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est ce dans la solitude qu'on prend conscient de soi

Publié le 15/11/2012

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Introduction : Se retirer du monde, faire des retraites spirituelles ou naturaliste, se ressourcer dans la solitude, voici la nouvelle mode. Dans un monde malade de ses relations, le sujet est souvent tenté de se replier sur soi pour retrouver son être. Est-ce une bonne idée ? Est ce dans la solitude que l'on prend conscience de soi ? Que peut nous apporter la méditation solitaire ? Mais où réside mon être ? en moi ou dans les relations qui m'unissent au monde ? Quel rôle joue autrui dans cette connaissance de soi ? 1/ L'exemple de Descartes, la méditation solitaire du philosophe -Descartes « dans son poêle «, « un repos assuré dans une paisible solitude «, se livre à une enquête sur lui-même, qui le conduit par la pratique du doute rationnel à une réforme complète de toutes les idées « qu'il a jusque lors tenues en sa créance « C'est ainsi qu'il va découvrir la seule certitude qu'il porte en lui, celle de sa pensée : « je pense donc je suis, je suis «, et la proposition « je suis, j'existe est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit. « Certes certitude peut donc s'engendrer d'elle-même, dans la pratique solitaire du doute. Elle ne s'obtient pas par un commerce ni avec le monde ni avec les autres -L'ermite, le sage, est une autre figure de la méditation solitaire. Robert d'Arbrissel fait cette expérience du désert qui le conduira à deux reprises à se retirer du monde au fond des bois. Exercice de purification par rapport aux superfluités du monde, exercice de retraite pour approfondir sa foi, et pour retrouver un dialogue authentique avec lui-même ou avec Dieu. -Cependant, les deux exemples qui précèdent montrent aussi que cette retraite du monde ne suffit pas à la connaissance de soi. TouteS deux supposent une mise entre parenthèse du monde. La première nous donne bien une certitude d'être : mais c'est une certitude vide ELe sage peut bien se retirer dans sa tour d'ivoire pour se connaître. Mais il risque de n'y rencontrer que lui même, et ceci ne suffit pas à donner de la réalité à la conscience de soi. 2/ Où suis-je ? en moi même ou dans le monde ? -Difficulté de l'introspection : pour me connaître je dois pouvoir sortir de moi-même, trouver des référents extérieurs par rapport auxquels je puisse me penser. Je suis complaisant vis à vis de moi et le portrait que je vais tracer de moi-même sera soit complaisant, soit abusivement noirci. - Or, ma conscience indique une relation au monde « toute conscience est conscience de quelque chose (Husserl) cela signifie qu'il n'y pas de conscience vide, qu'elle n'existe que dans le rapport à ses objets, à la condition de pouvoir se distinguer d'eux. « la conscience et le monde sont donnés d'un même coup, extérieur par essence à la conscience, le monde est par essence relatif à elle « (Sartre) -Hegel montre aussi que la conscience de soi, pour pouvoir se construire, doit dépasser le besoin. C'est par le désir, le désir anthropogène, qu'apparaît notre conscience ; notre désir a un double objet, l'un l'objet de la certitude sensible, l'objet primitivement visé, et l'autre elle-même = quand je désire une chose, c'est moi-même que je désire à travers cette chose. Je désire pour me sentir exister. Et ce sentiment de soi ne se transformera en conscience de soi que lorsque je désirerai non plus un objet, mais un autre sujet : l'amour humain est désir du désir de l'autre, « je t'aime « veut dire aussi « aime-moi «. E Ainsi la conscience de soi ne peut s'obtenir dans la solitude puisqu'elle est, par essence en lien avec le monde, comme le montre l'expérience du désir. 3/ Autrui, médiateur indispensable entre moi et moi-même (Sartre) -Autrui est indispensable à ma conscience, et ce pour une triple raison : oIl me permet de m'objectiver, c'est à dire de me prendre comme objet d'une connaissance possible. Il introduit entre moi et moi-même une distance qui permet ce jugement. (Sartre) oIl me donne aussi les moyens de me penser, par le langage et par le système de valeurs qu'il véhicule oEnfin il me reconnaît comme un être pensant : c'est d'ailleurs pour cela que Robinson, sur son iîle, n'a aucun intérêt à maintenir Vendredi en esclavage ; il est le seul à pouvoir le reconnaître comme être humain. E La relation à autrui peut seule nous faire exister en tant que sujets. Nous ne sommes que les autres (Laborit) Conclusion : Dans la solitude je ne rencontre que moi-même, sans distance, et donc sans possibilité de me connaître vraiment. Le dialogue de soi à soi est en réalité un monologue où nous faisons les questions et les réponses, il ne permet pas de se connaître.

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