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Histoire du personnage de roman des origines à nos jours

Publié le 14/01/2012

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HISTOIRE DU PERSONNAGE DE ROMAN

 

DEFINITION DU ROMAN :

Un roman est une œuvre fictive écrite en prose, assez longue et dont l'histoire se déroule autour d'un ou plusieurs personnages.

 

ORIGINE DU ROMAN :

Issu du latin « romanus » qui signifie « en langue vulgaire », c'est à dire écrit en langage du peuple, par opposition à la langue savante qui était le latin.

Le mot apparaît au XIIéme et désigné toutes les œuvres écrite en langue romane. Cependant, au Moyen Age, ce genre était considéré comme bas et il est assez méprisé par les philosophes de l'époque car il se caractérise par sa liberté (le roman est un genre très peu codifié).

Le roman va se développer en empruntant les caractéristiques aux autres genres. Le roman va multiplier les sous genre, comme le roman policier ou encore le roman épistolaire.

 

ORIGINE DU PERSONNAGE :

Issu du latin « personna » qui signifie « masque ». Le personnage n'est pas un être réel : il est artificiel, c'est un être de papier. Cependant, on va chercher à le rendre le plus semblable possible à un être réel.

 

CRITERE D'UN PERSONNAGE :

Dans l'art du roman , Kundera définit trois règles :

  • L'abondance d'information sur l'identité du personnage avec le nom, le prénom, le portrait physique et le caractère

  • Faire connaître le passé du personnage pour créer un réalisme psychologique

  • Le narrateur doit s’effacer pour que le personnage devienne indépendant

Lorsque l'on étudie un texte, il faut toujours faire attention au connotation du prénom du personnage.

La conception du personnage évolue à l'image de la société, de la vision de l'auteur sur le monde.

 

I)AUX ORIGINES DU PERSONNAGE DU ROMAN

Pendant l'antiquité, l'épopée grecque le modèle du héros : Iliade et l'Odyssée d'Homer. A cette époque, le personnage est exceptionnel, souvent demi-dieux, ayant des qualités exceptionnelles.

Au Moyen-Age, le personnage est idéalisé car il correspond au modèle du chevalier : Arthur, Lancelot, Perceval de Chrétien Troyes.

Au XVIème siècle, François Rabelais met en scène des personnages de géants:Pantagruel et Gargantua de Rabelais. Ces récits portent un regard satirique sur le monde de la chevalerie.

Selon Kundera, Don Quichotte de Cervantès est le premier roman.

 

II)LE PERSONNAGE DE ROMAN AU XVIIEME SIECLE

Le XVIIéme siècle est la naissance du roman en France. Le roman cesse d'être un récit extraordinaire, déclin des valeurs féodales au profit de l'idéal de l'honnête homme fondé sur le goût, les raffinements et les codes de la vie mondaine. Les personnages sont plus nuancés et l'on va étudier la psychologie du personnage : exemple avec La Princesse De Clèves de Madame de la Fayette.

 

RESUME DE L'OEUVRE :

L'action se déroule en 1558 à la cour du roi Henry II. Au début du roman, Mademoiselle de Chartres a 16 ans. Depuis sa tendre enfance, sa mère lui parle des dangers du plaisir de la passion amoureuse. Lorsque Mademoiselle de Chartres fait son entrée à la cour, tout le monde veut lui tenir compagnie. Le prince de Clèves tombe amoureux du personnage et la demande en mariage : elle devient, alors, la princesse de Clèves. Puis, elle rencontre le duc de Nemours : entre eux deux il existe une passion amoureuse réciproque. A partir de cette rencontre, la princesse de Clèves va entreprendre un combat intérieur pour résister. A la fin du roman, le prince de Clèves meurt de jalousie. Cependant, après sa mort, la princesse de Clèves refuse de se marier avec le duc de Nemours et décide de finir ses jours dans un couvent.

Ce roman est en parfaite harmonie avec la tragédie qui condamne la passion. La Princesse de Clèves incarne la vertu et la fidélité.

 

LECTURE DE L'EXTRAIT :

Elle avait ouï parler de ce prince à tout le monde, comme de ce qu'il y avait de mieux fait et de plus agréable à la cour ; et surtout madame la dauphine le lui avait dépeint d'une sorte, et lui en avait parlé tant de fois, qu'elle lui avait donné de la curiosité, et même de l'impatience de le voir.

Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisait au Louvre. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa parure ; le bal commença et, comme elle dansait avec Monsieur de Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui entrait, et à qui on faisait place. Madame de Clèves acheva de danser et, pendant qu'elle cherchait des yeux quelqu'un qu'elle avait dessein de prendre, le Roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que Monsieur de Nemours, qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on dansait. Ce prince était fait d'une sorte qu'il parut difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne ; mais il était difficile aussi de voir Madame de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement.

Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté que, lorsqu'il fut proche d'elle, et qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louanges. Le Roi et les Reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vu, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent fini, sans leur laisser le loisir de parler à personne, et leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point. - Pour moi, Madame, dit Monsieur de Nemours, je n'ai pas d'incertitude ; mais comme Madame de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j'ai pour la reconnaître, je voudrais que votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom. - Je crois, dit Madame La Dauphine, qu'elle le sait aussi bien que vous savez le sien. - Je vous assure, Madame, reprit Madame de Clèves qui paraissait un peu embarrassée, que je ne devine pas si bien que vous pensez. - Vous devinez fort bien, répondit Madame la Dauphine ; et il y a même quelque chose d'obligeant pour Monsieur de Nemours à ne vouloir pas avouer que vous le connaissez déjà sans l'avoir jamais vu.

La reine les interrompit pour faire continuer le bal ; monsieur de Nemours prit la reine dauphine. Cette princesse était d'une parfaite beauté, et avait paru telle aux yeux de monsieur de Nemours, avant qu'il allât en Flandre ; mais de tout le soir, il ne put admirer que madame de Clèves.

 

Scène de coup de foudre réciproque entre les deux personnages. Ils ont l'air de former le couple idéal. Scène primordiale car la Princesse de Clèves ment pour la première fois : elle est pervertit par la passion.

     

III)AU XVIIIEME SIECLE, LE PERSONNAGE DEVIENT UN INDIVIDU

Une croissance de la production romanesque et de la littérature d'idée caractérise ce siècle. Le personnage s'impose dans sa particularité : il n'est plus seulement le personnage d'un groupe, une unité se crée et le caractère du personnage se forge. Elle va se développer par :

  • une narration à la première personne du singulier : Manon Lescaut de l'Abbé Prévost.

  • Le roman épistolaire se développe, ce genre suggère une autonomie des personnages. Il y a absence de narrateur mais ce manque est compensé par une polyphonie des voix. Ce choix expriment une quasi véracité des propos, en multipliant, par exemple, les préfaces imaginaires : Julie ou la nouvelle Héloïse de Rousseau, Les Liaisons Dangereuses de Laclos et Les Lettres persanes de Montesquieu.

MANON LESCAUT :

RESUME DE L'OEUVRE :

Renoncourt, un personnage secondaire, prend en charge la narration. Il rencontre le chevalier De Grieux qui lui raconte son histoire et son dévouement vis à vis de Manon Lescaut : l'auteur utilise le récit enchâssé. Le chevalier vient de la noblesse et est destiné à une bonne carrière. Cependant, il rencontre la belle Manon Lescaut.

 

LECTURE DE L'EXTRAIT :

La veille même du jour que je devais quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s'appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche d'Arras, et nous le suivîmes jusqu'à l'hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n'avions pas d'autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes qui se retirèrent aussitôt. Mais il en resta une, fort jeune, qui s'arrêta seule dans la cour, pendant qu'un homme d'un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s'empressait pour faire tirer son équipage des paniers. Elle me parut si charmante que moi qui n'avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d'attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d'un coup jusqu'au transport. J'avais le défaut d'être excessivement timide et facile à déconcerter ; mais loin d'être arrêté alors par cette faiblesse, je m'avançai vers la maîtresse de mon coeur. Quoiqu'elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l'amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu'elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. L'amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu'il était dans mon cœur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d'une manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi. C'était malgré elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s'était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. Je combattis la cruelle intention de ses parents par toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique purent me suggérer. Elle n'affecta ni rigueur ni dédain. Elle me dit, après un moment de silence qu'elle ne prévoyait que trop qu'elle allait être malheureuse, mais que c'était apparemment la volonté du ciel, puisqu'il ne lui laissait nul moyen de l'éviter. La douceur de ses regards, un air charmant de tristesse en prononçant ses paroles, ou plutôt, l'ascendant de ma destinée qui m'entraînait à ma perte , ne me permirent pas de balancer un moment sur ma réponse. Je l'assurai que, si elle voulait faire quelque fond sur mon honneur et sur la tendresse infinie qu'elle m'inspirait déjà, j'emploierais ma vie pour la délivrer de la tyrannie de ses parents, et pour la rendre heureuse. Je me suis étonné mille fois, en y réfléchissant, d'où me venait alors tant de hardiesse et de facilité à m'exprimer ; mais on ne ferait pas une divinité de l'amour, s'il n'opérait souvent des prodiges.

