Devoir de Philosophie

aimé césaire discours sur le colonialisme

Publié le 21/04/2013

Extrait du document

discours
Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme Biographie de A. Césaire (1913-2008), présentation « Pousser d'une telle raideur le grand cri nègre que les assises du monde en seront ébranlées « : tel est le projet qui commande la vie et l'?uvre d'Aimé Césaire, homme politique martiniquais et poète négro-africain. Né en 1913, dans une famille modeste de Fort-de-France qui rattachait son origine à un certain Césaire, esclave condamné à mort en 1833 pour avoir fomenté une révolte, Aimé Césaire a été un bon élève du lycée Sch?lcher : on l'envoie en France pour préparer l'École normale supérieure, où il est reçu en 1935. Pendant ses années parisiennes, il s'occupe de l'Association des étudiants martiniquais, lie amitié avec Léopold Sédar Senghor (qui deviendra le premier président de la république du Sénégal), participe aux débats des intellectuels noirs, dans lesquels s'élabore la notion de « négritude « forgée pour redonner leur dignité à « ceux qui n'ont jamais rien inventé « et que l'esclavage ou la colonisation avaient rendus muets. « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture. «. Césaire fait surgir le terme « négritude « en 1939, dans un grand poème, le Cahier d'un retour au pays natal, devenu depuis lors un classique majeur des littératures du monde noir. En 1991, l'inscription au répertoire de la Comédie-Française de sa Tragédie du roi Christophe a consacré le retentissement universel de son ?uvre. Il fut membre du Parti Communiste puis député de la Martinique de 1946 à 1993. Lien internet Discours sur le colonialisme Intégralité du discours + lecture par Antoine Vitez : http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article554 Présenter l'oeuvre: Le texte que nous allons étudier est extrait du Discours sur le colonialisme, écrit par Aimé Césaire en 1950. Il s'inscrit dans l'argumentation directe puisque Césaire se réfère à des faits historiques (pas de recours à la fiction). Situer l'extrait dans l'oeuvre : Ce discours est un pamphlet contre le colonialisme, l'extrait choisi se situe au début du Discours, et constitue une réfutation de la thèse (soutenue par les occidentaux) selon laquelle la colonisation est un acte altruiste et civilisateur. Intentions/thèse de l'auteur : Dénoncer la colonisation. Démontrer que la supériorité d'une culture sur une autre est illégitime et que la colonisation n'est en rien civilisatrice, mais au contraire, qu'elle détruit la civilisation en son sein - au coeur même des nations dites « civilisées «-. La colonisation n'est donc pas civilisatrice, mais elle est, pour reprendre le terme emprunté par Césaire, « décivilisatrice «. Problématique : Comment l'auteur démontre-t-il que la colonisation n'est pas civilisatrice mais au contraire qu'elle s'oppose à la civilisation? Plan : I)Qu'est ce que la colonisation? (réexamen de la notion de colonisation) II)Qu'est-ce que la civilisation? (réexamen de la notion de civilisation) III)La civilisation n'est pas civilisatrice mais « décivilisatrice « La réflexion d'A. Césaire se construit en trois temps : 1)dénonciation de l'équivalence habituellement accordée entre colonisation et civilisation, elle-même liée aux équations christianisme = civilisation/ paganisme = sauvagerie (argument d'autorité lié un fait historique) ; selon Césaire cette équivalence procède d'un raisonnement fallacieux, d'une « fausse équation «. Elle est donc un mensonge qui ne fonctionne que parce qu'il profite de la crédulité des populations auxquelles il s'adresse. Reéxamen de la notion de colonisation « qu'est ce en son principe que la colonisation? « (lignes 1-35) = « déconstruction «, réfutation du point de vue colonialiste - Césaire a recours à différents procédés pour soutenir son point de vue dans la première partie : opposition de points de vue : colonisation = « mensonge « / « voir clair «, soutenu par rythmes ternaires des anaphores (ex « ni « « ni « « ni «), des phrases longues et ponctuées opposition de l'idée qu'on se fait de la colonisation et des actes + phénomène d'accumulation « aventurier et du pirate « etc... tout cela s'oppose à la civilisation champ lexical de la duperie « mensonge «, « hypocrisie collective « et du surnaturel « malédiction «, « odieuse «, « maléfique « dénonciation de l'équivalence colonisation = civilisation. Selon Césaire, l'équation est fausse, le raisonnement est fallacieux dont les conclusions sont forcément fausses « ne pouvaient que s'ensuivre d'abominables conséquences colonialistes et racistes « exemples empruntés : Cortez, Pizarre, Marco-Polo : ces explorateurs n'avaient pas recours à l'argument reposant sur la volonté de civiliser pour coloniser. Leur supériorité allait de soi, « qu'ils tuent, qu'ils pillent, qu'ils ont des casques, des lances, des cupidités « ligne 28 « ils ne protestent pas d'être les fouriers d'un ordre supérieur « ligne 27 2) importance/nécessité et bienfaits de la civilisation (lignes 36-45) = construire son point de vue, c'est-à-dire civilisation = ? (échange et mixité culturelle, ce qui s'oppose à la domination d'une culture sur une autre) - s'ouvre sur un raisonnement concessif « j'admets que « qui se clôt sur une réfutation de la dimension civilisatrice de la colonisation (dans la troisième partie) gradation: « bien «, « excellent « fonction de la civilisation : la civilisation est une mise en contact, elle doit servir la mixité culturelle, le pluriculturalisme, l'ouverture sur le monde et sur autrui argument « l'échange est ici l'oxygène « métaphore qui conduit à comparer l'Europe à un « générateur d'énergie « (énergie = civilisation), mais emploie le terme « chance « (« la grande chance de l'Europe est d'avoir été un carrefour «). La chance renvoie à l'irrationnel, elle correspond au hasard, le hasard des facteurs géographiques et historiques qui ont fait de l'Europe un carrefour dans le monde (« la grande chance de l'Europe est d'avoir été un carrefour, (...) d'avoir été le lieu géométrique de toutes les idées, le réceptacle de toutes les philosophies, le lieu d'accueil de tous les sentiments «. Le terme « chance « s'oppose à la nécessité. La supériorité de l'Europe sur les continents colonisés n'a donc rien de nécessaire, elle n'est que le produit de la rencontre de facteurs liés au hasard, et qui lui ont permis d'asseoir sa domination en terrain colonisé. Les échanges culturel et économique qui s'y sont manifestés témoignent sans doute d'une accumulation de savoirs et de richesses et font de l'Europe un « redistributeur d'énergie «, qui permet de faire circuler idées et capitaux à travers le monde ; mais cette « redistribution d'énergie « lorsqu'elle se manifeste par la colonisation, n'est pas civilisatrice et ne permet pas les échanges et la mixité culturelle. L'auteur demande en effet : « la colonisation a-t-elle vraiment mis en contact ? Ou, si l'on préfère, de toutes les manières d'établir le contact, était-elle la meilleure ? Je réponds non. Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie. «  Cet argument est important car il participe à la « déconstruction « de l'équation colonisation = civilisation. Cette équation n'est pas une vérité scientifique, en témoigne le fait que la possibilité de coloniser, de se définir comme une culture « supérieure « est liée à des facteurs extérieurs non-nécessaires (exemple de l'Europe et de sa place dans le monde) ; et que la colonisation n'est pas « mise en contact « des différentes cultures mais acte d'assimilation et de domination. 3)Réarticuler colonisation et civilisation dans un lien d'opposition: définition de la colonisation non comme acte civilisateur mais au contraire comme acte « décivilisateur « colonisation = acte « décivilisateur « - arguments reposant sur des données et des actes historiques à valeur scientifique et donc irréfutable « étudier comment la colonisation travaille à « déciviliser « le colonisateur (thèse), (puis arguments) à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral « = réarticuler les liens (qui sont des liens d'opposition) entre civilisation et colonisation ; conclusion de Césaire est un renversement de la thèse colonialiste puisque les conclusions/thèse de l'auteur sont l'exact opposé de la thèse colonialiste : la colonisation n'est pas civilisatrice mais « décivilisatrice «, au sein même des continents colonisateurs et des peuples dits « civilisés « conclusion: la colonisation n'est pas civilisatrice, il s'agit d'une croyance liée à la suprématie du christianisme et à sa volonté d'évangélisation (pour mieux dominer). En tant que croyance elle s'oppose à la connaissance. La croyance est un leurre, tandis que la connaissance est scientifique, elle témoigne d'une vérité. Le choix d'A. Césaire de comparer l'amalgame fait d'ordinaire entre civilisation et colonisation à une équation mathématique est judicieux puisqu'il permet d'en démontrer la non - scientificité, et donc la non-pertinence et l'illégitimité. Césaire se situe pour sa part sur le plan de la connaissance, toute son argumentation repose sur une réfutation de l'argumentation colonialiste, grâce à la démonstration de la non-scientificité (non-validité) du raisonnement. La démonstration de Césaire repose quant à elle sur des arguments valables, puisqu'ils font appel à des faits historiques. Elle aboutit à l'antithèse du discours colonialiste, à savoir que la colonisation n'est pas civilisatrice mais « décivilisatrice «, jusque dans son sein. synthèse de la structure du texte et de l'argumentation de l'auteur (annexe, facultatif) : Comment A. Césaire s'y prend-il pour dénoncer le colonialisme? Quels procédés (littéraires, rhétoriques etc...)? Quelle argumentation? Césaire cherche à la fois à convaincre (réduction de l'argumentation colonialiste à une équation fausse, donc pas de valeur scientifique, donc pas de vérité) et à persuader (phrases longues, anaphores, répétition, accumulation etc...) . Toute son argumentation repose sur la remise en question d'un raisonnement qu'il compare à une équation mathématique (amalgame entre colonisation et civilisation) Mathématique = science = vérité si équation fausse, alors conclusions fausses possibilité de réexaminer le problème, de « reposer l'équation « à partir de l'analyse des termes (ici colonisation et civilisation) conclusion à partir de l'analyse des notions : pas d'équation possible entre colonisation et civilisation c'est-à-dire démonstration de la non-validité du raisonnement, et donc de l'illégitimité de la colonisation, et de la déduction de la supériorité d'une culture sur une autre. À noter : opposition « on/je «, rupture de rythme avec quelques phrases brèves pour souligner le point de vue de l'auteur

Liens utiles