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Encyclopédie

Publié le 09/03/2011

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L’Encyclopédie des lumières : contexte, théorie et effets  Le siècle des Lumières extrait son nom du mouvement intellectuel, culturel et scientifique métaphoriquement part l’allusion aux philosophes de cette époque qui considéraient le XVIIIème siècle comme un temps qui allait devenir de « plus en plus éclairé », (Pierre Bayle, écrivain de cette période) et dont ils se devaient de guider le peuple à travers l’obscurité, d’où le surnom de Lumières. C’est pourquoi ce terme de Lumière est souvent utilisé en tant que synonyme du XVIIIème siècle européen, ou de Aufklärung en allemand, illuminismo en italien, ilustración en espagnol, qui démontre bien le passage de l’obscurité à une pensée rationnelle. Les philosophes ont donc joués un rôle primordial dans les événements qui se sont déroulés lors du XVIIIème siècle, notamment à travers leurs œuvres littéraires, leurs participation à des procès ou dans leur statut de conseiller de roi pour certains, mais également par leur investissement dans un projet qui a révolutionné son temps : le projet de l’Encyclopédie ou le Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. La question qui se pose alors est : En quoi le projet de l’Encyclopédie reflète-t-il le XVIIIème siècle ? Poser le contexte historique qui a été propice à la naissance de ce projet est donc nécessaire (I) tout autant que de savoir qu’elles sont idées conductrices, les principes et les théories de cette œuvres (II) mais également de montrer quelles traces ont été laissées par cette œuvre sur les consciences et quelles en sont les conséquences sur la Révolution Française de 1789 (III).       Le contexte historique de l’Encyclopédie    Le contexte historique du XVIIIème siècle va en effet avoir un impact fondateur dans la naissance de l’Encyclopédie car le climat de cette époque, qu’il forme un bilan désastreux ou qu’il soit au contraire tout à fait élogieux pour les hommes, va être l’impulsion dans l’émergence de ce projet à ambition universelle.       Le XVIIIème siècle : un siècle de guerre    De la fin du XVIIème siècle au début du XVIIIème siècle, la monarchie absolue de droit divin était enracinée en France et a atteint d’ailleurs son apogée sous le règne de Louis XIV qui meurt en 1715 mais dont la Révocation de l’édit de Nantes (ou édit de Fontainebleau) du 18 octobre 1865 condamne toujours les protestants à la persécution. La mort de Louis XIV marqua alors un retour à un certain ordre moral mais n’a pas signifié pour autant la fin de nombreuses décennies où les droits fondamentaux des Hommes, par l’acceptation contemporaine du terme, ont été bafoués. La Régence qui s’ouvre alors (1715-1723) fera figure de renouveau quand à la gestion politique et financière de la France mais ne constituera qu’un simple essoufflement des maux qui touchaient les hommes à cette époque. En effet, les guerres et la famine secouent la France sous le règne de Louis XV (1723-1774) malgré l’accalmie qu’il inaugura : guerre de succession d’Autriche (1740-1748), rivalité coloniale avec l’Angleterre, guerre de Sept Ans (1756-1763) qui opposa la France à l’Angleterre et à la Prusse. Cette longue période a constitué, et ce avec l’accumulation des décennies précédentes, une contestation de plus en plus sévère des individus envers les détenteurs du pouvoir, envers les monarques, un peuple de plus en plus en proie à revendiquer, et de manière massive et agressive, des droits. Mais le tableau du XVIIIème siècle n’est pas pour autant dénué de toutes nuances et s’avère être plutôt, pourrait-on dire, grisé.       