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Hugo, la Légende des siècles (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Hugo, la Légende des siècles (extrait). Au XIXe siècle, les historiens conquièrent peu à peu un statut de scientifiques, mais la frontière entre leur discipline académique et les écrits inspirés par la passion littéraire ou politique n'est pas encore très étanche. C'est le cas avec les auteurs romantiques, et en premier lieu Victor Hugo. Dans sa préface de la première série de la Légende des siècles (1857), il associe dans sa poétique l'histoire d'Hérodote à la légende d'Homère. Pour écouter le chant de l'histoire, il considère que l'un ne peut exclure l'autre. La Légende des siècles de Victor Hugo Exprimer l'humanité dans une espèce d'oeuvre cyclique ; la peindre successivement et simultanément sous tous ses aspects, histoire, fable, philosophie, religion, science, lesquels se résument en un seul et immense mouvement d'ascension vers la lumière ; faire apparaître dans une sorte de miroir sombre et clair -- que l'interruption naturelle des travaux terrestres brisera probablement avant qu'il ait la dimension rêvée par l'auteur -- cette grande figure une et multiple, lugubre et rayonnante, fatale et sacrée, l'Homme ; voilà de quelles pensées, de quelle ambition, si l'on veut, est sortie la Légende des siècles. [...] Les poèmes qui composent ce volume ne sont donc autre chose que des empreintes successives du profil humain, de date en date, depuis Ève, mère des hommes, jusqu'à la Révolution, mère des peuples ; empreintes prises, tantôt sur la barbarie, tantôt sur la civilisation, presque toujours sur le vif de l'histoire ; empreintes moulées sur le masque des siècles. [...] Le genre humain, considéré comme un grand individu collectif accomplissant d'époque en époque une série d'actes sur la terre, a deux aspects : l'aspect historique et l'aspect légendaire. Le second n'est pas moins vrai que le premier ; le premier n'est pas moins conjectural que le second. Qu'on ne conclue pas de cette dernière ligne -- disons-le en passant -- qu'il puisse entrer dans la pensée de l'auteur d'amoindrir la haute valeur de l'enseignement historique. Pas une gloire, parmi les splendeurs du génie humain, ne dépasse celle du grand historien philosophe. L'auteur, seulement, sans diminuer la portée de l'histoire, veut constater la portée de la légende. Hérodote fait l'histoire, Homère fait la légende. C'est l'aspect légendaire qui prévaut dans ce volume et qui en colore les poèmes. Ces poèmes se passent l'un à l'autre le flambeau de la tradition humaine. Quasi cursores. C'est ce flambeau, dont la flamme est le vrai, qui fait l'unité de ce livre. Tous ces poèmes, ceux du moins qui résument le passé, sont de la réalité historique condensée ou de la réalité historique devinée. La fiction parfois, la falsification jamais : aucun grossissement de ligne ; fidélité absolue à la couleur des temps et à l'esprit des civilisations diverses. [...] deux poèmes jaillissent directement des livres de gestes de la chevalerie. C'est de l'histoire écoutée aux portes de la légende. Source : Hugo (Victor), la Légende des siècles, Paris, Garnier, 1964. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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