 

Rencontre sous le signe du coup de foudre non réciproque car il y a un point de vue interne : on ne sait rien des sentiments de Manon Lescaut. Le récit est parfaitement subjectif.. De plus, le chevalier gagne en assurance : il est complètement débordé par son amour. Présence d'hyperboles sur le coup de foudre. Les mœurs de l'époque bannissait le plaisir féminin. Présence du lyrisme des sentiments personnels (c'est une anticipation de la période littéraire romantique).

 

IV) LE XIXEME SIECLE OU LE PERSONNAGE REALISTE

Le XIXème siècle est le siècle du réaliste. Ce siècle est également l'âge du roman : il reçoit les premières marques de noblesse et devient le genre dominant sur fond de bouleversement politique (succession de régime, de révolution, mutation technologique et sociologique). Ces bouleversements politiques vont être retrouvés dans le roman. Les romans de mœurs sont découvert à travers les étapes d'apprentissage d'un personnage.

Les principaux auteurs de ce courant sont Stendhal, Balzac, Flaubert, Zola et Maupassant. Dans leurs romans, ils utilisent des aspects scientifiques des mœurs. La réussite sociale et l'argent commencent à apparaître dans la littérature. Période où les auteurs s'efforcent de décrire la totalité de la société de son temps à travers des œuvres sommes comme La Comédie Humaine de Balzac ou Les Rougont-Macquart de Zola.

La Comédie Humaine contient 138 romans. Le but est de donner à voir toute la société française du début du XIXème siècle. Pour cela, il utilise deux principes :

  • Inspiration scientifique. Il utilise une loi utilisé par les zoologistes : les espèces animales évoluent en fonction de leur milieu naturel.

  • La physiognomonie : Science qui a pour principe que les traits du visage dépeint un certain caractère.

Dans Les Rougont-Macquart, Zola s'intéresse à l'hérédité.

Les œuvres sommes ont le principe du retour du personnage dans chaque tomme.

 

LE ROUGE ET LE NOIR :

RESUME DE L'OEUVRE :

Julien Sorel, personnage principal, est un pauvre paysan. Un jour, il veut entreprendre une grande réussite sociale ; pour cela, il devient précepteur des fils de Monsieur le Maire, Monsieur de Rênal. Julien décide de séduire la femme du maire : Madame de Rênal.

 

LECTURE DE L'EXTRAIT :

