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Article de presse: L'échec de la SDN

Publié le 22/02/2012

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14 octobre 1933 -   Lorsque l'Allemagne quitte la Société des nations, Hitler, chancelier depuis huit mois, appelle ses compatriotes à ratifier sa décision le 12 novembre 1933 - date symbolique, lendemain déjà retentissant de chants belliqueux, du quinzième anniversaire du " honteux " armistice de 1918 - et à élire un nouveau Reichstag sur une liste unique, le scrutin, encore pluraliste, du 5 mars n'ayant pas, malgré les pressions, assuré la majorité absolue au parti nazi. 95 % des votants approuvèrent le retrait de la SDN 92 % élurent les candidats nazis.    C'était le premier défi du IIIe Reich au reste du monde. C'était aussi le commencement de la fin d'un rêve qui, après les massacres de la première guerre mondiale, prenait à peine forme, celui d'une organisation de la paix.    Certes, la SDN avait reçu un rude coup à sa naissance avec le refus du Sénat américain de ratifier le traité qui l'instituait. Deux autres Etats fondateurs l'avaient déjà désertée : le Brésil, parce qu'il n'avait pu obtenir un siège permanent au Conseil de l'organisation (1926), et le Japon. Depuis 1931, l'armée impériale guerroyait sur le continent et avait créé l'Etat fantoche du Mandchoukouo. Déclaré agresseur par la SDN, le Japon s'en retirait un mois plus tard (27 mars 1933).    Acceptée avec méfiance par les Français, l'idéologie de la sécurité collective, du fait du président Wilson, imprégnait les traités de paix dans cette " Europe nouvelle " où nos " camarades d'Amérique (...) arrivés sur le champ de bataille quand la guerre touchait à sa fin " cherchaient " un équilibre de pacification " (Clemenceau). Le rôle de Wilson    Pour que la France commence à croire à la paix par " l'entente des peuples ", il fallut attendre Locarno (15 octobre 1925), l'adhésion spontanée ou calculée, mais en tout cas non " dictée ", de l'Allemagne à un pacte avec la France et la Belgique et la caution de la Grande-Bretagne et de l'Italie, interdisant la guerre, imposant l'arbitrage et garantissant l'inviolabilité du statu quo territorial et militaire fixé à Versailles entre l'Allemagne et ses voisins de l'Ouest.    L'Allemagne fut admise dans l'organisation le 8 septembre 1926 et, d'emblée, avec le statut envié de membre permanent de son Conseil. En rompant avec la SDN, Hitler détruisait ce " nouvel esprit " européen, irrémédiablement.    L'organisation de la paix procédait d'idées très anciennes, mais c'est Wilson qui avait donné l'impulsion décisive parce qu'il intervenait opportunément, avec toute l'apparence du réalisme, dans une Europe exsangue (qui pourtant dominait encore le monde), et un potentiel économique et militaire pour appuyer son discours.    Wilson élabore un programme de négociation et de paix d'inspiration démocratique et présente " quatorze points " au Congrès des Etats-Unis, le 8 janvier 1918. Le quatrième déclare : " Une association générale des nations doit être formée (...) en vue de créer des garanties mutuelles de l'indépendance politique et de l'intégrité territoriale des Etats, grands et petits. " Les quatorze points sont acceptés par les Alliés, après avoir été précisés. L'armistice est conclu le 11 novembre 1918, et la conférence de la paix convoquée.    C'est à l'hôtel Crillon que se réunit, du 27 janvier au 11 avril 1919, sous la présidence de Wilson, parallèlement aux discussions de paix proprement dites, la commission élargie chargée des statuts de la Société des nations. Le pacte est accepté le 28 avril et incorporé au traité de Versailles signé avec l'Allemagne le 28 juin. Il conservera cependant une portée juridique distincte.    Font partie de la Société, dont le siège est fixé à Genève, les " membres originaires " (les vingt-neuf alliés vainqueurs qui ratifieront le pacte, plus treize " invités " ), ainsi que les Etats qui feront acte de candidature et que l'assemblée de l'organisation acceptera à la majorité des deux tiers. Dix-neuf seront admis de 1924 à 1937. Dix-huit cesseront d'appartenir à la SDN, en application de procédures diverses. L'URSS, admise le 18 septembre 1934, sera exclue d'une institution moribonde, le 14 décembre 1939, après l'attaque de la Finlande.    La Société comprend un secrétariat une assemblée où siègent à égalité tous les Etats membres et qui tient une session ordinaire annuelle un conseil formé de membres temporaires et de membres permanents, d'abord quatre : la France, la Grande Bretagne, l'Italie et le Japon (les Etats-Unis n'occupant pas leur siège), puis cinq avec l'Allemagne. Sauf " disposition expressément contraire ", les décisions de l'assemblée et du conseil sont prises à l'unanimité des présents (art. 5).    Le conseil a notamment pour attributions de garantir l'intégrité territoriale, de contrôler l'exécution des traités et l'administration des territoires sous mandat (anciennes dépendances des vaincus), de Dantzig et de la Sarre (jusqu'au plébiscite de 1935). Quand survient " un différend susceptible d'entraîner une rupture ", les Etats membres doivent le soumettre à un arbitrage ou à l'examen du Conseil et ne recourir à la guerre " en aucun cas (...) avant l'expiration d'un délai de trois mois " après l'achèvement de la procédure.    