Devoir de Philosophie

Désobéir Peut-Il Être Un Devoir ?

Publié le 17/01/2011

Extrait du document

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, en juillet 1942, le régime nazi organise l'opération « Vent Printanier « : une énorme rafle de Juifs dans plusieurs pays européens. En France, le régime de Vichy mobilise la police française pour participer à l'opération: à Paris, 9 000 policiers et gendarmes participeront à cette rafle. Comment devons-nous réagir vis à vis de ces personnes qui ont participé au génocide juif? Auraient-ils dû désobéir et suivre leurs valeurs morales pour empêcher le meurtre organisé d’innocents? Ou au contraire, ont-ils eu raison de suivre les ordres que leurs ont donnés leurs supérieurs hiérarchiques, de faire leur devoir? En d’autres termes, désobéir peut-il être un devoir?

 

Dans un premier temps, nous devons nous interroger sur la signification du « devoir «. Nous avons, par exemple, le devoir de respecter la vie d'autrui, mais qu'est-ce que cela signifie ? D'abord, le devoir n'est pas une nécessité. Alors qu'il n'est pas possible de ne pas respirer, il est possible de ne pas respecter la vie d'autrui : il y a bel et bien des assassins. Ensuite, le devoir ne se fonde pas sur mes envies ou mon désir, il peut même fortement les contrarier. Que ce soit inconsciemment (dans le rêve, par exemple), ou consciemment, même si c'est plus difficile à avouer, il peut bien m'arriver de souhaiter la mort de quelqu'un, ce qui va à l’encontre de mon devoir. Le devoir m'indique que je suis lié à un ordre qui me transcende, qui ne relève pas de mes libres choix personnels, et qui néanmoins s'impose intimement à moi, qui est constitutif de ma personne. Par ailleurs, on appelle « impératif « toute décision de la volonté prenant la forme d'une obligation, constituant donc quelque chose que l'on doit faire. Mais on distingue deux types d’impératifs. Certains sont liés à une fin particulière, et n'ont de valeur que par rapport à cette fin (si tu veux rester en bonne santé, tu dois éviter de fumer). Cette première sorte est l’impératif hypothétique, puisque l'impératif (tu dois éviter de fumer) ne se justifie que dans le cadre d'une certaine hypothèse (si tu veux rester en bonne santé). Il ne s'agit pas alors de morale, mais de ce Kant appelle de la prudence. D'autres impératifs sont inconditionnels, ce qui signifie qu'ils ne dépendent pas de telle ou telle hypothèse, mais sont une exigence absolue de la liberté. On parle alors d'impératif catégorique. Quand "Tu ne tueras pas" est justifié par "si tu ne veux pas aller en prison", il s'agit d'un simple précepte de prudence, donc d'un impératif hypothétique. Si par contre il se justifie par le respect inconditionnel de la vie d'autrui, il ne dépend alors d'aucun "si", c'est un impératif catégorique. Quand la conduite est simplement justifiée par la prudence, il ne s'agit pas de liberté, on n'est pas alors dans l'ordre de la moralité. Ainsi, on utilise plutôt le terme de devoir pour ce qui relève d'un