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DE L’ANSCHLUSS À MUNICH: L’ÉCHEC DU PACIFISME

Publié le 18/12/2018

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LE PLÉBISCITE SARROIS. Clemenceau, au lendemain de la Grande Guerre, souhaitait l’annexion de la Sarre à la France; il avançait des arguments historiques et économiques. Mais, fidèle aux principes des nationalités, le président américain Wilson s’opposa aux visées territoriales françaises. Pour une durée de quinze ans, à compter du 10 janvier 1920, la Sarre fut donc placée sous l’administration de la SDN. Au terme de ce délai, un plébiscite déciderait de son rattachement soit à la France, soit à l’Allemagne ou le maintien du statu quo. Pour l’Alle- magne, l’amputation de la Sarre est inacceptable. Une fois arrivé au pouvoir, Hitler amplifie ce thème nationaliste. Et, à la veille du plébiscite, il organise une formidable campagne de propagande, alors qu’en France le gouvernement et l’opinion témoignent d’un désintérêt quasi total pour la question. Laval pousse jusqu’à ses dernières conséquences cette attitude de renoncement. Le 13 janvier 1935, le plébiscite a lieu: si de nombreux Sarrois ne sont pas hitlériens, plus de 90 % des votants se prononcent cependant pour le rattachement au Reich. Pour Hitler, la victoire est complète.

LA REMILITARISATION DE LA RHÉNANIE. La remilitarisation de la Rhénanie constitue la dernière étape du relèvement militaire de l’Allemagne engagé par Hitler dès son arrivée au pouvoir. Désireux de restaurer la puissance du Reich, Hitler a en effet entrepris de réarmer dès 1933, en dépit des clauses du traité de Versailles. Le 16 mars 1935, le service militaire est à son tour rétabli et les effectifs de l’armée augmentés. La réoccupation de la zone démilitarisée de Rhénanie est à l’étude depuis juin 1935, soit à peine plus d’un mois  après la conclusion du pacte franco-soviétique jugé par Hitler hostile à l’Allemagne et incompatible avec le traité de Locarno. La Reichswehr n’étant pas encore en mesure de résister à une riposte militaire, l’opération est déconseillée par l’état-major allemand. Hitler mise cependant sur la faiblesse des réactions française et britannique et, en mars 1936, fait entrer ses troupes en Rhénanie tout en se tenant prêt à les retirer si nécessaire. De fait, le gouvernement français, après avoir tout d’abord réagi très fermement, se rallie finalement aux positions britanniques qui recommandent d’éviter l’«irréparable».

 

 

DE L’ANSCHLUSS À MUNICH: L’ÉCHEC DU PACIFISME. Après la tension due à la crise rhénane, l’année 1937 est marquée par une certaine détente. Hitler prépare pourtant l’exécution du projet exposé dès 1925 dans son livre Mein Kampf: rattacher au Reich toutes les populations d’origine allemande et conquérir l’Europe centrale afin de donner à l’Allemagne l’«espace vital» indispensable à son épanouissement. Première étape de ce plan, l’annexion de l’Autriche est réalisée en mars 1938 sans rencontrer de véritable opposition. Al-liée de l’Allemagne depuis novembre 1936, l’Italie de Mussolini a choisi en effet de se replier sur la Méditerranée. Une fois de plus, la France s’est refusée à intervenir militairement sans l’appui de la Grande-Bretagne et s’est finalement résolue à suivre celle-ci dans sa politique d’apaisement. Le pacifisme et la foi en la sécurité collective ne sont toutefois pas les privilèges de l’opinion britannique. Nombreux en France, à droite comme à gauche, sont ceux qui pensent - pour des raisons souvent opposées - que la sauvegarde de la paix mérite que l’on s’entende avec l’Allemagne.

MUNICH (1). Issus du démantèlement de l’empire des Habsbourg, les Etats d’Europe centrale traversent une crise profonde. Le traité de Versailles n’a en effet pas résolu les antagonismes entre minorités qui demeurent aussi vifs qu’avant 1919. La crise économique des annés trente a en outre mis en évidence la faiblesse économique de certains de ces États telle l’Autriche. Le rapprochement avec l’Allemagne devient dès lors indispensable à la survie de ces pays en même temps qu’il les conduit sur la voie de la sujétion politique. Celle-ci est notamment favorisée par le développement dans la plupart de ces États de partis d’inspiration fasciste s’adressant essentiellement aux masses rurales. En Autriche, les troupes paramilitaires du parti national-socialiste de Seyss-Inquart contribuent ainsi largement à pousser le chancelier Schuschnigg à la démission. De même en Tchécoslovaquie, le parti pronazi de Konrad Heinlein prend la tête du mouvement autonomiste des Sudètes. N’ayant accordé que peu d’attention aux problèmes danubiens, les vainqueurs de 1918 ont une part de responsabilité dans l’expansion allemande en Europe centrale.

 

 

MUNICH (2). À Londres comme à Paris, l’issue de la conférence de Munich est accueillie avec enthousiasme. En cédant à l’Allemagne tous les territoires revendiqués par Hitler en Tchécoslovaquie, Daladier et Chamberlain ont, aux yeux de beaucoup, préservé l’essentiel: la paix. La conférence, il est vrai, s’est ouverte dans un climat très tendu: la France, l’Italie, l’Union soviétique et l’Allemagne avaient rappelé leurs réservistes et la guerre semblait imminente. Mais passé le soulagement unanime des pre-mières heures, un clivage s’opère rapidement dans  l’opinion - en France tout particulièrement - entre «munichois» et «antimunichois». Parmi les premiers, on trouve des hommes de gauche, notamment des socialistes, dont le pacifisme est encore marqué par le souvenir de la guerre de 1914-1918, aussi bien que des hommes de droite, traditionnellement vigilants à l’égard de l’Allemagne, mais qui voient en fait en celle-ci un rempart contre le communisme plutôt qu’un ennemi potentiel. Moins nombreuses, les voix qui s’élèvent pour condamner la conférence de Munich émanent essentiellement du parti communiste et de personnalités isolées tel Henri de Kérillis.

LA GUERRE EST DÉCLARÉE. Il apparaît rapidement que les concessions faites à Munich par les démocraties n’ont pas empêché Hitler de poursuivre ses ambitions territoriales. Alors que Mussolini, qui revendique la Tunisie, la Corse, Nice et la Savoie, entreprend la conquête de l’Albanie, Hitler procède au démantèlement de la Tchécoslovaquie. Le 22 mars, la Lituanie lui cède le port de Memel; et devant l’absence de réactions des Occidentaux, le Führer réclame la ville de Dantzig. Un conflit armé semble désormais inéluctable. Dès lors,  les puissances adverses tentent chacune de renforcer leurs alliances. Le 28 mai, l’Allemagne conclut ainsi avec l’Italie - qui restera cependant neutre jusqu’en juin 1940 -une alliance offensive: le pacte d’Acier. Dans le même temps, la France et surtout la Grande-Bretagne, décidée à adopter une attitude ferme, offrent aux États les plus menacés comme la Pologne la garantie de leur intervention en cas d’agression. L’Union soviétique, qui a interprété la conférence de Munich comme une tentative de détournement des visées de Hitler vers l’Est, préfère conclure avec l’Allemagne un pacte de non-agression.

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