Si le conseil est saisi, il s'efforce de régler le litige ou, en cas d'échec, publie un rapport préconisant une solution. Le rapport est adopté soit à l'unanimité (les parties en cause n'étant pas décomptées), soit à la majorité. Dans le premier cas, " les membres de la Société s'engagent à ne recourir à la guerre contre aucune partie qui se conforme aux conclusions du rapport " dans le second, ils " se réservent le droit d'agir comme ils le jugeront nécessaire pour le maintien du droit et de la justice " (art 15). Si un Etat recourt à la guerre, au mépris de ses engagements, les autres rompent toute relation avec lui et " le conseil a le devoir de recommander aux divers gouvernements intéressés les effectifs militaires, navals et aériens par lesquels les membres " contribueront " aux forces armées destinées à faire respecter les engagements de la Société " (art. 16).    Tel est le dispositif. Il servira peu. A son actif : la création à La Haye d'une Cour d'arbitrage (aujourd'hui incorporée à l'ONU) et le règlement de différends d'une portée limitée (entre la Pologne et la Lituanie, la Finlande et la Suède, la Colombie et le Pérou), mais elle reste impuissante devant une agression aussi flagrante que celle d'un Etat membre, l'Italie, contre un autre, l'Ethiopie (1935).    Dès l'origine, le système de sécurité, qui portait pourtant la marque de Wilson, était frappé de précarité par le refus du Sénat américain d'approuver le traité de Versailles, le pacte de la SDN et les garanties promises à la France (les 19 novembre 1919 et 20 mars 1920). Au démocrate Wilson, d'ailleurs gravement malade, succède un républicain, Harding, élu en novembre 1920, aux cris d' " Amérique d'abord ".    Hitler sait, quand la crise de 1929 lui livre l'Allemagne, qu'il n'a rien à craindre des Etats-Unis, pour un temps du moins...    Si les Américains avaient déserté la sécurité collective, ils n'avaient pas pour autant renoncé au désarmement (le quatrième point de Wilson préconisait la réduction des armements). Ils acceptent donc de participer en février 1932 à Genève avec les membres de la SDN et l'URSS (qui n'y était pas encore admise) à une conférence du désarmement qui allait aggraver plus qu'atténuer les dissensions entre les anciens alliés.    Pour la France, le désarmement passe par la sécurité. Aussi la première initiative d'André Tardieu, président du conseil et ministre des affaires étrangères, est-elle de proposer à Genève une force internationale qui tombe dans l'indifférence et le scepticisme. Les Allemands jugent le projet " irréaliste " et proposent une négociation bilatérale. Les Britanniques s'en inquiètent et les Français, qui s'apprêtent à jouer la carte soviétique à la grande irritation des Allemands (traité de non-agression franco-soviétique du 29 novembre), refusent (11 septembre).    Les Allemand répliquent trois jours après en annonçant qu'ils ne siègent plus à la conférence du désarmement sans avoir obtenu le principe de l' " égalité des droits ". Premier chantage qui reflète la monté du nazisme : le 31 juillet, Hitler a obtenu son premier et unique succès dans une élection libre avec 230 sièges au Reichstag sur 608.    Sous la pression des Américains et surtout des Britanniques, le président du conseil Edouard Herriot finit par dire que la France admet l'égalité des droits " dans un régime qui comporterait pour toutes les nations, comme pour elle-même, la sécurité ". Le 10 décembre, l'accord est conclu : l'Allemagne obtient l'égalité des droits.    Le gouvernement français n'est pas convaincu de la bonne foi allemande. Il s'emploie à faire connaître aux alliés de la guerre mondiale, à la Grande-Bretagne, surtout, la réalité des manquements de l'Allemagne à ses engagements et son réarmement clandestin. Le 14 octobre 1933, le délégué britannique à Genève, Sir John Simon, annonce que la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France et l'Italie entendent soumettre l'Allemagne à une " période probatoire " de huit ans avant de réduire leur armements. Le jour même, Hitler joue son va-tout.    Il a envisagé le pire et mis l'armée en état d'alerte au cas où la SDN, arguant des violations des clauses du traité de Versailles, notamment sur l'armement, voudrait recourir à des sanctions.    Mais l'émotion mise à part, la réaction est insignifiante. Pas question de rétorsion. Hitler peut proclamer : " l'histoire dira que l'honneur du peuple allemand, perdu un 11 novembre, a été restauré un 12 novembre, quinze ans plus tard.. " Et le vieux maréchal-président Hindenburg appelle à la " solidarité " avec un " caporal bohémien " qu'il méprisait.    Hitler n'a plus qu'à suivre sa voie toute tracée. Tandis que la France s'abîme dans les dissensions et que le Quai d'Orsay tente de poursuivre le rapprochement avec Moscou et Rome et de sensibiliser l'Europe centrale et orientale au nouveau danger allemand, le Führer met l'Allemagne au pas, rétablit le service militaire obligatoire (16 mars 1935), militarise à outrance, réoccupe la zone rhénane démilitarisée à Versailles (7 mars 1936), se fixe comme objectif " un grand espace vital " (5 novembre 1937), annexe l'Autriche (12 mars 1938), obtient le démembrement de la Tchécoslovaquie avant de l'occuper tout entière (16 mars 1939) et d'envahir la Pologne (1er septembre 1939).    La France, qui avait gagné la guerre, a perdu la paix. MAURICE DELARUE Le Monde du 28 novembre 1983

