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Dossier Manon Lescaut, Prévost

Publié le 30/05/2015

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FlamMarion présente Présentation générale Abbé Prévost et l'oeuvre dans son contexte Abbé Prévost, du vrai nom François Antoine Prévost, est né en 1697 dans le Pas de Calais. Il entre rapidement chez les Jésuites puis s'engage en 1712 dans l'armée du roi louis XIV durant un an avant de retourner chez les pères Jésuites puis de finalement s'enfuir en Hollande. Là-bas, en 1724, est publié son premier roman Les Aventures de Pomponius. Ordonné prêtre en 1726, il publie ensuite en 1728 les quatre premiers tomes des Mémoires d'un homme de qualité mais un mandat d'arrêt le contraint à fuir en Angleterre. Ce n'est qu'en 1728 qu'il revient en Hollande où paraissent en 1731 les tomes V à VII des Mémoires d'un homme de qualité, dont Manon Lescaut est le dernier. Cependant, lorsqu'une nouvelle édition pénètre en France en 1733, sans autorisation, le livre est condamné au feu d'autant plus qu'il est jugé scandaleux. Une nouvelle édition revue et corrigée par Prévost ne reparaît qu'en 1753 En effet, Manon Lescaut se situe à la fin du règne de Louis XIV en France, mort en 1715. Quand l'oeuvre est publiée en 1731, Louis XV règne depuis huit ans. Alors que pendant la période de la Régence (1715-1723) la censure était assouplie, les persécutions religieuses atténuées et le pays connaissait une prospérité économique et financière, le début du règne de Louis XV en 1723 marque un retour à l'ordre moral. Hostile aux romans, ce dernier réussit à les interdire. Résumé du roman Le chevalier Des Grieux, jeune homme sincère, insouciant et dont l'éducation fut marquée par la religion et la morale, raconte durant tout le récit sa passion fatale pour Manon Lescaut, une jeune et simple courtisanne. En effet, lorsque, alors âgé de 17 ans, il aperçoit Manon Lescaut, il tombe irrémédiablement amoureux de la séduisante et mystérieuse jeune femme. Il s'enfuit avec elle. Mais très vite, Manon le trompe au profit d'un homme plus riche, révélant ainsi dès le début son attachement et son goût pour la liberté, la fantaisie et le luxe. La jeune femme n'hésite d'ailleurs pas à recommencer, tout en exerçant en parallèle sur Des Grieux une emprise totale dont il aura parfois conscience mais dont il ne pourra se détacher. Son amour pour elle l'entraîne ainsi dans une lente descente aux Enfers. Une rencontre bouleversante Le roman commence de manière originale : Renoncour, alors narrateur, nous compte sa rencontre avec Manon et Des Grieux en 1715. Il nous le décrit comme une personne attachante et ayant subis maintes péripéties pour suivre sa belle Manon. Lorsqu'il le rencontre à nouveau un an plus tard, Des Grieux décide de lui faire le récit de ses aventures, devenant ainsi le narrateur principal. Il lui raconte entre autres comment tout a commencé en lui parlant de sa rencontre avec Manon, faisant ainsi un "flashback" de 3 ans : "J'avais marqué le temps de mon départ d'Amiens.Hélas ! que ne le marquais-je un jour plus tôt ! J'aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s'appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche d'Arras, et nous le suivîmes jusqu'à l'hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n'avions pas d'autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt. Mais il en resta une, fort jeune, qui s'arrêta seule dans la cour, pendant qu'un homme d'un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s'empressait pour faire tirer son équipage des paniers. Elle me parut si charmante que moi, qui n'avais jamais pensé à la différence des sexes ni regardé une fille avec un peu d'attention, moi dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d'un coup jusqu'au transport. J'avais le défaut d'être excessivement timide et facile à déconcerter ; mais loin d'être arrêté alors par cette faiblesse, je m'avançai vers la maîtresse de mon coeur. Quoiqu'elle fût encore moins âgée que moi,elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l'amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu'elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. L'amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu'il