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Chanson de Roland (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Chanson de Roland (extrait). La mort d'Olivier compte parmi les épisodes les plus émouvants de la Chanson de Roland. Conscient du péril, Olivier, plus sage que Roland, l'exhorte à sonner du cor (l'olifant) pour avertir Charlemagne ; mais, trop orgueilleux, Roland refuse. Dans l'ultime assaut qui oppose l'armée chrétienne de Charlemagne aux Sarrasins, à Roncevaux, Olivier est mortellement blessé, et avant d'expirer il pardonne à son compagnon sa témérité funeste. Le combat semble s'être arrêté et la bravoure a cédé la place à la plus grande des vertus chevaleresques : la piété. Chanson de Roland (deuxième partie : Roncevaux) Olivier sent qu'il est blessé à mort. Jamais il ne saurait assez se venger. En pleine mêlée, maintenant, il frappe comme un baron. Il tranche les épieux et les boucliers et les pieds et les poings et les selles et les poitrines. Qui l'aurait vu démembrer les Sarrasins, abattre un mort sur un autre, pourrait se souvenir d'un bon vassal. Il n'oublie pas le cri de guerre de Charles : « Monjoie ! «, crie-t-il, à voix haute et claire. Il appelle Roland, son ami et son pair : « Sire compagnon, venez donc près de moi : à grande douleur nous serons aujourd'hui séparés. « Roland regarde Olivier : il est blême et livide, décoloré et pâle. Le sang tout clair lui coule par le milieu du corps : sur la terre tombent les caillots. « Dieu ! dit le comte, je ne sais plus que faire. Sire compagnon, votre vaillance fut votre malheur ! Jamais il n'y aura homme d'aussi grande valeur. Ah ! France douce, comme aujourd'hui tu resteras dépouillée de bons vassaux, confondue et déchue ! L'empereur en aura grand dommage. « À ces mots, sur son cheval, il se pâme. Voilà Roland, sur son cheval, pâmé, et Olivier qui est blessé à mort. Il a tant saigné que ses yeux sont troublés. Ni loin ni près il ne peut voir assez clair pour reconnaître homme mortel. Il rencontre son compagnon et le frappe sur son heaume gemmé d'or : il le lui tranche jusqu'au nasal, mais il n'a pas atteint la tête. À ce coup, Roland l'a regardé et lui demande doucement, amicalement : « Sire compagnon, l'avez-vous fait exprès ? C'est moi, Roland, qui vous aime tant ! Vous ne m'aviez pourtant pas défié ! « Olivier dit : « Maintenant je vous entends parler. Je ne vous vois pas : que le Seigneur Dieu vous voie ! Je vous ai frappé, pardonnez-le-moi ! « Roland répond : « Je n'ai pas de mal. Je vous pardonne ici et devant Dieu. « À ces mots ils s'inclinent l'un vers l'autre. C'est en tel amour qu'ils se séparent. Olivier sent que la mort l'étreint. Les deux yeux lui tournent en la tête, il perd l'ouïe et toute la vue ; il descend de cheval, se couche contre terre. Péniblement, à haute voix, il dit sa coulpe, les deux mains jointes vers le ciel ; il prie Dieu de lui donner le paradis et de bénir Charles et France la douce, et son compagnon Roland, par-dessus tous les hommes. Le coeur lui manque, son heaume s'incline, tout son corps s'étend à terre. Il est mort le comte ; il ne s'attarde pas plus longtemps. Roland le baron le pleure et le regrette : jamais, sur terre, vous n'entendrez homme plus accablé de douleur. Roland voit que son ami est mort, gisant la face contre terre. Très doucement, il se prit à dire son regret : « Sire compagnon, c'est pour votre malheur que vous fûtes hardi ! Nous avons été ensemble et des ans et des jours : tu ne me fis jamais de mal, et jamais je ne t'en fis. Quand tu es mort, c'est douleur que je vive. « À ces mots, le marquis se pâme sur son cheval, qu'il nomme Veillantif. Mais il tient ferme sur ses étriers d'or fin : où qu'il aille, il ne peut pas tomber. Source : Nony (Daniel) et André (Alain), Littérature française : histoire et anthologie, Paris, Hatier, 1990. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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