« Si le conseil est saisi, il s'efforce de régler le litige ou, en cas d'échec, publie un rapport préconisant une solution.

Le rapport estadopté soit à l'unanimité (les parties en cause n'étant pas décomptées), soit à la majorité.

Dans le premier cas, " les membres dela Société s'engagent à ne recourir à la guerre contre aucune partie qui se conforme aux conclusions du rapport " dans le second,ils " se réservent le droit d'agir comme ils le jugeront nécessaire pour le maintien du droit et de la justice " (art 15).

Si un Etatrecourt à la guerre, au mépris de ses engagements, les autres rompent toute relation avec lui et " le conseil a le devoir derecommander aux divers gouvernements intéressés les effectifs militaires, navals et aériens par lesquels les membres "contribueront " aux forces armées destinées à faire respecter les engagements de la Société " (art.

16). Tel est le dispositif.

Il servira peu.

A son actif : la création à La Haye d'une Cour d'arbitrage (aujourd'hui incorporée à l'ONU)et le règlement de différends d'une portée limitée (entre la Pologne et la Lituanie, la Finlande et la Suède, la Colombie et lePérou), mais elle reste impuissante devant une agression aussi flagrante que celle d'un Etat membre, l'Italie, contre un autre,l'Ethiopie (1935). Dès l'origine, le système de sécurité, qui portait pourtant la marque de Wilson, était frappé de précarité par le refus du Sénataméricain d'approuver le traité de Versailles, le pacte de la SDN et les garanties promises à la France (les 19 novembre 1919 et20 mars 1920).