était dans mon coeur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d'une manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi. C'était malgré elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s'était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. Je combattis la cruelle intention de ses parents par toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique purent me suggérer. Elle n'affecta ni rigueur ni dédain. Elle me dit, après un moment de silence, qu'elle ne prévoyait que trop qu'elle allait être malheureuse, mais que c'était apparemment la volonté du ciel, puisqu'il ne lui laissait nul moyen de l'éviter. La douceur de ses regards, un air charmant de tristesse en prononçant ces paroles, ou plutôt, l'ascendant de ma destinée qui m'entraînait à ma perte, ne me permirent point de balancer un moment sur ma réponse. Je l'assurai que, si elle voulait faire quelque fond sur mon honneur et sur la tendresse infinie qu'elle m'inspirait déjà, j'emploierais ma vie pour la délivrer de la tyrannie de ses parents et pour la rendre heureuse.Je me suis étonné mille fois, en y réfléchissant, d'où me venait alors tant de hardiesse et de facilité à m'exprimer ; mais on ne ferait pas une divinité de l'amour, s'il n'opérait souvent des prodiges." Ce passage me paraît évidement être un moment clé de l'histoire. En effet c'est cette rencontre hasardeuse entre les deux personnages qui déclenche la passion fatale de Des Grieux pour Manon et qui, inconsciament, bouleverse ce dernier, allant jusqu'à le métamorphoser et lui faisant par la suite commettre des actes ne lui ressemblant pas. A cet instant précis de l'histoire on se doute, ne serait-ce que par rapport à la description qu'il fait de Manon, qu'il n'est plus le Des Grieux qu'il nous présente juste avant . Et puis tout simplement, que serait l'existence du roman sans cette rencontre ? Un héro se révélant ambigüe Manon et Des Grieux vivent à Chaillot avant que ce dernier n'achète un appartement à Paris pour sa belle. Cependant leur maison à chaillot prend feu dans un incendie involontaire, ruinant Des Grieux,. Celui-ci est prêt à tout pour garder Manon a ses côtés. En effet, par peur de perdre celle qui le passionne et qui a un goût indiscutable pour le luxe et les plaisirs, il décide finalement en dernière solution de jouer à des jeux illégaux afin de gagner de l'argent. Mais cette décision lui vaut un séjour à la prison de Saint Lazarre. Dans cette extrait, Des Grieux vient tout juste d'avoir une discussion avec le supérieur des lieux qui lui conseille de se repentir et qui semble avoir une bonne opinion de lui. "Je fus ravi de lui voir cette opinion de moi. Je résolus de l'augmenter par une conduite qui pût le satisfaire entièrement, persuadé que c'était le plus sûr moyen d'abréger ma prison. Je lui demandai des livres. Il fut surpris que, m'ayant laissé le choix de ceux que je voulais lire, je me déterminai pour quelques auteurs sérieux. Je feignis de m'appliquer à l'étude avec le dernier attachement, et je lui donnai ainsi, dans toutes les occasions, des preuves du changement qu'il désirait. Cependant il n'était qu'extérieur. Je dois le confesser à ma honte, je jouai à Saint-Lazare un personnage d'hypocrite. Au lieu d'étudier quand j'étais seul je ne m'occupais qu'à gémir de ma destinée. Je maudissais ma prison et la tyrannie qui m'y retenait. Je n'eus pas plutôt quelque relâche du côté de cet accablement où m'avait jeté la confusion, que je retombai dans les tourments de l'amour. L'absence de Manon, l'incertitude de son sort, la crainte de ne la revoir jamais, étaient l'unique objet de mes tristes méditations. Je me la figurais dans les bras de G*** M***, car c'était la pensée que j'avais eue d'abord ; et, loin de m'imaginer qu'il lui eût fait le même traitement qu'à moi, j'étais persuadé qu'il ne m'avait fait éloigner que pour la posséder tranquillement. Je passais ainsi des jours et des nuits dont la longueur me paraissait éternelle. Je n'avais d'espérance que dans le succès de mon hypocrisie." Des Grieux, aveuglé par son amour pour Manon, adopte depuis un certain moment un tout autre comportement que celui d'un jeune homme sèrieux comme il nous était décrit par