Le XVIIIème siècle : une période d’émancipation des savoirs    En effet, au cours du XVIIIème siècle s’est accru la fréquentation des lieux de débat, propices au travail de l’opinion publique, que sont tout d’abord les cafés comme le Procope à Paris où se réunissaient des écrivains et philosophes notamment Voltaire, Diderot, Marmontel et Fontenelle (qui seront partisans du projet de l’Encyclopédie). Les salons mondains ont également joué un rôle dans la diffusion du savoir mais était plus durs d’accès ne serait-ce que par la difficulté d’en entreprendre la création. Chaque hôtesse avait ses spécialités et ses invités particuliers, par exemple l’hôtel de la marquise de Lambert, où étaient organisées des réunions d’hommes de lettre. Madame Necker reçeva d’ailleurs les encyclopédistes. Dans la continuité de ce qui pourrait être qualifié de « marche du progrès » germent les académies au XVIIème siècle et ce de manière plus significative au XVIIIème siècle. En France, après les fondations monarchiques du XVIIe siècle (Académie française, 1634; Académie des inscriptions et belles-lettres, 1663; Académie royale des sciences, 1666; Académie royale d'architecture, 1671), naissent encore à Paris l'Académie royale de chirurgie (1731) et la Société royale de médecine (1776) En province, il y a neuf académies en 1710 contre 35 en 1789. Il n’est cependant pas anodin de noter que ces sociétés provinciales regroupaient les élites intellectuelles des villes françaises. La composition sociale montre que les privilégiés y étaient majoritairement présents, notamment à Paris avec 37% de nobles, 20% d’ecclésiastes, 3% de roturiers et seulement 4% de marchands et de manufacturiers. Cette émancipation des structures intellectuelles mais également les guerres qui assombrissent le tableau sont à relier à la philosophie des Lumières et notamment au projet de l’Encyclopédie en ce qu’ils ont forgés la volonté de ses éditeurs dans leurs intentions.       Les objectifs et les théories de l’Encyclopédie    Etablir l’origine et la composition du projet de l’Encyclopédie est primordial dans la recherche des objectifs de cette œuvre mais les théories qu’elles dégagent, issues de celles des philosophes des Lumières, l’est tout autant.       La naissance de l’Encyclopédie et sa composition    L’Encyclopédie est née du projet de la traduction de la Cyclopaedia de l’anglais Chambers, publiée de 1728 à 1742, pour l’éditeur Le Breton en 1745. Diderot travaillait alors sur ce projet en tant que simple traducteur pour une maison d’édition mais l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers va prendre une ampleur inattendue sous l’impulsion de Diderot qui affichait son ambition de faire l’inventaire des acquisitions de l’esprit humain. Il avait alors pour objectif de favoriser la diffusion de la philosophie des Lumières et va alors avoir recours à des écrivains et philosophes célèbres comme Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Buffon, Du Marsais, Daubenton, le baron d’Holbach ainsi qu’à des auteurs inconnus. Buffon était alors chargé de rédiger les articles relatifs aux sciences de la nature, Paul-Joseph Barthez pour la médecine et Quesnay accompagné de Turgot pour l’économie tandis que le chevalier de Jaucourt assistait Diderot dans de nombreuses taches rédactionnelles et éditoriales. L’Encyclopédie est avant tout marquée par l’intérêt particulier de Diderot pour la technique, quand bien même certaines planches étaient inspirées d’autres œuvres encyclopédiques et que la conception de certaines d’entre elles semblaient relativement archaïques. Cette œuvre a également pour objectif de vulgariser les connaissances, c'est-à-dire que les destinataires étaient le peuple, même si la quasi majorité des souscripteurs était des gens cultivés, ecclésiastiques, nobles et parlementaires. L'article \"Encyclopédie\", rédigé par Diderot et placé en tête du premier volume après le Discours préliminaire de d'Alembert, définit le programme d'ensemble de l'ouvrage : le projet de l'Encyclopédie était de rassembler les connaissances acquises par l'humanité, et son dessein une critique des fanatismes religieux et politiques et une apologie de la raison et de la liberté d'esprit. Diderot entreprit donc de lier le projet encyclopédique à la philosophie. L'Encyclopédie doit faire la synthèse et le tri des acquis humains de manière alphabétique et en de la création d’une table par mot et par objet afin de faciliter la vulgarisation. Le premier volume, tiré à 2 000 exemplaires, fut adressé aux souscripteurs le 28 juin 1751. L'Encyclopédie connut un succès européen en Suisse, en Italie, en Angleterre et en Russie. En 1752 parut le tome II, qui fit