Il décida qu'il fallait absolument qu'elle permit ce soir-là que sa main restât dans la sienne. Le soleil en baissant, et rapprochant le moment décisif, fit battre le cœur de Julien dʼune façon singulière. La nuit vint. Il observa, avec une joie qui lui ôta un poids immense de dessus la poitrine, quʼelle serait fort obscure. Le ciel chargé de gros nuages, promenés par un vent très chaud, semblait annoncer une tempête. Les deux amies se promenèrent fort tard. Tout ce quʼelles faisaient ce soir-là semblait singulier à Julien. Elles jouissaient de ce temps, qui, pour certaines âmes délicates, semble augmenter le plaisir dʼaimer. On sʼassit enfin, Mme de Rênal à côté de Julien, et Mme Derville près de son amie. Préoccupé de ce quʼil allait tenter, Julien ne trouvait rien à dire. La conversation languissait. Serai-je aussi tremblant, et malheureux au premier duel qui me viendra ? se dit Julien, car il avait trop de méfiance et de lui et des autres pour ne pas voir lʼétat de son âme. Dans sa mortelle angoisse, tous les dangers lui eussent semblé préférables. Que de fois ne désira-t-il pas voir survenir à Mme de Rênal quelque affaire qui lʼobligeât de rentrer à la maison et de quitter le jardin ! La violence que Julien était obligé de se faire était trop forte pour que sa voix ne fût pas profondément altérée ; bientôt la voix de Mme de Rênal devint tremblante aussi, mais Julien ne sʼen aperçut point. Lʼaffreux combat que le devoir livrait à la timidité était trop pénible pour quʼil fût en état de rien observer hors lui-même. Neuf heures trois quarts venaient de sonner à lʼhorloge du château, sans quʼil eût encore rien osé. Julien, indigné de sa lâcheté, se dit : Au moment précis où dix heures sonneront, jʼexécuterai ce que, pendant toute la journée, je me suis promis de faire ce soir, ou je monterai chez moi me brûler la cervelle. Après un dernier moment dʼattente et dʼanxiété, pendant lequel lʼexcès de lʼémotion mettait Julien comme hors de lui, dix heures sonnèrent à lʼhorloge qui était au-dessus de sa tête. Chaque coup de cette cloche fatale retentissait dans sa poitrine, et y causait comme un mouvement physique. Enfin, comme le dernier coup de dix heures retentissait encore, il étendit la main et prit celle de Mme Rênal, qui la retira aussitôt. Julien, sans trop savoir ce quʼil faisait, la saisit de nouveau. Quoique bien ému lui-même, il fut frappé de la froideur glaciale de la main quʼil prenait ; il la serrait avec une force convulsive ; on fit un dernier effort pour la lui ôter, mais enfin cette main lui resta. Son âme fut inondée de bonheur, non quʼil aimât Mme de Rênal, mais un affreux supplice venait de cesser.

 

Cet extrait souligne la détermination de Julien. Cependant le personnage n'a pas véritablement confiance en lui. Sa réussite dépend des éléments extérieur. Julien, sur le modèle napoléonien, cherche à réussir socialement. Cependant on sent la nature romantique du personnage ; il est en osmose avec la nature. Le personnage s'analyse lui même, ce qui crée un décalage entre la vision de l'histoire et la vision de Julien. Comme Eugène de Rastignac dans Le Père Goriot de Balzac ou Georges Duroy dans Bel-Ami de Maupassant, Julien réussit son ascension sociale grâce aux femmes.

 

LE PERE GORIOT :

RESUME DE L'OEUVRE :

L'histoire se passe à Paris, dans la pension Vauquer situé dans la quartier latin, où tous les personnages principaux se rencontrent.

 

LECTURE DE L'EXTRAIT :

Cette pièce est dans tout son lustre au moment où, vers sept heures du matin, le chat de madame Vauquer précède sa maîtresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes d'assiettes, et fait entendre son rourou matinal. Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées. Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet; ses petites mains potelées, sa personne dodue comme un rat d'église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s'est blottie la spéculation et dont madame Vauquer respire l'air chaudement fétide sans en être écœurée. Sa figure fraîche comme une première gelée d'automne, ses yeux ridés, dont l'expression passe du sourire prescrit aux danseuses à l'amer renfrognement de l'escompteur, enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. Le bagne ne va pas sans l'argousin, vous n'imagineriez pas l'un sans l'autre. L'embonpoint blafard de cette petite femme est le produit de cette vie, comme le typhus est la conséquence des exhalaisons d'un hôpital. Son jupon de laine tricotée, qui dépasse sa première jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate s'échappe par les fentes de l'étoffe lézardée, résume le salon, la salle à manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires. Quand elle est là, ce spectacle est complet. Âgée d'environ cinquante ans, madame Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont eu des malheurs. Elle a l’œil vitreux, l'air innocent d'une entremetteuse qui va se gendarmer pour se faire payer plus cher, mais d'ailleurs prête à tout pour adoucir son sort, à livrer Georges ou Pichegru, si Georges ou Pichegru étaient encore à livrer. Néanmoins, elle est bonne femme au fond, disent les pensionnaires, qui la croient sans fortune en l'entendant geindre et tousser comme eux. Qu'avait été monsieur Vauquer? Elle ne s'expliquait jamais sur le défunt. Comment avait-il perdu sa fortune? Dans les malheurs, répondait-elle. Il s'était mal conduit envers elle, ne lui avait laissé que les yeux pour pleurer, cette maison pour vivre, et le droit de ne compatir à aucune infortune, parce que, disait-elle, elle avait souffert tout ce qu'il est possible de souffrir.

