Devoir de Philosophie

Faut-il combattre toutes les opinions?

Publié le 18/10/2011

Extrait du document

La question présuppose que certaines opinions peuvent être admises. Elle propose de s'interroger sur la généralité de cette proposition. Admettre quelques opinions, c'est possible. Mais peut-on toutes les admettre?

Pour commencez, définissons les différents termes de la question. Qu'est ce qu'une opinion ? L'opinion est une idée subjective, c'est à dire qu'elle varie selon la personnalité, les principes et les goûts de chacun . Pour l'expliquer, prenons la racine du terme « subjectif », le « sujet » qui représente un individus pensant, un homme qui juge. L'opinion donc, si l'on considère qu'elle est subjective correspond à la pensée d'un individus, et un seul. Ce qui nous envoie au terme de la question, « toutes ». Toutes, ici, implique la globalité des opinions. Ce qui présente une contradiction étant donné que toutes les opinions sont de nature différentes puisque propre à chaque individus. Le terme « Faut-il » implique lui une nécessité, une question morale. Une question philosophique se veut dans la recherche du bon et du vrai, c'est à dire de la raison. Nous considérerons donc que le terme « faut-il » s' explique ici dans ce sens: Dans quelle mesure, peut-on de admettre toutes les opinions tout en restant raisonnable ? On en arrive maintenant au terme « admettre » dans lequel réside le cœur de la question. On pourrait définir « admettre » comme accepter d'entendre. Mais doit-on nécessairement entendre également « admettre » comme le fait d'accepter aveuglement quelque chose ?

Nous verrons d'abord ce qui caractérise les opinions: ce qui fait qu'elles sont vraies, fausses, ou même contradictoires. Mais jusqu'où faut-il laisser s'exprimer l'opinion ? Dans quels cas doit-on s'y opposer radicalement ? Ces questions nous pousserons à nous interroger sur l'utilité même de l'opinion. Pourrait-on radicalement s'en passer ?

 

 

***

 

 

I - Comme dit dans l'introduction, les opinions sont diverses et subjectives. Chaque individus se forgera une opinion par le biais de sa sensibilité, c'est à dire ce qu'il voit, entend, ressent, ce qu'il vit, ou des opinions qu'il entend des personnes en qui il a confiance comme sa famille et ses amis. Comme chaque individus a une façon différente de ressentir les choses, les opinions sont hétérogènes, contradictoires, et peuvent être soit vraies, soit fausses.

Par exemple, une personne qui se fait voler son sac par un noir dans la rue en déduira peut-être que « tous les noirs (en général) sont des voleurs ». Cette pensée est une opinion car elle se base sur le vécu et l'affectivité de cette personne. Mais son opinion sera bien évidemment fausse, compte tenus du fait que la personne ne connaît pas, et ne connaîtra jamais tous les individus noirs de la planète. De façon contradictoire, quelqu'un à qui une personne noire aura rendu service pourra penser que « les noirs (en général) sont de bonnes personnes ». Cette seconde opinion est aussi fausse que la première pour les mêmes raison, bien qu'elles soient profondément contradictoires.

Prenons un autre exemple, pour montrer qu'une opinion peut parfaitement être vraie: j'ai très envie de mettre ma main dans le feu, mais je ne le ferai pas car mes parents m'ont toujours dit que « le feu brûle, et donc me fait du mal ».

Alors comment différencier une opinion vraie d'une opinion fausse? Il faut émettre un jugement raisonnable.

 

**

 

II – A partir du moment où on considère que les opinions sont parfois vraie ou parfois fausses, qu'est ce qui pourrait nous porter à toutes les admettre quand même ?

Pour répondre à cette question, penchons-nous d'abord sur le terme « admettre » qui est lui même ambigu. Il peut s'appliquer à l'opinion elle même, en tant qu'expression.

Mais il peut aussi s'appliquer à l'action que l'opinion suppose.

On peut considérer le terme « admettre » en un premier sens: il faut accepter toutes opinions en vertu de la liberté d'expression, qui est une valeur fondamentale de la démocratie. Elle est citée à l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme:

 

« Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. »
Toute opinion doit donc être écoutée et considérée.
Dans un deuxième sens, le terme « admettre » suppose non seulement que l'on prenne en considération chaque opinion, mais aussi qu'on y acquiesce. Bien évidemment, cela ne suffit pas. On peut accepter l'expression des opinions sans en accepter aveuglement les conséquences: en effet, une opinion suppose toujours une action. Si je pense que « tous les noirs sont des voleurs », cela suppose que j'aurai peut-être une mauvaise réaction si je suis en présence d'une personne noire. Si je suis l'opinion qui dit que « le feu brûle », j'éviterai de m'approcher du feu quand il se présente à moi.
Mais c'est peut-être justement une opinion qui est mienne qui me pousse à m'opposer aux conséquences d'une opinion. Il faut donc, pour qu'elle soit vraie, que mon opinion s’élève à un niveau de validité générale: qu'elle soit juste et vraie pour moi, mais également pour tous les autres individus. Plus particulièrement en ce qui concerne l'action qui découle de l'opinion: il faut impérativement que cette action puisse s'élever au niveau de la morale, c'est à dire des règles qui s'appliquent à tout le monde et qui sont jugées comme nécessaire et sans discussion .

 

**

III – Les opinions sont des jugements qui ne sont pas fondés sur une exigence de vérité. Il est donc nécessaire pour être dans le vrai et le juste d'appuyer ses jugements sur la raison et de rejeter l'opinion. Mais alors pourquoi l'opinion reste-t-elle présente dans l'esprit humain ? Pourquoi n’abolis-t-on pas l'opinion ?
L'opinion est nécessaire, même si son exactitude est hasardeuse. En effet personne ne peut posséder le savoir absolu, et le savoir qui est à notre disposition est souvent insuffisant pour apprécier toutes les situations qui se présentent à nous. On est donc obligé de se fonder sur se que l'on sait, de nos opinions, sur un sujet pour en supposer la généralité quand le savoir nous manque. Les fautes de logiques sont donc inévitables.

 

***

 

 

 

Les opinions, qu'elles soient vraies ou fausses présentent toujours une incertitude et ne peuvent être fiables. Mais nous nous devons tout de même de toutes les écouter et les considérer au nom de la liberté d'expression. Il ne faut cependant pas oublier que de l'opinion découle toujours une action, et c'est cette action qu'il nous faut admettre, ou non. C'est à partir d'un jugement, basé sur la raison et le savoir que l'on peut se permettre de juger les opinions. Mais si la vérité repose uniquement sur la raison et le savoir, à quoi servent les opinions ? Les opinions sont inévitables car personne ne peut prétendre au savoir absolu. Il nous faut donc apprécier les situations auxquelles nous sommes confronté en se servant de ce que l'on sait, et nous sommes obligés pour cela d'élever des suppositions à la généralité. Un nouveau problème se pose alors :

Faut-il combattre toutes les opinions ?

Liens utiles