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Dumas, le Comte de Monte-Cristo (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Dumas, le Comte de Monte-Cristo (extrait). Victime d'une machination, le jeune et innocent Edmond Dantès est emprisonné sans jugement au château d'If. Sa rencontre avec son voisin de cellule, l'abbé Faria, va toutefois changer le cours de sa vie. Faisant non seulement l'éducation intellectuelle de son compagnon d'infortune, Faria lui révèle également l'existence de son trésor caché sur l'île de Monte-Cristo. Quatorze ans passent ainsi jusqu'à la mort de Faria, fournissant enfin à Dantès l'occasion tant attendue. Prenant la place de son regretté père spirituel dans son linceul, prêt à renaître de cette mort vivante qu'a constitué son enfermement, Dantès se prépare à accomplir sa vengeance sous les traits du mythique comte de Monte-Cristo. Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas (chapitre 20, « le Cimetière du château d'If «) Dantès n'avait pas mangé depuis la veille, mais il n'avait pas songé à la faim le matin, et il n'y songeait pas encore. Sa position était trop précaire pour lui laisser le temps d'arrêter sa pensée sur aucune autre idée. Le premier danger que courait Dantès, c'était que le geôlier, en lui apportant son souper de sept heures, s'aperçût de la substitution opérée ; heureusement, vingt fois, soit par misanthropie, soit par fatigue, Dantès avait reçu le geôlier couché ; et dans ce cas, d'ordinaire, cet homme déposait son pain et sa soupe sur la table et se retirait sans lui parler. Mais, cette fois, le geôlier pouvait déroger à ses habitudes de mutisme, parler à Dantès, et voyant que Dantès ne lui répondait point, s'approcher du lit et tout découvrir. Lorsque sept heures du soir s'approchèrent, les angoisses de Dantès commencèrent véritablement. Sa main, appuyée sur son coeur, essayait d'en comprimer les battements, tandis que de l'autre il essuyait la sueur de son front qui ruisselait le long de ses tempes. De temps en temps, des frissons lui couraient par tout le corps et lui serraient le coeur comme dans un étau glacé. Alors, il croyait qu'il allait mourir. Les heures s'écoulèrent sans amener aucun mouvement dans le château, et Dantès comprit qu'il avait échappé à ce premier danger ; c'était d'un bon augure. Enfin, vers l'heure fixée par le gouverneur, des pas se firent entendre dans l'escalier. Edmond comprit que le moment était venu ; il rappela tout son courage, retenant son haleine ; heureux s'il eût pu retenir en même temps et comme elle les pulsations précipitées de ses artères. On s'arrêta à la porte, le pas était double. Dantès devina que c'étaient les deux fossoyeurs qui le venaient chercher. Ce soupçon se changea en certitude, quand il entendit le bruit qu'ils faisaient en déposant la civière. La porte s'ouvrit, une lumière voilée parvint aux yeux de Dantès. Au travers de la toile qui le couvrait, il vit deux ombres s'approcher de son lit. Une troisième à la porte, tenant un falot à la main. Chacun des deux hommes, qui s'étaient approchés du lit, saisit le sac par une de ses extrémités. « C'est qu'il est encore lourd, pour un vieillard si maigre ! dit l'un d'eux en le soulevant par la tête. -- On dit que chaque année ajoute une demi-livre au poids des os, dit l'autre en le prenant par les pieds. -- As-tu fait ton noeud ? demanda le premier. -- Je serais bien bête de nous charger d'un poids inutile, dit le second, je le ferai là-bas. -- Tu as raison ; partons alors. -- Pourquoi ce noeud ? « se demanda Dantès. On transporta le prétendu mort du lit sur la civière. Edmond se raidissait pour mieux jouer son rôle de trépassé. On le posa sur la civière ; et le cortège, éclairé par l'homme au falot, qui marchait devant, monta l'escalier. Tout à coup, l'air frais et âpre de la nuit l'inonda. Dantès reconnut le mistral. Ce fut une sensation subite, pleine à la fois de délices et d'angoisses. Les porteurs firent une vingtaine de pas, puis ils s'arrêtèrent et déposèrent la civière sur le sol. Un des porteurs s'éloigna, et Dantès entendit ses souliers retentir sur les dalles. « Où suis-je donc ? « se demanda-t-il. « Sais-tu qu'il n'est pas léger du tout ! « dit celui qui était resté près de Dantès en s'asseyant sur le bord de la civière. Le premier sentiment de Dantès avait été de s'échapper, heureusement il se retint. « Éclaire-moi donc, animal, dit celui des deux porteurs qui s'était éloigné, ou je ne trouverai jamais ce que je cherche. « L'homme au falot obéit à l'injonction, quoique, comme on l'a vu, elle fût faite en termes peu convenables. « Que cherche-t-il donc ? se demanda Dantès. Une bêche sans doute. « Une exclamation de satisfaction indiqua que le fossoyeur avait trouvé ce qu'il cherchait. « Enfin, dit l'autre, ce n'est pas sans peine. -- Oui, répondit-il, mais il n'aura rien perdu pour attendre. « À ces mots, il se rapprocha d'Edmond, qui entendit déposer près de lui un corps lourd et retentissant ; au même moment, une corde entoura ses pieds d'une vive et douloureuse pression. « Eh bien ! le noeud est-il fait ? « demanda celui des fossoyeurs qui était resté inactif. « Et bien fait, dit l'autre ; je t'en réponds. -- En ce cas, en route. « Et la civière soulevée reprit son chemin. On fit cinquante pas à peu près, puis on s'arrêta pour ouvrir une porte, puis on se remit en route. Le bruit des flots se brisant contre les rochers sur lesquels est bâti le château arrivait plus distinctement à l'oreille de Dantès à mesure que l'on avança. « Mauvais temps ! dit un des porteurs, il ne fera pas bon d'être en mer cette nuit. -- Oui, l'abbé court grand risque d'être mouillé «, dit l'autre -- et ils éclatèrent de rire. Dantès ne comprit pas très bien la plaisanterie, mais ses cheveux ne s'en dressèrent pas moins sur sa tête. « Bon, nous voilà arrivés ! reprit le premier. -- Plus loin, plus loin, dit l'autre, tu sais bien que le dernier est resté en route, brisé sur les rochers, et que le gouverneur nous a dit le lendemain que nous étions des fainéants. « On fit encore quatre ou cinq pas en montant toujours, puis Dantès sentit qu'on le prenait par la tête et par les pieds et qu'on le balançait. « Une, dirent les fossoyeurs. -- Deux. -- Trois ! « En même temps, Dantès se sentit lancé, en effet, dans un vide énorme, traversant les airs comme un oiseau blessé, tombant, tombant toujours avec une épouvante qui lui glaçait le coeur. Quoique tiré en bas par quelque chose de pesant qui précipitait son vol rapide, il lui sembla que cette chute durait un siècle. Enfin, avec un bruit épouvantable, il entra comme une flèche dans une eau glacée qui lui fit pousser un cri, étouffé à l'instant même par l'immersion. Dantès avait été lancé dans la mer, au fond de laquelle l'entraînait un boulet de trente-six attaché à ses pieds. La mer est le cimetière du château d'If. Source : Dumas (Alexandre), le Comte de Monte-Cristo, 1844-1846. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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« « Que cherche-t-il donc ? se demanda Dantès.

