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Article de presse: L'abolition de la peine de mort

Publié le 22/02/2012

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18 septembre 1981 -   Bonne dernière en Europe occidentale, la France, trois ans après l'Espagne, a quitté, le 18 septembre 1981, les rangs des pays qui appliquent encore la peine de mort. En temps de guerre comme en temps de paix, " la peine de mort est abolie ", dit l'article premier de la loi promulguée au Journal officiel du 10 octobre.    Symboliquement, la guillotine est un objet de musée. Elle l'est aussi dans la réalité, le garde des sceaux ayant fait don des deux guillotines entreposées à la prison de Fresnes à la Ville de Paris.    Elles sont au musée Carnavalet, où elles seront exposées, dit-on, quand les passions seront apaisées.    C'est loin d'être le cas. Les Français restent dans leur majorité (environ 60 %) favorables à la peine de mort. Et si 53 % d'entre eux, d'après un récent sondage de Paris-Match, font de son abolition " le changement le plus important survenu dans l'année " -devant le deux millionième chômeur, l'impôt sur la fortune et les nationalisations,-ce n'est pas pour s'en réjouir.    Pourtant, chacun savait, au soir du 10 mai, que c'en était fini de la peine capitale. Son abolition était inscrite au programme de la gauche depuis des années et, dès le mois de mars, François Mitterrand avait rappelé qu'il était " en conscience contre la peine de mort " et qu'il ne ferait procéder, avant même l'abolition dans la loi, à aucune exécution.    De plus, depuis 1978 surtout, le combat pour l'abolition était mené sans relâche à l'Assemblée nationale non seulement par la gauche, mais par une partie de la majorité d'alors. Des députés RPR, notamment Pierre Bas et Philippe Séguin, n'avaient eu de cesse d'obtenir du garde des sceaux de l'époque, Alain Peyrefitte, lui aussi membre du RPR, un débat parlementaire. En vain.    Pourtant, le maintien de la peine de mort, dont Alain Peyrefitte tendait à faire un enjeu personnel, était devenu impossible. La France était isolée en Europe de l'Ouest et l'abolition de la peine de mort était une indispensable mise à jour de la législation. Mais dans un pays où les partisans de la peine de mort se faisaient sans cesse entendre, où les condamnations à mort, quasi inexistantes entre 1977 et 1980, avaient brutalement repris (dix entre octobre 1980 et mai 1981), l'abolition ne pouvait qu'être perçue comme un événement majeur.    Pour ses adversaires, elle caractérisait le nouveau régime, son " laxisme ", redoublant les menaces contre les personnes et les biens.    Pour ses partisans, elle marquait l'aboutissement d'une longue lutte.    Enfin, pour le garde des sceaux, qui, " au nom du gouvernement de la République ", la proposa, elle était l'ultime étape d'un combat.    Avocat, Robert Badinter était devenu dans les dix dernières années le symbole de l'opposition à la peine de mort, le dernier recours de ceux qui risquaient une condamnation à mort.    Ainsi pour les hommes politiques, y compris Jacques Chirac, abolitionniste, la question est-elle réglée. Un châtiment anachronique et inutile a disparu de la loi française. Il reste à convaincre la majorité des Français. JOSYANE SAVIGNEAU Le Monde du 31 décembre 1981

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