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De 1930 à 1939 : Histoire politique

Publié le 16/12/2018

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LÉON BLUM ET LE FRONT POPULAIRE. «Voici l’épreuve qui m’apprendra si “agir” entre dans mes capacités comme comprendre et savoir», déclare Léon Blum en juin 1936, après la victoire du Front populaire dont il est le principal acteur. Intellectuel subtil et cultivé, il se verra souvent reprocher son manque de pragmatisme. Marxiste, il est d’abord le disciple de Jaurès et il ne dissociera jamais socialisme et humanisme. Juriste, il respectera une morale intransigeante fondée sur la va- leur intangible du droit. Pour lui, l’«expérience du

 

Front populaire» consiste à faire accepter, sans coercition, le réformisme social à la société libérale de 1936. Il est hostile aux réformes de structures et au planisme. La légalité existante et le droit de propriété des moyens de production doivent être maintenus. En juin 1937, devant les difficultés économiques et internationales, il est mis en minorité et démissionne ; il devient alors vice-président du cabinet Chautemps jusqu’en janvier 1938. En mars, face à la montée des périls extérieurs, il tente de former un grand ministère d’union nationale à la manière d’un Poincaré en 1914. C’est un échec.

 

LES ACCORDS MATIGNON. Depuis la Grande Guerre, la France a accumulé un retard important en matière de législation sociale. Mai-juin 1936: un puissant mouvement de grèves se développe dans le pays. Léon Blum, qui arrive au pouvoir, va devoir satisfaire en pleine période de crise des revendications formulées depuis longtemps. Le 7 juin sont signés à Matignon les accords entre délégués patronaux et syndicaux sous l’autorité du gouvernement: augmentation des salaires, instaura-4tion de délégués du personnel élus, obligation de définir les relations employeurs-employés dans des conventions collectives négociées par entreprises ou secteurs d’activité. Les 11 et 12 juin suivants, les parlementaires adoptent les lois sur les conventions collectives, les congés payés et la semaine de quarante heures. L’érosion monétaire et le réaménagement de la loi des quarante heures vont limiter la portée de ces mesures, mais l’essentiel ne sera pas remis en cause. Œuvre fondamentale du Front populaire, les accords Matignon feront dire à Léon Blum après sa démission: «J’avais le sentiment d’avoir apporté une embellie dans des vies difficiles et obscures.»

 

 

LIGUES ET PARTIS D’EXTRÊME DROITE. «Pour nous qui sommes revenus sinon flambants de la guerre, du moins liés à jamais à une idée émouvante de la vie forte, il ne s’est rien passé. En un tour de main, ils nous ont imposé leur vieux régime», proteste Drieu La Rochelle. Dans les années qui suivent la guerre, et surtout dans les années trente, la France connaît une crise profonde, économique mais aussi politique et morale. On assiste alors à une véritable perte de confiance dans la valeur des institutions républicaines. Dans le mouvement de contestation, on distingue trois tendances: les monarchistes de l’Action française (c’est la plus ancienne des

ligues), fondée et dirigée par Charles Maurras, mais qui perd peu à peu de son influence; une tendance de type bonapartiste ou boulangiste, exaltant l’ordre, représentée par les Croix-de-Feu du colonel de La Rocque (150 000 adhérents en 1934); et une tendance fascisante, inspirée des modèles étrangers et incarnée principalement dans le parti populaire français de Jacques Doriot qui, avec 130 000 adhérents en 1937, est le seul mouvement nationaliste ayant su attirer une partie des classes populaires.

 

LE 6 FÉVRIER 1934. La critique du régime vise également les milieux politiques et financiers. De 1928 à 1934, plusieurs scandales contribuent au développement de l\\'antiparlementarisme. L’affaire la plus célèbre est celle de l’escroc international Stavisky. Le scandale éclate en décembre 1933 avec la faillite du Crédit municipal de Bayonne. Mais Stavisky est connu depuis longtemps des milieux politiques et judiciaires. Son procès est remis à dix-neuf reprises grâce à de puissantes et mystérieuses  interventions. Camille Chautemps démissionne, la

 

crise du régime est ouverte. La décision maladroite de son successeur, Edouard Daladier, de démettre le préfet de police Jean Chiappe, assez favorable aux ligues, accélère les événements. Le 6 février 1934, c’est l’épreuve de force; les anciens combattants et les ligues convergent vers la Chambre des députés. Le 7 au matin, on relève une vingtaine de morts. Plus qu’un complot orchestré par l’extrême droite, l’événement est l’expression d’un accès de colère populaire contre un Parlement taxé d’incapacité et de corruption. Pour la gauche cependant, la journée du 6 février constitue une menace fasciste.

LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS. La tac tique classe contre classe, définie en 1927 par la IIIe Internationale et fidèlement mise en œuvre par le parti communiste français, a entraîné celui-ci sur la voie du déclin et de l’isolement. De 118 000 en 1921, le nombre de ses adhérents est ainsi passé à 29 000 en 1931. Mais le revirement de l’Union soviétique qui, à partir de 1934, fait de la lutte contre le fascisme son combat prioritaire permet au PCF de réintégrer la communauté nationale. Dès lors,  ouvriérisme et dogmatisme font place dans les discours

 

des dirigeants du parti aux appels à l’union de la classe ouvrière, des classes moyennes et des paysans dans un vaste rassemblement populaire antifasciste. Allié à la SFIO -considérée quelques mois plus tôt comme «l’alliée objective de la bourgeoisie» - et au parti radical, le PCF voit sa représentation à l’Assemblée nationale passer de 12 députés en 1932 à 72 en 1936. Mais la conclusion du pacte germano-soviétique en août 1939 conduit, après quelques flottements, le PCF à une nouvelle volte-face. En septembre 1939, il est finalement dissous pour propagande hitlérienne.

LE RADICALISME. Mesure, prudence et raison: les valeurs du parti radical sont, dans les années trente, les valeurs de la France entière. De fait, le parti radical représente jusqu’en 1936 le groupe parlementaire le plus important à l’Assemblée nationale. Il ne peut toutefois gouverner seul et se trouve en permanence confronté au problème des alliances qu’il choisit alternativement à droite, en 1934, et à gauche, entre 1932 et 1934 et lors du Front populaire. C’est que le parti radical ne parvient pas à  résoudre les ambiguïtés de sa doctrine: se réclamant

 

de la gauche, il s’érige en défenseur intransigeant de la république parlementaire, de la laïcité et des petits face aux gros; il véhicule alors en fait des valeurs qui sont celles des classes moyennes et d’une France encore très largement rurale. De même, sa doctrine économique d’essence libérale le rapproche des partis de droite. Ces hésitations, sources de flottement, d’instabilité ministérielle, sont combattues sans succès dans le parti par un groupe de jeunes intellectuels parisiens, les «jeunes turcs», qui entendent rénover et durcir le radicalisme traditionnel.

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