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Césaire, Aimé - écrivain.

Publié le 29/04/2013

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Césaire, Aimé - écrivain. 1 PRÉSENTATION Césaire, Aimé (1913-2008), poète et homme politique français, chantre de la négritude, dont l'oeuvre exprime toute la révolte du peuple noir contre les colonisateurs. 2 « JE SUIS DE LA RACE DE CEUX QU'ON OPPRIME «. Né à Basse-Pointe, dans le nord de la Martinique, Aimé Césaire, fils d'un inspecteur des impôts et d'une couturière, et petit-fils du premier enseignant noir de la Martinique, grandit dans une famille nombreuse et modeste, où sa grand-mère, une des rares femmes lettrées de sa génération, lui apprend à lire et à écrire. Après une scolarité classique à Basse-Pointe, il obtient une première bourse pour entrer au lycée Schoelcher (du nom du père de l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises, Victor Schoelcher) de Fort-de-France en 1924. Là, son goût pour les études et ses aptitudes remarquées par ses professeurs lui permettent d'obtenir une seconde bourse pour poursuivre ses études à Paris. Il entre alors en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand en 1931 ; il y rencontre Léopold Sedar Senghor, son aîné de quelques années et futur président du Sénégal indépendant, et noue avec lui une amitié profonde. Tous deux sont particulièrement marqués et révoltés par l'exposition coloniale qui se tient en 1931 à Paris, et par la politique engagée par le ministre des Colonies, Paul Raynaud, qui déclare alors : « La colonisation est un phénomène qui s'impose, car il est dans la nature des choses que les peuples arrivés à son (sic) niveau supérieur d'évolution se penchent vers ceux qui sont à son (sic) niveau inférieur pour les élever jusqu'à eux « (discours du 2 juillet 1931). Aimé Césaire poursuit ses études de lettres à la Sorbonne avant d'entrer à l'École normale supérieure en 1935. Il prend peu à peu conscience de ses racines africaines et se penche de plus en plus sur les méfaits du colonialisme, notamment grâce à la parution en 1932 d'un manifeste surréaliste martiniquais, rédigé par René Ménil et d'autres intellectuels, dénonçant le colonialisme et la notion « d'assimilation « -- dans Nègre je suis, nègre je resterai (2005), il explique : « L'assimilation pour moi, c'était l'aliénation, la chose la plus grave «. Deux ans plus tard, s'étant rapproché de plusieurs étudiants antillais et africains, il fonde la revue l'Étudiant noir (1934) avec Léopold Sedar Senghor et son ami martiniquais Léon-Gontran Damas (rencontré au lycée Schoelcher). En 1935, la France célèbre le tricentenaire du rattachement des Antilles à la métropole, ce qui ne fait que renforcer son sentiment anticolonialiste. 3 L'INVENTION DE LA NÉGRITUDE C'est dans un texte intitulé « Nègrerie « et publié en 1934 dans l'Étudiant noir qu'Aimé Césaire introduit le concept de « négritude «. La négritude traduit l'affirmation des valeurs culturelles, historiques et spirituelles africaines. Non seulement littéraire et artistique, la négritude se fait politique, notamment à travers la lutte contre le colonialisme et l'humiliation subie par les pays d'Afrique noire. La négritude « plonge dans la chair rouge du sol. / Elle plonge dans la chair ardente du ciel « (Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal, 1939). Elle se clame dès lors haut et fort, et l'identité africaine affirme sa dignité et ses lettres de noblesse. La négritude n'apporte pas d'élément vraiment novateur aux idées qui circulent déjà dans les milieux intellectuels noirs : remise en question des valeurs des sociétés occidentales, protestation contre la politique d'assimilation française, affirmation de la valeur des cultures noires, volonté d'obtenir une reconnaissance officielle et véritable des civilisations noires. Elle a cependant le mérite de structurer ce mouvement de pensée et de lui donner une efficacité et un élan nouveaux. Dans ses entretiens de Nègre je suis, nègre je resterai, Aimé Césaire raconte : « notre doctrine, notre idée secrète, c'était : Nègre je suis et nègre je resterai. Il y avait dans cette idée l'idée d'une spécificité africaine, d'une spécificité noire. Mais Senghor et moi nous sommes toujours