scandale, et la publication fut suspendue. Diderot entreprit de se cacher. En 1753 parut le troisième tome qui fit l'objet d'une condamnation du Conseil du Roi. Les tomes IV, V et VI parurent néanmoins en 1754, 1755 et 1756. En 1757, l'Encyclopédie fit l'objet de 4 200 souscriptions. En 1759, l'Encyclopédie est interdite à la publication et ordre fut donné de rembourser les souscripteurs. Pour les dédommager, Le Breton édita deux volumes de planches séparées, qui bénéficièrent d'un privilège spécial et furent envoyés aux souscripteurs. Diderot poursuivit seul, durant sept années. En 1766 parurent les dix derniers volumes. Un dernier volume de planches parut en 1772. La philosophie que l’Encyclopédie diffuse n’est donc pas seulement limitée à la France car elle tend vers un caractère universel car en effet les théories des philosophes touchent tous les Hommes et l’investissement de ses éditeurs malgré les tentatives d’obstructions témoignent du problème qu’elles soulevaient envers la religion et le pouvoir royal, ce qui ne manqua pas d’attirer la curiosité du peuple.       Les théories de l’Encyclopédie    Deux grandes théories principales peuvent être dégagées de l’Encyclopédie. [A relier avec l’annexe du devoir] La première définie la religion comme source d’immobilisme, soumettant les Hommes à des définitions mystiques des choses, et ne pouvant donc pas concevoir et créer le monde autrement qu’il ne l’est dans les textes religieux. La deuxième consiste en ce que le pouvoir royal absolu est source d’asservissement et qu’il bafoue les droits naturels des Hommes. Sur la question du religieux, l’analyse de l’article « prêtres » n’est pas superflue.  Selon le baron d’Holbach, rédacteur de cet article, les prêtres sont comparés à de très bons orateurs et qui savent jouer de la persuasion afin que les hommes se soumettent à leurs paroles : « les prêtes surent mettre à profit la haute opinion qu’ils avaient fait naître dans l’esprit de leurs concitoyens ; ils prétendirent que les dieux se manifestaient à eux ». Mais cette soumission n’est pas sans conséquence « alors le sang humain coula à grands flots sur les autels […] des milliers de victimes humaines tombèrent sous le couteau des sacrificateurs » et la foi est qualifiée de « superstitions les plus absurdes ». Tous ces maux sont dus « à l’ignorance des peuples, de la faiblesse des souverains et de l’adresse des prêtres ». Il réaffirme en outre qu’ « il n’en est point ainsi des contrées éclairées par les lumières de la raison et de la philosophe, le prêtre n’y oublie jamais qu’il est homme, sujet et citoyen ».  Ainsi se diffusa l’idée que l’ignorance des hommes due à la religion ne peut que les freiner dans la marche du progrès et qu’il faut donc qu’il s’en détache afin de pouvoir définir le monde autrement que par le mystérieux. L’analyse de l’article « autorité politique » permet de caractériser l’état d’esprit des philosophes de cette époque concernant l’autorité royale absolue.  Selon Diderot, aucune force naturelle « aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres » donne le droit de soumettre les Hommes à une autorité particulière sauf celle de la puissance paternelle. La soumission est alors de deux ordres « ou la force et la violence de celui qui s’en est emparé, ou le consentement de ceux qui s’y sont soumis par un contrat fait ou supposé entre eux et celui à qui ils ont déféré l’autorité ». Diderot reprend l’idée de Rousseau dans Du contrat social (1762) qui repose sur le fait que toute société humaine à travers un contrat à délégué à un individu le monopole de la force légale et donc que toute souveraineté réside dans le peuple qui permettrait aux hommes de demeurer égaux et libres garantissant alors leurs droits naturels et mettant de côté l’injustice et l’oppression. Le peuple doit alors restreindre le pouvoir « entre des limites : car l’homme ne doit ni ne peut se donner entièrement et sans réserve à un autre homme » ce qui implique alors que le pouvoir absolu du droit est illégitime et qu’il doit être proscrit. De plus une soumission autre que celle due au contrat entre peuple et gouvernant « est le véritable crime d’idolâtrie ». Le monarque de droit absolu s’arroge alors un certain pouvoir divin donnant alors pour origine mystérieuse la légitimité de son autorité.  