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Disseration

Publié le 01/03/2011

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DISSERTATION DE PHILOSOPHIE

 

 

Le travail n’a-t-il de sens que grâce aux loisirs ?

 

 

Le mot travail qui vient du latin « Tripalium » renvoie à une image d’activité pénible, presque de torture. Avant le travail était dur dans les mines ou dans les usines et le plus souvent non choisi, on prenait la suite de son père. De plus, les loisirs étaient peu présents dans les mœurs, on n’avait ni le temps ni les moyens de profiter d’activités extérieures.

Mais depuis ces dernières années on assiste à une réelle diminution du temps de travail et par conséquent et grâce à l’apparition en 1936 des premiers congés payés, de l’augmentation du temps accordé aux loisirs. Cette innovation sociale majeure permet de donner une nouvelle dimension au travail. Comme le disait Marx dans Le Capital : \"A la vérité, le règne de la liberté commence seulement à partir du moment où cesse le travail dicté par la nécessité... La réduction de la journée de travail est la condition fondamentale de cette libération.\" Les Hommes ont désormais un temps libre de loisir qui s’oppose au temps de travail en lui-même. Les loisirs sont alors synonymes de liberté.

A l’heure d’aujourd’hui, le regard sur le travail a changé. Le travail associé à l’accès aux loisirs permet désormais l’épanouissement personnel, le travail n’est plus vu comme une contrainte mais un moyen d’accéder à une finalité.

Mais l’amélioration des conditions et des droits du travailleur tendent à donner un sens au travail par lui-même. Les loisirs ne seraient donc pas indispensables à l’individu et le travail seul pourrait permettre un certain accomplissement de soi.

Alors le travail aurait-il un sens par lui-même ou a t’il besoin des loisirs pour exister ?

Dans un premier temps nous nous demanderons si le travail en tant que tel a un sens et s’il est bénéfique à l’Homme et dans un second temps nous verrons que le travail a besoin d’activités extérieures telles que les loisirs pour avoir un sens aux yeux des individus.

 

 

Tout d’abord, le travail est un facteur d’humanisation car les animaux ne travaillent pas. Le travail serait donc le propre de l’Homme, ce qui nous différencie du règne animal. Platon dans Le mythe de Prométhée, ou l'origine de la technique raconte l’histoire de l’apparition du besoin de travailler chez l’Homme à la différence de l’animal qui a déjà de quoi pourvoir à ses besoins. De plus, l’Homme dispose d’une capacité supplémentaire à l’animal, celle de prévoir les réalisations, à l’image d’un architecte qui visualise son projet avant sa conception. A l’inverse et comme le dit Marx dans Le Capital l’abeille n’aura pas conçu sa ruche avant de la réaliser. Le travail est donc une spécificité humaine dans laquelle il se réalise et dans laquelle il devient « humain ».

Le but même du travail est de rendre un service à la société, que cela passe par la confection d’un bien ou par la réalisation d’une action pour les autres. Dans tous les cas le travail résulte d’un partage de connaissances avec l’autre. Ce partage, ce goût du travail bien fait et accompli peut être une source de joie et le travail devient alors un loisir au sens d’accomplissement personnel, de la satisfaction du besoin de se sentir utile. Alexandre Dumas disait : « Le travail est indispensable au bonheur de l'homme ; il l'élève, il le console ; et peu importe la nature du travail, pourvu qu'il profite à quelqu'un : faire ce qu'on peut, c'est faire ce qu'on doit. »

En outre, le travail permet de tisser des liens sociaux et ainsi d’améliorer ses qualités relationnelles. Le contact social permet lui aussi l’épanouissement et l’équilibre de l’individu au sein de la société.

Enfin et surtout, le travail peut être vu comme une réelle source d’accomplissement personnel. Le travail peut être une véritable passion. Ainsi, les artistes, qu’ils soient chanteurs, acteurs, musiciens ou autre ne considèrent pas, la plupart du temps, leur activité comme du travail au sens commun. Ils vivent de leur passion et éprouve un grand sentiment d’épanouissement par la réalisation de leur « travail ». Le travail peut être donc ressenti de différents points de vues et n’être pas toujours synonyme de pénible.

De même, le travail peut être une vocation. Ainsi, les médecins ressentent une réelle dévotion pour les autres et ne comptent pas les heures, ils ressentent une satisfaction personnelle et on trouvé un sens à donner à leur vie. Le travail choisi peut donc mener à une véritable réalisation de soi, à donner un sens à son existence.

