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HUGO: A celle qui est restée en France (III) - Les Contemplations.

Publié le 03/10/2010

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hugo

HUGO: A celle qui est restée en France (III) - Les Contemplations. Ainsi, ce noir chemin que je faisais, ce marbre Que je contemplais, pâle, adossé contre un arbre, Ce tombeau sur lequel mes pieds pouvaient marcher, La nuit, que je voyais lentement approcher, Ces ifs, ce crépuscule avec ce cimetière, Ces sanglots, qui du moins tombaient sur cette pierre, Ô mon Dieu, tout cela, c'était donc du bonheur ! Dis, qu'as-tu fait pendant tout ce temps-là ? - Seigneur, Qu'a-t-elle fait ? - Vois-tu la vie en vos demeures ? A quelle horloge d'ombre as-tu compté les heures ? As-tu sans bruit parfois poussé l'autre endormi ? Et t'es-tu, m'attendant, réveillée à demi ? T'es-tu, pâle, accoudée à l'obscure fenêtre De l'infini, cherchant dans l'ombre à reconnaître Un passant, à travers le noir cercueil mal joint, Attentive, écoutant si tu n'entendais point Quelqu'un marcher vers toi dans l'éternité sombre ? Et t'es-tu recouchée ainsi qu'un mât qui sombre, En disant : Qu'est-ce donc ? mon père ne vient pas ! Avez-vous tous les deux parlé de moi tout bas ? Que de fois j'ai choisi, tout mouillés de rosée, Des lys dans mon jardin, des lys dans ma pensée ! Que de fois j'ai cueilli de l'aubépine en fleur ! Que de fois j'ai, là-bas, cherché la tour d'Harfleur, Murmurant : C'est demain que je pars ! et, stupide, Je calculais le vent et la voile rapide, Puis ma main s'ouvrait triste, et je disais : Tout fuit ! Et le bouquet tombait, sinistre, dans la nuit !

 Introduction Chez certains de nos écrivains un événement a marqué, qui a orienté leur vie ou leur création, parfois les deux. Pour MONTAIGNE, la mort de son ami LA BOÉTIE. Pour  PASCAL, la nuit du Mémorial. Pour CHATEAUBRIAND, la mort de sa mère et de sa sœur._ HUGO est de ceux-là. Le 4 septembre 1843, alors qu'elle venait de se marier, sa fille Léopoldine se noie avec son mari à Villequier, au cours d'une promenade sur la Seine. Le grand poète ne s'en consolera jamais : Léopoldine occupe une place centrale dans les Contemplations et c'est à elle qu'est dédié tout le recueil. Le titre de cette dédicace, « A celle qui est restée en France «, rappelle que Victor HUGO est alors un exilé. Il ne croyait pas, lorsqu'il se rendait en pèlerinage à Villequier, qu'un temps viendrait où il rêverait de telles visites. Si cette absence est si tragique, n'est-ce pas surtout parce que l'écrivain ne peut s'empêcher d'imaginer que sa fille, là-bas, conserve dans la mort une sorte de vie?

Développement rédigé

1. Le douloureux pèlerinage

  1. Cadre de jadis (v. 85-91). Ainsi annonce le triste tableau que le poète dispose sous son regard. HUGO accumule ce qu'il peut y avoir de plus funèbre pour les yeux : le marbre qu'il regardait fixement, le tombeau, la nuit, les ifs, le crépuscule, le cimetière, la pierre, — et de plus douloureux pour le coeur : noir chemin, pâleur, pas sur la tombe, sanglots. La plupart des mots tristes résonnent affreusement, car HUGO les fait suivre d'un silence (fins de vers, coupes). Les coupes allongent les vers et rendent sensible l'accablement du père qui attend jusqu'au soir. Les anaphores de cette lente période qui n'a guère la force de s'élever donnent à cette plainte un aspect de litanie. 

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