Autrui est-il nécessaire à la constitution de la conscience de soi ?
Publié le 26/06/2009
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Toute la problématique de la réflexion sur autrui est comprise dans l'étymologie : l'alter ego, c'est un autre moi qui n'est pas moi, une conscience identique à la mienne qui n'est pas ma conscience, un corps semblable au mien qui n'est pas mon corps.
Autrui, c'est l'autre singulier, mais aussi les autres. Sans l'intervention du tiers, le pur face à face serait une constante hémorragie de moi vers toi, et de toi vers moi, notait Lévinas. Autrui est à la fois le prochain et le lointain. Il est proche dans les relations privilégiées que je peux établir avec lui, à tel point qu'A. Comte fera de l'altruisme une vertu innée, une disposition naturelle de l'être humain à la bienveillance à l'égard des autres membres de la communauté et qui coexiste avec l'égoïsme. C'est un mouvement spontané de subordination de l'intérêt personnel à celui des semblables, sans motivation religieuse. Néanmoins, l'Autre est absolument insaisissable dans le secret de son être. "Autrui, c'est ce moi-même dont rien ne me sépare, absolument rien si ce n'est sa pure et totale liberté" (Sartre). La philosophie classique avec Descartes n'a pas pris en compte l'existence d'autrui comme problème. L'autre n'est rien de plus pour moi qu'un objet de pensée. Descartes, penché à sa fenêtre, voit passer "des chapeaux et des manteaux, qui peuvent couvrir des spectres ou des hommes feints qui ne se remuent que par ressorts". Ce n'est que par l'effet d'un jugement que je pose qu'il s'agit bien d'hommes. Le Cogito cartésien correspond à une solitude existentielle, dans laquelle l'existence d'autrui ne fait pas irruption, mais se range posément à côté des autres existants. La réflexion sur autrui commence avec Hegel, qui montrera que la conscience même ne peut apparaître que dans une relation d'intersubjectivité. Autrui est nécessaire à la constitution de la conscience de soi.
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