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Exposé sur les objets dans "Fin de Partie" de S. Beckett

Publié le 14/01/2011

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beckett

 

Fin de Partie

( Les objets )

 

 

Introduction

 

  1. Les différentes sortes d'objets

Fin de partie comporte ou mentionne de nombreux objets. Chez Beckett, ils prennent une importance considérable. Mais ils ne sont pas tous à mettre sur le même plan. Certains objets sont des éléments essentiels du décor, tandis que d'autres sont de simples accessoires et d'autres encore sont seulement mentionnés dans les dialogues entre Clov et Hamm.

a. Les objets du décors

 

Ce sont les plus importants parce-qu'ils sont immédiatement et constamment visibles par le specateur. Si l'intérieur du refuge est « sans meubles », ainsi que l'indique une didascalie (p.11), les murs ne sont pas eux, totalement dénudés. Des « rideaux » masquent les fenêtres, et un tableau « retourné » est accroché près de la porte (p.11). Sans la présence de ces objets, la pièce perd de sa cohérence et son intérêt, rendant même toute représentation impossible.

 

b. Les accessoires

 

c. Les objets mentionnés

 

Leur liste est longue et très diverse, très hétéroclite : 2 roues de bicyclette, un buffet (p.20), un cathéter (p.38), un fanal (p.45), un radeau (p.50), une burette d'huile (p.60), une masse (p. 99). Ils ne sont pas matériellement présents sur scène , mais leur évocation récurrente leur donne comme un existence virtuelle. Bien que le spectateur ne les voie pas, ils sont là : aux alentours du refuge, à l'intérieur, dans la cuisine ou dans les rêves de personnages.

 

 

  1. Les différents rôles des objets

 

a. Les objets secondaires

 

b. Les objets principaux

 

  1. Les poubelles

Elles sont mentionnées dès la didascalie initiale : « A l'avant-scène à gauche, recouvertes d'un vieux drap, deux poubelles l'une contre l'autre » (p.11). Elles intriguent, puis surprennent et enfin révoltent quand on en voit sortir Nagg puis Nell, les parents de Hamm. Elles sont placées l'une contre l'autre pour montrer l'intimité de ces deux personnages dont elles concrétisent pourtant la séparation ; en effet ils sont à la fois ensemble et séparés puisque leur infirmité les empêche de se rapprocher davantage. Hamm menace de s'en débarrasser mais n'exécute pas cette menace : « Mon royaume pour un boueux! [...] Fous-les à la mer! » (p.36). Les poubelles traduisent la déshumanisation de Nagg et Nell, réduits à l'état de déchets humains dont on peut se débarrasser facilement comme des ordures. Les poubelles sont tapissées de sable – après l'avoir été de sciure – comme pour des animaux, et la poudre dont Hamm se félicite de l'efficacité à propos de Nell, semble être la même que l'insecticide dont se sert Clov pour la puce dans son pantalon (p;48). Tout est fait pour accentuer la déshumanisation de ces deux personnages dans l'esprit de Hamm, donc pour montrer l'abolition des liens affectifs ou sociaux entre les individus. D'ailleurs Clov ricane en regardant à l'intérieur des poubelles dans le long jeu de scène initial (p.13), et Hamm témoigne plus d'intérêt au chien en peluche qu'à ses propre parents.

 

2. Le fauteuil à roulettes de Hamm

3. La lunette et l'escabeau

 

L'escabeau apparaît dans la didascalie initiale, porté par Clov qui est allé le chercher dans la cuisine. Apporter et rapporter l'escabeau est d'ailleurs une action récurrente de ce personnage. La fonction de l'escabeau est d'aider à voir à l'extérieur, puisque les deux fenêtres de part et d'autre de la pièce sont en hauteur : « Aux murs de droite et de gauche, vers le fond, deux petites fenêtres perchées, rideaux fermés » (p.11). Dès le début de la pièce, Clov transporte alternativement l'escabeau d'une fenêtre à l'autre, monte dessus et regarde par la fenêtre, côté mer ou côté terre. Ensuite l'escabeau est associé à la lunette quand Hamm lui demande quel temps il fait (p.41) et lui ordonne de regarder la terre où tout est « mortibus », puis sur mer où il fait « Noir clair. Dans tout l'univers. » Une autre fois Clov monte sur l'escabeau pour ouvrir la fenêtre mais Hamm ne sent ni le soleil ni la mer. Enfin, Clov monte une dernière fois sur l'escabeau et prétend apercevoir un enfant, mais Hamm n'y croit pas et le congédie ; « Je n'ai plus besoin de toi » (p.103). On comprend que l'escabeau et la lunette constituent les moyens de surveiller l'évolution de la dégradation du monde. Ils brisent l'enfermement des personnages et entretiennent l'espoir ou la menace extérieurs.

 

    4. Le chien

    III. Les différentes fonctions des objets

    a. Comique

 

b. Dramaturgique

 

Les objets peuvent être à l'origine de la situation ou de l'action. C'était déjà un peu le cas avec l'escabeau sans lequel il n'y aurait pas de pantomime, ni d'observation du monde extérieur. Mais c'est encore plus évident avec le buffet, qui est simplement mentionné et qu'on ne voit donc pas parce qu'il se trouve dans la cuisine. Il explique en effet la longue cohabitation des deux hommes. C'est parce-que Hamm est seul connaître « la combinaison du coffre » que Clov reste avec lui ou du moins qu'il est jusqu'ici resté, pour ne pas mourir de faim (p.20). Sans ce buffet, il n'y aurait pas de pièce.

La lunette permet par ailleurs de prendre connaissance de ce qui se passe à l'extérieur. C'est par elle que nous savons qu'une catastrophe s'est produite, que cette « fin de partie » est une fin du monde et que tout est « noir clair. Dans tout l'univers » (p.46).

 

 

Conclusion :

 

Les accessoires participent à la visée de la pièce qui est de traduire l'absurdité de la condition humaine, vouée à la solitude et à la mort. Ils exacerbent donc l'impression d'emprisonnement et de solitude que donnent les personnages et que ressent le spectateur dans un malaise grandissant.

Ils contribuent à la déshumanisation des personnages et prouvent l'abolition des liens affectifs et sociaux entre les individus. C'est donc une vision très pessimiste de l'être humain que les objets de la pièce transmettent.

 

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