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Etude Du "Pouvoir Des Fables" De Jean De Lafontaine.

Publié le 19/09/2010

Extrait du document

 

La Fontaine, Fables, VIII, 4,  « Le Pouvoir des Fables « extrait, de « Dans Athènes… « à la fin ;

   Jean de La Fontaine est l'un des fabulistes les plus connus en France. Il vécu au XVIIème siècle (1621-1695) et connu un vif succès grâce à ses nombreux recueils de fables.

   Le texte que nous allons étudier, « Le Pouvoir des Fables « est un texte particulier. Il se situe dans le 2nd volume des Fables de La Fontaine, qui regroupe des textes plus théoriques que dans les autres volumes, dans lesquelles La Fontaine expose souvent sa vision de la fable et de ce que doit être le travail du fabuliste.

   Jean de La Fontaine reprend ici une fable d’Esope, et approfondit sa réflexion. En effet, Esope critique la part d’enfance des hommes et la réfute alors qu’ au contraire, La Fontaine défend le besoin des hommes d’apprendre en s’amusant.

 

    En quoi peut-on dire que ce texte constitue un art poétique (=texte qui définit et défend les caractéristiques d’un texte) à travers un triple éloge ?

 

Axes :

 

     I. Un éloge de l’argumentation indirecte de la fable  (en opposition à l’argumentation directe de l’éloquence)

    II. Un éloge du pouvoir politique de la fable

   III. Un éloge de la sagesse humaine

 

     I. Un éloge de l’argumentation indirecte de la fable

 

   Dès le début de la fable, dans l’extrait qui précède celui que nous étudions, le fabuliste crée une polémique avec d’un côté ceux qui critiquent la fable : « Peut-elle s’abaisser à des contes vulgaires ? « v.2, et de l’autre ceux qui la défendent. Le plaidoyer est aussi bien visible dans cette partie que dans la narration (= extrait étudié). La seconde partie de la fable, à laquelle nous allons nous intéresser est une mise en abîme qui constitue l’art poétique.

   Les deux premiers vers permettent de situer l’action dans le temps, dans un lieu et à camper les personnages. « Athènes « est une synecdoque du peuple, le représente. Du v.1 à 17 presque que des alexandrins, seulement deux octosyllabes. En effet l’alexandrin exprime la majesté, l’explication.

   « Un air tyrannique « v.3 et le discours aride de l’orateur a pour conséquence « on ne l’écoutait pas « v.6. On voit v.9 une énumération de verbes au passé simple « Il fit parler les morts, tonna, dit ce qu’il put « qui marquent la défaite qui continue au v.10 avec « personne ne s’émut « qui renvoie à « on ne l’écoutait pas « v.6. Ces verbes montrent bien l’échec de l’orateur, lui même souligné par la présence de l’imparfait  avec « ne  daignait « v.12, « tous regardaient « v.13 qui montrent combien le peuple est dénué de réaction, n’es pas captivé. La Fontaine montre bien ici l’inefficacité de l’éloquence.

   A partir du v.15 « Il prit un autre tour «, l’apparition du style direct réveille l’auditoire et rend vivant l’action. On remarque ainsi que le début de la fable coïncide avec l’emploi du style direct. De la même manière, du v. 17 à la fin on constate une alternance alexandrin/octosyllabe, due à la rupture au v.16 avec l’entrée dans la fable et le discours direct qui mime l’oralité et donne un tour plus vif à la narration. Cette rupture montre ainsi la maîtrise de l’écriture du fabuliste et sa capacité à rendre la fable vivante. D’autre part, les v.16 et17 forment une seule et même phrase, ce qui montre la fluidité du discours. La réaction positive du peuple est notifiée par le groupe circonstanciel « à l’instant « v.20 qui marque la simultanéité de la réaction mais également par l’antéposition de « cria « v.21 et « réveillée « v.29.

 

    II. Un éloge du pouvoir politique de la fable

 

   Le but du fabuliste est de nous convaincre du pouvoir des fables et de sa capacité à ne pas seulement être légère.

   Il y a une nette mise en abîme à partir du début du discours direct. L’orateur devient fabuliste, comme si La Fontaine lui-même se mettait en scène. A travers ce discours il traduit sa volonté d’interpréter le fonctionnement de l’apologue.

   La Fontaine cherche à nous montrer que fable n’a pas seulement pour fonction de distraire mais peut également tenir un discours politique. Dans la première partie, La Fontaine capte l’attention de son auditeur à l’aide du captatio benevolentiae (= Compliments afin de capter l’attention). La Fontaine dit avec humour que ces débats n’ont pas beaucoup d’importance alors qu’ils ont en vérité une grande importance politique.

    Ce discours politique met en scène un homme politique, l’ambassadeur, et un orateur, Démosthène, qui utilise comme le fabuliste l’imparfait (« faisait « v.16) et le présent de narration (« arrête « v.18).

   Ainsi, le thème abordé est celui de la guerre entre la France et l’Angleterre, qui correspond à l’époque à un thème d’actualité internationale. Ce thème est abordé par un « je « dans la première partie du texte, correspondant à celui d’un français s’opposant à la guerre.

   De cette manière La Fontaine, en nous montrant l’efficacité argumentative de la fable, par rapport à celle de l’éloquence, nous montre en même temps qu’elle peut même se montrer efficace à émettre un discours politique.

 

   III. Un éloge de la sagesse humaine

 

   La Fontaine constate ce qu ‘est l’homme et en cela n’adopte pas l’attitude d’un moraliste. Le fabuliste ne juge pas l’homme mais s’y adapte. La Fontaine s’adresse aux moralistes en leur disant qu’il ne s’agit pas de changer l’homme mais de l’intéresser.

   L’éloge de la fable est fondé sur la comparaison entre la fable et l’éloquence. Au final la seule parole efficace est celle de la fable « Un trait de fable en eut l’honneur. « v.31.

    La Fontaine montre sa grande indulgence pour le défaut de l’Homme à rester dans l’enfance. Le « Je « de la partie didactique montre qu’il se considère toujours comme un enfant. Le « Nous « inclusif qui ouvre la morale avec « moi même « en contre rejet v. 32 repris par « je « v .33-35-36 et « me « v. 34 montrent que La Fontaine s’inclut dans les adultes qui ont besoin d’apprendre en s’amusant.

   Au v.1, avec « peuple vain et léger « la fabuliste avait l’air d’emprunter l’avis de l’orateur alors que la morale dément. Il montre qu’un discours aride ne mène à rien alors que la fable peut véritablement instruire et est adaptée à la nature des hommes, à leur sagesse et leur besoin de s’instruire en s ‘amusant.

   Ainsi, cette fable multiplie les allusions à l’actualité et montre qu’elle peut tenir un discours argumentatif, politique et même philosophique à partir du constat de La Fontaine (L’homme est ainsi, il faut trouver le moyen de l’atteindre).

 

   ( Nous pouvons donc dire que ce texte constitue une réflexion sur l’apologue, qui doit apprendre en distrayant et constitue ainsi un art poétique qui comporte deux morales :

   Il est possible de réfléchir et d’argumenter à l’aide de la fable, cette dernière peut donc avoir une fonction politique.

   A l’adresse des moralistes : il faut inspirer le plaisir chez le lecteur.

   La Fontaine se montre bien comme représentant du classicisme, comme un homme du XVIIème siècle : « Discourir sans ennuyer «. Cet art de conter correspond à l’art de la conversation du XVIIème siècle.

 

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