impératif catégorique, autrement dit pour ce que l'on doit faire, quelle que soit la situation. Ensuite, on peut distinguer deux types d’impératifs : d'un côté le devoir social qui correspond aux pressions exercées par le (ou les) groupe(s) dans lequel nous vivons, et dont le but essentiel est de fonder les conditions nécessaires à la survie du groupe, à commencer par l'assurance de sa cohésion. Ce devoir nous dicte donc de respecter les structures de ces groupes, en obéissant à des lois qui nous permettent de vivre en communauté. D'un autre côté, il y a en nous l'élan profond de la vie, essentiellement dynamique, qui nous lie aux autres, indépendamment de toute institution humaine. Les deux peuvent éventuellement entrer en conflit, notamment à cause de la rigidité de l’impératif dicté par la société. 
 Ainsi, Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, Charles de Gaulle... voici autant de figures qui ont marqué le XXème siècle par des actes de désobéissance qui s'insurgeaient contre des lois considérées comme injustes, ne respectant pas leurs devoirs vis à vis de la société. La loi, c'est en effet d'abord la loi juridique, celle qui est produite par un pouvoir législatif et exécutée par un pouvoir exécutif, légitimes ou pas, et auxquelles les membres d'un Etat doivent se soumettre. Or, la désobéissance, pacifique ou violente, peut d'abord être entendue comme une action de contestation dont la finalité est d'aboutir à la remise en question des lois ou du régime qui les a produites, pour espérer un changement politique, une amélioration de la nation. Dans ce sens, ne doit-on pas désobéir? N'est-il pas en effet légitime, moralement et même politiquement, de désobéir à une loi si elle est injuste et que je me soucie du bien-être de ma nation? Il en va de même pour la loi morale, d'ailleurs : ne peut-il pas être raisonnable de désobéir à la loi morale si celle-ci me semble injuste? Pourtant la loi est une règle universelle, supposée s'appliquer à tous et ne connaître aucune exception. L'intérêt n'est-il pas en effet que tous la respectent pour pouvoir vivre ensemble? Ne sert-elle pas justement à proposer une justice commune et publique que nous n'arrivons pas à établir autrement? Dès lors, désobéir, cela ne revient-il pas à mettre en danger le bon fonctionnement de la société? Peut-on justifier le fait de faire courir un tel risque à mes concitoyens, et à moi-même d'ailleurs? Cela signifierait alors qu'il faudrait se soumettre à toute loi au nom de la société. Mais n'est-ce pas alors courir un risque encore plus grand? Une société, même démocratique, dans laquelle aucune loi n'est jamais transgressée, ne risque-t-elle pas de ressembler à une dictature? Même l'enfant, lorsqu'il grandit et devient adulte, autonome, a besoin de transgresser les règles que lui imposent ses parents, et qui pourtant ont pour objectif son bien-être. C'est à cette seule condition qu'il affirme sa liberté et son identité. N'en va-t-il pas de même pour tout homme, pour tout citoyen?