 

Ce portrait se veut précis par son réalisme. Cette femme s'inscrit dans le paysage ; elle est en parfaite osmose avec ce lieu.

« le bec de perroquet » signifie que ce personnage a une certaine disgrâce et qu'elle est probablement une commère.

« dodue comme un rat d'église » fait allusion au manque d'hygiène de ce personnage.

Cette femme est en mauvaise santé ; elle se caractérise comme une commère, hypocrite et qui fait acte de délation.

« Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet; ses petites mains potelées, sa personne dodue comme un rat d'église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s'est blottie la spéculation et dont madame Vauquer respire l'air chaudement fétide sans en être écœurée. » et « toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. » montre que ce portrait réaliste reprend la description balsacienne.

 

V) LA DECONSTRUCTION DU PERSONNAGE ROMANESQUE AU XXEME SIECLE

A partir du début du XXème siècle, les romanciers se méfient du narrateur omniscient et du personnage qui déforme la réalité.

Un nouveau mouvement littéraire apparaît, celui du nouveau roman, dont les principaux auteurs sont Sarraute, Robbe-Grillet et Duras.

Ces auteurs se sont inspirés de L’Étranger de Camus. Ils revendiquent une écriture blanche et neutre. Le personnage perd son étoffe psychologique, son portrait physique, son passé et même parfois son nom. C'est une période assez expérimentale.

Le personnage surnommé « antihéros » fait son apparition. Un antihéro est un héro de l'échec ; il est toujours le personnage principal du roman. Un antihéro est spectateur de sa vie qui part à la dérive.

histoire

« l'histoire américaine.

Au XIX e siècle, les grandes villes du Nord-Est ont reçu l'arrivée massive d'immigrants européens, pour qui les ports atlantiques représentaient le point d'entrée aux États-Unis.

Lors des deux guerres mondiales s'est encore accrule trafic transatlantique, moteur du développement de la façade, en profitant d'un avant-pays européen puissant. 2.

Une intégration mondiale différenciée La façade atlantique ne bénéficie cependant pas du même degré d'intégration au système-monde .

Au nord, dans un triangleBoston-Chicago-Baltimore , s'accumulent les agglomérations du Nord-Est, Megalopolis et zone des Grands Lacs, qui totalisent90 millions d'habitants environ, dont presque les deux tiers pour la Megalopolis.

Cette région concentre les activités de niveaumondial, les centres de décision économique, politique ou culturelle, qui font de cette façade atlantique le premier centred'impulsion de la planète.De la Virginie à la frontière mexicaine , on compte approximativement le même nombre d'habitants, mais sur un espacebeaucoup plus étendu : les densités sont en effet bien moindres, les pôles urbains plus dispersés, même si l'on commence àdistinguer, d'Atlanta à Richmond, via Charlotte, une Megalopolis naissante, la Metrolina .

Les activités de niveau mondial, qui bénéficient de l'interface maritime et aéroportuaire et contribuent à la puissance de la façade, y sont plus spécialisées :le hub d'Atlanta, qui abrite le QG de la chaîne mondiale d'informations CNN, le centre de lancement de cap Canaveral, en Floride, et son centre de contrôle à Houston.L'intégration régionale au niveau de l'ALENA contribue fortement à la puissance de la façade maritime et à son intégration ausystème-monde.

La zone mexaméricaine est surtout caractérisée par l'intégration économique et la présence de twin-cities de part et d'autre de la frontière, avec des usines de type maquiladoras , à main-d'œuvre mexicaine et capitaux américains.

La zone transfrontalière avec le Canada, Main Street America , permet aussi d'intégrer, via le Saint-Laurent, le système des Grands Lacs à l'interface atlantique. Transition La zone atlantique des États-Unis est donc une façade extraordinairement active, une interface de niveau mondial.