gardés de tomber dans le racisme noir. J'ai ma personnalité et, avec le blanc, je suis dans un respect mutuel. « 4 RETOUR AU PAYS NATAL En 1935, en vacances en Dalmatie, Aimé Césaire se souvient du littoral martiniquais et commence la rédaction du Cahier d'un retour au pays natal qu'il achève en 1938. Marié en 1937 à Suzanne Roussi, une Martiniquaise, et agrégé de lettres en 1938, il décide de rentrer en Martinique en 1939 ; tous deux enseignent au lycée Schoelcher. Le Cahier d'un retour au pays natal, publié cette même année, est un véritable cri de révolte, auquel se rallient plusieurs intellectuels noirs. Que de sang dans ma mémoire ! Dans ma mémoire sont des lagunes. Elles sont couvertes de têtes de mort. Ma mémoire est entourée de sang. Ma mémoire a sa ceinture de cadavres. Combattant les clichés sur les Antilles et l'aliénation culturelle imposée par la France métropolitaine, Aimé Césaire, avec son épouse et d'autres intellectuels martiniquais tels René Ménil, Georges Gratiant et Aristide Maugée, fonde en 1941 la revue Tropiques, qui devient le lieu d'expression de la négritude et du sentiment national martiniquais, mais aussi de l'anticolonialisme et de l'anti-assimilationnisme. Avec la Seconde Guerre mondiale et le régime de Vichy, les autorités françaises en Martinique se font répressives, s'opposent particulièrement aux élus noirs, qu'ils remplacent par des Békés (blancs), et pratiquent la censure, s'attaquant notamment à la revue d'Aimé Césaire. En 1941, ce dernier rencontre André Breton, qui découvre le Cahier d'un retour au pays natal et la revue Tropiques. Le pape du surréalisme, qui admire particulièrement l'homme engagé qu'est Césaire -- il écrit la préface du Cahier dans son édition bilingue en 1943, puis celle des Armes miraculeuses, et le surnommera plus tard « le nègre fondamental «, puis « le prototype de la dignité humaine « --, exerce sur lui une profonde influence. Aimé Césaire finit par se rallier au surréalisme, et les Armes miraculeuses (1946) et Ferrements (1960), recueils de poésies exaltant l'âme noire, portent l'empreinte du mouvement. Reçu en Haïti où il reste six mois, il s'intéresse à la figure historique de Toussaint Louverture à laquelle il consacre quelques années plus tard un ouvrage, Toussaint Louverture, la Révolution française et le Problème colonial (1962), à propos duquel il dit : « il y a beaucoup de moi dans ce livre sur Toussaint Louverture. [...] La révolution haïtienne est une révolution nègre « (Nègre je suis, nègre je resterai). Aimé Césaire poursuit son oeuvre à travers l'écriture poétique car, selon lui « C'est dans ma poésie que se trouvent mes réponses. La poésie m'intéresse, et je me relis, j'y tiens. C'est là que je suis. La poésie révèle l'homme à lui-même. « (Nègre je suis, nègre je resterai). Parmi ses oeuvres poétiques figurent également Soleil cou coupé (1947), Corps perdu (1950), Cadastre (1961), Moi, Laminaire (1982, Grand prix national de la poésie) et la Poésie (1994). 5 LE COMBAT POLITIQUE DE « PAPA CÉSAIRE « Parallèlement à son oeuvre littéraire, Aimé Césaire mène une carrière politique de premier plan. Élu député en 1945 sous la bannière du Parti communiste (PCF) -- il conserve son siège pendant 48 ans --, il devient la même année maire de Fort-deFrance (pendant 56 ans). En 1946, en tant que député, il est le rapporteur de la loi qui transforme en département les colonies de Martinique (dont il devient conseiller général en 1956), Guadeloupe, Guyane et Réunion. Son destin politique est dès lors profondément lié à son île natale et à la défense et la préservation des cultures des anciennes colonies, ainsi qu'au combat contre l'aliénation culturelle et l'assimilationnisme. En 1947, à Paris, il participe à la création, avec le Sénégalais Alioune Diop, de la revue Présence africaine, dans laquelle il publie une seconde fois en 1955 son Discours sur le colonialisme (1950). Dans ce réquisitoire, il condamne fermement l'attitude des pays colonisateurs, dont il compare la politique aux théories nazies de Mein Kampf, et affirme : « le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s'habitue à voir dans l'autre la bête, s'entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête «. En 1956, profondément