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Commentaire acte IV scène 2 Phèdre de Racine (incomplet)

Publié le 21/11/2011

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racine

Phèdre est une tragédie classique écrite par Racine en 1677. Dans la scène 2 de l’acte IV, Thésée accuse son fils d’avoir détourné Phèdre de son mariage, mais il nie les faits et cherche à se défendre contre ces accusations.

            Comment, dans cette scène, s’affrontent deux démesures ?

            Nous commencerons par étudier le personnage de Thésée et son égarement dans la fureur, puis nous nous intéresserons à la démesure d’Hippolyte par sa foi en sa vertu.

 

            Thésée se présente dans cette scène en tant qu’homme bafoué. Il est furieux à un tel point qu’il devient sourd face aux arguments de son fils. C’est un mari révolté qui parle, il est persuadé que c’est Hippolyte et non sa femme qui a commis une faute. Il emploie pour cela le champ lexical du mensonge, avec des mots tels que « tromper » (v1036), « fausse » (v1036), « tu te feins criminel » (v1128). Thésée est incapable de sortir de son raisonnement, d’accepter la vérité que lui propose Hippolyte : il subit la fatalité, c’est un élément décelant le tragique de la scène.

            Thésée manifeste sa colère par différents moyens. On remarque premièrement qu’il emploie le champ lexical des injures, désignant ici son fils comme un « Monstre » (v1045), un « traître » (v1081) ou encore un « lâche » (v1114). Souhaitant le malheur de son fils, il va jusqu’à user de l’imprécation, notamment au vers 1073, où il implore « Neptune » (v1065) de venger « un malheureux père » (v1073). Le bannissement final est la dernière conséquence de la rage de Thésée. Il le renie en tant que père, « N’attend pas qu’un père furieux te fasse avec opprobre arracher de ses lieux » (v1155-1556), et va même jusqu’à évoquer la possibilité de le tuer, par l’euphémisme « châtiment soudain » (v1059). De plus, on peut noter que tout le long de la scène, Thésée tutoie son fils : « Tu » (v1127), « ta » (v1136), « ton » (v1139). De ce tutoiement inhabituel, on peut déduire que Thésée méprise complètement son fils, n’a plus aucune estime pour lui.

 

            Devant un père aussi furieux, Hippolyte cherche néanmoins à justifier, à « faire ici parler la vérité » (v1088). Il se défend par un aveu, celui de son amour pour « Aricie » (v1123), et insiste bien sur le fait qu’il « Ne peut ni soupirer ni brûler que pour elle » (v1126. Il cherche aussi à le décrédibiliser à partir du vers 1092, où il lui recommande : « Examinez ma vie, et songez qui je suis ».  Il veut souligner son passé irréprochable, sans tâche.

            Hippolyte, se sachant innocent, reste toutefois très surpris à la connaissance des accusations aberrantes que son père lui envoi, et mise tout sur sa vertu pour se sauver. Il tente de rester calme et imperturbable par rapport à la brutalité de son père. Ceci se voit en regardant la ponctuation dans le texte, où l’on aperçoit beaucoup plus d’exclamations dans les répliques de Thésée que dans celles d’Hippolyte. On peut également apprécier la sincérité d’Hippolyte, quand il révèle sa passion pour Aricie (v1123). Enfin, le courage d’Hippolyte est remarquable, en particulier à la fin de la scène, quand il dit « Je me tais » (v1150) et accepte, sans contester, son exil.

 

            Ainsi cette scène nous relate une confrontation entre deux démesures, puisque nous avons d’une part Thésée, un mari abattu qui s’est laissé emporter dans la furie après avoir cru à des rumeurs, et d’autre part, Hippolyte, rétorquant face aux attaques de son père par sa foi en sa vertu, ses qualités notables. C’est une scène représentative d’un autre aspect tragique de la pièce, où l’on retrouve un Thésée dans l’impossibilité de se résoudre à écouter son fils.

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