La création de Dieu, Harmonia Rosales, 2017

La création de Dieu, Harmonia Rosales, 2017 → La création d’Adam, une des fresques peinte sur le plafond de la Chapelle Sixtine dans le Vatican, et achevé par Michel Ange au début du XVIe siècle, est un des chefs d’oeuvres les plus connus, étudiés et démocratisés dans l’art. Symbole d’un âge d’or de la peinture italien, il présente des corps lissés et sublimés, issus du livre de la Genèse. → En 2017, Harmonia Rosales, une artiste américaine d’origine afro-cubaine, prend cette oeuvre en tant que palimpseste afin de renverser les codes sociaux appliqués à l’art occidental. Analyse de l’oeuvre : → Dans son tableau, Rosales veut mettre en valeur les grands “oubliés” de l’art : elle remplace chaque personnage, c’est-à-dire, Dieu, Adam et les anges par femmes noires, en conservant exactement la même composition dans leur position et leur nombre. On retrouve le manteau (rouge) recouvrant les personnages divins, le tissu (vert) le long du corps de l’ange situé sous Dieu, le sol sur lequel est reposé la création, sauf qu’ici il s’agit d’une terre qui semble être aride, et non luxuriante et verte comme dans le tableau d’origine. → Ce qui est important dans ce tableau c’est sa symbolique et le message véhiculé par l’artiste. Elle a souhaité réinterpréter une oeuvre importante dans l’art et largement connus par le grand public pour interroger sur le conditionnement conscient ou inconscient du spectateur à s’attendre à voir des personnages blancs et masculins dans des positions de pouvoir et d’autorité, ici religieuse. Elle dit vouloir « retourner le script, établir un contre-récit. » ⇒ changement de sexe permet de réinterpréter sémantiquement des éléments de l’oeuvre original : le manteau qui était vu comme un cerveau, devient ici un utérus et le tissu vers peut faire office de cordon obilical, ainsi Dieu devient alors une figure maternelle, donnant naissance à l’homme. → Elle pose la question au spectateur : pourquoi Dieu serait un homme caucasien ? En effet, si on considère que la vie humaine est sortie d’Afrique, il paraît sensé de faire Dieu une personne noire. De plus, Dieu est parfois dénommé « God herself », ce qui en ferait une femme. Ainsi, si Dieu a construit l’Homme à son image, le premier être humain serait une femme noire. → Cette oeuvre n’est pas isolé, elle fait partie d’une série de réinterprétations intitulée B.I.T.C.H (Black Imaginary To Counter Hegemony), mettant en lumière des personnages féminins noirs et critiquant un monde de l’art dominé par les hommes caucasiens où les minorités et surtout les femmes de couleur n’ont que peu de place, si ce n’est celle d’un fanstasme ou d’un objet exotique. Son objectif est de valoriser les minorités le pouvoir de l’art et de changer le regard des spectateurs sur le monde. Analyse du titre :  → titre annonciateur, décrivant l’oeuvre. titre qui paraît simple, il ne s’agit que d’un groupe nominal composé d’un nom et d’un complément du nom. Il diffère du titre de Michel Ange, même si c’est une citation (La Création d’Adam, devient La Création de Dieu) → ce changement de titre, comme le dit Butor, oblige le spectateur à se focaliser sur un point différent de l’original, et à se concentrer sur d’autres détails. La Création d’Adam, qui se réfère à l’acte de création et donc met au centre les deux mains s'effleurant, qui sont littéralement le point de symétrie du tableau. Dans La Création de Dieu, c’est la créature qui est désignée, le premier être humain, la femme est le personnage central, et est mise en valeur. De plus, on pourrait dire que le titre désigne le tableau dans son entièreté puisque tout ce qui est représenté a été créé par Dieu. → En analysant la citation de Butor, une des conclusions était que le titre, peut desservir le tableau, puisqu’il crée une anticipation du spectateur envers l’oeuvre et annule l’effet de saisissement. Or, ici en isolant le titre, on se rend compte qu’il s’agit d’une citation de la fresque de Michel Ange, et l’anticipation et les attentes créer par le titre, ne rend que plus fort le message du tableau et la critique de l’artiste. En le rattachant à l’oeuvre le titre insiste sur l’importance de changer les représentations et les mentalités. → Ici le titre permet de jouer avec les attentes et anticipation du spectateur.