 

 

L'histoire nous offre un spectacle permanent d'actes de désobéissance. Certains de ces actes sont même absolument fondateurs dans l'histoire de certaines nations ou dans l'identité de certains peuples. C'est le cas, par exemple, de la Révolution Française ou de la résistance au régime nazi en France. C'est le cas, par exemple, de la lutte de Nelson Mandela et de l'A.N.C. contre le régime de l'apartheid en Afrique du Sud. Or, ces désobéissances peuvent être perçues comme un devoir. Ce devoir, la plupart du temps, est causé par une injustice dans l'organisation sociale, économique ou politique d'une société, telle qu'elle est sanctionnée par la loi. Si l'on prend l'exemple de la lutte pour la fin de l'Apartheid en Afrique du Sud, on voit ainsi que la cause en est toute simple. Le régime de l'Apartheid est un régime injuste en ceci qu'il exclut de la citoyenneté les habitants Noirs du pays et leur refusent un certain nombre de droits. Dans un contexte de colonisation,les Africains d'Afrique du Sud sont privés de plusieurs droits fondamentaux : interdiction d'accéder à la propriété, expropriations, ségrégation résidentielle, limitation de la liberté de circuler (introduction d'un laissez-passer), suppression du droit de vote, suppression du droit de grève, etc... Alors, les raisons pouvant déboucher sur une désobéissance sont réunies et celle-ci s’explique donc très simplement. Par des actes de désobéissance civile, d’abord (non-respect des couvre-feux, sorties sans laissez-passer par exemple) puis qui ont pu aller jusqu’aux actions violentes (sabotages par exemple), les militants de l’A.N.C. et plus largement les Noirs d’Afrique du Sud ont ainsi revendiqué le respect de leurs droits fondamentaux, contre un régime considéré comme injuste. D’ailleurs, ils ne furent pas les seuls à le trouver injuste, puisque l’Afrique du Sud, tant qu’elle a été sous le régime de l’Apartheid, a souffert d’un long boycott de la part des autres pays. Ils ont ainsi désobéi à l’impératif catégorique de leur société, mais ont suivi l’impératif catégorique naturel, fondé sur des valeurs universelles comme l’égalité. D’ailleurs, dans ces situations, il est presque abusif de parler de désobéissance à la loi car, même si le pouvoir en prend la forme, un Etat qui n’est pas démocratique ne règne pas par la loi mais par un pur pouvoir. Dès lors, les relations de l’Etat au citoyen sont de l’ordre du simple rapport de force et rien ne peut s’opposer alors à ce que je désobéisse, c'est-à-dire que j’essaie de renverser ce rapport de force en ma faveur.
 Le droit de nécessité est le droit que j’ai à commettre quelque chose d’illégal lorsque ma vie est elle-même menacée. C’est le droit, par exemple, à la légitime défense. Il y a bien désobéissance à la loi. On parle de légitime défense, en effet, dans une situation où je m’en suis pris à la vie de quelqu’un – j’ai donc commis quelque chose d’illégal. Mais cette illégalité est, pour ainsi dire, excusée par le juge en raison de la contrainte qui pesait sur ma vie au moment où j’ai agi. Il faut, bien sûr, pour que la légitime défense soit reconnue, que cette contrainte soit reconnue, c'est-à-dire que l’urgence de la situation soit avérée. Dans un autre domaine, 49 « faucheurs volontaires « poursuivis pour le fauchage de parcelles de maïs génétiquement modifié dans le Loiret en 2004 et 2005 ont été relaxés par le tribunal correctionnel d’Orléans qui a reconnu le bien fondé de « l’état de nécessité « de leur action (le procès s’est tenu en 2006). Selon le tribunal, les prévenus ont « apporté la preuve qu’ils (avaient) commis une infraction de dégradation volontaire de bien d’autrui en réunion, pour répondre de l’état de nécessité qui résulte du danger de diffusion incontrôlée de gènes provenant des organismes génétiquement modifiés, dont la dissémination avait été autorisée par la loi française, contrairement au droit constitutionnel européen «. Dans cette situation, c’est à nouveau les causes qui expliquent la désobéissance. Je suis poussé à désobéir par une nécessité qu’on pourrait presque comparer à une nécessité matérielle : c’est une contrainte que je ne peux pas contourner, finalement, c’est mon devoir de désobéir pour survivre.
 Si les causes peuvent expliquer une désobéissance et faire en sorte que celle-ci soit nécessaire, c’est également le cas des conséquences. Une désobéissance peut avoir à long terme des effets positifs. C’est le cas de la Révolution Française notamment. La désobéissance au pouvoir politique que représente cet événement était en effet risquée. Il s’en suit une longue période de troubles sociaux et politiques : des massacres de 1792 à la grande terreur de 1794. Si la Révolution Française n’avait débouché que sur la Terreur, par exemple, sans doute n’aurait-elle pas la place qu’elle a aujourd’hui dans l’Histoire de France. Ce qui en fait un événement marquant, c’est qu’elle a amené les hommes à mettre en place les premiers fondements de la République telle que nous la connaissons aujourd’hui. C’est donc grâce à cette désobéissance du peuple contre un pouvoir absolutiste que l’histoire française a pu avancer d’un pas de géant et progresser grâce à la diffusion des principes des Lumières. On voit donc que désobéir permet de remettre en question un système pour l’innover.

 

