Article de presse: La page tournée du reaganisme
Publié le 22/02/2012
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20 janvier 1989 - Si le reaganisme, jusqu'au-delà des frontières américaines, a certainement été une valeur porteuse, il prend maintenant un goût prononcé de page tournée à laquelle on n'a plus envie de revenir.
Les deux spectacles qui font courir l'Amérique sont ainsi Platoon et les Misérables. A mille lieux du militaro-nationalisme de Rambo, le premier donne à voir en images violentes et glacées comment est décuplée l'horreur d'une guerre quand la nation qui la mène n'en comprend ni les tenants ni les aboutissants. Adaptation musicale du roman de Victor Hugo, le second bat tous les records d'entrée, à Broadway en chantant les laissés-pour-compte contre les nantis et l'ancien bagnard contre le commissaire de police.
En quelques mois, le sort de ses familles entières de sans-abri dont le nombre s'est lourdement accru depuis six ans, les tensions raciales latentes, la cruauté d'opérations de rénovation immobilière qui chassent les démunis pour faire place aux bien-payés, la misère et, en un mot, l'injustice, en un mot, sont redevenus des sujets pour la presse et des préoccupations dans l'opinion.
Le vent tourne, et alors que Ronald Reagan avait assis le triomphe du reaganisme sur la dénonciation du poids de l'Etat et de ses dépenses, un sondage de Time révélait la semaine dernière que 60 % des Américains seraient aujourd'hui favorables à une augmentation des dépenses sociales, même au prix d'une augmentation d'impôts. Plus de 70 % d'entre eux estiment notamment que devraient être augmentés l'aide médicale aux personnes âgées, les crédits de défense de l'environnement et l'aide aux sans-abri. Seulement 23 % d'entre eux voudraient, en revanche, voir allouer plus d'argent à l'initiative de défense stratégique.
BERNARD GUETTA
Le Monde du 31 mars 1987
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