Césaire, Aimé - écrivain.
Publié le 29/04/2013
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5 LE COMBAT POLITIQUE DE « PAPA CÉSAIRE »
Parallèlement à son œuvre littéraire, Aimé Césaire mène une carrière politique de premier plan.
Élu député en 1945 sous la bannière du Parti communiste (PCF) — il conserve son siège pendant 48 ans —, il devient la même année maire de Fort-de-
France (pendant 56 ans).
En 1946, en tant que député, il est le rapporteur de la loi qui transforme en département les colonies de Martinique (dont il devient conseiller général en 1956), Guadeloupe, Guyane et Réunion.
Son destin politique est dès
lors profondément lié à son île natale et à la défense et la préservation des cultures des anciennes colonies, ainsi qu’au combat contre l’aliénation culturelle et l’assimilationnisme.
En 1947, à Paris, il participe à la création, avec le Sénégalais Alioune
Diop, de la revue Présence africaine , dans laquelle il publie une seconde fois en 1955 son Discours sur le colonialisme (1950).
Dans ce réquisitoire, il condamne fermement l’attitude des pays colonisateurs, dont il compare la politique aux théories
nazies de Mein Kampf , et affirme : « le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête ».
En 1956, profondément déçu par l’attitude du PCF après l’insurrection de Budapest et les révélations des crimes de Staline par Khrouchtchev, il adresse sa lettre de démission au secrétaire général du Parti, Maurice Thorez, « pour faire comprendre que
ce n’est ni le marxisme ni le communisme qu’[il] renie, que c’est l’usage que certains ont fait du marxisme et du communisme qu’[il] réprouve ».
En 1958, il fonde le Parti progressiste martiniquais (PPM), qui propose « un type de communisme
martiniquais plus résolu et plus responsable dans la pensée et dans l’action » ainsi que « la transformation des départements d’outre-mer en régions fédérales » — il préside le PPM jusqu’en 2005.
Partisan de François Mitterrand, il soutient sa politique
de décentralisation et devient, en 1983, président du tout nouveau conseil régional de la Martinique (jusqu’en 1986).
Accusé par certains d’avoir renié la cause indépendantiste, « Papa Césaire », comme l’appellent ses concitoyens martiniquais, explique ainsi ses revendications politiques : « Je suis indépendantiste.
Comme tout Martiniquais, je crois à l’indépendance,
mais encore faudrait-il que les Martiniquais la veuillent vraiment ! […] Pour moi, ni indépendance, ni assimilationnisme, mais autonomie, c’est-à-dire avoir sa spécificité, ses formes institutionnelles, son propre idéal, tout en appartenant à un grand
ensemble » (Nègre je suis, nègre je resterai).
6 « JE PARLE ET J’ÉVEILLE »
Dès 1956, Aimé Césaire se tourne vers le théâtre car « ce n’était pas avec des poèmes que j’allais parler aux foules.
Je me suis dit : “Et si on faisait du théâtre, pour exposer nos problèmes, mettre en scène notre histoire pour la compréhension de
tous” » (Nègre je suis, nègre je resterai) .
Son œuvre dramatique commence avec Et les chiens se taisaient ( 1956), texte virulent contre le colonialisme dans lequel une phrase peut à elle seule résumer les raisons de son engagement : « Il n’y a pas
dans le monde un pauvre, un pauvre type lynché, un pauvre homme torturé en qui je ne sois assassiné et humilié ».
Aimé Césaire s’intéresse particulièrement aux destins d’anciennes colonies, notamment dans la Tragédie du roi Christophe (1963) sur
l’indépendance d’Haïti, ou avec Une saison au Congo (1967) sur Patrice Lumumba, figure de l’indépendance du Congo belge.
En règle générale, son théâtre est fondé sur une condamnation véhémente et burlesque du colonialisme et sur les conflits
raciaux ( Une tempête, 1968).
Aimé Césaire aura été, à travers son œuvre poétique, dramatique et politique, tel son personnage de Lumumba : « Je ne me veux ni Messie, ni Mahdi, je n’ai pour arme que ma parole, je parle et j’éveille, je ne suis pas un redresseur de torts, pas un
faiseur de miracles, je suis un redresseur de vie, je parle et je rends l’Afrique à elle-même, je parle et je rends l’Afrique au monde.
Je parle et, attaquant à leur base oppression et servitude, je rends possible pour la première fois possible, la
fraternité.
» (Une saison au Congo) .
Il a également publié des essais dont Esclavage et Colonisation (1948), Discours sur la négritude (1987), et deux recueils d’entretiens ( Rencontre avec un nègre fondamental, avec Patrice Louis, 2004 ; Nègre je
suis, nègre je resterai, avec Françoise Vergès, 2005).
En 2008, à sa mort, Aimé Césaire est honoré de funérailles nationales, hommage de la Nation exceptionnel, puisque seuls deux écrivains en ont bénéficié depuis Victor Hugo en 1885 : Paul Valéry (1945) et Colette (1954).
L’inscription figurant sur sa
tombe répète des vers du « Calendrier lagunaire » (Moi Laminaire, 1982) :
« La pression atmosphérique ou plutôt l’historique
Agrandit démesurément mes maux
Même si elle rend somptueux certains de mes mots ».
Aimé Césaire, fervent homme de gauche qui s’était opposé à rencontrer Nicolas Sarkozy en 2005, à cause de la loi controversée sur le « rôle positif de la présence française Outre-mer », a destiné à celui-ci pour le jour de ses funérailles une plaque
sur laquelle est inscrite sa propre devise de la France : « Liberté, identité, responsabilité, fraternité ».
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