Le travail est donc bénéfique à l’Homme et existe par lui-même. Il a de nombreuses conséquences positives sur la vie des Hommes et même sans loisirs peut être source de plaisirs et d’épanouissement personnel.

 

 

En effet le travail peut être source de bonheur mais les loisirs permettent aussi de s’accomplir et de se détendre loin du stress du travail et donnent un sens au travail.

En premier lieu, pour être efficace au travail comme partout, il faut des périodes de repos, des périodes de loisirs qui permettent de décompresser avant de retourner « compresser » dans le travail. Cet équilibre est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme et des études scientifiques ont montré l’importance des phases de repos pour la concentration et la santé des travailleurs. De plus, cette idée est présente dans l’histoire depuis bien longtemps avec l’idée d’un jour de repos à la fin de la semaine dans la religion. L’idée d’équilibre entre travail et détente est donc inscrite dans nos cultures.

Le travail est le plus souvent associé à une idée de travail pénible, il peut même être aliénant voire déshumanisant dans certaines conditions. Karl Marx, dans les Manuscrits de 1844 développe cette idée de l’aliénation du travailleur. L’aliénation apparaît lorsque le travail devient extérieur à l’ouvrier, lorsqu’il n’est plus une affirmation de soi et qu’il ruine son esprit et son corps. Par conséquent, le travailleur ne se sent à l’aise qu’en dehors du travail, Il n’est lui-même que dans ses activités de loisirs. Ici, le travail n’a pas de sens, seul les loisirs, sorte de récompense de la souffrance sont un but pour le travailleur.

Ce travail n’est pas volontaire, il est donc forcé, obligatoire pour la survie. Ce n’est pas un besoin de satisfaction personnelle qui pousse à travailler mais un besoin vital. C’est cette différence qui engendre un non-sens du travail pris comme tel, il faut donc l’ajout de l’accès aux loisirs pour permettre de donner un véritable sens au travail qui sinon est vu seulement comme un moyen de survivre et est donc subi par l’individu.

Enfin, dans le travail il y a une certaine idée de routine, de répétition. Les loisirs permettraient donc de sortir un instant de cette routine, de casser le rythme pour mieux redémarrer. C’est ce qu’exprime H. Marcuse dans Eros et civilisations lorsqu’il dit : «C'est la longueur de la journée de travail elle-même, la routine lassante et mécanique du travail aliéné qui accomplit ce contrôle sur les loisirs, cette longueur et cette routine exigent que les loisirs soient une détente passive et une recréation de l'énergie en vue du travail futur.

En outre, la nature humaine à tendance à se lasser des choses. Le travail devient une lassitude et les loisirs là encore sont là pour briser l’ennui, pour découvrir d’autres choses. J.M Domenach partage ce point de vu sur les loisirs dans Travail et condition humaine: « Le loisir dépend étroitement du travail, mais il est vrai aussi qu'il contient des éléments irréductibles au travail; il est vrai aussi qu'il dépasse le travail et qu'il offre à l'homme des possibilités que celui-ci ne retrouvera nulle part ailleurs » Il induit que les loisirs sont utiles qu’ils permettent de puiser des éléments qu’on ne trouve pas dans le travail pour enrichir sa culture. Mais les loisirs aussi peuvent lasser c’est pour cela qu’un réel équilibre est indispensable au bon fonctionnement du corps et de l’esprit de l’Homme.

Le travail aurait donc un sens seulement grâce à la présence de loisirs.

 

²

On peut donc dire que le travail permet l’accomplissement de soi, l’humanisation et la satisfaction d’un besoin personnel et donc qu’il est fort profitable à l’Homme sauf dans le cas où le travail devient une aliénation. Dans ce cas, le travail ne suffit pas pour combler l’existence humaine et les loisirs sont alors indispensables pour donner un sens au travail. Sans aller jusqu'à l’aliénation, le travail peut être routinier ou lassant et les loisirs permettent alors de briser le rythme, de changer d’activité pour être en condition lors de la reprise du travail.

Si le travail n’est pas si profitable à l’Homme alors pourquoi existe-t-il ? Une société sans travail serait-elle souhaitable ? Une partie de la réponse réside peut être dans Gorgias de Platon où montre que s’adonner à tous les plaisirs et tous les divertissements mène à la perte de soi-même, et nous ramène au stade animal.

 

 

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