son père. En effet depuis sa rencontre avec cette dernière, il agit sans trop réfléchir et est prêt à beaucoup pour elle. Son comportement est bouleversé. Je trouve que cet extrait reflète bien la personnalité ambigüe de Des Grieux, qui se dit ici luimême hypocrite. Alors qu'il est insouciant et inconscient à certains moments (ex : jouer aux jeux, ... etc), il est ici bien conscient de ce qu'il fait et est profondement hypocrite. Il apparaît comme un personnage à la personnalité difficile à cerner. Un dénouement tragique Les maintes tromperies de la part de Manon aboutissent à chaque fois à des situations embarrassante pour le jeune couple. Suite à leur première incarcération pour avoir "volé" le riche M. de G. M.., la passion plus forte que tout que Des Grieux éprouve pour Manon le pousse à s'échapper pour la liberer et ils s'enfuient tous les deux. Alors que, cachés dans leur auberge d'antan, ils trouvent enfin un semblant de tranquillité et de stabilité amoureuse, un hasard malheureux les fait croiser le fils de M. de G. M... Manon est alors exilé en Amérique. Lorsqu'il l'apprend, Des Grieux se lance sans relâche à la trace de celle qui fait battre son coeur. Alors qu'une fois à la Nouvelle Orléans, ils retrouvent une grande complicité et décident de se marier fidèlement, Des Grieux se bat avec un gouverneur éprit de Manon. Croyant l'avoir tué, il s'enfuit dans le désert avec cette dernière mais une fois de plus le destin les rattrape "Ses soupirs fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes me firent connaître que la fin de ses malheurs approchait. N'exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions. Je la perdis ; je reçus d'elle des marques d'amour, au moment même qu'elle expirait. C'est tout ce que j'ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement. Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni. Il a voulu que j'aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse. Nous marchâmes aussi longtemps que le courage de Manon put la soutenir, c'est-à-dire environ deux lieues, car cette amante incomparable refusa constamment de s'arrêter plus tôt. Accablée enfin de lassitude, elle me confessa qu'il lui était impossible d'avancer davantage. Il était déjà nuit. Nous nous assîmes au milieu d'une vaste plaine, sans avoir pu trouver un arbre pour nous mettre à couvert. Son premier soin fut de changer le linge de ma blessure, qu'elle avait pansée elle-même avant notre départ. Je m'opposai en vain à ses volontés. J'aurais achevé de l'accabler mortellement, si je lui eusse refusé la satisfaction de me croire à mon aise et sans danger, avant que de penser à sa propre conservation. Je me soumis durant quelques moments à ses désirs. Je reçus ses soins en silence et avec honte. Je demeurai plus de vingt-quatre heures la bouche attachée sur le visage et sur les mains de ma chère Manon. Mon dessein était d'y mourir ; mais je fis réflexion, au commencement du second jour, que son corps serait exposé, après mon trépas, à devenir la pâture des bêtes sauvages. Je formai la résolution de l'enterrer et d'attendre la mort sur sa fosse." C'est pour la dimension tragique de l'extrait qu'il m'a semble important de le mentionner. Ce dénouement révèle bien le destin tragique auquel les deux amants sont confrontés depuis le début de leur histoire. Des Grieux se voit sous le coup d'une malédiction inscrite dans leur destin, qui les empèche de vivre leur amour au vu de toutes les difficultés auxquelles ils sont confrontés depuis le début de leur histoire. Finalement cet extrait pousse même à la réflexion : Manon meurt alors qu'elle devient fidèle... La fidélité serait donc inutile ? Après toutes les difficultés qu'a surmonté Des Grieux pour elle et pour pouvoir vivre leur amour, et après s'être déclarés qu'ils s'aimaient fidèlement, je trouve horrible le sort de Manon. Une forte émotion règne dans cet extrait. En effet, cette scène est indéniablement pathétique de part la souffrance et la tristesse que la mort de Manon engendre chez Des Grieux, qui refuse de décrire ses sentiments semblant alors insoutenables. Cet extrait m'a immédiatement procuré de la pitié envers ce dernier.

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