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correspondance - littérature.

Publié le 28/04/2013

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correspondance - littérature. correspondance (littérature), échange de lettres entre deux personnes. Si la correspondance suppose un lecteur, en fonction duquel l'auteur adapte sa lettre, elle peut aussi, à des degrés divers, viser un public : les Provinciales (1656-1657), de Pascal, ou les « lettres ouvertes « des essayistes contemporains sont des lettres d'emblée écrites en vue de la publication. La rhétorique de la lettre a été codifiée dès l'Antiquité, qui en fait l'expression par excellence de la personne privée, dans un style bref et simple, par opposition à l'ampleur et à l'apparat du discours publique. Les correspondances de Cicéron, Sénèque et Pline le Jeune constituent ainsi de précieux documents authentiques formant la chronique d'une époque. Les épistoliers du Moyen Âge écrivent pour un public plutôt que pour un destinataire : la lettre est une dissertation pieuse, politique ou historique, où la dimension privée s'efface entièrement derrière l'éloquence. Contre le formalisme médiéval et la lettre d'apparat, la Renaissance revendique le droit au naturel et à la liberté : les lettres de Montaigne ou d'Érasme sont des conversations simples avec leur destinataire. Au XVIIe siècle, la lettre est plus familière, parfois rédigée sur le ton de la confidence ou du journal intime (Bussy-Rabutin, Voiture, Mme de Sévigné). Au XVIIIe siècle, favorisée par une poste devenue efficace et sûre, elle devient une conversation mondaine différée, instrument essentiel de la vie littéraire et scientifique. La recherche inventive, le choix des anecdotes, l'humour et le dosage savant des émotions en font une oeuvre véritable, qui passe rapidement du destinataire au public. Voltaire, dont on a recueilli quelque dix-huit mille lettres, est le plus grand épistolier de son siècle. Alors que la lettre était autrefois une sorte de journal des affaires du temps, envoyé au destinataire lointain et isolé, elle perd cette raison d'être avec l'apparition du journal, et se déplace alors vers les affaires et les sentiments intimes, jusqu'au lyrisme parfois. Occasion de jouer un rôle variable selon le correspondant mais aussi d'écrire ce qu'on n'a jamais osé dire, la pratique épistolière, de ce fait, n'est pas forcément menacée par les autres moyens de communication comme le téléphone. La lettre est aussi un jeu social : le réseau des correspondants forme un groupe, une coterie ou une école littéraire (voir les correspondances de Rivière, Paulhan et des auteurs de la Nouvelle Revue française). Les correspondances privées ou professionnelles d'auteurs célèbres viennent s'ajouter, souvent de manière posthume, à leur oeuvre complète. La critique érudite va y chercher un témoignage de première main qui permet d'éclairer l'oeuvre officielle, soit en apportant des informations biographiques, soit en donnant accès aux « coulisses « de la création au quotidien. La correspondance de Flaubert par exemple constitue le véritable laboratoire de son écriture, où l'auteur parle de « sa « Bovary, prend du recul sur son texte et s'interroge sur ses effets (voir encore les correspondances de Diderot, Balzac, Mallarmé, Proust, etc.). Le lecteur public revendique une entrée privilégiée dans l'intimité intellectuelle de l'auteur, et l'intérêt pour les correspondances d'écrivain apparaît en même temps que se répand le goût du texte original, du manuscrit ou même du billet autographe. La question se pose parfois de savoir dans quelle mesure l'épistolier compte sur une réception publique de ses lettres : la correspondance de Mme de Sévigné (voir Lettres), par exemple, est-elle un chef-d'oeuvre involontaire ou programmé ? Reste que, compte tenu du fonctionnement de l'institution littéraire, un auteur confirmé sait pertinemment que toutes les pièces de sa correspondance attireront tôt ou tard la curiosité d'un chercheur ou la convoitise d'un collectionneur. Le ton et le contenu de sa correspondance peuvent s'en trouver affectés. Enfin, la lettre peut être une forme littéraire à part entière quand l'auteur fait parler des correspondants fictifs (les Lettres persanes, 1721, de Montesquieu), et, dans le cas du « roman par lettres «, quand une correspondance permet la peinture des caractères et la progression d'une intrigue : Rousseau (la Nouvelle Héloïse, 1761), Goethe (les Souffrances du jeune Werther, 1774), Laclos (les Liaisons dangereuses, 1782), Senancour (Oberman, 1804) ont écrit les classiques du genre ; les Lettres portugaises (1669), de Guilleragues, longtemps prises pour des documents authentiques rédigés par une religieuse et simplement rassemblées par l'éditeur, représentent un cas-limite. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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