Cependant, même si le système peut être remis en question, il est nécessaire. La loi, qui structure ce système, se caractérise par sa généralité : elle s’applique à tous et est la même pour tous. Or, elle assure une fonction de la plus haute importance : elle est, en effet, ce qui ordonne la société, ce qui permet à la société d’être structurée et de ne pas sombrer dans le chaos. Elle fixe, en effet, les limites de ce chacun peut et ne peut pas faire, de ce qu’il doit et ne doit pas faire également. Ainsi, elle permet de s’assurer que personne n’empiète sur la liberté des autres par l’exercice de sa liberté. Ainsi, elle n’est valable que si tous s’y soumettent. Quand je désobéis, en fait, je fais exception et ce n’est possible que parce que justement c’est une exception. Celui qui désobéit ne souhaiterait pas que tous désobéissent. Le voleur ne veut pas vivre dans une société de voleurs, mais il a besoin, au contraire, de vivre dans une société où la propriété est garantie et protégée par l’Etat (où il peut, par exemple, stocker chez lui les biens qu’il a volés sans crainte de se les faire à son tour dérober). C’est ce qu’explique Kant dans la Doctrine du Droit. Désobéir, c’est, comme le dit Kant, « anéantir toute la constitution légale «. Celui qui désobéit refuse, en effet, de se soumettre à des lois qui ont été faites pour tous et qui ne peuvent être efficaces et remplir leur rôle que si tous s’y soumettent. Celui qui désobéit s’attaque à l’existence même d’un Etat de droit. Or, c’est justement la loi qui permet l’avènement de l’Etat de droit et donc la fin de l’état de nature, dans lequel l’homme n’est pas un homme mais un animal, et la société pas une société mais une foule, une multitude. Désobéir, c’est donc mettre en question l’équilibre artificiel qu’est la société. C’est la raison pour laquelle, conclut Kant, il faut toujours obéir aux lois, quelles qu’elles soient, même si nous les trouvons injustes, même si elles sont objectivement injustes, même si le pouvoir souverain est issu d’un coup d’Etat. Ainsi, la désobéissance aux lois ne serait jamais légitime, toujours illégitime, car elle met en péril la société même. La loi nous offre un référent commun et partager, et le contourner, c’est mettre en péril l’équilibre de la société. C’est bien cette idée de communauté qui importe, d’où l’impératif catégorique de la société auquel on ne devrait jamais se soustraire. 
 Lorsque je désobéis à la loi, en effet, c’est que je considère qu’elle est injuste, quelqu’en soit la raison. Or, pour dire que la loi est injuste, il faut que je puisse la juger comme telle, c'est-à-dire que je dispose d’un critère universel de justice qui puisse me servir de référent. Dire que la loi est injuste, c’est, en effet, dire qu’elle n’est pas conforme à ce qui constitue pour moi la justice et que j’érige en critère absolu et universel. Sinon, il faudra que je me contente de dire que je la trouve injuste, ou que je la ressens comme injuste, sur la base de mon ressenti ou d’une opinion subjective. Comment juger de ce qui est bien ou mal? juste ou injuste? Ces notions varient dans le temps et dans l’espace. Même au sein d’une même société, en fonction des religions mais aussi plus simplement de l’éducation de chacun, nos conceptions de la justice différeront. Dans ce cadre, le droit a précisément pour fonction de proposer un ensemble de normes qui sont communes à tout le monde. Puisque nous ne sommes pas d’accord sur des principes moraux, pour vivre ensemble, nous pouvons partager les principes que la loi juridique nous propose. Peut-être ne me conviennent-ils pas et vont à l’encontre de mes propres principes ou de mon intérêt, mais si l’on respectait ces principes et intérêts, on heurterait ceux d’un autre citoyen. Ainsi, on ne peut pas désobéir en se fiant uniquement à ce qui nous paraît juste ou injuste. C’est trop subjectif. La loi juridique remplit un rôle qui n’est pas seulement d’assurer la justice, ainsi lui désobéir sous prétexte qu’elle est injuste serait prendre le risque que tous puissent, pour une raison ou pour une autre, en fonction des représentations individuelles de la justice, désobéir aux lois, et donc prendre le risque de désagréger la société. Au contraire, nous devons donner à la loi une importance qui va au-delà de son contenu : elle assure l’ordre, structure et constitue la société. Pour ces raisons, nous devons lui obéir. 

 

