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Article de presse: Le pionnier de l'arme blindée

Publié le 22/02/2012

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10 mai 1940 -   Le général Heinz Guderian, spécialiste allemand des blindés, est mort à l'âge de soixante-cinq ans. Fils d'officier prussien, il passa tout naturellement par l'école des cadets. Il est à l'Académie de guerre au début de la première guerre mondiale, et entre ainsi à l'état-major suprême.    Pionnier de l'arme blindée, il entreprend sous Weimar de convaincre les incrédules. Dès 1931 il est commandant en chef des troupes motorisées. Hitler, qui a conscience de l'importance à venir des chars, lui permet en 1933 de transformer ses vingt-quatre compagnies motorisées en un corps de groupes blindés. En 1938, il est " general-leutnant " commandant en chef des blindés allemands et à ce titre, franchit le premier la frontière autrichienne au moment de l'Anschluss.    La deuxième guerre mondiale va donner la mesure de ce parfait militaire, à la fois technicien, tacticien et entraîneur d'hommes. En France, à la tête du XIXe corps, il opère la trouée de Sedan et l'encerclement des forces franco-britanniques en Champagne et dans les Flandres. Il est promu " Generaloberst " le 19 juillet 1940.    L'année suivante Guderian dirige les chars sur Moscou et enlève Smolensk et Kiev. Mais Hitler est obligé de l'envoyer au secours de Rommel en Afrique dès 1942. Il échappe de justesse à l'offensive alliée en Tunisie, rentre en Allemagne, et devient inspecteur général des " panzers ". Il a à sa disposition personnelle une usine de chars où il peut expérimenter tous les modèles nouvellement créés entre deux inspections sur les divers fronts, où il étudie la coordination des blindés avec les autres unités tactiques, terre et air.    Après l'échec de l'attentat du 20 juillet, Hitler le nomme chef d'état-major de l'armée, poste qu'il conservera jusqu'en mars 1945. Deux mois après, il est fait prisonnier par les Américains.    Plus heureux que d'autres, cet homme - qui fut l'un des plus jeunes et des plus dynamiques généraux hitlériens - a survécu à quatre régimes, qu'il a servis chaque fois avec autant d'ardeur, persuadé qu'il valait mieux se cantonner dans un travail de " technicien " que de jouer un rôle politique.    Cette attitude et ses créations, inspirées toujours par le souci majeur de voir l'Allemagne - quelle que soit sa politique du moment - triompher de ses ennemis et s'imposer parmi les plus grandes puissances, lui ont permis de traverser sans mal les derniers mois de la guerre et de redevenir par la suite le champion de la souveraineté allemande. GEORGES PENCHENIER Le Monde du 18 mai 1954

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