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D ieu s eul u n p areil a vantage.

Publié le 19/01/2013

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D ieu s eul u n p areil a vantage. P rodicos, e n c e cas, a urait f ait d e S imonide u n h omme s ans m oeurs e t i ndigne d 'être d e C éos! Mais j e v eux t 'expliquer l e b ut q ue S imonide m e p araît s 'être p roposé d ans c ette o de, si t u e s c urieux ( 342a) d e m e m ettre à l 'épreuve d ans l e g enre d ont t u p arles, l 'art d es p oètes, s inon j e t 'écouterai vol o n tiers. P rotagoras r épondit à c ette p roposition : S ocrate, c e s era c omme il te plaira. P our P rodicos, H ippias e t les autres, ils m e p ressèrent f ort d e p arler. - Je vais d onc t âcher, l eur d isje, d e v ous e xposer m a p ensée a u s ujet d e c e p oème. P armi les différents p euples d e l a G rèce, l a p hilosophie n 'est n ulle p art p lus a ncienne n i p lus c ultivée q u'en C rète e t à L acédémone. ( 342b) Il y a l à p lus d e s ophistes q ue p artout a illeurs 60 : m ais ils n ient q u'ils le soient, e t ils f ont m ine d 'être i gnorants, a fin q u'on n e d écouvre p as qu'ils s urpassent e n s cience tous les Grecs, j ouant e n c ela le m ême r ôle q ue les s ophistes d ont p arlait P rotagoras; ils v eulent q u'on n e les r egarde c omme s upérieurs a ux a utres q u'en b ravoure e t d ans l 'art d e l a g uerre, p ersuadés q ue, si o n les c onnaissait p our c e q u'ils s ont, t out le m onde s 'appliquerait à l a philosophie. C achant d onc l eur s cience, c omme ils font, ils t rompent t ous c eux d es G recs q ui se p iquent d e vivre à la f açon d es S partiates. P our les imiter, o n se m eurtrit l es oreilles (342c), o n se m et d es c ourroies a utour d es m ollets, o n s 'exerce s ans cesse d ans les gymnases, o n p orte d es v êtements f ort c ourts, c omme si c 'était p ar l à q ue les L acédémoniens surpassent l es a utres Grecs. Mais les L acédémoniens, l orsqu'ils veulent converser t out à l eur aise avec leurs sophistes, e t q u'ils s 'ennuient d e n e les voir q u'en c achette, chassent d e c hez e ux t ous ces é trangers q ui se t rouvent d ans l eur ville; après q uoi ils s' e ntretiennent avec leurs sophistes sans q ue les autres Grecs e n s achent r ien. De plus, c omme les Crétois, ils n e souffrent p oint q ue l eurs j eunes g ens v oyagent d ans les autres villes (342d), d e p eur q u'ils n e d ésapprennent ce q u'on l eur a e nseigné. Et ce n e s ont pas s eulement les h ommes, d ans ces d eux États, q ui se p iquent d 'érudition, mais aussi les femmes. Q ue ce q ue j e dis là soit vrai, e t q ue les L acédémoniens s oient p arfaitement i nstruits d ans l a p hilosophie e t d ans l 'art d e p arler, voici p ar o ù l 'on e n p eut j uger : o n n 'a q u'à c onverser avec le d ernier L acédémonien, d ans p resque t out l 'entretien o n v erra u n h omme d ont les discours n 'ont r ien q ue d e t rès m édiocre; ( 342e) mais, à l a p remière o ccasion q ui se p résente, il j ette u n m ot c ourt, s erré e t p lein d e sens, tel q u'un t rait l ancé d 'une m ain h abile, e t c elui avec l equel il s 'entretient n e p araît p lus q u'un e nfant. Aussi a-t-on r emarqué d e n os j ours, c omme d éjà a nciennement, q ue l 'institution l acédémonienne c onsiste b eaucoup p lus d ans l 'étude d e l a sagesse q ue d ans les exercices d e l a g ymnastique, c ar il e st évident q ue l e t alent d e p rononcer d e p areilles s entences s uppose e n c eux q ui le p ossèdent u ne é ducation p arfaite. (343a) De ce n ombre o nt é té T halès d e Milet, P ittacos d e Mitylène, Bias d e P riène, n otre S olon, C léobule d e L indos, Myson d e C hène, e t C hilon d e L acédémone, q ue l 'on c ompte p our le septième d e ces Sages. T ous ces p ersonnages o nt a dmiré, a imé e t cultivé l'éducation l acédémonienne; e t il e st aisé d e savoir q ue l eur s cience a é té d u m ême g enre q ue c elle d es S partiates, g râce à l a l ecture d es s entences c ourtes e t d ignes d 'être r etenues q u'on a ttribue à c hacun d 'eux. U n j our, s 'étant rassemblés, (343b) ils consacrèrent les prémices d e l eur s cience à Apollon, d ans s on t emple d e D elphes, y g ravant ces m aximes q ui s ont d ans la b ouche d e t out le m onde : Connais-toi toimême, e t rien de trop 61 o P ourquoi a ije r apporté t out c eci? P our vous faire savoir q ue l e c aractère d e l 'amour d e l a sagesse des anciens a é té d 'une b rièveté t oute l aconique. Or, o n p ubliait e n t ous lieux ce m ot d e Pittacos, vanté p ar tous les savants: n est diffici1e d'être homme de men. (343c) Simonide, donc, qui se p iquait d e science, s'imagina q ue s'il t riomphait d e c ette formule, c omme si c 'était u n a thlète célèbre, e t q u'il e n v enait à b out, il serait célèbre d ans l 'esprit d es hommes. C 'est c ontre c ette s entence, e t d ans l a v ue d e l a r enverser, q u'il a, c e m e s emble, c omposé l 'ode d ont n ous p arlons. E xaminons t ous e n c ommun si c e q ue j e dis e st vrai. D 'abord le d ébut d e c ette o de p araît e xtravagant, si, v oulant s implement d ire q u'il e st difficile d e devenir h omme d e b ien, il a a jouté u n « sans d oute«, q ui s erait m is l à s ans a ucune r aison, à m oins q ue l 'on n e s uppose q ue S imonide s 'exprime a insi, e n d isputant e n q uelque s orte c ontre l a s entence d e P ittacos; e t q ue c elui-ci a yant d it: « Il e st d ifficile d 'être h omme d e b ien«, l e p oète, c ontestant c ette m axime, l ui r épond : c e n 'est p as l e c as; m ais il e st d ifficile sans d oute d e d evenir h omme d e b ien, P ittacos, « v éritablement«. C e « véritablement« n e t ombe p as ici s ur h omme d e b ien ( 343e); S imonide n 'emploie p as c ette e xpression, c omme s'il p ensait q u'il y a d es g ens d e b ien q ui s ont t els « véritablement«, e t d 'autres q ui, é tant g ens d e b ien, n e le s ont p as « véritablement« ; c ar c e s erait, s elon m oi, u ne s ottise d ont S imonide é tait t out à f ait i ncapable : m ais il f aut d ire q ue le m ot « véritablement« e st t ransposé d ans l 'ode, e t q ue l e p oète r éplique a insi a u m ot d e P ittacos, e n s upposant u ne e spèce d e d ialogue e ntre P ittacos e t l ui. P ittacos d it : Ô h ommes! il e st d ifficile d 'être v aleureux. S imonide l ui r épond ( 344a) : Pittacos, ce q ue t u dis là n 'est p as v rai: c e n 'est p as êtrevaleureux, mais sans d oute c 'est devenir tel, c arré d es p ieds, d es