Pourtant, n’y a-t-il pas des situations où désobéir est nécessaire et légitime ? Les situations que nous avons évoquées au début de notre développement, si elles se justifient d’abord de fait, ne se justifient-elles pas aussi de droit ? Sans doute ne peut-on pas désobéir tout le temps et a-t-on besoin de la loi, mais pour autant n’est-il pas nécessaire de désobéir parfois ? Certains cas semblent ne pas même faire débat. La résistance au Nazisme pendant la Seconde Guerre Mondiale, ou la lutte contre l’Apartheid sont évidemment justes et légitimes car, à l’évidence, les droits fondamentaux des individus étaient bafoués, en ceci qu’une partie de la population était exclue de la citoyenneté et voyait ses libertés rognées. Mais, même dans une démocratie, n’est-il pas parfois nécessaire que le citoyen désobéisse ? Un régime, même démocratique, dans lequel personne ne désobéirait jamais ne risquerait-il pas de dériver vers une forme autoritaire d’exercice du pouvoir ? Dans le même temps, dans une démocratie, quand le citoyen dispose d’autres moyens que la désobéissance pour manifester son désaccord (manifestation, grève, publications…), peut-on légitimer la désobéissance ? Si oui, à quelles conditions, donc, puisque nous avons vu que la désobéissance ne pouvait être systématique car nous avons besoin de lois pour ordonner la société ?
 Sur le plan moral, c’est la question qui se pose autour du problème du mensonge. La loi morale est universelle, comme la loi juridique est générale. Elle prétend ne connaître ni exception, ni adaptation. Si nous prenons l’exemple du mensonge, nous concevons ainsi que, d’un point de vue moral, le mensonge est condamnable. Si nous poussons donc le raisonnement jusqu’au bout, cela signifie qu’il nous est toujours impossible de mentir, que nous devons toujours dire la vérité. Pourtant, ne peut-il pas être nécessaire de mentir ? Devons-nous toujours dire la vérité à tout prix ? Ce débat a opposé Kant et Constant. Notamment dans les Fondements de métaphysique des mœurs, Kant soutient en effet que le mensonge n’est jamais juste. Le menteur le sait, d’ailleurs, car s’il se demande s’il souhaiterait que tous mentent, la réponse est évidemment non. Si la société entière ment, alors le mensonge lui-même n’a plus de valeur puisque plus personne ne croit les mensonges des autres qui ont pourtant besoin d’être crus pour être utiles. Le menteur ne veut pas d’une société de menteurs. Mais, répond, Constant à Kant, on ne pourrait pas plus vivre dans une société où tout le monde dit la vérité. Si la vérité est un devoir, explique-t-il, c’est qu’il a, à l’inverse, un droit à la vérité de la personne à qui je m’adresse. Or, par exemple, y a-t-il un droit à la vérité de la personne malveillante qui l’utilisera pour nuire à autrui ? Non, répond Constant. C’est ainsi que nous pouvons établir un principe qui, couplé à celui qui nous enjoint de dire la vérité, nous permet de savoir quand dire la vérité et quand mentir. Seul a droit à la vérité celui qui ne souhaite pas s’en servir pour nuire à autrui.
 Ce que montre cet exemple moral, c’est qu’il est nécessaire de prendre du recul à l’égard de la loi et de ne pas lui obéir aveuglément et systématiquement. Si nous obéissons toujours à la loi parce qu’elle remplit une fonction cruciale dans la société, nous nous empêchons de voir quand elle peut s’égarer et nous pouvons par là causer plus de tort que de bien à la société, cette même société que nous essayons de protéger en respectant la loi. Il est donc nécessaire de critiquer les lois et de leur désobéir parfois. Sans cela, sans un référent universel du juste et de l’injuste, nous serions contraints de nous soumettre aux pouvoirs législatif et judiciaire, sans aucune critique possible. Or la critique est importante, et même motrice dans la démocratie. Sans quoi, nous tombons dans un pur relativisme, où nous nous contentons de ce que nous avons, des lois que le pouvoir nous propose, faute de critère pour les juger. On retrouve cette désobéissance de manière plus subtile dans les arts, où un peintre se distingue non pas par une école auquel il se conforme, mais par le souffle nouveau qu’il peut apporter dans l’histoire artistique. On peut trouver un critère de « ce qui est juste « dans le droit naturel : en faisant la liste des besoins inhérents à notre nature, nous pouvons en effet établir un référent du juste. Est juste ce qui est respectueux des droits inhérents à ma nature, injuste ce qui les bafoue. La déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, par exemple, pourrait ainsi constituer une norme absolue dans laquelle les citoyens peuvent trouver des principes pour légitimer leur désobéissance et savoir quand leur devoir est de désobéir.

 

Ainsi, il est parfois nécessaire de désobéir aux lois. Lorsque les droits fondamentaux sont bafoués, les citoyens et les hommes ont le droit et même le devoir de résister. C’est un état de nécessité évident. La désobéissance est un souffle innovateur, et l’histoire nous a montré que c’était la condition du progrès de nos civilisations et sociétés. Dans un contexte où la nécessité est moins flagrante, l’individu peut également souhaiter se démarquer grâce à ses initiatives. L’anticonformisme, dans une société en apparence respectueuse de la majorité d’opinions, demande courage et détermination.

Liens utiles