Toutes les idéologies que diffusent l’Encyclopédie c'est-à-dire à propos de l’autorité, du religieux, de la liberté et des droits vont avoir des impacts sur la pensée de l’époque et notamment sur un événement important de l’histoire de France.       Les répercutions de l’Encyclopédie    Une conséquence plus ou moins directe peut être établie entre le projet de l’Encyclopédie et la Révolution française de 1789. En effet, par la large diffusion opérée par cette œuvre, les pensées de Rousseau et de Montesquieu sont connues par la grande majorité des français à cette époque. A l’heure de la Révolution française les révolutionnaires français se partagent en deux grands courants : les républicains partisans de Montesquieu et les démocrates inspirés de la lecture de Rousseau.       La séparation des pouvoirs de Montesquieu    L'ouvrage majeur de Montesquieu est celle De l'esprit des lois. La loi est la raison humaine qui gouverne tous les peuples et les lois politiques et civiles ne sont que des cas particuliers où s'applique cette raison humaine. Les lois sont variables et il s'agit de saisir les circonstances variées dans lesquelles les lois de chaque nation trouvent leur origine ou leur explication. Cette définition peut aussi s'appliquer aux lois de la nature et il s’agit alors d'examiner le lien entre les lois de la nature et les lois établies par le pouvoir autrement dit quelles sont les facteurs environnementaux qui vont ainsi fléchir les législateurs sur telle ou telle disposition. Les lois chez Montesquieu sont les conditions de la liberté. La liberté n’est pas non plus faire tout ce que l'on veut mais à faire ce que les lois permettent. Dans un État \"La liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir et à n'être point contraint à faire ce que l'on ne doit pas vouloir.\"_ _Les lois doivent être conformes à la raison et à la moral.Montesquieu, ne va pas donner une conception idéologique, utopique de la meilleure forme de gouvernement mais s’appuyer sur une analyse de la réalité. C'est « celui dont les dispositions particulières se rapportent mieux à la disposition du peuple pour lequel il est établi » c'est-à-dire tous ce qui touche au peuple (mœurs et coutumes) et au territoire (grandeur et contraintes naturelles).Distinction entre nature et principe du gouvernement : « il y a cette différence entre la nature du gouvernement et son principe, que sa nature est ce qui le fait être tel et son principe ce qui le fait agir. L'une est sa structure particulière, et l'autre les passions humaines qui le font mouvoir » La orientation politique de la forme de gouvernement est influencée par le peuple qui fait valoir les directives nécessaires.       Le contrat    La raison ne fait pas partie de la nature de l'homme et suppose donc l'éducation, elle est sociale. L'homme est naturellement libre alors que l'animal obéit par instinct. « La nature commande et la bête obéit » ainsi l’homme peut décider ce qui implique que cette liberté est donc innée. L'homme est naturellement perfectible ce qui nous distingue des animaux (Origines des inégalités parmi les hommes). Cependant cette liberté est tôt ou tard confrontée à celle des autres. Il faut alors un contrat d'association par lequel les hommes décident de s'unir et de se soumettre à la communauté c'est-à-dire à la volonté générale. La volonté générale n'est rien d'autre que celle qui s'exprime par le suffrage universel issue d’un contrat social. Il est alors partisan d’une démocratie directe et non représentative. Rousseau était contre la démocratie représentative qui fausse l'expression de la volonté générale. Si nous vivions dans un État conforme au contrat social toutes les lois seraient adoptées par référendum. Ainsi la loi s’applique à tous les individus. La déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 est directement inspirée de son œuvre mais fera quelque concession à propos de la représentation car les formes de gouvernements s’occupent de territoires vastes et fortement peuplés.

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