« autour des mollets, on s'exerce sans cesse dans les gymnases, on porte des vêtements fort courts, comme si c'était par là que les Lacédémoniens sur­ passent les autres Grecs.

Mais les Lacédémoniens, lorsqu'ils veulent converser tout à leur aise avec leurs sophistes, et qu'ils s'ennuient de ne les voir qu'en cachette, chassent de chez eux tous ces étrangers qui se trouvent dans leur ville; après quoi ils s' entretien­ nent avec leurs sophistes sans que les autres Grecs en sachent rien.

De plus, comme les Crétois, ils ne souf­ frent point que leurs jeunes gens voyagent dans les autres villes (342d), de peur qu'ils ne désapprennent ce qu'on leur a enseigné.

Et ce ne sont pas seulement les hommes, dans ces deux États, qui se piquent d'érudition, mais aussi les femmes.

Que ce que je dis là soit vrai, et que les Lacédémoniens soient parfai­ tement instruits dans la philosophie et dans l'art de parler, voici par où l'on en peut juger : on n'a qu'à converser avec le dernier Lacédémonien, dans presque tout l'entretien on verra un homme dont les discours n'ont rien que de très médiocre; (342e) mais, à la première occasion qui se présente, il jette un mot court, serré et plein de sens, tel qu'un trait lancé d'une main habile, et celui avec lequel il s'en­ tretient ne paraît plus qu'un enfant.

Aussi a-t-on remarqué de nos jours, comme déjà anciennement, que l'institution lacédémonienne consiste beaucoup. »

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