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Clarín - écrivain.

Publié le 28/04/2013

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Clarín - écrivain. 1 PRÉSENTATION Clarín (1852-1901), écrivain et critique littéraire espagnol, dont la célébrité est due à la Régente, un livre exceptionnel considéré comme le meilleur roman espagnol du XIXe siècle. 2 UN HOMME ANCRÉ DANS SON ÉPOQUE Né à Zamora, Leopoldo García Ureña Alas, dit Clarín, suit son père préfet dans les villes de León puis de Guadalajara. À l'âge de seize ans, en 1868, il participe aux journées de la « Révolution glorieuse « soutenant les convictions républicaines et progressistes qu'il n'a dès lors de cesse de défendre. Il commence au même moment la rédaction de son premier journal manuscrit, Juan Ruiz. Après l'obtention de son baccalauréat et d'une licence de droit à Oviedo, il part terminer ses études à Madrid, où il rencontre les milieux littéraire, philosophique et artistique. Il s'intéresse au système philosophique de l'Allemand Karl Christian Friedrich Krause (1781-1833), qu'il découvre grâce à son ami et professeur Francisco Giner de los Ríos (1839-1915). Alas commence alors à écrire pour diverses revues, notamment El solfeo, et publie son premier conte satirique. En 1872, il fonde avec son ami Armando Palacio Valdés la revue satirique Rabaguás et, en 1875, il signe ses articles dans El solfeo du pseudonyme Clarín, choisi dans la Vie est un songe de Calderón de la Barca. En 1880, il entre dans l'équipe de la revue satirique Madrid Cómico et, en 1881, il réunit ses critiques ainsi que quelques contes, sous le titre Solos de Clarín. En 1883, il soutient sa thèse sur les rapports entre la morale et le droit (El derecho y la moralidad) puis obtient la chaire de droit canon à Oviedo. Élu conseiller municipal de cette ville en 1887, il y reste jusqu'à sa mort. 3 UN INTELLECTUEL INTRANSIGEANT Clarín est un intellectuel soucieux de combiner l'idéalisme avec la philosophie positiviste et la recherche du sens métaphysique ou religieux de la vie. C'est un grand analyste, un perfectionniste obsédé par le souci du détail, qui envisage la littérature comme un travail constant et minutieux, au sein duquel l'éthique demeure une préoccupation centrale. Sa méthode est la prospection positiviste chère au réalisme et au naturalisme. Son mordant et ses critiques littéraires impitoyables choquent ses contemporains. Porté par sa vocation d'enseignant, il ambitionne, en effet, d'élever le niveau culturel de son pays et se montre, de ce fait, intransigeant vis-à-vis du mauvais goût et de la vulgarité. Il publie de nombreux textes critiques ; les uns satiriques comme ses solos (Solos de Clarín, 1881) et ses paliques (causeries), les autres plus théoriques et analytiques sur la société ou sur les auteurs et les mouvements littéraires contemporains comme Galdós (1912), un ouvrage considéré, aujourd'hui encore, comme un livre de référence sur l'oeuvre de Pérez Galdós, l'autre grand romancier espagnol du XIXe siècle. Il écrit également plus de soixante-dix contes (Sermón perdido, 1885 ; Cuentos morales -- Contes moraux --, 1896 ; El gallo de Socrates -- le Coq de Socrate -- publication posthume, 1901) et nouvelles, une oeuvre dramatique (Teresa) ainsi que deux grands romans, la Régente (La Regenta) et Son fils unique (Su único hijo) qu'il ne publie qu'en 1891 et dans lequel il prend plaisir à tracer les portraits psychologiques de ses personnages. L'oeuvre de Clarín tombe dans l'oubli à sa mort mais elle est redécouverte lors de la célébration de l'anniversaire de sa naissance, en 1952. 4 LA RÉGENTE La Régente (1884-1885) constitue l'oeuvre majeure de Clarín ; l'adultère y est traité d'une manière jusque-là inédite dans la littérature espagnole. Le réalisme européen avait déjà abordé ce sujet dans Madame Bovary de Gustave Flaubert, Anna Karénine de Léon Tolstoï, le Cousin Basile d'Eça de Queirós, ainsi que dans le Château d'Ulloa d'Émilia Pardo Bazán. Dans la Régente, la jeune et belle Ana Ozores, une provinciale naïve, épouse le régent Víctor Quintanar, un homme bon mais ennuyeux, et beaucoup plus âgé qu'elle, ex-président du tribunal de Vetusta (ville imaginaire à travers laquelle on reconnaît Oviedo). Se sentant de plus en plus frustrée et abattue, Ana devient la proie du don Juan provincial don Álvaro et de son propre confesseur don Fermín de Pas, un homme d'origine humble, à la fois arrogant et ambitieux. Si Ana succombe finalement au charme d'Álvaro, la vraie préoccupation de l'auteur, c'est Vetusta, la ville qui sert de cadre à l'histoire et aux événements qui s'y trament. La rivalité entre Fermín et Álvaro pour la possession physique d'Ana doit être comprise comme une allégorie de la lutte à laquelle se livrent les deux pouvoirs de la ville : l'église la plus rétrograde et le caciquisme teinté de libéralisme des pouvoirs civils. Le récit se termine par la décadence absolue des personnages : le régent meurt lors d'un terrible duel avec Álvaro qui s'enfuit lâchement, révélant ainsi sa bassesse ; l'ambition de Fermín se traduit, quant à elle, par une absence totale de scrupules et de moralité, tandis qu'Ana, l'intouchable régente, a droit à un « baiser visqueux « de l'être le plus méprisable de la ville. Tout au long du roman apparaît en filigrane le sens critique et moral de Clarín, mais les censures dont il est l'objet sont si nombreuses qu'elles le dissuadent sans doute d'aller plus loin dans ses livres ultérieurs. L'oeuvre connaît à sa sortie un accueil mitigé ; elle est louée par les progressistes et condamnée par les républicains. Elle est aujourd'hui considérée dans le monde hispanophone comme -- l'expression est de Vargas Llosa -- « le meilleur roman espagnol du XIXe siècle «. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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