déçu par l'attitude du PCF après l'insurrection de Budapest et les révélations des crimes de Staline par Khrouchtchev, il adresse sa lettre de démission au secrétaire général du Parti, Maurice Thorez, « pour faire comprendre que ce n'est ni le marxisme ni le communisme qu'[il] renie, que c'est l'usage que certains ont fait du marxisme et du communisme qu'[il] réprouve «. En 1958, il fonde le Parti progressiste martiniquais (PPM), qui propose « un type de communisme martiniquais plus résolu et plus responsable dans la pensée et dans l'action « ainsi que « la transformation des départements d'outre-mer en régions fédérales « -- il préside le PPM jusqu'en 2005. Partisan de François Mitterrand, il soutient sa politique de décentralisation et devient, en 1983, président du tout nouveau conseil régional de la Martinique (jusqu'en 1986). Accusé par certains d'avoir renié la cause indépendantiste, « Papa Césaire «, comme l'appellent ses concitoyens martiniquais, explique ainsi ses revendications politiques : « Je suis indépendantiste. Comme tout Martiniquais, je crois à l'indépendance, mais encore faudrait-il que les Martiniquais la veuillent vraiment ! [...] Pour moi, ni indépendance, ni assimilationnisme, mais autonomie, c'est-à-dire avoir sa spécificité, ses formes institutionnelles, son propre idéal, tout en appartenant à un grand ensemble « (Nègre je suis, nègre je resterai). 6 « JE PARLE ET J'ÉVEILLE « Dès 1956, Aimé Césaire se tourne vers le théâtre car « ce n'était pas avec des poèmes que j'allais parler aux foules. Je me suis dit : "Et si on faisait du théâtre, pour exposer nos problèmes, mettre en scène notre histoire pour la compréhension de tous" « (Nègre je suis, nègre je resterai). Son oeuvre dramatique commence avec Et les chiens se taisaient (1956), texte virulent contre le colonialisme dans lequel une phrase peut à elle seule résumer les raisons de son engagement : « Il n'y a pas dans le monde un pauvre, un pauvre type lynché, un pauvre homme torturé en qui je ne sois assassiné et humilié «. Aimé Césaire s'intéresse particulièrement aux destins d'anciennes colonies, notamment dans la Tragédie du roi Christophe (1963) sur l'indépendance d'Haïti, ou avec Une saison au Congo (1967) sur Patrice Lumumba, figure de l'indépendance du Congo belge. En règle générale, son théâtre est fondé sur une condamnation véhémente et burlesque du colonialisme et sur les conflits raciaux (Une tempête, 1968). Aimé Césaire aura été, à travers son oeuvre poétique, dramatique et politique, tel son personnage de Lumumba : « Je ne me veux ni Messie, ni Mahdi, je n'ai pour arme que ma parole, je parle et j'éveille, je ne suis pas un redresseur de torts, pas un faiseur de miracles, je suis un redresseur de vie, je parle et je rends l'Afrique à elle-même, je parle et je rends l'Afrique au monde. Je parle et, attaquant à leur base oppression et servitude, je rends possible pour la première fois possible, la fraternité. « (Une saison au Congo). Il a également publié des essais dont Esclavage et Colonisation (1948), Discours sur la négritude (1987), et deux recueils d'entretiens (Rencontre avec un nègre fondamental, avec Patrice Louis, 2004 ; Nègre je suis, nègre je resterai, avec Françoise Vergès, 2005). En 2008, à sa mort, Aimé Césaire est honoré de funérailles nationales, hommage de la Nation exceptionnel, puisque seuls deux écrivains en ont bénéficié depuis Victor Hugo en 1885 : Paul Valéry (1945) et Colette (1954). L'inscription figurant sur sa tombe répète des vers du « Calendrier lagunaire « (Moi Laminaire, 1982) : « La pression atmosphérique ou plutôt l'historique Agrandit démesurément mes maux Même si elle rend somptueux certains de mes mots «. Aimé Césaire, fervent homme de gauche qui s'était opposé à rencontrer Nicolas Sarkozy en 2005, à cause de la loi controversée sur le « rôle positif de la présence française Outre-mer «, a destiné à celui-ci pour le jour de ses funérailles une plaque sur laquelle est inscrite sa propre devise de la France : « Liberté, identité, responsabilité, fraternité «. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« 5 LE COMBAT POLITIQUE DE « PAPA CÉSAIRE » Parallèlement à son œuvre littéraire, Aimé Césaire mène une carrière politique de premier plan.