Une bêche sans doute.

» Une exclamation de satisfaction indiqua que le fossoyeur avait trouvé ce qu’il cherchait. « Enfin, dit l’autre, ce n’est pas sans peine. — Oui, répondit-il, mais il n’aura rien perdu pour attendre.

» À ces mots, il se rapprocha d’Edmond, qui entendit déposer près de lui un corps lourd et retentissant ; au même moment, une corde entoura ses pieds d’une vive et douloureuse pression. « Eh bien ! le nœud est-il fait ? » demanda celui des fossoyeurs qui était resté inactif. « Et bien fait, dit l’autre ; je t’en réponds. — En ce cas, en route.

» Et la civière soulevée reprit son chemin. On fit cinquante pas à peu près, puis on s’arrêta pour ouvrir une porte, puis on se remit en route.

Le bruit des flots se brisant contre les rochers sur lesquels est bâti le château arrivait plus distinctement à l’oreille de Dantès à mesure que l’on avança. « Mauvais temps ! dit un des porteurs, il ne fera pas bon d’être en mer cette nuit. — Oui, l’abbé court grand risque d’être mouillé », dit l’autre — et ils éclatèrent de rire. Dantès ne comprit pas très bien la plaisanterie, mais ses cheveux ne s'en dressèrent pas moins sur sa tête. « Bon, nous voilà arrivés ! reprit le premier. — Plus loin, plus loin, dit l’autre, tu sais bien que le dernier est resté en route, brisé sur les rochers, et que le gouverneur nous a dit le lendemain que nous étions des fainéants.

» On fit encore quatre ou cinq pas en montant toujours, puis Dantès sentit qu’on le prenait par la tête et par les pieds et qu’on le balançait. « Une, dirent les fossoyeurs. — Deux. — Trois ! » En même temps, Dantès se sentit lancé, en effet, dans un vide énorme, traversant les airs comme un oiseau blessé, tombant, tombant toujours avec une épouvante qui lui glaçait le cœur.

Quoique tiré en bas par quelque chose de pesant qui précipitait son vol rapide, il lui sembla que cette chute durait un siècle.

Enfin, avec un bruit épouvantable, il entra comme une flèche dans une eau glacée qui lui fit pousser un cri, étouffé à l’instant même par l’immersion. Dantès avait été lancé dans la mer, au fond de laquelle l’entraînait un boulet de trente-six attaché à ses pieds. La mer est le cimetière du château d’If. Source : Dumas (Alexandre), le Comte de Monte-Cristo, 1844-1846. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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