et /ou/ du premier quatrain (la rue assourdissante atour de moi hurlait« ou les allitérations en /r/ du premier tercet «Dont le regard m'a fat renaitre, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité«, ils construisent un tissu sonore qui assure la cohérence du poème. Énoncé à la première personne du singulier, la régularité du poème est amenée par le choix de rythmes binaires. En effet, il est composé de deux séparations, une de part sa structure en sonnet : deux quatrains et deux tercets, et une autre de part ses énoncés : un énoncé coupé de la situation d'énonciation lors deux deux quatrains, c'est l'arrière-plan de la rencontre, la description de la passante ( présence d'imparfait «hurlais, buvais« ; de présent de narration «fascine, tue« ; et de passé simple «passa«), et un énoncé ancré de la situation dénonciation lors des deux tercets, c'est l'évocation des sentiments du narrateur (présence de passé composé «a fait« , futur «verrai« et présent d'énonciation «j'ignore, tu fuis«. Ce dernier point sur la séparation du poème en deux énoncés justifie les deux parties suivantes de ce commentaire. Lors de l'évocation de la rencontre, l''auteur insiste particulièrement sur la perfection physique de la passante. Il mêle à sa description élégance aristocrate et élégance sculpturale. L'élégance aristocrate est reprise par le geste de main «fastueux«(v.3),signe de magnificence; les mots «feston« et «en grand deuil« (v.2 et 4), vêtements noirs et brodés signes de distinction; et la phrase «soulevant l'ourlet« (v,4) qui décrit les longues robes bourgeoises de l'époque. L'élégance sculpturale, quant à elle, est reprise par la personnification de la jambe de la passante «jambe de statue« qui compare la femme à une ½uvre d'art, (v.5) et la description d'une silhouette élancée («longue,mince« (v.2). Par ailleurs, l'auteur élève la femme au rang céleste. Il lui accorde des pouvoirs surnaturels, tel que le pouvoir de vie et/ou de mort «Dont le regard m'a fait renaitre: v.10 ou «le plaisir qui tue« et ciel livide ou germe l'ouragan (v.6)« et ne trouve d'égal à sa beauté qu'il qualifie de «mirage« («fugitive beauté«). Cet idéal féminin est lié à une rencontre exceptionnelle, de part la violence des sentiments, le coup de foudre, exprimée par une ponctuation expressive et un oxymore percutant «Un éclair...puis la nuit! (v.9) et de part la personnification du lieu de rencontre «La rue assourdissante autour de moi hurlait« , les mots «assourdissante« et «hurlait«, encadrant le mot «autour de moi« montre l'incapacité de l'homme à résister au coup de foudre. Dans la troisième partie , nous montrerons le lien entre cette incapacité de résister au coup de foudre mais l'inaccessibilité de cet idéal féminin. Les sentiments de l'homme face à cette rencontre se veulent particulièrement violents. L'homme ressent en lui comme une folie passagère et n'a plus de maitrise sur lui-même ( «Et moi je buvais, crispé comme un extravagant« v.5. Il pose un dernier espoir en interrogeant indirectement la femme « Ne te verrai-je plus que dans l'éternité? « L'échec amoureux de part le simple titre du poème «A une passante« pose un réel problème de communication. La femme ne fait que passer («passa« v.3) et fuis à deux reprises le regard de l'auteur «Fugitive beauté V9 « et « tu fuis « v.13 L'échec amoureux est alors inévitable. La réponse au dernier espoir de l'homme se fait à l'aide d'une gradation de l'éloignement entre la femme et l'homme : un éloignement dans l'espace «Ailleurs, bien loin d'ici « et dans le temps « Trop tard, jamais peu être «. Le rôle tragique et mélancolique de la fatalité est repris par une ponctuation expressive ( points d'exclamations « Jamais peut-être! «, un parallélisme de constructions, une coupure à l'hémistiche et une double interjections « O toi que j'eusse aimé, o toi qui le savais «v.14

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