Élu député en 1945 sous la bannière du Parti communiste (PCF) — il conserve son siège pendant 48 ans —, il devient la même année maire de Fort-de- France (pendant 56 ans).

En 1946, en tant que député, il est le rapporteur de la loi qui transforme en département les colonies de Martinique (dont il devient conseiller général en 1956), Guadeloupe, Guyane et Réunion.

Son destin politique est dès lors profondément lié à son île natale et à la défense et la préservation des cultures des anciennes colonies, ainsi qu’au combat contre l’aliénation culturelle et l’assimilationnisme.

En 1947, à Paris, il participe à la création, avec le Sénégalais Alioune Diop, de la revue Présence africaine , dans laquelle il publie une seconde fois en 1955 son Discours sur le colonialisme (1950).

Dans ce réquisitoire, il condamne fermement l’attitude des pays colonisateurs, dont il compare la politique aux théories nazies de Mein Kampf , et affirme : « le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête ». En 1956, profondément déçu par l’attitude du PCF après l’insurrection de Budapest et les révélations des crimes de Staline par Khrouchtchev, il adresse sa lettre de démission au secrétaire général du Parti, Maurice Thorez, « pour faire comprendre que ce n’est ni le marxisme ni le communisme qu’[il] renie, que c’est l’usage que certains ont fait du marxisme et du communisme qu’[il] réprouve ».

En 1958, il fonde le Parti progressiste martiniquais (PPM), qui propose « un type de communisme martiniquais plus résolu et plus responsable dans la pensée et dans l’action » ainsi que « la transformation des départements d’outre-mer en régions fédérales » — il préside le PPM jusqu’en 2005.

Partisan de François Mitterrand, il soutient sa politique de décentralisation et devient, en 1983, président du tout nouveau conseil régional de la Martinique (jusqu’en 1986). Accusé par certains d’avoir renié la cause indépendantiste, « Papa Césaire », comme l’appellent ses concitoyens martiniquais, explique ainsi ses revendications politiques : « Je suis indépendantiste.

Comme tout Martiniquais, je crois à l’indépendance, mais encore faudrait-il que les Martiniquais la veuillent vraiment ! […] Pour moi, ni indépendance, ni assimilationnisme, mais autonomie, c’est-à-dire avoir sa spécificité, ses formes institutionnelles, son propre idéal, tout en appartenant à un grand ensemble » (Nègre je suis, nègre je resterai). 6 « JE PARLE ET J’ÉVEILLE » Dès 1956, Aimé Césaire se tourne vers le théâtre car « ce n’était pas avec des poèmes que j’allais parler aux foules.

Je me suis dit : “Et si on faisait du théâtre, pour exposer nos problèmes, mettre en scène notre histoire pour la compréhension de tous” » (Nègre je suis, nègre je resterai) .

Son œuvre dramatique commence avec Et les chiens se taisaient ( 1956), texte virulent contre le colonialisme dans lequel une phrase peut à elle seule résumer les raisons de son engagement : « Il n’y a pas dans le monde un pauvre, un pauvre type lynché, un pauvre homme torturé en qui je ne sois assassiné et humilié ».

Aimé Césaire s’intéresse particulièrement aux destins d’anciennes colonies, notamment dans la Tragédie du roi Christophe (1963) sur l’indépendance d’Haïti, ou avec Une saison au Congo (1967) sur Patrice Lumumba, figure de l’indépendance du Congo belge.

En règle générale, son théâtre est fondé sur une condamnation véhémente et burlesque du colonialisme et sur les conflits raciaux ( Une tempête, 1968). Aimé Césaire aura été, à travers son œuvre poétique, dramatique et politique, tel son personnage de Lumumba : « Je ne me veux ni Messie, ni Mahdi, je n’ai pour arme que ma parole, je parle et j’éveille, je ne suis pas un redresseur de torts, pas un faiseur de miracles, je suis un redresseur de vie, je parle et je rends l’Afrique à elle-même, je parle et je rends l’Afrique au monde.

Je parle et, attaquant à leur base oppression et servitude, je rends possible pour la première fois possible, la fraternité.

» (Une saison au Congo) .

Il a également publié des essais dont Esclavage et Colonisation (1948), Discours sur la négritude (1987), et deux recueils d’entretiens ( Rencontre avec un nègre fondamental, avec Patrice Louis, 2004 ; Nègre je suis, nègre je resterai, avec Françoise Vergès, 2005). En 2008, à sa mort, Aimé Césaire est honoré de funérailles nationales, hommage de la Nation exceptionnel, puisque seuls deux écrivains en ont bénéficié depuis Victor Hugo en 1885 : Paul Valéry (1945) et Colette (1954).

L’inscription figurant sur sa tombe répète des vers du « Calendrier lagunaire » (Moi Laminaire, 1982) : « La pression atmosphérique ou plutôt l’historique Agrandit démesurément mes maux Même si elle rend somptueux certains de mes mots ». Aimé Césaire, fervent homme de gauche qui s’était opposé à rencontrer Nicolas Sarkozy en 2005, à cause de la loi controversée sur le « rôle positif de la présence française Outre-mer », a destiné à celui-ci pour le jour de ses funérailles une plaque sur laquelle est inscrite sa propre devise de la France : « Liberté, identité, responsabilité, fraternité ». Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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