Au démocrate Wilson, d'ailleurs gravement malade, succède un républicain, Harding, élu en novembre 1920, auxcris d' " Amérique d'abord ". Hitler sait, quand la crise de 1929 lui livre l'Allemagne, qu'il n'a rien à craindre des Etats-Unis, pour un temps du moins... Si les Américains avaient déserté la sécurité collective, ils n'avaient pas pour autant renoncé au désarmement (le quatrième pointde Wilson préconisait la réduction des armements).

Ils acceptent donc de participer en février 1932 à Genève avec les membresde la SDN et l'URSS (qui n'y était pas encore admise) à une conférence du désarmement qui allait aggraver plus qu'atténuer lesdissensions entre les anciens alliés. Pour la France, le désarmement passe par la sécurité.

Aussi la première initiative d'André Tardieu, président du conseil etministre des affaires étrangères, est-elle de proposer à Genève une force internationale qui tombe dans l'indifférence et lescepticisme.

Les Allemands jugent le projet " irréaliste " et proposent une négociation bilatérale.

Les Britanniques s'en inquiètentet les Français, qui s'apprêtent à jouer la carte soviétique à la grande irritation des Allemands (traité de non-agression franco-soviétique du 29 novembre), refusent (11 septembre). Les Allemand répliquent trois jours après en annonçant qu'ils ne siègent plus à la conférence du désarmement sans avoir obtenule principe de l' " égalité des droits ".

Premier chantage qui reflète la monté du nazisme : le 31 juillet, Hitler a obtenu son premieret unique succès dans une élection libre avec 230 sièges au Reichstag sur 608. Sous la pression des Américains et surtout des Britanniques, le président du conseil Edouard Herriot finit par dire que la Franceadmet l'égalité des droits " dans un régime qui comporterait pour toutes les nations, comme pour elle-même, la sécurité ".

Le 10décembre, l'accord est conclu : l'Allemagne obtient l'égalité des droits. Le gouvernement français n'est pas convaincu de la bonne foi allemande.

Il s'emploie à faire connaître aux alliés de la guerremondiale, à la Grande-Bretagne, surtout, la réalité des manquements de l'Allemagne à ses engagements et son réarmementclandestin.

Le 14 octobre 1933, le délégué britannique à Genève, Sir John Simon, annonce que la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France et l'Italie entendent soumettre l'Allemagne à une " période probatoire " de huit ans avant de réduire leurarmements.

Le jour même, Hitler joue son va-tout. Il a envisagé le pire et mis l'armée en état d'alerte au cas où la SDN, arguant des violations des clauses du traité de Versailles,notamment sur l'armement, voudrait recourir à des sanctions. Mais l'émotion mise à part, la réaction est insignifiante.

Pas question de rétorsion.

Hitler peut proclamer : " l'histoire dira quel'honneur du peuple allemand, perdu un 11 novembre, a été restauré un 12 novembre, quinze ans plus tard..

" Et le vieuxmaréchal-président Hindenburg appelle à la " solidarité " avec un " caporal bohémien " qu'il méprisait. Hitler n'a plus qu'à suivre sa voie toute tracée.

Tandis que la France s'abîme dans les dissensions et que le Quai d'Orsay tentede poursuivre le rapprochement avec Moscou et Rome et de sensibiliser l'Europe centrale et orientale au nouveau dangerallemand, le Führer met l'Allemagne au pas, rétablit le service militaire obligatoire (16 mars 1935), militarise à outrance, réoccupela zone rhénane démilitarisée à Versailles (7 mars 1936), se fixe comme objectif " un grand espace vital " (5 novembre 1937),annexe l'Autriche (12 mars 1938), obtient le démembrement de la Tchécoslovaquie avant de l'occuper tout entière (16 mars1939) et d'envahir la Pologne (1 er septembre 1939).. »

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