L'interfaces'apprécie également au niveau national, car on ne peut expliquer son fonctionnement mondial qu'à la lumière de la puissance quise trouve derrière. II.

Des espaces de la puissance américaine 1.

La puissance économique La façade atlantique, quoique en déclin relatif par rapport à la façade pacifique, concentre une impressionnante séried'activités de haut niveau : 8 des 10 premières métropoles américaines s'y trouvent localisées, 13 des 15 premiers ports, 4des 5 premiers aéroports ! Tout le panel des activités économiques y est présent, des activités de deuxième révolutionindustrielle aux industries de haute technologie, concentrées, par exemple, au Raleigh Triangle Research Park ; des feed- lots texans aux plantations d'agrumes de Floride.

Une extraordinaire floraison d'activités de toutes sortes !La façade atlantique est aussi le siège du pouvoir .

Pouvoir économique , d'abord, au vu de la multitude de sièges sociauxd'entreprises mondiales qui s'y concentrent.

C'est le cas de l'inventeur de la boisson la plus populaire au monde, Coca-Cola, àAtlanta.

Pouvoir financier aussi, avec les marchés de matières premières de Chicago (CBOT), qui donnent les cours desproduits pour l'ensemble de la planète.

Pouvoir politique , enfin, avec le gouvernement à Washington et les grandes agencesaméricaines (CIA à Langley, en Virginie ; NSA à Fort Meade, dans le Maryland) ou internationales.La façade atlantique est enfin le berceau et encore aujourd'hui la concentration principale du complexe militaro-industrielaméricain, dont il faut rappeler qu'il est le premier au monde, avec presque la moitié du budget militaire de la planète.

LePentagone, quartier général des forces américaines, est situé à Washington ; la plus grande base aéronavale du monde est àNorfolk et abrite la moitié des groupes aéronavals américains ! 2.

Des spécialités régionales de haut niveau Sur le plan régional, trois espaces se distinguent par leur contribution à la puissance de la façade, et donc du pays tout entier.Dans la région des Grands Lacs s'alignent de grandes métropoles (Chicago, Detroit, Cleveland), qui bénéficient desdynamiques transfrontalières , avec les métropoles canadiennes, et forment Main Street America .

Chicago joue un rôle de point nodal majeurentre l'avant-pays mondial, via le système Grands Lacs-Saint-Laurent, et son arrière-pays des GrandesPlaines américaines et des ponts transcontinentaux vers Seattle ou la Californie.La Floride est un État à fort dynamisme, malgré ses récents déboires immobiliers.

Elle conjugue des positions fortes dans troissecteurs majeurs, tous reliés à la planète par les interfaces maritimes ou aériennes : son secteur agricole capitaliste en fait le1er producteur mondial d'agrumes ; les industries de pointe y sont fortement représentées (cap Canaveral) ; le tourisme ,avec Disney World, qui draine 50 millions de visiteurs annuels, et le port de Miami, 1 er port de croisière du monde, qui rayonne sur toutes les Caraïbes.Le Texas , enfin, a bâti sa prospérité sur trois axes : l'exploitation des gisements d'hydrocarbures du Texas intérieur et dugolfe du Mexique offshore, et les activités associées, raffinage et chimie ; l'informatique et l'aéronautique-aérospatiale dans letriangle San Antonio-Dallas-Houston, avec le centre de contrôle des activités en vol ; enfin, les dynamiques transfrontalières ,avec le Mexique, le long du Rio Grande. Transition Mais ces centres de puissance de la façade atlantique sont loin derrière un phénomène géographique majeur : la Megalopolis. III.

La Megalopolis, cœur de la façade, centre du monde 1.

Le cœur de la façade La Megalopolis est l'espace de toutes les démesures : 60 millions d'habitants, soit 20 % environ de la population américainesur 2 % du territoire.

De Boston à Washington, en passant par New York, Philadelphie et Baltimore, les métropoles historiquesde la côte Est s'échelonnent en un ensemble urbain continu d'un millier de kilomètres.

Les rares espaces ruraux encoreexistants sont grignotés par l'étalement urbain des banlieues résidentielles.La Megalopolis a connu les mêmes reconversions industrielles que les villes des Grands Lacs, qui ont dégradé les centres. »

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